-
https://anaite.upf.pf/files/original/133988b88129bdaf815369dab8943b6e.pdf
1fe51693e063e0961fedc8b228e516b3
PDF Text
Text
BULLETIN
de la Société
des Etudes Océaniennes
POLYNÉSIE ORIENTALE
TOME
XV
l\l°
11 ET
12
-
N° 184
-185
�CONSEIL d'ADMINISTRATION
Président
Vice-Président
Secrétaire
Trésorier
Mr. Henri JACQUIER
MALARDÊ
LAGUESSE
Pau I MOORGAT
Mr. Yves
Melle Janine
Mr.
ASSESSEURS
Me
Adolphe AGNIERAY
Rudolph BAMBRIDGE
Mr
Eric LEQUERRÉ
Me
Jean SGLARI
Mr.
Mr. Raoulx TESSIER
Mr. Temarii TEAI
Mr. Maco TEVANE
D'HONNEUR
MEMBRES
Mr.
BERTRAND
REVEREND
PERE
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
JAUNEZ
PATRICK
de la Société
se
O'REILLY
faire présenter
par
un
Bibliothèque.
qu'ils
domicile certains livres de la Bibliothèque
en signant une
reconnaissance de dette au' cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
Le
Conseil
d'Administration
informe
ses
membres
peuvent emporter à
vent être
La
consultés dans la Salle de lecture du Musée.
Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société tous les
le Dimanche.
Musée.
Le Musée est ouvert tous les
à 17 heures.
jours, sauf le dimanche de 14
�BULLETIN
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
POLYNESIE
ORIENTALE
SEPTEMBRE
TOME
XV
N° 184
1973
l\l° 11
-
ET
12
185
SOMMAIRE
SCIENCES NATURELLES
Etude des peuplements du complexe lagunaire de Tiahura-Moorea,
Polynésie Française
HISTORIE
par
Georges Richard.
LOCALE
Journal d'une visite à Raivavae en Octobre 1819 par
de Tahiti (communiqué par le Dr. Emile Massai).
Lettre de Mr. Geo Platt
Mr.
au
Rev. William Horn
Bengt Danielsson et traduite de l'anglais
Pomare II, Roi
(communiquée par
par Mr. Bertrand
Jaunez).
A propos du marche de
Papeete
Par Claude Robineau
LINGUISTIQUE
La langue tahitienne par Yves Lemaître (Orstom Papeete).
Société des
Études
Océaniennes
�Société des Études Océaniennes
�ETUDE DES PEUPLEMENTS DU COMPLEXE LAGUNAIRE
DE TIAHURA-MQQREA, POLYNESIE FRANÇAISE
par
Georges RICHARD
Le Museum National d'Histoire Naturelle de
Paris s'est
implanté en Polynésie française en juin 1971 par une
située actuellement a Papetoai, sur 1 lie de Moorea.
Antenne
Son
pro¬
vise, après avoir réalisé le bilan des ressources natu¬
relles marines des atolls et des îles hautes volcaniques de la
Polynésie et établi les cycles biologiques des principales es¬
pèces, a évaluer la productivité des écosystèmes lagunaires et
gramme
réeifaux
Le présent
travail
concerne
des recherches réalisées par
équipe de sept chercheurs, avec le soutien financier du Terri¬
toire de la Polynésie française et de son Office de Développement
du Tourisme, sur le milieu récifal et lagunaire de Tiahura, lieu de
l'implantation de l'Antenne du Museum dans la région nord-ouest
de Moorea, Ces chercheurs ont les spécialités suivantes: SALVAT
B, (Directeur aux Hautes Etudes, Directeur de l'Antenne), Eco-
une
systèmes coralliens, Substrats meubles - PLESSIS Y, (Docteur ès
Sciences, Sous-Directeur au Museum), Faune ichthyologique RICHARD G (Assistant et Diplômé de l'Ecole Pratique des
Hautes Etudes), Mollusques testacés marins indo-pacifiques SALVAT F. (Assistante à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes),
Mollusques Opistho branch es - BERIGAUD R, (Maître ès Sciences),
Echinodermes - BERIGAl D M„C, (Elève à l'Ecole Pratique des
Hautes Etudes), Faune associée aux Algues,
Les
récifs de Moorea ont été précédemment étudiés
du
point de vue géomorphologique ; ainsi, trois des plus anciens
travaux sont de AGASSIZ (1903), de DAVIS (1927) et de CROSSLAND (1928), WILLIAMS (1933) ayant étudié la géologie de l'île.
Mais aucun travail scientifique n'avait encore été entrepris sur
l'écologie des lagons et des récifs.
309
Société des Etudes Océaniennes
�1) LE LAGON DE MOOREA
Moorea est
une
île haute volcanique de l'archipel de la
Société (Fig- 1), par opposition aux îles basses ou atolls, exclusi¬
vement coralliens, de l'archipel des Tuamotu- D'un diamètre de
15 km, cette île est ceinturée par un récif barrière sur
déferle la houle océanique et qui délimite un lagon dont la
lequel
largeur
varie de 500 m à 1-500 m„ La barrière récifale, entrecoupée de
onze passes correspondant aux principales vallées de l'île, est
presque totalement submergée à marée haute puisqu'il n'existe que
quatre îlots émergés- Au niveau des passes existent des chenaux
qui se prolongent dans le lagon, divisant le domaine littoral en
récif barrière et récif frangeant- La structure lagunaire de Moorea
comprend donc successivement une haute littorale côtière, un récif
frangeant, un chenal, un récif barrière et une pente externe-
îlot Tiahura
Figure 1
:
L'île de Moorea-
310
Société des
Études
Océaniennes
�partie nord-ouest de
Papetoai et le club Méditerranée, fait
Le domaine de Tiahura, situé dans la
Moorea entre le village de
l'objet de la présente étude (Fig. 2)» Limité à l'ouest par la pointe
Tehau et à l'est par la pointe Tepee, il correspond à 1.750 m de
rivage le long desquels se succèdent toutes les zones précédem¬
ment définies. A cet endroit, le lagon large de 800 m en moyenne
comporte en outre un îlot de végétation basse ; le chenal qui
divise ce lagon en zone frangeante et zone barrière, profond de
5 m, canalise vers la passe "Taotoî'" les eaux qui s'y déversent
en permanence par-dessus la barrière.
-c
a
Q)
CD
C
•
r-H
cti
s
o
-a
CD
—
0J ■ ■
u
tu
C<J
»
CD
»
§
MU
t-4
IA
■P
O
H
(3
a
z
:
'*
8
«H
rX
:
«J
a
•H
U
XU
Ph
.
(U
■.J3
<s>
311
Société des
Études
Océaniennes
�2) TECHNIQUE DE PROSPECTION
La résultante des influences continentales d'une part et
d'autre part alxmtit a une succession
rivage dans l'ensemble du secteur
commode d en aborder l'étude consiste donc, pour la
espèces benthiques, a prospecter aussi précisément
radiale perpendiculaire au rivage et recoupant
une
plexe lagunaire.
océaniques
parallèles
au
Au
milieu
d'une
section
de biotopes
Une manièic
majorité des
possible
tout le com¬
que
homogène du lagon (ce qui
la passe, l'îlot Trioa, l'embouchure d'une rivière), la
radiale de Tiahura est matérialisée par une échelle de corde
tendue en travers de la formation récifale et maintenue en place
exclut
des piquets de fer enfoncés dans le corail L'ensemble des
cordages fractionne alors la radiale de 840 m de longueur en
stations contigiies de 5 m2 - 2,5 m de long (axe de la radiale) sur
2 m de large - qui font l'objet de prospections très inégales, Dans
un nombre de stations adapté à chaque groupe faunistique et llo-
par
ristique, l'ensemble des individus concernés est récolté, compté
par lots spécifiques. Dans au moins une station sur
quatre, ces comptages et ces pesées concernent la totalité des
êtres vivants tandis que pour plusieurs macrobenthontes (Madréporaires, Echinodermes) toutes les stations font l'objet d'une étude
plus ou moins détaillée.
puis pesé
Pour les Poissons, des prospections
quantitatives selon
technique particulière complètent, dans la zone frangeante,
les relevés qualitatifs réalisés à différents niveaux de l'ensemble
une
de la radiale. Cette méthode consiste
a
isoler
par
des tôles
une
d'une substance
provoque chez tous les poissons un blocage des échanges respi¬
ratoires les obligeant à remonter en surface ; la faune ichtyologique est alors prélevée, ce qui permet d'en évaluer, pour chaque
espèce, le nombre d'individus pour une surface donnée de lagon,
zone
de
3,9
m2
dans laquelle l'introduction
4U
Société des
Études
Océaniennes
�Océan
3. 0 > ldtopargredhiique
ddéelimtason
Barièe
topgrahique .1 250
Profil
b
a
r
i
è
e
2'"■. 0 difézroennets»s
4m97,5
Récif
150
-.v
«£
1
Frange t
Rivage
t
i
»
Chenal
1
1
>
m
»■—; >aTie
ic) jStaions i80 franget
M
so
2m62,5
«— -
•
Chenal
<
Récif
P3r:ofil
Figure
�3) LE MILIEU VIVANT
A) LA ZONE FRANGEANTE
Comportant 105 stations, ce qui représente une longueur
m en pente douce du rivage au chenal, la zone (rangeante
possède un important pourcentage de recouvrement en colonies
coralliennes vivantes (jusqu'à 30 %), Cette richesse, exprimée en
surface
semi-développée", correspond à la surface que délimite
la projection orthogonale du périmètre d'un madrépore sur le ou les
plans parallèles a cette surface. Quelques genres sont particulière¬
ment bien représentés ici : Psammocora (famille des Thamnastreriidae), exclusif de la zone frangeante, y constitue d imposants
massifs circulaires près du chenal tandis ciu Aeropora (famille des
Acroporidae) présente le plus souvent des formes branchues,
frêles, mais parfois aussi des colonies plus massives 11 faut
encore mentionner A Ion liront aux
formes hémisphériques ou aux
encroûtements violets, Pocillopora ou corail chou-fleur. Pari tes
aux massifs verdâtres et Millcpora appelé
corail de feu
mais
qui appartient en réalité aux Hvdrozoaires,
de 262,à
Quand les coraux meurent ils sont souvent envahis par
algues L'étude de la répartition en pourcentage des diffé¬
rents types de substrat a permis de dégager l'importance des
algueraies dans la zone frangeante, en particulier dans sa partie
interne» Une algue, llalimeda opuntia, est si al ton dan te qu'elle
arrive à constituer par endroits une partie assez importante du
sédiment par ses articles se déposant sur le fond, à sa mort, Le
poids frais total du genre llalimeda. représenté ici par plusieurs
espèces, peut atteindre 12 kg d algues dans une station de 5 m2
Turbinaria. algue brune épineuse constituée d'un assemblage dé
calices insérés le long d'une
tige", affiche pour cette première
partie de la radiale, ou elle se trouve limitée, un poids frais de
1,5 kg Aux algues précédentes il convient d'adjoindre les genres
Dielyospbacria. Jania. Dielyota. \alonia. Ilydroclalhrus, Microdyelion et Caulerpa représenté ici par trois espèces (Cauleipa
[reycinctti, Cauleipa raeemosa et Caulerpa peltalal. Les Cyanophyeées, qui peuvent recouvrir jusqu'à 40 % des colonies coral¬
liennes mortes, ne représentent qu'une biomasse négligeable
comparativement a celle des principales Chloroph.vcées et Phéophycées.
des
Sept
genres
d'Echinodermes peuplent la
zone
frangeante
Parmi
les espèces les plus abondantes, llalodeinia a Ira (1505
individus) et Linckia mullifora (92 individus) s'y trouvent limitées.
Une petite espèce
d'Echinides
aux
piquants clairs, Echinomelra
314
Société des
Études
Océaniennes
�loge dans les anfractuosités du corail, atteint ici
peuplement de 14 ind. m2 ; on a pu en dénombrer
(159 sur l'ensemble de la zone. En revanche, les genres Boadschia.
Microlhele. Synapta et Culcila sont à peine représentés
malhaei. qui se
des densités de
Mollusques de Tialiura ont déjà l'ait l'objet d'une
(RICHARD et SALVAT, 1972) Les
prospections de la zone frangeante de la, radiale ont conduit à la
récolte de 9230 Mollusques, ce qui a permis d'en évaluer le
nombre a 29.-564; ceux-ci se répartissent en 7b espèces distribuées
dans 34 familles. Cependant, 5 des 7b espèces recensées repré¬
sentent a elles seules 92 % de la faune malacologique totale pour
cette zone ; il s'agit de Cypraea obcelala (bb %), Ccrithium piperitum (14 "ii), Slrombus mulabilis (8
Ccrithium eoiumna (2 "<•■) et
Coral lioplii la ciolacca (2 Tb) Le premier représentant de l'en dofaune, Conns cor/malus, n'arrive qu'en 9è position avec un stock
évalué a 187 individus, derrière Cypraea monda (377 ind.). Pyra¬
mide/la auriscalus (315 ind ), Isognomon sulcata (234 ind ) et les
cinq épibionthes dominants Cypraea obcelala. bien connue sous
le nom de porcelaine
anneau d'or de Tahiti
est endémique de
Polynésie où on la récolte en abondance avec Cypraea monela et
Cypraea caput serpen lis (espèces toutes présentes à Tiahura) pour
la confection de colliers, couronnes et objets décoratifs divers
Un promeneur partant du rivage et se dirigeant vers le chenal
ramasserait en moyenne 18,500 Cypraea obcelala en prospectant
seulement deux mètres de largeur
En dehors des Muricidae,
représentés ici par les genres Drapa (b variétés) et Tltais (1 es¬
pèce), les familles dominantes en nombre d'espèces <Cypraeiclae,
5 - Cerithiidae. 8> comme en nombre d'individus (Cypraeidae,
19..958
Cerithiidae. t.812 • Slrombidae, 2.280) sont herbivores ou
détritivores, les carnivores ayant une importance moindre du point
de vue quantitatif << onidae. Magilidae).
