-
https://anaite.upf.pf/files/original/eedd4985333464342483619a1204438d.pdf
5bb5799a00e7d1fa50b3a2ec1e6bc712
PDF Text
Text
BULLETIN
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
TOME
XV
•
N° 2
•
«JUIN
1971«
N° 175
�CONSEIL d'ADMINISTRATION
Mr. Henri JACQUIER
Mr. Yves MALARDÊ
Président
Vice-Président
Secrétaire
Trésorier
Melle Janine LAGUESSE
Mr. Paul MOORGAT
ASSESSEURS
Mr.
Adolphe AGNIERAY
Me Rudolph BAMBRIDGE
Mr. Eric LEQUERRÉ
Mr. Pierre JOURDAIN
Me Jean SOLARI
Mr. Raoulx TESSIER
Mr. Temarii TEAI
Mr. Maco TEVANE
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
faire
présenter
par
un
Bibliothèque.
Le Conseil d'Administration informe ses membres
qu'ils
peuvent emporter à domicile certains livres de la Bibliothèque
en
signant une reconnaissance de dette au' cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté & la date fixée. Les autres
peu¬
vent être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La Bibliothèque et
membres de la Société
le Dimanche.
la salle de lecture sont ouvertes aux
tous les jours, de 14 à 17 heures,
sauf
Musée.
Le Musée est
il 17 heures.
ouvert
tous
les
jours, sauf le.dimanche,'de. 14
�BULLETIN
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
POLYNESIE
ORIENTALE
TOME XV-N° 2 JUIN
.
1971- N° 175
SOMMAIRE
Compte rendu de l'assemblée générale du 10 Juin 1971.
BIOLOGIE
MARINE
Récentes recherches de biologie marine en
Polynésie
Française.
Origine des formations récifales de l'île de Tahiti
par
J. P. Chevalia.
BIBLIOGRAPHIE
Ina
Moorea
:
J'ai, perdu Tahiti (par Daniel Maurer.)
Société des
Études
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�COMPTE RENDU DE
DU
L'ASSEMBLEE GENERALE
1 0 JUIN
1971
L'assemblée a eu lieu dans la salle de lecture du Musée. La
séance est ouverte à 17 h 30. 31 membres sont présents et
17 procurations déposées.
Etaient
présents parmi les membres du conseil d'administra¬
tion :
Mr H. Jacquier, Président
Mlle J. Laguesse, Secrétaire
Me R. Bambridge, Assesseur
Mr P. Moorgat,
"
Mr T. Teai,
Mr R. Teissier
-
-
-
-
-
-
Absents,
-
-
-
-
Mr Y.
en voyage :
Malardé
Mr A. Agnieray
Cdt P. Jourdain
Mr Maco Tevane
Président donne lecture du compte-rendu moral etfiSociété et, en terminant, ajoute :
"J'ai à vous faire part d'une nouvelle qui nous réjoui r a
tous : le Marché pour l'édification du nouveau musée si t u é
dans le Centre des Sciences Humaines de Punaauia vient d'¬
être passé. La construction va commencer incessamment.
Ainsi, grâce à la compréhension à la fois du Gouverne ment
et de l'Assembbée territoriale, après vingt
ans d'attentes et
d'espoirs souvent déçus, je crois pouvoir vous assurer que
dans deux ans notre Assemblée générale se tiendra dans une
salle du nouveau musée spécialement aménagée.
Le
nancier concernant la
Nos collections et notre Bibliothèque seront à l'abri e t
présentées d'une façon judicieuse.
Certes, il y aura beaucoup à faire pour organiser l'amé¬
nagement. Outre les vitrines qui sont nécessaires pour 1 a
présentation, il faudra faire exécuter des copies ou des mou¬
lages d'objets authentiques qui se trouvent dans divers mu¬
sées d'Europe ou d'Amérique. C'est un travail de longue ha leine qui demandera le concours d'un spécialiste.
Vous avez pu voir grâce à l'exposition si réussie du "Po¬
lynésien et la Mer" organisée par l'ORSTOM et notre Socié¬
té à quel point une Muséologue comme Madame Lavondès a
pu arriver, je dirai presque à "faire parler" les objets,
grâce à une savante présentation accompagnée de de s sin s,
de photos.et de schémas.
43
Société des
Études Océaniennes
�C'est à cela que nous devons arriver dans lenouvea u
musée.