Les
étude d'écologie quantitative
,
-
Pour les poissons, le
tableau A donne les positions et
résultats quantitatifs des 24 prélèvements effectués des sta
tions 0 à 105. Les fonds de sable abritent une dizaine d'espèces
les
carnivores
ou
détritivores de petite taille, réputés rares jusqu'a¬
lors, qui appartiennent aux genres suivants : Leiuranus. Morinpua
(Ophiichthidae), Cimolules (Labridae) et Balygohius (Gobiidae)
Les fonds de corail révèlent une beaucoup plus grande richesse
puisque près de vingt espèces, parmi lesquelles on peut citer les
murènes, les poissons commissaires, les mérous, les rascasses,
315
Société des
Études Océaniennes
�les chirurgiens et les labres, sont une caractéristique constante
de ce biotope, Il s agit là d'espèces carnivores, a, l'exception
toutefois
vores
ou
sentant
des Acanthuridae (omnivores) et des Murenidae (carni¬
détritivores), Au total, près de cinquante espèces, repré-
vingt-deux familles, cohabitent dans la
0 à 19
STATIONS
FOND DE SABLE
FOND MIXTE
20
a
12
1
1
1
FOND DE CORAIL
.39
40 à 59
frangeante.
zone
60 à 79
80 à 105
4
1
13 à 15
15
59 à 117
56
2
2
NOMBRE
D'ESPECES
1 à 15
4 à 21
2
1 à 253
5 à 215
5 à 65
a
15
NOMBRE
D'INDIVIDUS
B) LE CHENAL
et large de 80 m au niveau de la
radiale, le chenal sépare les zones frangeante et barrière par 32
stations de substrat uniquement sableux, mis à part celui de la
bordure interne (coté frangeant) constitué en outre de hautes
colonies coralliennes où dominent les genres Pontes et Psammocora- A d'autres niveaux dans le site de Tiahura, les Zoanthaires
Profond de 5 à 7
assurent
un
m
recouvrement important des substrats durs qui
bordent
le chenal.
Balayée par un courant très violent, cette zone présente
colonies algales, en l occurence des Rhodophycées,
les quelques pointements de corail mort situés de part et
très peu de
sur
d'autre de la radiale.
à
cependant, chacun des trois grands groupes
pris en considération dans notre étude est représenté à cet endroit
par au moins une espèce : Echinocyamus auslralis (Echinides),
petit oursin aux piquants blancs, habite le sédiment bordant le
Les Echinodermes sont ici très rares, comparativement
la
zone
précédente
;
316
Société des
Études
Océaniennes
�côté barrière
-
Chiridota t>p. (Holothurides), petite espèce
endogée,
du fond du chenal et ceux de la bordure
Acanlhasler planci (Asterides), la célèbre
externe (côté récif)
Taramea", rôde autour des colonies coralliennes de la bordure
peuple les sables
propres
-
interne (2 individus observés dans cette zone).,
malacologique, extrêmement appauvrie elle
comprend que cinq espèces, seulement des Gastéro¬
podes, dont le nombre total d'individus pour les 160 m2 de la
radiale a pu être estimé à 295 ; ceci ne représente qu'une densité
moyenne de population de 1,8 ind, m2, correspondant à une bio¬
masse de 0,3 g m2 ce qui est très faible.. Il s'agit essentiellement
de Conus eburneus et lmbricaria punctata pour Lendofaune, Strombus mutabilis étant le seul représentant de l'épifaune»
La
aussi,
faune
ne
Les poissons sont principalement
cantonnés
en
bordure
frangeant, secteur dans lequel ils trouvent une bordure de
substrat corallien» De ce fait, la faune ichtyologique est assez
semblable à celle du barrière, Toutefois, trois familles sont bien
représentées dans le chenal : les labres, les lutians et les pois¬
sons chirurgiens; parmi les premiers, l'espèce Chcilinus undulatus
est exclusive du chenaL Enfin, il est intéressant de signaler que
le sédiment du chenal a peut-être révélé l'existence d'une ou deux
espèces nouvelles pour la science»
du
C) LA ZONE BARRIERE
Avec 199 stations submergées par 2 m d'eau en moyenne,
la
zone
barrière
mesure
deux fois la largeur de la zone frangeante»
plaine de sable sans
à peu, la densité
des pâtés coralliens augmente au fur et à mesure que l'on se rap¬
proche de la crête al gale pour former, à proximité de celle-ci, un
récif compact où dominent les genres Poriles, Acropora et, à un
degré moindre, Monlipora et Millepora. L'on trouve également dans
cette zone quelques formes solitaires (Fungia) ou coloniales
(Herpolilha) non fixées au substrat mais simplement posées sur le
fond du lagon»
Dans le 1 5 interne (près du
chenal)
on a une
colonies coralliennes ni algueraies ; puis, peu
Peu d'algues poussent sur la zone barrière» Les princi¬
paux
genres
sont Microdyction, Halimeda, Galaxaura et Codiurn
s'en trouve pas un qui ait une abondance comparable à
celles rencontrées en zone frangeante» De plus, il faut mentionner
mais il
ne
ici la présence
que
d'algues rouges encroûtantes (Mélobésiées) telles
Porolithon et Lithophyllum sur le fronto-récifal,
317
Société des
Études
Océaniennes
�Parmi
les
Echinodermi
Holothurides,
deux espèces :
Microlliele nobilis accusent des abondances
supérieures à celles relevées sur la zone eôtière tandis que deux
espèces supplémentaires, appartenant aux genres Chiridola et
Thelcnotci, font leur apparition. Cependant, les Echinides restent
les mieux représentés par trois genres dont deux (Echinocyamus
s
Boadschict argus et
et Melalial
nolrix)
sur
rencontrent dans le sédiment et le troisième (Echi-
se
le substrat,
au
pied des pâtés coralliens
Le très petit
nombre d~ Acanthasler planci et de Cul ci la schmidcliana (coussin
de requin) reflète le peu d'importance des Astérides dans cette
partie du lagon
Si
l'on considère la faune
malacologique, 1762 Mollus¬
récoltés dans 55 stations régulièrement échelonnées, per¬
mettent d'en estimer le stock vivant dans cette partie de la
radiale à 6-920 individus. Les 74 espèces représentées, groupées
en
32 genres distribués dans 26 familles, se répartissent en 61
Gastéropodes et 13 Bivalves La dessus, 8 espèces seulement
affichent une dominance égale ou supérieure à 3 % de 1 ensemble
de toutes les espèces malacologiques, pour cette zone Ce sont :
Terebra affinis (22 %), espèce pratiquement exclusive des sables
fins du barrière
Vernie tus maximus (21 %), épibionthe dont la
coquille présente l'allure d'un tube calcaire soudé au substrat Cerilhium salebrosum (13 %), espèce endogée, particulièrement
abondante dans les sédiments meubles qui longent le chenal ou
ques,
-
elle cohabite
avec
de nombreuses mitres et térèbres
-
Imbricaria
punctata et Imbricaria œnovula qui s en distingue cependant par
la coloration du canal antérieur de l'ouverture, en particulier (9 %),
espèces endogées
aux aires de répartition beaucoup plus larges
la précédente - Tridacna maxima (6 %), bien connu sous le
nom de bénitier (pahua), le seul Mollusque Bivalve abondant dans
la radiale et dont l'importance se manifeste surtout du point de
vue pondéral - Con us pulicarius (4 %), espèce carnivore endogée,
qui chasse autour des pâtés coralliens - Cerilhium nesiolicum
(3 %), petit Cerithiidae blanc que nous n'avions jamais récolté en
abondance, précédemment, dans les sites polynésiens - Corail iophila i'iolacea (3 %), Magilidae qui parasite certaines colonies
madréporiques, Parités et Psammocora en particulier Les familles
dominantes en nombre d'espèces (Mitridae : 14 - Çonidae : 9)
que
comme en
nombre d'individus (Terebridae
:
1-582) ont cette fois
un
régime alimentaire carnivore, les espèces détritivores n'étant ce¬
pendant pas négligeables quantitativement (Cerilhium salebrosum.
\ ermelus maximusI.
313
Société des
Études
Océaniennes
�;
La faune iehtyologique est bien plus riche dans la zone
barrière que dans la zone frangeante et les densités de peuple¬
ment augmentent à mesure que l'on se rapproche de la crête algale
Plus de 80 espèces de poissons, appartenant à une vingtaine de
familles, représentent tous les régimes alimentaires : carnivores
ISerranidac. iluloceiitridael. omnivores (Chaelodontidac. Acanthuridac. Pomacentridae) ou végétariens (Scaridac) ; mais, si les
carnivores sont abondants
un peu partout, le nombre des omnivores
augmente avec la proximité de la crete algale et, dans la zone la
plus externe, les brouteurs de coraux sont bien représentés
Pour conclure cette présentation du milieu vivant de
Tiahura, il est indispensable de préciser que des travaux ont porté
sur tous les groupes floristiques et faunistiques rencontrés. Malgré
cela, le présent exposé ne rapporte aucun résultat concernant des
groupes importants comme les Crustacés ou les Annélides, ni sur
la petite faune associée aux algues et nous savons que les llalimc'da de Tiahura hébergent une faune très abondante et fort va¬
riée ; mais les études relatives a ces groupes sont insuffisamment
avancées pour qu'elles puissent être abordées pour le moment II
est de meme pour les Mollusques Opisthobranches (dont le
en
nombre d'espèces récoltées ici dépasse 50) et pour les Céphalo¬
podes l'analyse se limitant, pour cet embranchement, aux Mollus¬
ques testacés Bivalves et Gastéropodes
4) LA FAUNE MALACOLOGIQUE DE TIAHURA PAR RAPPORT
A CELLE DE MOOREA
Après cet aperçu de la distribution de plusieurs macrobenthontes dans le lagon de Tiahura, il est intéressant de pouvoir
établir des comparaisons entre la faune de ce secteur et celle qui
peuple l'ensemble des récifs situés tout autour de Moorea II
appartient aux différents spécialistes d'effectuer un tel bilan et,
pour notre part, nous allons le dresser pour le seul groupe des
Mollusques testacés (Bivalves et Gastéropodes).
Pour le lagon de Tiahura, 118 espèces de
été actuellement identifiées et, lorsque
Mollusques ont
les recherches systéma¬
tiques seront achevées, le bilan final se situera entre 125 et 130
espèces pour les seules prospections dont il vient d'être question
Les Gastéropodes (96 espèces) dominent très largement les Bi¬
valves (22 espèces). Deux espèces seulement (Slrombus mutabilis
et ('onus eburneus) se retrouvent dans les trois zones précédem¬
ment définies, chacune des deux principales affichant un nombre
319
Société des
Études
Océaniennes
�important d'espèces exclusives (44 pour le frangeant - 35 pour le
barrière)» Les -espèces caractéristiques de l'ensemble du site sont
Cypraea obvelata, Cerithium piperitum. Strombus mtttabilis. Vermetus maximus et Corailiophila violacca pour l'épifaune, Terebra
affinis. Cerithium salebrosum et Imbricaria punctata en ce qui
concerne l'endofaune» Les espèces épigées sont davantage carac¬
téristiques de la zone frangeante alors que l'endofaune malacologique prédomine dans le barrière» Les familles offrant le plus grand
nombre d'espèces (Mitridae, 15 - Cerithiidae, 11 - Conidae, 10 Muricidae, 8 - Cypraeidae, 7) correspondent à des exigences ali¬
mentaires herbivores ou détritivores dans le frangeant et carnivores
ou carnassières dans le barrière,
sur
A l'échelle de Moorea, la prospection de 11 sites répartis
le pourtour de l'île a conduit à la récolte de près de 200 es¬
pèces dont 182 (154 Gastéropodes et 28 Bivalves) ont pu être
rapidement déterminés» 64 de ces espèces n'ont pas été rencon¬
trées à Tiahura ; il s agit très souvent d'espèces épigées (Neritidae, Cypraeidae, Conidae). Au contraire, 19 des 118 espèces de
Tiahura n'ont pas été retrouvées à un seul des 10 autres sites et
ce
sont presque toujours (17 fois) des espèces endogées» Ces
deux constatations peuvent être dùes au fait que les prospections
de Tiahura constituent l'unique ramassage vraiment exhaustif et
l'endofaune est souvent prélevée la dernière, mais elles peuvent
aussi mettre en relief l'importance des substrats meubles dans
cette
zone.