Il y a bien entendu toute une série de problèmes qui
se
présentent pour la gestion de cet ensemble des Sciences Hu¬
maines. D'ores et déjà, je peux vous dire quoique aucun tex¬
te ne
soit encore
adopté à
ce sujet, que
la gestion du m u
-
sée et de la bibliothèque seront confiés à la Société d'Etudes
Océaniennes dont le Bureau, élargi, comprendra au m o ins
un représentant du Gouvernement et un autre de l'Ass e m blée territoriale.
Il nous faut d'autre part obtenir la reconnaissance en u tilité publique qui ne peut être accordée que par le C o n seil
d'Etat. Un dossier est constitué en ce moment et clomprend
notamment une nouvelle rédaction des statuts, conforme
à
un type fixé à l'avance. C'est notre collègue Rudy Bambrid ge qui s'est chargé de ce travail. Ces statuts doivent ê t r e
en Assemblée générale extra-ordinaire, assem¬
laquelle je vous demanderai de bien vouloir assister
assez nombreux de façon à atteindre le quorum
nécessaire.
Je pense que cette assemblée générale extra-ordinaire
pourra se tenir dans le courant du mois d'Octobre.
J'ai la
grande satisfaction, comme sixième Président de
notre Société, d'avoir vu se réaliser ce
que mes prédéce s'seurs n'avaient même jamais espéré, un véritable Centre'
des Sciences Humaines, une sorte de petit musée de 1' Hom¬
approuvés
blée à
me
Polyhésie
de la
Mr Y.
pose
Malardé, Trésorier, étant
ensuite la situation
en voyage
financière qui
le Président ex¬
se
résume ainsi
:
Report disponible au 1-1-70
Tannée 1970
Frs.
357.934,00
Recettes de
Frs. 1.380.489,00
Frs. 1. 738.423,00
Dépenses de Tannée 1970
Frs.
1.023.624,00
714.799,00
Frs.
Disponible au 1er janvier 1971
L'Assemblée approuve les comptes et donne quitus au
dent qui
Prési¬
représente le trésorier.
Président donne ensuite lecture du projet de budget pour
1971. Le renouvellement du conseil d'administration étant à
Tordre du jour, il est ensuite passé au vote. Mr Bertrand JauLe
nez
Le
démissionné de
ayant
Malardé
a
:
Suffrages exprimés
-
-
-
:
48
Président
Vice-Président
Secrétaire
Trésorier
Assesseurs
-
de vice-président, Mr. Y.
le remplacer.
dépouillement des bulletins de vote a donné les résultats
suivants
-
son poste
bien voulu accepter de
Mr A.
Mr H.
Mr Y.
Jacquier, 48
Malardé, 48
Mlle J. Laguesse, 48
Mr P. Moorgat, 48
:
Agnieray, 47
44
Société des
Études
Océaniennes
�-
-
-
-
-
-
-
Me R.
Bambridge, 46
Jourdain, 48
E. Lequerré, 45
J. Solari, 45
R. Teissier, 47
T. Teai, 48
Maco Tevane, 48
Cdt P.
Mr
Me
Mr
Mr
Mr
Les
résultats
sont
proclamés
et
conseil d'administration.
Le
Président
accordent
représentent le
nouveau
les membres de la confiance qu'ils
conseil d'administration. Mr Paul Moor-
remercie
au nouveau
gat prenant la parole propose de nommer Mr B. Jaunez et le
R.P. O'Reilly membres d'honneur de la Société des Etudes
Océaniennes. L'assemblée approuve cette proposition à l'una¬
nimité.
Personne
n'ayant fait d'objections
manière dont le vote
incinérés. La séance
sur la
été conduit, les bulletins de vote sont
est levée à 19 heures.
a
45
Société des
Études
Océaniennes
�RECENTES RECHERCHES DE BIOLOGIE MARINE
EN POLYNESIE FRANÇAISE
Sept missions en Polynésie française ont permis d e^ puis
1965 de réaliser des études de Biologie Marine et d'Océano¬
graphie biologique sur la faune et la flore récifale et lagunaire d'îles hautes et d'atolls des archipels de la Société,
des
Tuamotu, des Gambier et des Australes. Il a été rendu comp¬
te par ailleurs des activités du Muséum National d'Histoire
Naturelle concernant les Sciences de la Mer avec analy s e
sommaire de tous les travaux publiés (SALVAT, 1970).
C'est sur le groupé des Mollusques que portent mes re¬
cherches d'ordre systématique, faunistique,
biogéographique,
bionomique et çcologique. Plus de vingt travaux ont été p u bliés dans des périodiques scientifiques français et é t r an gers. La brève rédaction qui va suivre présente quelque s uns
des principaux résultats déjà exposés dans des Congres na¬
tionaux ou internationaux, en 1968 au Congrès Européen d e
Malacologie (Vienne), en 1969 au Symposium international sur
les Coraux et Récifs coralliens (Mandapam Camp, Inde), e t
en 1970 au Congrès de la Société Française de Malacologie
(Caen), au Congrès Malacologie Italien (Gênes), et au C olloque International pour l'exploitation des Océans (Bordeaux);
ainsi que les résultats et observations qui seront présent é s
au Colloque régional sur la Protection de la Nature - récif s
et lagons - Commission du
Pacifique Sud à Nouméa, et
au
,12ème Congrès des Sciences du Pacifique à Canberra,
e n
août 1971.
Les coraux hermatypiques constructeurs de récifs s'é¬
panouissent dans le domaine littoral, entre les latitudes
35o Nord
et
32o Sud, sauf sur les bordures occidentales des
continents
par suite
Ces madreporaires
des remontées d'eaux froides profondes.
exigent des températures toujours supéà 18o, et au minimum de 20o - 21o pour
prospérer.
Les formations récifales sont généralement classées enquatre catégories : récif frangeant, récif barrière, atoll et ré¬
cifs submergés en plein océan. Les deux premières forma¬
tions se rencontrent en bordure d'îles hautes volcaniques et
déterminent entre elles un lagon généralement peu profond
mais de largeur variable, quelques centaines de metres à
plusieurs kilomètres. Les deux autres formations, atolls et
récifs submergés en plein océan sont, en revanche, des îles
uniquement constituées en surface par des squelettes d'or¬
ganismes vivants (Coraux, Algues calcaires, Mollusques...)
et se distinguent l'un de l'autre en ce que le premier possède
rieures
46
Société des
Études
Océaniennes
�parties émergées à l'inverse du second.
parties émergées de la bordure circulaire de l'atoll,
édifice corallien qui nous intéresse ici, n'ont que quelques
mètres d'altitude et encerclent un lagon aux eaux calmes et
à forte sédimentation. Il existe plus de 400 atolls dans le mon¬
des
Les
la_ répartition est la suivante : Atlantique : 27, Indien :
68, Indonésie : 20, Pacifique : 294 (Micronésie, 92 - Mélanésie, 66 - Polynésie, 136). L'archipel des Tuamotu est le plus
riche avec 75 unités isolées en plein océan Pacifique, aussi
éloigné du continent australien que des côtes d'Amérique du
Sud, plus de 7000 kilomètres. Ces atolls sont des anciennes
montagnes volcaniques disparues par subsidence, selon la
théorie de Darwin remise a l'honneur par les forages pro¬
fonds réalisés dans les atolls de Micronésie (Bikini, Eniwetok) ou de Polynésie (Mururoa). Par leur isolement au mi¬
lieu de l'océan, les atolls illustrent parfaitement ce qu'on
de dont
peut
ses
du
considérer
comme un
écosystème parfait. Ces îles bas¬
s'élèvent de 1000 à 3000 mètres au-dessus
plateau des Tuamotu. Elles sont de forme et de taille va¬
des Tuamotu
riables, de quelques
kilomètres de diamètre à 80 kilomè¬
longueur pour le plus grand, l'atoll de Rangiroa. Ces
atolls peuvent être répartis en quatre catégories essentiel¬
les : atoll soulevé : un seul dans les Tuamotu : Makatea dont
les gisements de phosphate ont été exploités jusqu'à 1966 ;
atoll ouvert : généralement les plus grandes de ces îles bas¬
tres
de
dont la bordure
ses et
présente
une
echancrure avec un seuil
quelques mètres de profondeur seulement, appelé passe,
et qui permet aux bateaux de pénétrer dans le lagon ; atoll
fermé': c'est à dire sans passe mais cela ne signifie pas que
les eaux du lagon soient isolées des eaux de l'océan (les
échanges hydrodynamiques se font par des chenaux de com¬
munications dont le fonctionnement est variable en fonction
de
des conditions
marégraphiques) ; atoll comblé : dont les la¬
été pris par la sédimentation pour dispa¬
gons étroits ont
raître finalement.