Afin de mettre
en
évidence la faune
malacologique
re¬
présentative à l'échelle de l'île entière nous avons affecté toutes
les espèces, à chaque site, d'un coefficient variant de 0 à 3 ;
nous donnons à ces valeurs les significations suivantes :
0 : absence totale de l'espèce en question»
1
:
simple présence de l'espèce
2
:
3
:
relative abondance de l'espèce en question»
envahissement de tout le biotope préférentiel
l'espèce
en
en
question»
de
question»
Nous obtenons ainsi, pour chaque espèce, un "coefficient
de présencc-alxindance" dont la valeur varie de 0 (absence totale
à Moorea) à 33 (envahissement de toute l'île). Ceci permet de
classer les 20 espèces qui, à notre avis, représentent le mieux la
faune malacologique de Moorea, selon le tableau ci-dessous»
320
Société des Etudes Océaniennes
�Coefficient de présence-abondance
Espèce
1 Conus pulicarius Bruguière, 1792
23/33
2 Cypraea obvelata Lamarck, 1810
3 Vermetus maximus Sowerby, 1825
22/33
4
5
6
7
8
21/33
Coralliophila violacea (Kiener, 1835)
Tridacna maxima (Rôding, 1798)
Trochus niloticus Linné, 1767
Conus eburneus Linné, 1758
Drupa morum Roding, 1798
20/33
20/33
18/33
17/33
16/33
9 Drupa ricinus (Linné, 1758)
15/33
15/33
14/33
10 Strombus
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
gibberulus Linné, 1758
Strombus mutabilis Swainson, 1821
Terebra affinis Gray, 1834
Cypraea moneta Linné, 1758
Qypraea caputserpentis Linné, 1758
Imbricaria punctata (Swainson, 1821)
Terebra maculata (Linné, 1758)
Astraea rhodostomum (Lamarck, 1843)
Cerithium piperitum Sowerby, 1855
Conus coronatus Gmelin, 1791
Cerithium salebrosum Sowerby, 1855
14/33
13/33
13/33
13/33
13/33
12/33
12/33
12/33
11/33
Il est facile de constater que toutes les espèces précé¬
demment retenues pour Tiahura figurent dans cette liste» De plus,
toutes les espèces les plus importantes pour l'ensemble de l'île de
Moorea arrivent également en tête pour le secteur de Tiahura, à
l'exception de Conus pulicarius dont les prélèvements de la ra¬
diale reflètent mal, il faut bien le dire, la distribution dans le
site complet où son abondance ne doit pas faire de doute. Pour
l'île entière et du point de vue quantitatif, si l'on excepte les
Conidae (Conus pulicarius, Conus eburneus), l'épifaune malacologique (Cypraea obvelata, Coralliophila violacea, Tridacna maxima)
domine très largement l'endofaune (Terebra affinis, Imbricaria
punctata), comme pour Tiahura» Du point de vue qualitatif notre
site témoin, avec 118 espèces sur 182, affiche une très grande
richesse laquelle est toutefois attendue si l'on considère que la
majorité des biotopes existant à Moorea (Frangeant, Chenal, Bar¬
rière, Ilot, Passe, Arrivées d'eau douce, etc.) trouvent leur place
dans le site de Tiahura, ce qui constitue autant de possibilités
d'implantation pour des espèces aux exigences très variées»
5) CONCLUSIONS ECOLOGIQUES SUR TIAHURA
Comme
nous
l'avons déjà précisé
au cours
321
Société des
Études
Océaniennes
de cette étude,
�d'une part des Embranchements entiers n'ont pu être abordés et,
d'autre part, plusieurs espèces de chaque groupe envisagé ne
font pas partie de notre bilan pour des raisons
systématiques»
Néanmoins, le lagon de Tiahura peut être considéré comme très
riche en nombre d'espèces. Nous avons suffisamment détaillé le
bilan des Mollusques ; ajoutons-lui simplement le point de compa¬
raison suivant : en Polynésie française, le nombre total de Mol¬
lusques testacés marins n'atteint pas tout à fait 500 espèces»
Cela fait plus du quart des espèces présentes à Tiahura ! Sans
entrer dans le détail de groupes pour
lesquels d'autres spécialis¬
publieront avec davantage d'autorité on peut penser :
1) que pour les Poissons le nombre d'espèces recensées ne repré¬
sente pas les 2/3 des espèces qui vivent en fait dans le lagon»
tes
pour les Madrépores (dont la détermination à l'échelon
spécifique n'est pas très avancée pour Tiahura) la vingtaine de
formes reconnues sur le terrain correspond tout au plus à la
moitié des espèces effectives» A titre indicatif, les spécialistes
considèrent que la faune madréporique de Polynésie française
comprend une centaine d'espèces»
3) que pour les Echinodermes (15 espèces recensées) le bilan est
très près de la réalité»
2) que
Cette richesse incontestable
toute relative et il
en
nombre d'espèces est
faut savoir, afin de bien interprêter tous ces
la Polynésie française se trouve située à.l'extré¬
d'appauvrissement en nombre d'espèces allant
d'ouest en est (SALVAT, 1967)» En revanche, à l'intérieur même
des archipels polynésiens les îles hautes volcaniques (comme
Moorea) sont plus riches que les îles basses, ou atolls, où l'ab¬
sence de vase continentale limite les possibilités d'implantation
de nombreuses espèces»
résultats,
mité
que
d'un
axe
La deuxième
grande idée qui se dégage est la dominance
chaque groupe, de quelques espèces qui par leur
abondance tant numérique que pondérale représentent les 3/4 du
stock total du groupe en question» Nous rappelons que pour les
Mollusques il s'agit de Cypraea obvelata pour la zone frangeante,
très nette, dans
Terebra affinis et Vermetus maximus pour la zone barrière et
Cypraea obvelata à nouveau pour l'ensemble du complexe récifal»
Ce
qui précède permet de souligner la différence exis¬
zones frangeante et barrière en ce qui concerne les
espèces dominantes» Pour nous résumer à ce sujet, voici le
schéma bionomique que nous proposons pour la radiale de Tiahura:
tant entre les
322
Société des
Études
Océaniennes
�Frangeant
Chenal
Algues
Halimeda
Madrépores
Psammocora
Mollusques
Cypraea obve-
Conus ebur-
lata
neus
Porites
Echinodermes Nalodeima atra Echinocyamus
australis
Poissons
Barrière
Terebra affinis
Vermetus maximus
Echinotrix diadema
Pomacentridae
Labridae
Chaetodontidae
Mugilidae
Lutianidae
Mullidae
Gobiidae
Acanthuridae
Acanthuridae
Mullidae
Scarridae
Il est aisé à remarquer que ces espèces dominantes pour
un
des
niveau du complexe récifal de Tiahura sont souvent exclusives
question. Ceci n'exclut pas une interdépendance
frangeante et barrière de ces récifs. C'est ainsi
que bon nombre de Poissons adultes du barrière ont leur "nursery"
en zone frangeante, près du
rivage là où s'accumulent les débris
organiques. Dans le même ordre d'idées, l'appauvrissement des
algueraies à cet endroit influencerait, par le jeu des différents
maillons de la chaîne alimentaire, la composition de la faune
étages
entre les
en
zones
carnivore du barrière.
323
Société des
Études
Océaniennes
�BIBLIOGRAPHIE
AGASSI Z A.
1903
The Coral Reefs of the Tropical
Pacific. Mem. Mus. Comp. Zool.
Harvard. Cambridge (Mass.). Vol 28,
pp 1 - 410, pp I - XXXIII, pl. 1 - 236
(3 volumes).
CROSSLAND C.
Coral Reefs of Tahiti, Moorea and
1928
Rarotonga. Jour. Linn. Soc. London,
-
DAVIS H,
vol. 36, pp 577
39.
-
620, 14 fig., pi. 35
Barrier Reefs of Tahiti and Moorea.
1927
Nature,
RICHARD G et SALVAT B„
•
1971
vol.
CXX,
pp
330
-
331.
Bilan comparatif qualitatif et quan¬
titatif des Mollusques de récifs ex¬
térieurs d'atolls
ou
d'îles hautes de
Polynésie française. Haliotis, vol. 1,
pp 43 - 44.
RICHARD G et SALVAT B.
-
1972
Ecologie quantitative des Mollus¬
du lagon de Tiahura, île de
Moorea, Polynésie française.
C. R. Acad. Se. Paris, t. 275 (2 Oc¬
ques
tobre 1972).
SALVAT B.
-
1967
WILLIAMS H,
•
1933
Importance de la faune malacologique dans les atolls polynésiens.
Cahiers du Pacifique, 11, pp 7 - 49.
Geology of Tahiti, Moorea and Maiao.
Bernice P. Bishop Museum Bulletin,
105, 89 p., 19 fig., 8 pl.
Laboratoire de Biologie marine et de Malacologie,
Ecole Pratique des Hautes Etudes, •
55,
rue
de Buffon, 7500 5 PARIS
Museum National d'Histoire Naturelle et Hautes Etudes,
Antenne de Tahiti, B. P. 562, PAPEETE.
324
Société des
Études
Océaniennes
�Journal d'une visite a RAIVAVAE
en Octobre 1819
par
POMARE II, roi de Tahiti
communique'
par
le Dr. Emile Massai
En Août 1811 William Henry écrivait
Depuis quelques mois le roi
journal de ses affaires, en tahitienL'histoire de Tahiti ne dit pas ce qu'il est advenu de ce
document
Repose-t-il avec les restes du dernier roi païen de
Tahiti dans une caverne secrète de la montagne ? A-t-il survécu
POMARE
tient
dans
collection délaissée de vieux écrits tahitiens ? A-t-il
une
régulièrement
un
été emporté en Europe ou en Amérique par un amateur de choses
rares ? Nul n'en sait rien, mais qu'il ait été tenu est chose sure,
certifiée par
On
raconte
les missionnaires qui l'encourageaient a poursuivre
qu'il écrivait a plat ventre, la poitrine soulevée par un
coussin dan-
son cabinet belvédère de Motu-uta. En fragment de
relatant la visite historique de POMARE II aux Iles
Australes en 1819 a été copié par le Rev -John M Orsmond ; il a
été traduit en anglais par Ralph G., White et se trouve à le Mitchell
Library de Sydney Ce fragment pour court qu'il soit est un remar¬
quable document historique écrit en tahitien par un des principaux
protagonistes de la dramatique transition de l'ancien Tahiti au
ce
journal
monde moderne
La
visite de POMARE 11 à RAIVAVAE est importante pour plu¬
raisons
C'est la première narration d'un débarquement
sieurs
dans cette île, la relation de l'intervention déterminante du roi de
Tahiti dans les affaires locales et dans la conversion des habi¬
christianisme et la description d'un épisode intéressant
tants
au
dans
l'ambitieuse carrière de
ce
despote insulaire qui visait
a
l'hégémonie pan-polynésienne.
Bien que découverte en 1775 RAIVAVAE devint connue des euro¬
péens de Tahiti après que le capitaine Michael Fodger du Daphné
y eut signalé la présence de !x)is de Santal ; d'autres navires y
abordèrent ensuite et plusieurs autochtones vinrent à Tahiti et à
Moorea, Les anglais le connaissaient sous le nom de High IslandVAVITOA était un autre nom indigène-
323
Société des
Études
Océaniennes
�Le premier étranger à avoir exercé quelque influence à RAIVAVAE
fut sans doute un jeune homme de Huahine nommé PARA qui
s'établit dans l'île après la conversion, nommale au moins de
Tahiti
au
christianisme, PARA était
POMARE. Il avait suivi les
un
des fidèles partisans de
de l'école' de Davies à Moorea
cours
où il avait appris à lire et à écrire., A son retour de RAIVAVAE il
souleva un grand intérêt dans les Australes, au point que Henry
suggéra
directeurs de Palms à Londres d'envoyer un mission¬
RAIVAVAE et si possible d'autres missionnaires
aux
naire marié à
dans les autres îles du groupe.
POMARE
aussi
s'enthousiasma. Il
venait de terminer
une
fruc¬
tueuse tournée
évangélique à Tahiti. (Combinée à ses activités
politiques) pour remplir les voeux prononcés lors de son récent
baptême en Mai 1818. Il était impatient d'étendre son hégémonie
sur ces
îles.
POMARE avait déjà accordé sa protection aux habitants de Tubuai
et de Raivavae ; il espérait maintenant pouvoir amener ces deux
îles sous son autorité et y introduire la religion chrétienne. En
Octobre 1819 il persuada le capitaine Lewis du navire américain
"The Arab" de le conduire à Raivavae où il pourrait prendre un
chargement de bois de Santal. PARA était du voyage et devait
rester dans l'île comme agent de POMARE ; bien que non baptisé
il aurait pour mission d'apprendre aux gens à lire et à prier et de
leur dire
l'île
ce
qu'il savait de la nouvelle religion. Il resterait dans
jusqu'à l'arrivée d'instructeurs expérimentés venant de Moo¬
rea.
The Arab fit
une
courte escale à Tubuai, mais en raison du
mau¬
vais temps il ne fut pas possible de débarquer ; les gens vinrent à
bord présenter aux voyageurs les cadeaux traditionnels. L'autorité
sur
aux
l'île fut officiellement donnée à P. qui l'accepta et recommanda
habitants
d'adopter "La parole de Dieu".
En arrivant à Raivavae P. apprit que
de l'île Ria et Tahuhu étaient
presque
en
les deux plus puissants chefs
ce qui était la situation
guerre,
permanente.
MERCREDI 6 OCTOBRE 1819
de l'île par le Sud où l'ancre fut jetée. Marae
quelques autres arrivèrent en pirogue m'apportant un porc,
un poisson, cinq bananes et plusieurs régimes de bananes vertes.
(C'était probablement un cadeau de paix traditionnel). Puis nous
Nous approchâmes
aro
et
descendîmes à terre
avec
des fusils, à l'endroit nommé Te
326
Société des
Études
Océaniennes
avarua
�Mahanatoa où
surprîmes de nombreux habitants en train de
plusieurs continuèrent leur repas comme s'ils étaient
incapables de se rassasier» Ria, (un des principaux chefs d'une
faction en guerre) s'avança et nous souhaita la bienvenue ; il
était suivi de ses trois districts qui se rassemblèrent à Te Ava
Rua ; il y avait : Te fanau'api, Ati rona, Te mo'opuna o Narai
(MoehauK Je dis alors aux propriétaires des terres (ra'atira) :
"Qu'il n'y ait plus la guerre» Cessez de vous combattre» Faites la
paix, car c'est une bonne chose",. Il s ^répondirent "Nous sommes
d'accord» La paix est faite» Si nous avions été seuls jamais la paix
n'aurait pu être obtenue» Vous arrivez et avec vous la paix et
l'ordre» Vous avez le pouvoir ; c'est vous qui gouvernez ici à
Raivavae» Cette île est à vous"» J'ajoutais "La raison de mon
voyage, ma mission ici c'était de vous faire mettre fin à la guerre"»
Nous n'avons rien à redire là-dessus répliquèrent-ils» "C'est tout".
ou
manger
nous
;
J'envoyais Tamari'i (le titre du chef de Vaia à Raiatea) et Te a'a
(probablement le "prophète" qui en 1826 commença le mouvement
hérétique visionnaire Mamaia) qui m'avaient accompagné, chercher
les propriétaires terriens de Te mo'opuna o Narai pour qu'ils
viennent là où j'étais sur le rivage à Fatutuhi» Ils arrivèrent à
6 heures. Il y avait Teahi vai ma, Tumarere et beaucoup d'autres
et Narai et Aru, Mau et les porte-paroles de Narai» A nouveau ils
se rassemblèrent avec ceux de Tefanaui'api ; ceux de Ati rona et
de Moehau vinrent aussi. Je leur dis "Cessez de vous combattre,
ne vous battez plus"» Ils répondirent "C'est bien, nous n'avons
plus rien à dire" je repris : "Tout est donc pour le mieux» Demain
matin je vous informerai de ma mission ici devant tous les habi¬
tants de Raivavae réunis et je vous dirai tout ce qui vous arrivera
de biai".
Tahuhu
Taina (grand chef adversaire de Rai
fait co-gouverneur
y avait des taros
tubercules et des taros feuilles. Maraearo plaça devant moi les
deux tas de cadeaux» Le nom ue cette offrande était Pauri» On
a
..de Raivavae
avec
Para) apporta à
manger :
-
il
avait donné des choses lourdes et grandes et des petites et il y
avait aussi de petits amis pour tenir compagnie la nuit» Nous
allâmes alors chez Mataa
avec
les propriétaires pour dormir»
JEUDI 7 OCTOBRE
Nous partîmes nous promener dans les environs, pas très loin et
arrivâmes à un endroit nommé Te Vihi près du rivage là où
les 'arioi se rassemblaient pour leurs ébats et nous restâmes
longtemps car c'était presque nuit lorsque nous arrivâmes à Te
nous
ava
rua»
327
Société des
Études
Océaniennes
�An bout d
un
beaucoup de
quelqu'un de Mo'opuna o Narai arriva puis
qui descendirent des collines palissades de
moment
gens
.
Fatutuhi
et tous les gens de Raivavae qui s!assei:ib|(".ient
enfants,
femmes,
propriétaires. Je leur parlai en eon. inn liiis
Ma mission en venant à vous ici est de propager la parole de
Dieu" Ils demandèrent
la parole de Dieu? Dites-le,
Voici la parole de Dieu Ne
vous
combattez pas Ne tuez pas les gens Ne volez iras Ne
mentez pas. N'adorez pas les mauvais esprits que vous avez ; ils
sont faux"
Ils écoutèrent tout cela, mes paroles sur les esprits
nous
vous
mauvais,
Qu'est-ce
que
écoutons" je dis alors :
a
chasser
parla ' C'est
démons'
vous
Ils s'inclinèrent et après
qui le dites mais
un
moment Tahuhu
nous nous avons peur
de
ces
.
Je dis
encore
votre coeur".
Tout cela dépend de vous, il faut y mettre tout
se mirent à parler en leur langue de façon
Alors tous
incompréhensible, ("était he-hi-ho-hu, peu de paroles, du bla-blabla. C'est un pays où les gens ne sont pas stupides, mais mé¬
fiants ; ils n'avalent pas l'appat et refusent la nourriture des
étrangers.
Puis le capitaine Lewis approcha son navire dans le lagon et nous
fîmes nos affaires, beaucoup ce jour-là, Après quoi le capitaine
Lewis ressortit
Je demandai
répondirent
tée. Si
nous
réussi"
en
mer.
gens si vraiment la guerre était finie. Ils
La paix est complète et c'est vous qui l'avez appor¬
encore aux
avions été seuls à
Je partis ensuite
nous en
me promener
occuper nous
n'aurions
pas
et peu après je rencontrai
groupe de trois jeunes garçons qui portaient des planchers de
pirogue. Ils me dirent :
Monsieur, regardez, il y a la du tio'o.
Venez manger avec nous." Je leur répondis
allez, mangez" et je
pris le chemin du retour.
un
328
Société des
Études
Océaniennes
�LETTRE DE Mr. GEO
AU
Rev. WILLIAM
Borabora
24
PLATT
HORN
Août 1829
"La
Ici Ire manuseri le inédile que nous reproduisons ci-dessous
nous
a
été ohl i geammenl
communiquée
pur
Mr
traduite de l'anglais par Mr. Bertrand daunez
remerciés de leur contribution".
Hen g! DunieJsun et
Qu'ils soient ici
Révérend et Cher Monsieur,
Depuis
que
je
vous
ai écrit, j'ai
reçu
votre der¬
nière lettre datée du 7 -Janvier 1828. -J'ai également rendu visite
pauvres habitants égarés de Maupiti dont j'avais, dans une
lettre précédente, relaté l'abandon de la vérité et de la simplicité
de l'Evangile Au début du mois dernier, j'empruntai un bateau, le
mien n'étant pas achevé, et m'embarquai accompagné de l'un des
aux
principaux chefs de l'ile, ainsi que de quelques chefs de moindre
importance, qui se rendaient a Maupiti pour affaires politiques
Après deux ou trois tentatives infructueuses, nous parvînmes a
franchir la passe dans la soirée et arrivâmes le lendemain vers
midi, le1 vent étant plutôt contraire Le roi. accompagné de quel¬
ques-uns de ses chefs nous accueillit avec bienveillance, mais
la population était pratiquement absente, en saisi, sant contraste
avec notre arrivée précédente, mais quelques extraits d'un journal
que je tiens habituellement éclaireront peut-ctre mieux, en vous
donnant mes impressions présentes, l'état d'esprit de la popula¬
tion
1er Mai
A
l'aube, la cote apparut, les airs étaient légers, et. utilisant
les rames, tantôt la voile, nous accostâmes vers midi
Après avoir pris un peu de repos sur un petit ilot a l'entrée de la
passe, nous nous dirigeâmes vers le village Notre arrivée ne fut
remarquée que par quelques enfants Taero, le chef principal, était
là pour nous recevoir et sembla nous accueillir avec chaleur A
part cela, rares étaient ceux qui parussent se réjouir de notre
visite, ce qui me parut de mauvais augure Dans la soirée, quel¬
ques uns des chefs vinrent discuter avec nous de la façon dont
nous
devrions procéder A part le culte dominical, toutes les
tantôt
329
Société des
Études
Océaniennes
�formes précédentes d'instruction avaient été délaissées, et, parmi
rares individus disposés à répondre, il en était fort
peu sus¬
les
ceptibles de servir
desseins, préférant laisser leur conscience
quels étaient ceux qui s'étaient mainte¬
nus dans les principes sans retomber dans leurs errements ; ils me
répondirent qu'ils y étaient tous retombés sans exceptions, et que
si nous nous proposions d'écarter tous ceux qui avaient dévié,
nous
n'aurions toujours pas d'Eglise et mon voyage aurait été
accompli en vain Je déclarai alors qu'il y avait probablement
quelques individus qui n'avaient pas suivi la multitude dans ses
excès et qui étaient restés fidèles à l'Eglise ; et c'était dans son
sein que nous nous rassemblerions encore Ils donnèrent les noms
en
sommeil
nos
Je demandai
de trois ou quatre d'entre eux qui s'étaient opposés à toutes les
mauvaises pratiques, mais qui, étant en nombre insuffisant pour
endiguer le courant, avaient fini par y être entraînés..
2 Mai
-
Samedi.,
Dans la soirée
nous eûmes une réunion pour nous informer de ceux
qui reprendraient notre ancien chemin de l'ordre et de la loi de
l'Eglise et qui assisteraient à 1 instruction,. Nous obtînmes vingtsept noms d'hommes, mais pas une femme ne se présenta.. Nous
prîmes des dispositions pour commencer l'éducation des enfants.
Je fus peiné de voir tant de beaux enfants livrés à l'état de
sauvages.
3 Mai
-
Sabbat,
Ce matin, la population tint sa réunion de prière du matin ; j'y
assistai
Parmi ceux qui y assistèrent, il y en avait un grand
nombre qui ne venaient pas d'habitude- Dans la matinée je leur lus
Gal I : 6-8 ; peu de familles absentes, à part les maîtres en ins¬
piration ; pendant que nous célébrions le culte, ils étaient inspirés
par Isaie mais je ne le sus que plus tard
Dans la soirée, les
fidèles étaient peu nombreux ; je leur commentai Cor. 3 : II. Il
apparut qu ils étaient venus en nombre le matin dans le seul but de
nous flatter ou de se flatter eux-mêmes, et, le soir, étaient retour¬
nés à leurs errements,. Leurs consciences paraissent tout à fait
absentes. Les femmes n'avaient pas de couvre-chefs et la plupart
d'entre
elles
avaient
les
cheveux coupés aussi
ras qu'il est
paire de ciseaux ; quelques unes
avaient le crâne rasé, à l'exception d'une sorte de collerette de
cheveux qui faisait le tour de la tète, partant du front et descen¬
dant dans le cou en passant derrière les oreilles ; cette collerette
possible de le faire
avec
une
était maintenue raide
avec
de la poix (
tapau") et la partie rasée
était enduite d'une huile parfumée luisant au soleil, l'ensemble
leur donnant un aspect particulièrement grotesque et effronté ;
330
Société des
Études
Océaniennes
�beaucoup d'entre elles s'étaient assises
peut-être plus par honte que par mépris
4 Mai
-
en nous
tournant les dos,
Lundi
Rassemblai les femmes afin de
disposées à
suivant
cesser
m enquérir de celles
qui seraient
leurs errements et à s'unir dans la communion
pratiques, et à prendre les Ecritures pour règles de
discipline, Onze seulement donnèrent leurs noms Elles
commencent à être plus dociles et plus familières, ayant dans une
nos
foi et de
certaine
mesure
surmonté leur honte
5 Mai
Tins
réunion paroissiale de prières ;
un bon nombre y assista
Après que deux d'entre eux eussent prié, je leur adressai quelques
paroles pour les exhorter à abandonner leurs notions absurdes et a
s'efforcer ensemble de propager l'Evangile, surtout entre eux -Je
baptisai ensuite quatre enfants appartenant à ceux qui avaient
repris le chemin de la vérité.
une
(i Mai
Quelques jours avant notre arrivée, un bateau avait informé la
population de la visite que nous projetions, et, suivant la coutume
de ces fies, celle-ci s'était préparée à nous recevoir., Taero, tout
en estimant que cette semaine ne convenait pas à une réunion de
la Société, et que nous étions beaucoup trop faibles pour l'instant
pour restaurer la Société avec quelque chance de succès., proposa
d'organiser cette fête, puisque les préparatifs avaient été faits ;
je donnai mon accord à cette proposition Au matin, nous eûmes
une réunion de prières, et en fin de matinée je commentai Math,,,
dernier chapitre, versets 18-20, m'adressant tout particulièrement
à ceux qui avaient été choisis pour exhorter et surveiller leurs
frères. Je les exhortai à suivre fidèlement les principes dictés par
Jésus, à l'exclusion de tous autres, en répandant. l'Evangile,
Après le culte, la tête eut lieu, les victuailles étant, du moins, en
quantité suffisante pour une fête. Vers la fin du repas, les conver¬
sations s'engagèrent, certains faisant état de leurs errements et
s'en confessant, et promettant dorénavant de se conformer à la
vérité. Ainsi occupés, nous fumes soudain alarmés par l'annonce
de la venue d'un homme de Bora Bora, arrivant le long de la plage.
Nous craignions de mauvaises nouvelles, mais son arrivée dissipa
notre inquiétude ; il était venu avec un messager pour nous propo¬
ser de tenir une réunion générale dans l'île de Huahine, Je crains
malheureusement que nous ne soyions trop loin sous le vent, et
dans l'impossibilité de remonter dans cette direction. Dans 1 après
midi, je commentai 1 histoire de la femme de Loth,
331
Société des
Études
Océaniennes
�7 Mai
La population tint une réunion pour discuter des a d'aires locales
et de la proposition apportée par le messager
11 lut entendu que
les liens les plus étroits de paix devraient être établis entre
;
les deux rois présents continuant leur
éducateurs de Maupiti soient choisis parmi la
population elle-même, cependant que je leur rendrais visite aussi
souvent que possible Apoo et Ai ta furent choisis comme éduca¬
teurs, avec plusieurs assistants chargés de l'enseignement et du
Bora
Bora
et
Maupiti
accord pour que les
catéchisme des enfants
Nous décidâmes également de
nous rendre
Bora Bora.' accompagnés des
chefs de Maupiti, et la, après en avoir discuté avec les chefs
locaux et les messagers, de décider soit d'aller a Huahine, soit de
ramener chacun chez lui
Au cours de cette réunion d éloquents
discours furent entendus, les uns politiques, d'autres admettant
leur déchéance et s exhortant les uns les autres a la persévérance
et se promettant de persuader ceux qui s obstinent et refusent de
venir à nous Ils sont en effet très timides, a tel point (pie je puis
a peine les entrevoir
toute
avec
la célérité possible
a
9 Mai
•Jour de catéchisme. -Je m'efforçai de les inciter
faisant
une
dehors
de
a y
assister
en
tournée pour les inviter, mais sans grand succès, en
ceux
venaient régulièrement
qui
Nous tinmes notre
réunion de prières, préparatoire à la sainte communion
10 Mai
-
•Je tins
assez
trai
d'habitude la prière du matin, avec une assistance
Dans la matinée commentai 2 Cor 10 et adminis¬
nombreuse
la
devant
Sabbat
comme
communion»
Dans la soirée, commentai
assistance
clairsemée
Math
7
:
22-23
habituel
essayant de leur montrer que même en admettant I existence de
leur inspiration (ce que je ne suis nullement disposé a faire),
cela ne signifiait pas qu'ils fussent sur le vrai chemin du ciel : je
les exhortai a bien examiner la direction qu ils se disposaient à
prendre
une
a
part notre groupe
12 Mai
Brise favorable pour notre retour, mais la réparation de notre gou¬
vernail n'est pas terminée et ne le sera qu'à la tombée de la nuit
13 Mai
apprêtâmes a partir et à l'aide de
jusqu'à l'entrée de la passe en suivant
le bord peu profond du rivage, mais là, une brise se leva en plein
contre nous, et, l'étroilesse de la passe ne nous permettant pas de
Malgré
un
calme plat,
nous nous
cordes tirâmes le bateau
332
Société des
Études
Océaniennes
�■
/
8' X pM
liror
bord,
un
nous
l'unies poussés
I arrivée de Taero et de
flant maintenant
ses
Sl.iSS'- î.
jusqu'à l'ilot où
chefs
avec
nous
leur bateau
:
attendîmes
Le vent souf¬
tempête rendait toute sortie impossible et je
retournai dans bile Je me rendis ensuite dans une partie de l'île,
du coté
en
partie de la population qui se
particulier, et pour voir les
résultats qu'ils obtenaient A cet endroit, le lagon peu profond
s'étend jusqu'au récif, étant sur un côté partiellement fermé par
une
barrière de rochers se prolongeant en oblique jusqu'à michemin du récif Les indigènes, munis de batons, se placèrent en
ligne et à intervalles réguliers du côté opposé à la barrière de
rochers, entre le récif et le rivage, et se mirent a avancer en
battant l'eau de droite et de gauche, se dirigeant vers nous, qui
occupions l'espace situé entre les rochers et le récif pour empê¬
cher le poisson de s'échapper, Dès qu ils furent assez près, nous
avançâmes a notre tour chassant devant nous 2 ou 3 bancs de
poissons, entre autres un banc de perroquets qui rendit l'eau
entièrement verte Lorsque les poissons furent cernés entre les
rochers et les pêcheurs, le massacre commença (car ils ne pcchent
jamais pour le sport) Il était amusant de constater quelle ardeur
chacun y mettait Quelques poissons réussirent à s'échapper, mais
la plus grande partie fut massacrée, à tel point que sur une étendue
considérable, la nier était rougie de leur sang Je rentrai ensuite
au village, me réjouissant de n'être pas parti, car le vent soufflant
en tempête, tout espoir de départ était exclu,
livrait
14 Mai
mer,
à
-
un
pour y
retrouver
mode de pèche
une
assez
Mercredi
Assistance clairsemée, Je commentai Daniel
de démontrer que
sert à rien,
la connaissance
sans
:
5-22
Je m'efforçai
pratique correspondante
ne
15 Mai
Fis
en partie le tour de 1 'fie pour rendre visite à un homme affligé
d'une hydroeèle descendant jusqu'à terre lorsqu'il se tient debout,,
II était autrefois un membre assidu de l'Eglise Les papiers de
l'Eglise ayant été perdus, je désirais me renseigner sur la situation
passée et présente dans leur groupe. Bien que peu soucieux de se
confesser a moi, il appartient à la nouvelle religion,
1(> Mai
-
Vendredi
Me rendis
au nouveau village où sont allés vivre un certain nombre
d'inspirés. Accompagné d'un homme qui les connaît bien, je péné¬
trai dans une maison avant qu'ils ne soient avertis de ma présence..