1)
-
Bilan
quantitatif de la faune benthique
d'atolls de
Polynésie.
cadre d'un programme de recherches dont le but
d'établir la productivité des complexes récifaux de PO¬
LYNESIE, nous avons réalisé des bilans quantitatifs (stan¬
ding crop) de la macrofaune d'invertébrés benthiques de cer¬
taines formations de ces écosystèmes. Le s 2 principaux grou¬
Dans le
est
intéressés sont les Mollusques et les Echinodermes, les
Madréporaires étant quantitativement hors de notre propos.
Nous avons concentré nos travaux en Polynésie française
(Tuamotu, Gambier, Australes) sur deux ensembles du com¬
plexe récifal : 1/ les récifs extérieurs (island reefs) d'atolls
et de récif barrière d'île haute volcanique ; 2/ les lagons
d'atolls fermés (closed atoll lagoon), plus nombreux que les
atolls ouverts dans l'archipel des Tuamotu.
Les études quantitatives déjà publiées sur ces milieux,
dans d'autres régions intertropicales de l'Indo-Pacifique,
sont très peu nombreuses et se rapportent à des surfaces
prospectées extrêmement réduites ou ne portent que sur
pe s
47
Société des
Études
Océaniennes
�quelques espèces seulement (BANNER, 1952 - ODUM et
ODUM, en 1955 - BONHAM et HELD, 1963 - KOHN, 1968 HARDY et HARDY, 1969). Nos travaux sont basés sur la ré¬
colte de la totalité
de la faune benthique - exception faite
des coraux
dans des stations contig'ies constituant des ra¬
diales perpendiculaires au rivage (transects), couvrant les
différents faciès de chaque ensemble. Les individus récoltés
sont déterminés, comptés et pesés - poids frais total - afin
d'obtenir des données bionomiques, écologiques (autécologie
et synécologie) et le bilan quantitatif (densitésde peuplement
et évaluations quantitatives à l'échelle des formations étu¬
diées
nombre d'individus et biomasses en poids frais de
-
-
matière
vivante
-
test et contenus stomacaux
exclus). Ainsi,
seize radiales sur des récifs extérieurs d'atolls
hautes ont été prospectées quantitativement
et
d'îles
représentant
plus de 4000 m2. Ainsi, la faune a été
surface totale de
censée dans huit radiales (soit
dure
une
re¬
1400 m2) établies sur la bor¬
lagunaire d'un atoll fermé (sans passe) des Tuamoutu,
REAO, choisi comme type de cette formation si
l'atoll de
particulière.
Les récifs extérieurs sont prospectés de la crête algale
(algal ridge) à la zone supérieure (spray wet area). Les den¬
sités moyennes de peuplements en Mollusques sont comprises
pour chaque récif entre 1 et 10 individus au m2 ; la densité
moyenne est jplus grande sur les récifs d'atolls (4,3 ind/m2)
que sur les récifs d'îles hautes (2,9).
La totalité de la faune malacologique récifale de l'atoll de
Fangataufa (28 km de pourtour, 5,4 km2 de surface récifale)
a pu être évaluée à plus de 20 millions d'individus avec une
biomasse en poids frais de matière vivante de 2 tonnes ;
densités moyennes : 3,7 ind/m2 et 4,2 g/m2.
Le
lagon de l'atoll
toutes ces
bre
dus
fermé de REAO, caractérisé comme
pauvreté en nom¬
formations des Tuamotu par une
d'espèces mais une grande richesse en
(SALVAT 1967, 1968) ne compte pour la
nombre d'indivi¬
macrofaune ben¬
thique - exception faite des Madréporaires - que 28 espèces
de Mollusques et seulement 4 espèces d'Echinodermes. L'é¬
valuation quantitative totale de cette faune pour la bordure
lagunaire (40,2 km de rivage, 3,7 km2 entre 0 et 6 mètres de
profondeur) est de 221 millions d'individus représentant 611
tonnes de matière vivante (coquilles et contenus stomacaux
exclus). En nombre d'individus, les Mollusques (88,3%) sont
plus nombreux que les Echinodermes (11-,7%) ; il en est de
même pour les biomasses (respectivement 71,4% et 28,6%).
Notons que les Mollusques endogés (Cardium, Codakia, Cerithium, Tellina) s'ils sont 7 fois plus nombreux que les
Mollusques épigés (Tridacna, Pinctada) ont, en revanche, une
biomasse 6 fois moins importante.
Les valeurs moyennes sont de 59,7 ind/'m2 et de 165 mg
m2 mais les concentrations maximales observées dépassent
5000 g/m2 pour certains faciès où abondent Tridacna maxi¬
ma au milieu d'Adopora pulchra. Mais, au-delà de ces va48
�les résultats par espèce mon¬
l'extrême dominance d'un très petit nombre d'espèces.