Ils furent tout honteux de me voir, à tel point qu'ils évitaient de
333
Société des
Études
Océaniennes
�parler et se tenaient tête baissée» Il me fut impossible d'enga¬
la conversation sur leur folle conduite passée» Dans la maison
suivante, les hommes étaient sortis et ne revinrent pas pendant
me
ger
que nous y
étions, sauf
chercher mais
sans
un
qui revint
avec sa
succès» Je conversai
femme. Je les envoyai
avec celui
longuement
grand effet,
qui était revenu, mais, je le crains, sans
nière dont il acquiesçait à tous mes arguments
que mes efforts étaient vains»
me
car la ma¬
fit comprendre
Pendant que je conversais avec l'homme et sa
femme, quelques
des femmes étaient en train d'interroger discrètement sur mes
intentions l'homme qui m'avait accompagné,
lui demandant si
unes
je
n'avais pas un livre dans ma poche ? Si
je n'allais pas les con¬
damner ? Si je n'allais pas mettre à
l'épreuve leurs personnes
inspirées en leur faisant lire de l'anglais ete„„„ ? Je suppose
qu'un plaisantin leur avait dit que j'allais leur faire accomplir des
miracles pour vérifier leur inspiration, ce qui les avait
considéra¬
blement inquiétés» Dans la soirée nous eûmes une réunion de
catéchisme, avec une assistance clairsemée»
17 Mai
-
Sabbat»
Une bonne assistance
au
culte, moins toutefois qu'on
le souhaiter»/En fin de matinée
rement
intéressante
avec
eûmes
ne
pourrait
réunion particuliè¬
des jeunes ; elle l'aurait été plus encore
nous
une
s'ils avaient été plus nombreux» Je commentai Isaie 29 : 13 14,
et le soir commentai I Pierre 2 :
24, devant une assistance beau¬
coup plus réduite» Après le service, j'écrivis sur une ardoise à un
homme qui avait été très actif, dans
l'enseignement et les voies
de la grâce, pour lui demander s'il avait abandonné toute
pratique
de la religion, ne le voyant plus que
rarement» Il me répondit sur
l'ardoise qu'il viendrait sans délai
expliquer son cas» Il arriva peu
de temps après et lit état d'un rêve
qui avait influencé son com¬
portement» Je n'étais pas nai'f au point de discerner avec clarté
son interprétation du rêve» Il avait vu :
"3 ciels superposés tra¬
versés d'un poteau central reposant sur la terre et ce
poteau était
Jésus", le tout agrémenté d'absurdités symboliques ne méritant
pas d'être prises en considération» Quand il eut achevé son
récit,
je lui donnai à lire le chapitre 12 aux Corinthiens, qui relate la
vision de Paul» Je lui déclarai ensuite
qu'en admettant la véracité
de sa vision, son comportement était bien différent de celui de
l'apôtre,
car
il s'était éloigné de
ses
frères et avait négligé les
voies de la grâce, tandis que l'apôtre,
loin de
avait été que plus assidu à l'Eglise, plus
frères et à s'unir à
pour
son propre
se
glorifier, n'en
actif à encourager
eux
salut» Il
me
ses
cela s'en remettre aux autres
promit de rejoindre ses frères et de
sans
pour
suivre les Ecritures»
334
Société des
Études
Océaniennes
�;
19 Mai
Après
nous être hâtivement préparés à partir, le vent tomba, et
arrivés à la hauteur de l'flot, le vent étant maintenant debout nous
y poussa»
20 Mai
Le culte eut lieu
les ombrages, et je commentai
petit groupe s'en fut à la
pêche aux murènes et en prit deux- Ceux qui nous avaient accom¬
pagnés se proposèrent de rester sur l'îlot jusqu'au lever de la
brise qui permettrait notre départ»
Marc
sur
l'îlot,
sous
12 et 33- Après le service, un
21 Mai
Notre groupe s'en tut à la pêche, qui fut fructueuse ; après le dîner
nous nous rendîmes à la rame au village, et, après une réunion à
l'église retournâmes
camper sur
l'îlot.
de l'îlot vendredi
avec
24 Mai
Etant
revenu
visite à
un
tout notre groupe, je rendis
certain nombre d'habitants qui refusent de s'approcher
de nous» Aujourd'hui, en fin de matinée, je commentai Ps- 87 : 6-7 ;
l'assistance semblait attentive- Dans l'après-midi, le rassemble¬
ment était
plus important que lors des précédents sabbats»
: 14, souhaitant que l'impression faite soit
durable- Lorsque les égarements prennent possession du coeur,
quelle aubaine pour Satan !
un
peu
Je commentai Isaie 33
25 Mai
Lu
grande partie le rapport d'activité de la Société des Ecoles
Anglaises et Etrangères- Elle fait un bon travail, et je souhaite
que les résultats soient à la hauteur de ses espérances.
en
26 Mai
-
J'eus,
ce
Mardi,,
conversation avec un ancien, assez âgé, au
principes- Il me dit qu'il était si vieux, au
bord de la tombe, et si sourd qu'il n'entendait plus le prédicateur ;
quant à sa vue, elle était si mauvaise qu'il ne voyait plus assez
pour apprendre, ou pour lire le Livre ; aussi c'était par la prière
qu'il était aux côtés de Dieu. Je l'exhortai alors de faire de Jésus
sujet des
son
matin,
une
nouveaux
ami et de communier dans l'amour de Dieu par ses prières.
M'ayant alors déclaré qu'il était trop sourd
pour me
n'insistai pas.
335
Société des
Études
Océaniennes
comprendre, je
�27 Mai
Au
service de
monde que
ce
matin, commentai Rom
H : 21 ; un peu plus de
d'habitude
29 Mai
Un
certain nombre de ceux qui étaient
nouvelles lumières fut mis à
l'amende
chargés d'enseigner les
s'être enivrés avec le
pour
(pomme cythère) Dans la soirée nous eûmes
qui lut très animée Je souhaite
qu ils soient de plus en plus nombreux a y assister La masse de
la population continue à se tenir éloignée de nous bien qu'il y en
ait un grand nombre qui commencent a être plus spontanés et
jus fermenté du
vi
réunion de catéchisnie,
notre
communicatifs»
31 Mai
-
Sabbat
passable a la réunion de ce matin : je leur com¬
: 10 et administrai la communion. Dans la soirée
je commentai Ps.85: b-7 Je souhaite que cela touche leurs coeurs
et produise d'heureux effets. Chaque jour apporte quelque exemple
de la folie, de l'extrême folie de leurs égarements,
Une assistance
mentai Isaie 30
3 Juin
-
Mercredi,
Depuis lundi occupés à boucher les voies d eau de notre bateau
Notre réunion missionnaire fut tenue mardi matin ; 1 assistance
était en sérieuse augmentation, ce qui contribua a m'encourager
Au service d'aujourd'hui commentai, Ps, 87 : 3 Puissent-ils
lutter pour une foi pure et devenir ainsi les citoyens de cette
Cité dont on célèbre la gloire,
4 Juin
Je
me
rendis dans cette partie de l'île ou
résident les plus obsti¬
les principaux meneurs du groupe des inspirés, Ils
de la nourriture pour
moi. Je conversai avec eux, m'efforçant de percer à jour les
curieux sentiments qui les animent, si toutefois ils existent. Ils
parlèrent librement de Choses et d'autres mais se refusèrent a
parler de leurs activités de visionnaires et de la doctrine qui en
était l'origine. Us nièrent toutes les accusations portées contre
eux et beaucoup de ceux qui ont été inspirés se refusent à l'ad¬
mettre, faisant tout leur possible pour le cacher
nés ainsi que
me
souhaitèrent la bienvenue et préparèrent
7 Juin
-
Sabbat,
du culte était presque rem¬
dans l'après-midi, je commentai 2 Thess, 2 : 2 devant une
assistance plus fournie que la dernière fois, Les gens deviennent
Commentai Ezech, 13 : 9, La maison
plie
;
336
Société des Etudes Océaniennes
�J
'
<'
;
.
_
$
■
I
dociles, et vendredi nous pûmes ajouter des noms a nos
listes. Ce soir, après le service, je me suis rendu dans une maison
voisine située en l'ace de mon logement, pour y converser avec un
pauvre jeune homme qui ne peut sortir de chez lui, ayant perdu
l'usage de ses jambes par suite d'une attaque de paralysie surve¬
nue
a
l'époque ou tant d'habitants succombèrent, il y a •'! ans
Alors que nous parlions de ses enfants, emmenés par sa femme
qui
l'a quitté pour aller vivre parmi les fanatiques, un homme arriva,
p; us
haletant et souillant, et
bruyante
et
d'enfants
me
demanda
:
il
était suivi d'une foule
-Je
soupçonnai quoique chose d'anormal
prétendit l'etre dès qu'il me vit M "ayant
L'homme était inspiré ou
salué, il me déclara qu'il était Barnabé venu me saluer et com¬
mença un discours ; mais comme il s'agissait d'un sourd, sa pro¬
nonciation était si imparfaite que je ne le comprenais pas bien, et
d'autre part
sa surdité ne lui permettait pas de me comprendre
je l'aurais souhaité Toutefois je compris qu'il était
Barnabé, venu de la présence de Jésus pour instruire le monde, et
reconnaissant en moi un véritable propagateur de l'Evangile, il
comme
était
saluer estimant que nos missions étaient semblables
moment, alors que.je m'efforçais de vérifier ce qu'il disait,
apparurent quelques officiers, suivis de plusieurs habitants : un
des officiers lui montra une corde, lui disant qu'il avait l'intention
de l'attacher avec Cela parut I agiter encore
beaucoup plus que
A
venu me
ce
I
inspiration Sa prononciation de sourd, d'une part, d'autre part la
étrange de l'esprit mêlée a son agitation, me mettait dans
i impossibilité de le comprendre, et après qu'on lui eut passé la
corde autour du corps, il
mit a danser et discourut avec encore
plus de véhémence Je demandai aux spectateurs de m'expliquer ce
qu'il disait, étant plus accoutumés que moi aux intonations nasil¬
lardes des esprits 11 disait en substance qu'il arrivait des Régions
Supérieures de la société des bienheureux et du Messie : il venait
pour apprendre au monde a prier, et, averti de ma présence, il était
voix
venu
pour me
connaître et voila
fâchés contre lui
;
que les chefs étaient maintenant
il était allé au-devant de la croix-, on la lui
avait apporté et il s'en était réjoui, mais ils étaient si lâchés
qu'il ne reviendrait pas.. -Je lui conseillai, s'il regagnait les ré¬
gions célestes sans encombre, de ne pas se hasarder a tenter un
autre voyage. -Je me proposais de lui poser quelques questions
pour le troubler et le convaincre de sa folie, et ainsi démontrer a
la foule a quel point il était fou d'écouter les insanités débitées
par les esprits ; mais je n'en eus pas l'occasion, car les officiers
l'emmenèrent pour avoir fait du tallage le jour du Sabbat Ils l'a¬
vaient toutefois prévenu (c.a.d
l'esprit, car 1 homme est censé
ignorer tout ce qui se passe en lui) que s'il recommençait, ils
l'attacheraient et le puniraient, chez, lui ou ailleurs..
33?
Société des
Études
Océaniennes
�8 Juin
-
Lundi..
l'école venait à peine de se terminer, on entendit un
ménage au dehors» Renseignements pris, nous consta¬
tâmes qu'il s'agissait du sourd, inspiré la veille, et que l'on
emmenait pour être jugé de sa conduite d'hier» Arrivé devant ses
juges, il demanda pour quelle raison il comparaissait devant eux
et quel crime il avait commis, on lui répondit que c'était pour avoir
été inspiré le jour du Sabbat et pour avoir causé du tumulte dans le
village» Il déclara qu'il était seulement venu pour saluer 1' "orometua'' (le maître), sans faire aucun mal ; ils devraient juger
l'esprit qui l'avait conduit et non pas lui» Le juge lui dit que
c'était bien son intention, à condition qu'il puisse faire asseoir
l'esprit sur un siège à côté de lui ; il répondit que l'esprit était
parti et qu'il n'était plus inspiré» Où l'esprit était-il parti ?
L'avait-il laissé chez lui ? Oui, il était à la maison» Comme c'é¬
tait leur intention de le juger et condamner sans l'esprit, ils lui
dirent qu'ayant été bien identifiés tous les deux, ils l'estimaient
responsable du trouble causé par l'esprit si ce dernier ne se pré¬
sentait pas» Ne lui était-il pas possible d'aller à la recherche de
l'esprit ? Peut-être le pourrait-il, il ne savait pas, mais il valait
mieux qu'il essaye, afin que le vrai responsable soit condamné»
D'accord» Et le voilà parti à la recherche de l'esprit, suivi d'un ou
deux officiers et de quelques uns de nos gens pour qui cette
Alors que
grand
remue
farce était nouvelle et curieux de voir où il allait le dénicher»
Quant à moi, malgré le côté navrant de ces égarements et de cette
folie, je ne pus m'empêcher de rire à l'idée et à la fantaisie de
cette supercherie, qui consistait à aller chercher un esprit pour le
faire condamner» A mi-chemin de chez lui, il pénétra dans une
maison, suivi des officiers, et là, commença à éternuer, à renifler
et à se frotter les yeux» Un officier lui ayant demandé s'il l'avait
trouvé, la femme qui se trouvait dans la maison lui dit : "Taisezvous." "Ca y est n'est-ce pas" lui dit l'officier, "suivez-moi"»
"Le voilà qui est inspiré", s'écriait-on sur son passage, et quel¬
ques minutes plus tard il était de retour, plein d'inspiration,
clignant des yeux et se frottant le nez» Lorsque tout le monde se
fût rassis, le roi me pria de lui poser quelques questions pour
montrer à l'assistance l'inanité de leurs prétendues inspirations
les juges ne s'occupent de son cas» En raison de sa
surdité, je priai l'une des personnes présentes, plus accoutumée à
converser avec lui, de lui poser les questions. La première ques¬
avant que
tion fut
:
"Qui êtes-vous ?"
"Bamabé, compagnon de Paul il
y a
des milliers d'années."
"D'où venez-vous ?"
""Du monde des Esprits."
338
Société des Etudes Océaniennes
�Est-ce par lassitude de ce monde que vous l'avez
quitté ?"
Oui»'' (Rires dans l'assistance)..
'
Quelle est votre mission ?"
"Apprendre au peuple à prier»"
"N'avons-nous pas prie avant ?"
"Si, et je viens vous enseigner la même chose»"
"Mais puisque nous savons prier, quel besoin aviez-vous de
quitter votre félicité pour cela ?" Troublé, il ne répond pas»
"De quel pays étiez-vous ?"
"De Faraura»" Rire général, Faraura étant le district de
Maupiti
auquel il appartient» Admettant qu'il ait pu se tromper, la ques¬
tion lui fut posée une deuxième fois :
"Quel était votre
pays
d'origine ?" Pas de réponse»
"Qu'enseigniez-vous autrefois du temps de Paul ?"
''C'est tout oublié»"
Quelques personnes de l'assistance s'écrièrent qu'il était un
étranger ne comprenant pas leur langue, et c'est pourquoi tant de
questions restaient sans réponse» Notre chef principal, qui était
également présent, me dit alors : "Vous êtes tous deux des étran¬
questionnez-le dans votre langue et s'il vous répond dans
nous saurons qu'il a un esprit en lui»" A quoi je
répondis : "Vous voyez bien qu'il s'agit du pauvre ignorant Tehei
(le nom de l'homme) ; il est inutile de continuer à le questionner
car il ne pourra rien répondre»" Ils insistèrent
pour que je lui pose
une question en anglais
pour se convaincre que lui et ses sem¬
blables étaient des imposteurs ; aussi je lui posai une question en
anglais» Il me répondit en tahitien que tout son ancien savoir et
ses actions passées étaient oubliés» Il
s'apprêtait à faire un long
discours dans un jargon inintelligible, mais ils se refusèrent à
l'écouter, disant qu'il était un imposteur ainsi que les autres» Le
jugement eut lieu et il fut mis à l'amende de 5 boules de poix
( 'tapau")» Les juges lui dirent qu'il était indifférent que ce soit
lui ou l'esprit qui fournisse la poix ; s'il était fatigué, il n'avait
qu'à envoyer l'esprit à sa place, et, là dessus, ils le renvoyèrent»
gers ;
votre
langue,
9 Juin - Mardi» ;
J'écrivis au sourd inspiré, le suppliant de cesser de s'abuser et
d'abuser les autres, tant il était évident que tout cela n'était que
supercherie ; je recommandai à son examen attentif plusieurs
textes des Ecritures (car il lit et écrit correctement)» Il me répondit
lettre, citant Col» 3 : 1, comme étant le texte qui l'avait amené
à prier avec ferveur, et provoqué ensuite son inspiration» Dans ma
par
réponse, je lui déclarai que Dieu ne permettait pas à ses saints de
revenir en ce monde, voir Luc 16 : 20-31, et, s'il persistait, il ne
serait rien d'autre qu'un imposteur» Il me répondit en citant Math»
339
Société des
Études
Océaniennes
�priait do le laisser a ses prières : il continuerait à
pièeher le Messie
-Je tins une réunion des postulants a la Communion
17
:
'■]. rt
10 -Juin
me
Mercredi
-
Le service
soirée,
un
été suivi par plus de monde pue
a
bateau
d:hal>itudc Dans la
en vue
1 1 -Juin
Le bateau est entré
cherche,
le
pour
matin
ce
cas ou nous
;
il
se
trouve
serions partis
a
qu'il est
l'a dérive.
a
notre re¬
12 -Juin
Quitté le village
brisait
pour
l'aire
une
l'ois déplus
une
tentative de sortie
toute la largeur de la passe et le cou¬
rant était infranchissable
Dès que nous lûmes dans le courant,
nous constatâmes qu'il était impossible de gouverner
Nous main¬
tenant sur les haut-lbnds. 2 ou •> hommes sautèrent a l'eau, essa¬
yant de retenir h1 bateau avec une amarre, mais le courant était
trop violent et malgré leurs efforts ils ne purent empêcher le bateau
La
mer
de
dériver et de heurter par le travers
sur
presque
entiers d'efforts pour
ancrer
le
ramener
dans
un
Le résultat fut 2 jours
mouillage abrité et l'y
solidement
11 -Juin
Sabbat
-
Prêchai
lâ -Juin
Pile dans
sur
-
la matinée et
au
village dans la soirée
Lundi
l'ois
préparatifs de départ, en mettant notre
l'aube, la mer s'étant calmée, nous
sortîmes avec une brise de Sud-Lst et arrivâmes Mercredi, peu
après midi : je trouvai ma famille en lionne santé et paix, grace
au
Dieu que nous servons -Je vous ai peut-être donné plus de
détails qu il n'est nécessaire, mais je tenais a vous montrer la
nature des égarements auxquels ils sont conduits, et la difficulté
de discuter avec eux Raisonner avec eux parait etre une perte de
Limes
encore
ballast
en
une
place
nos
Mardi
a
citer les Ecritures ils donneront leur assentiment à
que je leur dis. mais rien ne permet de penser qu'ils sont
des disciples du saint et doux Sauveur De récentes nouvelles
nous
ont appris que le groupe n'avait pas augmenté depuis mon
départ, mais que l'un des membres est parti -Je prie pour que
Dieu, dans sa miséricorde infinie, fasse en sorte qu ils soient
conduits a voir la vérité telle qu'elle est en -Jésus, et alors les
Ecritures seront appréciées et la vraie connaissance recherchée,
temps
tout
:
pour
ce
340
Société des
Études
Océaniennes
�m.
Priant
que
Dieu
tous
couronne
vos
efforts
avec
abondance de
succès,
Je demeure respectueusement votre serviteur obéissant,
Geo. Platt
P„S»
-
Tout
se
environ,
déroule
nous
comme
pensons
à l'habitude. Dans
aller rendre visite
une
aux
ments extérieurs.
29 Nov. Geo. Platt
(adressé à :)
Rev. William Orne
Mission House
Austin Friars London
(Marqué :) Reçu le 26 Avril 1830
341
Société des
Études
Océaniennes
quinzaine
établisse¬
�LA LANGUE TAHITIENNE
par
Yves Lemaitre
-
Orstom Papeete
Le
tahitien appartient à la grande famille des langues
On distingue traditionnellement trois branches
dans cette famille : les langues de type indonésien, les langues
austronésiennes.
mélanésiennes et micronésiennes et enfin les langues polyné¬
siennes. Les langues de cette famille sont parlées sur une aire
géographique très vaste qui s'étend de Madagascar jusqu'à l'île de
Pâques, et au nord jusqu'à Hawai. Il existe entre 300 et 500 de
ces langues représentant environ 10 % des langues parlées à la
surface de la terre. ;
Les langues polynésiennes sont au nombre d'une quin¬
à l'intérieur du triangle polynésien et il en existe une
dizaine à l'extérieur, au milieu des îles mélanésiennes ou micro¬
nésiennes. Les langues polynésiennes proviennent d'une langue
zaine
aujourd'hui disparue : le Proto-Polynésien dont l'existence n'est
connue que par des travaux de linguistique comparée. Cette langue
aurait eu la même origine que le fidjien actuel. Les études ré¬
centes, fondées sur la méthode des innovations communes, consi¬
dèrent que les langues polynésiennes sont apparues sous forme de
cinq rameaux qui se sont détachés successivement. Ces cinq
groupes linguistiques comprennent les langues qui s'apparentent
respectivement au tongien, samoan, pascuan, marquisien et tahi¬
tien. Les groupes qui concernent plus particulièrement notre région
sont le groupe marquisien qui comprend le hawaiien, le mangarevien et la langue de Rapa, et le groupe tahitien qui comprend le
maori, les dialectes des Tuamotu, le rarotongjen et les dialectes
des Australes.
La langue tahitienne est parlée ou comprise dans toute la
Polynésie française et sa zone d'influence s'étend même à Rarotonga et l'île de Pâques par l'intermédiaire de la radio. On peut
considérer qu'elle est parlée par environ 80 000 habitants, soit
80 % des habitants de la Polynésie française y compris 35 % de
bilingues.
342
Société des
Études
Océaniennes
�Bien des gens s'interrogent
sur les possibilités de s'ex¬
primer qu'offre la langue tahitienne» La meilleure réponse est
donnée par William Ellis, missionnaire de la Société des Missions
de Londres arrivé à Tahiti en 1816» Il parle de la
richesse, la
variété, la précision et la pureté du langage des Tahitiens. Son
témoignage date d'une époque où la langue tahitienne était celle
d'une civilisation vivante et originale» On peut citer à l'appui des
affirmations de Ellis les remarques du Professeur Levi qui a
relevé dans le dictionnaire Davies (1851) quinze cent termes se
rapportant à la psychologie» La langue s'est appauvrie malheureu¬
sement depuis cette époque» Une des preuves objectives en est la
diminution considérable du vocabulaire : un Tahitien d'aujourd'hui
ne connaît plus guère
qu'un cinquième à un tiers des mots contenus
dans une page d'un dictionnaire ancien» Une des causes probables
de ce déclin réside dans les circonstances
historiques qui ont
suivi les premiers contacts de Tahiti
avec
les Européens»
Les bouleversements de la société tahitienne ont été
considérables au cours des cinquante premières années» Tahiti
est passé par une période d'instabilité politique, de
guerres conti¬
nuelles, accompagnée d'un phénomène de dépopulation» Cette
période a été également celle d'une acculturation intense : con¬
version au
introduction
christianisme, centralisation du pouvoir politique,
d'objets nouveaux, de nouvelles plantes, disparition
des
anciennes institutions, dissolution de la société des arioi,
changement des habitudes vestimentaires»»»
La décadence de la littérature orale tahitienne a été
amorcée, seul a pu être sauvé ce qui a été noté à temps par les
missionnaires et les voyageurs. Les parties de vocabulaire qui
ont
disparu sont celles qui étaient liées à des activités, des
habitudes ou des institutions qui n'existent plus actuellement : le
vocabulaire de la guerre, de l'ancienne religion, des
techniques
de pêche» On peut observer également que la langue commune
qu'on
trouve dans des lettres écrites
en tahitien au XIXème siècle ou
dans la traduction des fables de La Fontaine datant de 1875 est
beaucoup plus proche de la langue d'aujourd'hui que ne l'est la
traduction de la Bible, qui est écrite dans un style
académique et
solennel» De mêtne, la langue des anciens textes sacrés tahitiens
tels qu'on les trouve dans "Tahiti aux temps anciens" est tout à
fait hermétique, cette langue était probablement déjà
il
archaïque
La langue actuelle semble donc la survivance de la
langue commune de l'ancienne société.
y
a
150
ans»
La
langue tahitienne peut-elle être adaptée
343
Société des
Études
Océaniennes
au
monde
�moderne ? Il est possible sans aucun doute d'accroître le vocabu¬
laire par emprunt, par formation de mots composés ou enfin par
création de
nouyeaux
polynésiennes
lons
mots
connues,
en
s'inspirant
mais c'est là
exemple de racines
tâche difficile. Rappe¬
égyptienne avait créé 10 000
vers 1955, l'académie
scientifiques nouveaux et la commission indonésienne du
que;
termes
par
une
langage
avait créé 14 000 et pourtant cela ne suffisait pas pour
en sciences et médecine soit donné dans
la langue du pays. Il semble donc possible
d'adapter la langue
tahitienne au monde moderne jusqu'à un certain niveau, nécessai¬
rement limité à cause du faible nombre de
personnes parlant le
tahitien. Le nombre restreint de lecteurs possibles ne
peut pas
laisser espérer que les livres en tahitien soient jamais très nom¬
breux. Quant aux traductions, leur coût pour un petit nombre de
lecteurs est nécessairement très élevé.
en
que tout
l'enseignement
Le développement de la langue tahitienne
peut-il lui
permettre de remplacer le français ? Il ne semble pas
que le tahi¬
tien et le français répondent aux mêmes besoins.
Ces deux langues
ne sont donc pas
incompatibles mais complémentaires. Le
est
français
langue parlée par 85 millions d'habitants (8ème rang mon¬
dial pour le nombre de locuteurs),
langue qui a une audience
une
internationale. Elle est
un
outil de promotion culturelle scienti¬
fique et technique, elle permet les échanges internationaux. Il
semble exclu que la langue tahitienne
permette d'atteindre les
mêmes obj ectifs. C'est une des difficultés
qui s'oppose à une
extension de l'usage du tahitien.
L'apprentissage du français est
considéré comme un moyen de promotion sociale
par les familles.
Il est possible que l'introduction du tahitien
comme
moyen
d'en¬
seignement, si cela devait se produire au détriment du
français,
suscite certaines résistances, car une telle
mesure pourrait passer
pour une tentative de
tenir
en
l'élite connaissant le
place.
français
Par contre, la langue tahitienne est
connaissance de l'ancienne civilisation,
irremplaçable
pour
la nature tahitienne (poissons,
fait partie de la personnalité
pour se main¬
pour la
la connaissance de
plantes...) Ajoutons encore qu'elle
tahitienne, car il n'est pas indiffé¬
rent de s'exprimer dans une
langue ou dans une autre, chacune
correspond à une vision du monde particulière et un terme n'a
pas
forcément son équivalent Ainsi le vocabulaire
des bruits, des
odeurs, des couleurs, des maladies, des goûts est notablement
différent en français et en tahitien.
Indépendamment de toute
question fonctionnelle et de toute notion
d'efficacité, il est cer¬
tain que l'on doit prendre en
considération l'attachement senti344
Société des
Études
Océaniennes
�mental des tahitiens pour leur langue. Cet attachement bien
compréhensible répond aux besoins de s'identifier à un
groupe
social par des traits culturels qui lui sont
particuliers. Ce désir
d'intégration sociale est d'ailleurs plus profondément ressenti par
ceux
qui parlant bien le français n'ont qu'une connaissance
superficielle du tahitien.
En ce qui concerne l'introduction de la
langue tahitienne
l'enseignement, on doit distinguer entre la langue moyen
d'enseignement et la langue objet d'enseignement. La langue
tahitienne comme moyen d'enseignement aurait
l'avantage, si elle
était introduite dans les premières années de
l'enseignement
dans
primaire, de favoriser l'adaptation à l'école des jeunes enfants en
minimisant la coupure entre le milieu familial et celui de l'école.
Il est certain que l'enseignement en tahitien ne
pourrait pas
dépasser un niveau relativement simple au-delà duquel on devrait
avoir recours au français. La langue tahitienne
pourrait être intro¬
duite dans l'enseignement secondaire comme
objet d'enseignement,
en
particulier pour la formation des instituteurs. Une certaine
normalisation
serait
sans
de la langue,
doute nécessaire.
Le problème de la
et de l'orthographe
préservation
en
particulier,
de la langue tahitienne
: rendre compatible
l'adaptation au monde moderne avec le maintien des valeurs tradi¬
tionnelles qu'on doit éviter de sacrifier aux
exigences de l'effica¬
cité et du progrès.
est Un des aspects d'une question plus vaste
345
Société des
Études
Océaniennes
�A PROPOS DU MARCHE DE PAPEETE
par
Claude ROBINEAU
Le Marché municipal de Papeete est intimement lié au
développement de la ville. Créé pour satisfaire les besoins du
centre urbain naissant, il a tendu à opérer la concentration de la
production vivrière marchande pour les approvisionnements de la
population tahitienne, européenne, ' demie" et chinoise concen¬
trée au chef-lieu. C'est, du moins, ce qui ressort du modèle
"idéologique" élaboré à partir des opinions qui ont encore cours.
Ce modèle est important parce qu'il conditionne les solutions que
les instances concernées proposent aux problèmes réels qui se
posent à propos du marché. Dr quoi consiste-t-il ? En quelques
propositions qui, chacune
appellent un problème :
,
1) C'est le marché des denrées vivrières locales, mais, à
présent, bien des circuits l'ignorent
ou
le contournent
2) C'est le marché des consommateurs de l'agglomération
d'une part, du fail de la croissance de l'agglomération, il
tend à devenir insuffisant, d'où la création d'un second marché
municipal a Pirae ; d'autre part, malgré cette croissance, la spé¬
cialisation qui consiste à distinguer un marché de "gros'' ou de
première main" et un marché de détail" ou de consommation
n'a pas encore prévalu en 1972.
mais,
C'est un marché de producteurs, de paysans, mais il est
partiellement tenu par des vendeurs professionnels, a qui l'on
reproche, d'une part, d'empêcher, eu égard à la faible capacité
d'accueil du Marché, la venue d'un plus grand nombre de produc¬
teurs, d'autre part, d'exercer des pratiques d'oligopole.
L'examen détaillé de
ces
questions
sera
abordé dans
un
travail qui sera publié par l'O.R.S.T.O.M. en 1974 comme suite au
rassemblement des données, aux enquêtes et à l'exploitation de la
documentation disponibles entrepris à propos du marché municipal
depuis plusieurs années.
34£
Société des
Études
Océaniennes
�Il s agit ici simplement de brosser le résultat des recher¬
ches concernant les origines du marché et de son
organisation, et,
a
ce
propos,
toutes les informations nouvelles qui pourraient
nous
être apportées seraient bienvenues.,
INVESTIGATION HISTORIQUE
Il
existe peu de documents concernant l'origine du Mar¬
ché La raison en est que 1 attention des contemporains et des
historiens a, essentiellement, été attirée par l'installation de la
capitale politique et le développement de la place commerciale du
Pacifique Sud-oriental et que l'établissement du Marché n'a été
qu'un
sous-produit banal de l'urbanisation et,
comme
tel,
peu
digne d intérêt.,
Le plan d'ensemble de Papeiti de 1844 (1) fait état
"d'emplacements de vivres", 1 un sur la plage à l'embouchure de
la Papeava qui se trouve alors à peu près sur l'actuelle place
Vaiete sur le "front de mer", l'autre au Nord du Broom le long de
la rivière de Papeete, sans doute, à l'emplacement actuel du Parc
Albert 1er ou Bougainville, Or, un arrêté du gouverneur
Bruat, de
1847 (2), portant "création de deux marchés à Papeete",
l'un
aux
poissons, l'autre aux fruits, légumes, volailles, etc.»»"
désigne précisément les deux emplacements de vivres" du plan
de 1844, le marché aux poissons se trouvant sur la
plage et celui
des fruits et légumes un peu en retrait de la rade près du
quartier
administratif,.
Mais
quelques années plus tard, le Marché s'est déplacé»
étude de Papeete, R„ Dauvergne (3) commentant le plan
de 1861 (4) situe le Marché "dans ces nouveaux quartiers" entre
les quais et
l'enceinte de 1847" (la Rue des Remparts) où s'é¬
Dans
son
lèvent aussi la cathédrale et l'école des Soeurs (5)» Or,
sur
le plan
(1) RAIMBAULT L„
(2) Arrêté No» 106 du 28 avril 1847 portant création de deux mar¬
chés à Papeete, signé de Bruat, gouverneur des Etablissements
français de l'Océanie et commissaire du Roi (des Français
Louis-Philippe) près de la Reine des Iles de la Société»
(3) DAUVERGNE Robert, 1959, op» cit.,
p»
:
143»
(4) THOUROUDE et RICHARD, 1861»
(5) Rue des Ecoles, devenue Rue de l'Ecole des Frères de Ploër-
347
Société des
Études
Océaniennes
�de 1861 reproduit par R» Dauvergné,
un "bâtiment civil7' s'élève à
près à l'emplacement actuel de la Place du Marché là où se
tient, en plein air, le marché aux pastèques» Il y a tout lieu de
penser qu'il s'agit d'un édifice abritant le Marché»
peu
Sur le plan de 1869 reproduit par la carte marine de 1880
(6), le dispositif des maisons et des rues a voisinant le Marché est
semblable à celui d'aujourd'hui : le Marché est bordé par les
Rues Bonnard (devenue Rue François Cardella) et du 22 septem¬
bre ; l'actuelle Rue Albert Leboucher, ex-rue du Marché, se trouve
dans l'axe médian du Marché jouxtant ; celui-ci, le petit square
que
l'on
y
voit
encore
actuellement»
Au début du siècle,
nous disposons d'une autre documen¬
tation, une photographie exposée au Musée Gauguin représentant
le Marché vers 1900 (1) et une collection de Charles Spitz présen¬
tée dans le cadre d'une exposition réalisée par Bengt et MarieThérèse Danielsson au Musée Gauguin sous le titre "Tahiti à
l'époque de Gauguin" (2). Il apparaît à l'examen de ces photos que
le Marché occupait deux édifices en bois compris entre la Rue
Bonnard et la Rue du 22 septembre et que le petit square actuel
occupé en son milieu par un bassin circulaire servait au stationne¬
ment des carrioles et des chevaux»
A défaut d'iconographie, les textes réglementaires cons¬
tituent
précieuse d'informations ; les données qu'ils
bien corroborent les indications fournies par l'ico¬
nographie, ou bien viennent les compléter ; c'est ainsi que le
texte qui suit dans la chronologie des actes que nous avons éta¬
blie (3) l'arrêté de 1847 est un règlement de 1861 qui décrit un
une
apportent,
source
ou
(6) LE CLERC, MINIER, DE VILLE,
(1)Le Marché de Papeete
Patrick O'Reilly, 1966»
vers
1880»
1900 (Photographie), No» 192, in
(2) Photos No» 11, 12, 13 in Marie-Thérèse et Bengt Danielsson,
1968»
établie à partir des actes visés dans le texte le
plus récent (Délibération municipale No» 68-51 du 18 septem¬
bre 1968) et en remontant aux actes visés dans les textes plus
(3) Chronologie
anciens).
348
Société des
Études
Océaniennes
�marché unique constitué de trois
hangars" disposés en fer à
cheval où viennent s'installer les marchands de vivres frais
(fruits, légumes, poissons), des bouchers, des boulangers* Dix
ans plus tard, un arrêté du gouverneur en date du 30 octobre 1871
crée un droit d'étal dont l'objet de couvrir une partie des "dé¬
occasionnées par l'agrandissement et l'entretien du
marché" et une décennie encore après, il est indiqué dans les
attendus d'un arrêté pris en 1881 qu'une 'halle du marché (a été)
élevée sur l'emplacement de l'ancien marché indigène". En 1891,
un nouvel arrêté fait état de deux
halles, l'une, fermée, réservée
penses
viandes, légumes, oeufs et volailles, l'autre, ouverte, affectée
à la vente du poisson et crustacés et des tubercules et fruits : nul
doute que ces constructions correspondent aux deux édifices en
aux
bois que l'on pouvait repérer en 1900
tion Spitz.
Ces textes
ments
nous
sur
les photos de la collec¬
apportent aussi de précieux renseigne¬
les activités et les habitudes des gens qui le fréquen¬
tent. Le marché se tient très tôt, à partir de cinq heures du matin
sur
1861, de quatre heures et demie en 1891 et il finit très tôt
: huit heures en 1891. Qu'y vend-on ? des fruits et tuber¬
cules ( fei, noix de coco, fruits de l'arbre à pain, bananes, oranges,
taro. ignames, patates douces) ; des légumes ; du poisson et des
crustacés de mer et d'eau douce ; de la viande de boucherie, des
volailles, du gibier, des oeufs ; du pain ; du bois ; il est aussi
question, dans la réglementation, et dès 1872, de la vente de thé,
café, lait, chocolat et divers aliments préparés qui se faisait pen¬
dant la journée ou en soirée dans les rues de Papeete, ceci afin
d'y appliquer la perception du droit d'étal déjà levé sur les ven¬
en
aussi
deurs
de l'enceinte du marché
:
l'Administration
a
constaté la
prolifération de petits débitants de nourriture, certainement chi¬
nois, que les Tahitiens n'ont pas été longs à fréquenter et elle
s'efforce de discipliner ce commerce annexe du Marché. Egalement,
dès avant 1861, les denrées comestibles sont vendues un peu
partout en ville et, parce qu'il y a un marché et que l'Administra¬
tion désire qu'il soit fréquenté, parce qu'il y a des recettes à
et
percevoir (le droit d'étal), interdiction est faite de vendre hors du
Marché ; mais après 1881, cette interdiction est levée à partir de la
fin du marché, et sauf pour les volailles et gibiers ; en 1891 les
fruits et tubercules pourront même être vendus sur la voie publi¬
que
durant le marché.
349
Société des
Études
Océaniennes
�La Commune de Papeete a été créée en 1890
;
auparavant,
il existait depuis 1859 un
comité consultatif de Papeete' sorte
de commission municipale nommée par le gouverneur (1)
Le
Marché devint
une des affaires soumises à la juridiction de cet
embryon de municipalité et se trouva, ensuite, inclus dans la
compétence communale (2) de sorte qu'après 1890 tous les textes
le réglementant furent municipaux. Ces textes sont assez nombreux
(1920, 1933, 1936, 1943), mais ne nous apprennent pas grand'chose
concernant les transformations dans l'organisation du Marché :
actes de
police" au sens étroit du terme, modification des droits
d'étal, réglementations diverses
A,
mondiale
le
t'Serstevens qui le visita après la seconde guerre
décrit composé de halles
mi-bois, mi-fer
; ses
notations dépeignent une atmosphère très proche de celle que nous
connaissons.. L'un des derniers actes qui le réglementent est une
délibération municipale de 1968 (3). 11 se présente comme un
ensemble de quatre halles métalliques couvertes ceinturées d'une
grille, couvrant une superficie de 2-295 m2 au coeur de la vieille
ville
et
du
quartier commerçant, près de l'artère principale de
1 agglomération et à proximité des quais ; il y a quelques années,
le débarquement des produits, au Marché, se faisait ainsi très
facilement, mais la croissance de l'agglomération l'a considéra¬
blement compliqué: tandis que les quais d'accostage des caboteurs
qui apportent les denrées de Moorea et des lies Sous-le-Vent ont
été rejetés à la périphérie du quartier central, les accès du Marché
aux
trucks venant des districts
par
suite de l'intensité de la circulation
mentation
ruraux
ont été rendus
en
plus difficiles
ville et de la régle¬
de celle-ci à tel point que le Marché de Papeete est
devenu d abord
un
embouteillage de trucks et un foyer de pollution
déplacement de l'aire du Marché a la
automobile,. Si le projet de
(
1) Acte du gouverneur du 20 janvier 1859 créant
sultatif de Papeete nommé par lui en vue de
un
Comité
con¬
s'éclairer des
lumières des résidents de Tahiti '. Le Comité devait débattre
des affaires qui lui étaient soumises par le directeur des
Affaires européennes (Messager de Tahiti du 23 janvier 1859)
(2) Articles
38 (5°) et -40 (10°)
applicable
20 mai
du décret du 8
mars
1879 rendu
la Commune de Papeete par le premier décret du
1890 (Annuaire de Tahiti pour 189], p, 242-247).
a
(3) Délibération
municipale No 68-51 du 18 septembre
Journal Officiel de la Polynésie française, 1969, p 81
350
Société des
Études
Océaniennes
1968,
�périphérie doit résoudre
ee
problème de circulation, il
en
posera
autre, de rupture avec l'environnement.. Aux halles est adjointe
une petite place ombragée occupée en son centre
par une fontaine
centrale et ou s installent les marchands de pastèques qui n'ont
un
place dans l'enceinte
pas
été bâtis le bureau de la
propre du Marché» Sur la place avaient
Brigade municipale préposée à la police
du Marché, un asile de nuit et un édifice sanitaire tandis
que sur
deux autres côtés avaient été dégagées les aires de stationnement
des
hvcks
de transport de marchandises à la demande et d'un
poste de taxis
depuis quelques temps, un nouveau bureau pour la
brigade a été construit sur l'emplacement de la fontaine en meme
temps qu'un abri pour les vendeurs de pastèques tandis que les
édifices précédents ont été démolis»
.
ORGANISATION ET VIE DU MARCHE
En vertu de la délibération municipale de 1968
qui enté¬
rine l'organisation antérieure, les quatre halles sont spécialisées
par produits : 1) poissons, crustacés et fruits de mer ; 2) légumes ;
3) fruits, couronnes et colliers de coquillage, objets et bibelots
matériau
du pays ;
4) viande, charcuterie, patisserie, pain,
A l'exception de la boucherie, de la
boulangerie-pâtisserie et de la charcuterie qui sont logées dans
des boxes particuliers, les marchands de l'enceinte du Marché
en
fleurs
naturelles, fruits.
disposent de tables d'étal placées longitudinalement déterminant
des allées entre lesquelles circulent les acheteurs Selon
ainsi
R
Moench,
la
specialisation
ethnique du travail
-
-
Il
crustacés
mais
est
son
reflète
division
une
halle No
1
(poissons)
halle No
2
(légumes)
Tahitiens exclusivement
:
:
Chinois exclusivement
:
;
;
Tahitiens
ex¬
halle No„ 4 (fruits, boucherie-charcuterie, boulangeriepâtisserie) : Tahitiens pour les fruits, non-Tahitiens
pour le reste»
-
en
des halles
:
halle No. 3 (fruits et artisanat local)
clusivement ;
-
Marché
( 1)
y
a
donc
une
division administrative des produits du
quelques grandes catégories (fruits
;
légumes
;
poissons
fruits de mer) qui se réflète dans les statistiques
entrecroisement avec un cantonnement ethnique très net
et
créateur
d'inconséquences cocasses : les fruits de l'arbre a
pain aussi bien que les tara ou les patates douces qui sont rendus
par des Tahitiens sont réputés
fruits" tandis que certaines
espèces de tara ou de patates douces cultivées et rendues par t'es
Cliinnis sont réputés
légumes "» Ceci parce que la spécialisation
<
1)
MOENCH, 1963,
p.
49»
351
Société des
Études
Océaniennes
�des
halles
plus ethnique que fonctionnelle et qu'une telle
spécialisation permet de résoudre le problème épineux du droit de
vendre au Marché à l'intérieur de chaque ethnie et évite à cette
occasion de mettre celles-ci en compétition ; mais aussi parce
qu'il existe sauf exception une véritable division ethnique du
travail
est
:
la pèche est une activité tahitienne même quand le
propriétaire du bateau est chinois ;
le maraîchage est -à l'exception récente de la culture
des tomates- une exclusivité asiatique, de même que la boucherie,
la charcuterie, la boulangerie, la pâtisserie ;
-
-
-
la vente des fruits et tubercules est le fait des Tahi-
tiens (sauf
lorsqu'il s'agit d'espèces dites
chinoises") même si
le producteur est chinois ;
-
en
les colliers et
couronnes
de
coquillages et les objets
lorsque la matière
vannerie sont le fait des Tahitiens même
première (coquillages
par des Asiatiques,
par
exemple) peut avoir été commercialisée
Si une telle division du travail par ethnie n'avait pas
existe, il eut fallu opter ou pour une stricte anarchie fonctionnelle
ou pour une confrontation étroite d'ethnies antagonistes.
Le Marché est organisé sous l'autorité du secrétaire
général de la Commune de Papeete, d'un inspecteur et d'une
brigade municipale prévue à cet effet» Cette dernière assure la
police du Marché, contrôle les quantités de produits qui entrent
sur le carreau du Marché, perçoit les droits afférents et tient à
jour les statistiques ; celles-ci sont consignées dans des livres
d'entrées sur lesquels sont enregistrés chaque jour les quantités
entrées, la nature du produit et le nom du vendeur ; il y a autant
de livres que de postes d'entrées : deux pour les fruits et légumes,
un pour le poisson ; lorsque le marché est ouvert, un plus grand
nombre d'entrées est à la disposition du public ; les livres d'en¬
trées sont ensuite dépouillés au bureau de la Brigade et les
quantités entrées sont totalisées par jour et par produit dans des
tableaux récapitulatifs mensuels consignés dans des livres établis
par grandes catégories : "fruits", "légumes", "poissons, crusta¬
cés et fruits de mer",
animaux vivants", "viandes et volailles".
C'est dire que la manipulation de ces statistiques nécessite un
reclassement plus logique des produits. Il est à remarquer qu'é¬
chappent à ces statistiques certaines denrées énumérées dans la
Délibération de 1968 (les produits artisanaux, la boulangerie, la
pâtisserie, la charcuterie, la vente des fleurs), et également
352
Société des Etudes Océaniennes
�If ■;
I 11
d'autres
produits non mentionnés dans cette Délibération : l'huile
de nuinoi par exemple ; ceci, parce que de telles denrées ne sont
soumises à tarification
pas
Hormis
outes
les
fleurs
les marchandises
a
naturelles, le poisson et le bétail,
vendre sont disposées par tas ou pa¬
quets sur les tables prévues a cet effet (ou pour les coquillages et
la vannerie suspendus à proximité de la table de leur vendeur)
Les places de vendeur sont donc attribuées au mètre de table et
donnent lieu à la perception d'un droit d'emplacement Le mètre
de table est loué 200 F par mois (1) ; en outre, la Commune per¬
çoit
postes d'entrées
u:i droit d'étal par kilogramme de mar¬
perception de ce droit qui oblige à la tenue de
statistiques On voit donc ; u -si que les places au Marché sont
bien délimitées et limitées i n nombre : il y a un problème actuel
cl'exiguitc du Marché.
aux
chandise
:
c'est la
Le Marché est ouvert
chaque jour de cinq heures du matin
six heures du soir, sauf le dimanche où la fermeture est fixée le
matin a dix heures ; pour la halle aux poissons, la fermeture est le
a
soir,
en semaine, repoussée d'une heure ; également, tandis que
vendeurs des halles aux fruits et légumes peuvent apporter
leurs denrées seulement une heure avant l'heure d'ouverture, la
les
halle
poisson est accessible a toute heure de la nuit En fait,
produits sont apportés, soit le soir avant la fermeture, soit le
matin avant l'ouverture et durant les premières heures de celle-ci
C'est à ce moment qu'arrivent la plupart des trucks apportant les
produits ' du district'' ; dans la nuit ou à l'aube sont arrivés les
au
les
caboteurs de Moorea
ou
des lies Sous-le-Vent
;
il n'y
a
guère
que
le poisson qui arrive le soir, du fait que c'est le moment de la
rentrée des "boni tiers" au port de Papeete après une journée de
pèche commencée très tot le matin ou au milieu de la nuit précé¬
dente ; avant que les légumes des Iles Australes ne soient com¬
mercialisés au Marché voisin de la Commune de Pirae, l'arrivée en
était tributaire de celle, variable, du caboteur les amenant Com¬
mençant très tot le matin, le marché finit très tôt, aussi, ou, plus
exactement, dès huit heures, il somnole ; les halles a fruits sont
a peu près fréquen'ée:- en permanence ; celles aux légumes sont
désertées a la fin de la matinée mais l'activité y reprend en fin
(1) L'unité monétaire utilisée dans
ment franc (F)
est le franc
ce
travail et
"pacifique
appelée communé¬
(F P.) : 1 FP - 0,0,").".
francs français (FF).
Société des
Études
Océaniennes
�d'après-midi ; quant à la halle au poisson, c'est l'arrivée
marée" qui en règle les transactions et elle est active
de la
tôt le
matin et tard le soir,
Ce rythme
quotidien est aussi fonction du cycle hebdoma¬
daire.. On sait que le marché présente un maximum d'animation en
fin de semaine, surtout le dimanche matin, mais peut-être aussi
la durée d'ouverture est, ce jour-là, particulièrement
néanmoins, on y voit une abondance de marchandises qui
débordent sur les mes voisines et une foule de chalands dont les
parce
que
courte ;
le front de mer ; par ailleurs, les
statistiques montreront l'intensité des apports du samedi (incluant
ceux du soir pour le lendemain dominical) et du dimanche matin.
véhicules s'entassent jusque sur
Le marché est le noeud d'un réseau d'activités
annexes
dérivent de la fonction d'approvisionnement qu'il remplit :
les abords en sont une illustra¬
tion ; dans un cas, il s'agit d'activités jointes, car nées du mar¬
ché, créées par lui ou liées à lui, elles ont pris un tel dévelop¬
pement qu'elles fonctionnent à présent d'une manière autonome et
nécessitent une attention spéciale : ainsi en va-t-il du transport
public par trucks et de la flottille de pèche constituée par les
boni tiers" attachés au port de Papeete ; dans l'autre cas, il
s'agit d'activités simplement induites par la présence du marché :
c'est toute la concentration commerciale qui l'avoisine (magasins
de marchandises générales et cafés principalement). La caracté¬
ristique principale de ce commerce tenu par des Chinois est qu'il
qui
Irucks et cafés qui en occupent
•
reflète fidèlement les besoins et les structures de la consommation
actuelle de la
masse de la population tahitienne ; en outre, les
qui l'abritent sont en bois, style "western", ou en
matériaux durs de basse qualité et quoique la propreté soit pour
un marché, exemplaire,
tout le quartier offre un air de vétusté et
reflète l'absence d'élégance qui prévaut en de tels lieux..
constructions
Ce sont les cafés qui sont ouverts les premiers, le matin,
ferment, le soir, les derniers. Ils débitent à longueur de journée
des rafraîchissements, de la bière, des sandwichs, des pâtés, des
galettes ; dès le matin, on peut y prendre le café au lait - pain
beurré
beignets affectionnés par les habitués ou s'y faire servir
un plat consistant : poisson, mets chinois ou maa linito, plat très
simple, peu classique de la cuisine chinoise mais que l'on affec¬
tionne à Tahiti. Puis, très tôt ouvrent les boutiques : quincaille¬
ries-bazars, alimentations-drogueries, magasins d'étoffe et de
prèt-à-porter, coiffeurs ; dans toutes les boutiques, des ice-creams
et des bonbons ; dans les épiceries, du riz, le corned-beef, du
et
-
354
Société des
Études
Océaniennes
�pain, le beurre en boîte, les conserves de soupe et de haricots au
porc ; c'est dans les bazars du marché, et là seulement que l'on
peut trouver en abondance les filets de pèche, les lampes à pétrole
à pression, les réchauds à pétrole et tous les objets dont la vie en
ville rend inutile
l'acquisition» Et
trucks
bordure d'étroits
trottoirs
plusieurs rangées les
tandis qu'un étroit couloir zigzagant au milieu de la chaus¬
en
encombrés de marchandises, stationnent
sur
sée laisse circuler difficilement les véhicules»
L'étude que nous avons menée met d'abord 1 accent sur
le développement du marché en fonction de la croissance continue
de l'agglomération : l'analyse de la période 1960-1972 montre que
développement, sensible avec l'installation à partir de l'année
d'expérimentation nucléaire, a été continu ; l'effet
économique du C»E»P» s'est trouvé relayé, par la suite, par l'ac¬
croissement progressif de la consommation dans le cadre de
l'augmentation des dimensions de l'agglomération et malgré d'une
part, la création du marché de Pirae, à l'Est de la ville, et d'autre
part, la multiplication des super-marchés»
ce
1964 du Centre
C'est donc d'abord un problème de dimension du marché
spécialisation des fonctions qu'il remplit actuellement qu'il
convient de résoudre ; c'est aussi, et selon les Services munici¬
paux compétents, un problème de salubrité publique qui milite en
faveur d'un déplacement éventuel à Fare-Ute du marché actuel»
Mais un tel déplacement aurait sur le réseau économique au sein
duquel se situe le marché un effet de bouleversement tel qu'une
étude détaillée des produits et des circuits a été rendue néces¬
saire : c'est à cette préoccupation que répond l'étude qui sera
publiée dans le courant de 1974»
et de
Claude ROBINEAU
Centre ORSTOM de Papeete
Directeur de Recherches»
355
Société des
Études
Océaniennes
�REFERENCES
—
Annuaire de Tahiti
Tahiti a 1 époque de
Catalogue d'une collection de photos anciennes expo¬
Musée a Tahiti, Papeete, Octobre-décembre
DANIELSSON Ben st. Marie-Thérèse, 1968,
Gauguin
sées
—
au
français 18431863, -Journal de la Société des Océanistes, Paris, tome XV,
No 15, décembre, p 113-145
DACVERONE R.
1959. Ces débuts du Papeete
--Journal officiel des Etablissements
—
—
—
français de l'Océanie.
(Lieutenant de
vaisseau), DEVILLE (Enseigne de vaisseau), 1880, Plan de la
Côte septentrionale de Tahiti, de Papeete à la Pointe Vénus,
Paris, Service hydrographique de la Marine,
LE CLERC (Lieutenant
de vaisseau), MINIER
Messager do Tahiti,
1963, Economie Relations of the
Islands, Cambridge (Massachusetts),
MOENCH Richard C
in
the
Society
,
Chinese
191 p.,
dactylographié.
Catalogue du Musée
(Tahiti), Paris, Fondation Singer-Polignac
-O'REILLY
—
RAIMBAl LT L
in
1966,
P,
,
1844, Plan
Robert Dauvergne,
d'ensemble de Papeiti Reproduit
19.19, Les débuts du Papeete
1843-1863, -Journal de la Société
Décembre, p 113-145
Génie),
Dauvergne,
capitaine), RICHARD (garde
29 mai 1861, in Robert
1861, Plan de Papeete au
1959, Les débuts-du
Papeete français 1843-1863,
Paris, tome XV, No, 15,
-Journal de la Société des Océanistes,
Décembre, p
français
des Océanistes, tome XV, No, 15,
THOl ROI DE (sous la direction du
du
Gauguin-Papeari
113-145,,
Société des Etudes Océaniennes
��■
■
Société des
Études
Océaniennes
�Le
Bulletin
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique
pas qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait
sien les commentaires et assertions des divers auteurs qui,
seids, en prennent toute la responsabilité.
articles
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas cle
appréciation.
publicité.
La Rédaction.
Les articles publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
a réservé ses droits, peuvent être traduits et repro¬
l'auteur
duits, à la condition expresse que
ront mentionnés.
l'origine et l'auteur
Toutes communications relatives
à
ou
110,
au
la Société, doivent être adressées
Bulletin,
au
en
se¬
Musée
Président. Boîte
au
Papeete, Tahiti.
Pour
vres,
tout
achat de Bulletins,
s'adresser
au
échange
ou
Président de la Société
donation de li¬
ou
au
Bibliothé¬
caire du Musée, Boîte 110, Papeete.
Le Bulletin
Prix de
ce
est
envoyé gratuitement à tous
ses
100 F.P.
numéro
Cotisation annuelle des Membres-résidents,
Cotisation annuelle des
en
membres.
400 F.P.
Membres résidant
pays français
Cotisation annuelle des étrangers
400 F. P *
8 dollars
�Souscription Unique
Membre à vie
résidant
en
France
ou
dans
ses
colonies
4.000 F.P.
Membre à vie résidant à
l'Etranger,
80 dollars
Avantages de
faire recevoir Membre à vie pour cette
fois pour toutes. (Article 24 du
règle¬
Intérieur. Bulletins N° 17 et N° 29).
somme
ment
se
versée
une
.1°- Le Bulletin continuera à lui être
adressé, quand bien
même il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
2°- Le Membre à vie n'a
ou
et
du
sa
plus à se préoccuper de l'envoi
cotisation annuelle, c'est une dépense
souci de moins.
un
En
paiement de
conséquence
sont
: Dans leur intérêt et celui de la Société,
invités à devenir Membre à vie:
TOUS CEUX qui, résidant hors de Tahiti, désirent
rece
voir le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX qui, quittant Tahiti,
s
y
intéressent quand
même
Société des Etudes Océaniennes
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
Description
An account of the resource
La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
2605-8375
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Établissement
Université de la Polynésie Française
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 184-185
Description
An account of the resource
Sciences naturelles - Etude des peuplements du complexe lagunaire de Tiahura-Moorea, Polynésie Française par Georges Richard 309
Histoire locale
- Journal d'une visite à Raivavae en octobre 1819 par Pomare II, Roi de Tahiti (communiqué par le Dr. Emile Massal) 325
- Lettre de Mr. Geo Platt au Rev. William Horn (communiquée par Mr. Bengt Danielsson et traduite de l'anglais par Mr. Bertrand Jaunez) 329
- A propos du marché de Papeete par Claude Robineau 346
Linguistique - La langue tahitienne par Yves Lemaître (Orstom Papeete) 342
Source
A related resource from which the described resource is derived
Société des Études Océaniennes (SEO)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1973
Date de numérisation : 2017
Relation
A related resource
http://www.sudoc.fr/039537501
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
1 volume au format PDF (56 vues)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Les copies numériques des bulletins diffusées en ligne sur Ana’ite s’inscrivent dans la politique de l’Open Data. Elles sont placées sous licence Creative Commons BY-NC. L’UPF et la SEO autorisent l’exploitation de l’œuvre ainsi que la création d’œuvres dérivées à condition qu’il ne s’agisse pas d’une utilisation commerciale.
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)