Sur les 32 macrobenthontes recensés, trois Mollusques
(Cardium fragum, Cerithium fasciatum et Codakia divergens)
leurs moyennes par groupes,
trent
représentent plus de 50% du nombre total d'individus de la
bordure lagunaire, et huit espèces plusde92%de la biomasse
en matière vivante. Pour cesbiomasses,deuxespècesont une
importance considérable : Tradacna maxima, lamellibranche
possédant des algues zooxanthelles symbiotiques et dont la
biomasse représente plus de la moitié de la biomasse totale
de la bordure lagunaire, et l'Holothurie Halodeima atra
(27% de la biomasse totale).
études en cours sur les cycles biologiques des espè¬
dominantes, des récifs extérieurs et des lagons, permet¬
tront dan.- les prochaines années une approche relative à la
productivité de ces ensembles.
Les
ces
C haîne alimentaire et perspective d'aquaculture.
Compte tenu des travaux publiés ces dernières années,
et de nos observations sur les relations trophiques (alimen¬
taires) dans le complexe récifal et lagunaire( on peut conclu¬
re : I/ que l'atoll vit sur lui-même avec très peu d'apports
trophiques extérieurs, particulièrement dans les Tuamotu
2)
sont très éloignésdesmassescontinentales et
région où il n'existe pas de remontées d'eaux froi¬
des profondes qui auraient pu enrichir les eaux de surface.
2/ qu'en dehors des organismes végétaux photosynthétiques,
les seuls groupes animaux importants dans ces atolls sont
précisément des groupes possédant dans leurs tissus des al¬
gues symbiotiques (zooxanthelles) 3/ que la pyramide ali¬
mentaire de la faune récifale et lagunaire repose essentiel¬
lement sur ces organismes animaux (avec symbiontes photosynthètiques) qui produisent de la matière vivante et rejettent
en pleine eau une grande quantité de particules organiques
(mucus, agrégats) et non sur le phytoplancton. 4/ que les dé¬
tritus
organiques produits par ces organismes vivants ou du
fait de leur decomposition jouent un très grand rôle dans ces
lagons d'atolls fermés.
ou ces
dans
édifices
une
Les lagons coralliens et particulièrement les lagons
d'atolls fermés réunissent toutes les conditions favorables à
l'aquaculture. Les échanges hydrodynamiques entre les eaux
lagon et celles du large pourront être facilement contrô¬
lés et réglés. Leur enrichissement en éléments minéraux
du
indispensables aux élevages
à réaliser,
peut
être aisément
effectué. Aucun autre type morphologique du domaine marin
ne peut être mieux contrôlé par l'homme que ces gigantes¬
ques bassins d'eaux tropicales en plein océan. Dans ces con¬
ditions et en élargissant le cadre de notre étude, les pers¬
pectives d'aquaculture dans ces lagons d'atolls doivent né¬
cessairement
considérer
:
a) des apports de nitrates et de phosphatesindispensables
pour développer la production primaire planctonique, faute de
quoi l'exploitation
d'espèces d'un haut niveau trophique repo49
�sant sur une base trop
faible ne serait pas possible.
b) l'introduction d espèces économiquement intéressantes
n'existant pas en Polynésie française et qui pourraient s'in¬
sérer valablement dans la chaîne alimentaire aux niveaux
trophiques où la quantité de matière vivante ne passe pas en
totalité à l'échelon supérieur.
Sur le plan productivité, il est
évident que les organismes
le bénitier sont les plus rentables puisqu'ils conden¬
sent les niveaux primaire et secondaire. On voit mal, cepen¬
dant, comment de tels fonds, malgré leur richesse et les den¬
sités maximales observées (5 kg de matière vivante au m2),
comme
pourraient être exploités étant donné les superficies peutêtre trop réduites des biotopes intéressants et les conditions
techniques très particulières à mettre-en oeuvre jpour une
exploitation. Compte tenu de la productivité intéressante
telle
des especes
de la famille des Tridacnidae et compte tenu de
l'épanouissement d'un représentant de cette famille dans les
lagons d'atolls fermés polynésiens (rien de semblable n'exis¬
te en Micronésie) il ne serait peut-être pas sans intérêt d'es¬
sayer d'introduire des" espèces de la même famille qui pré¬
senteraient les mêmes avantages avec une
taille plus impor¬
Rappelons que les bénitiers comptent 6 espèces dont
la plus grande (Tridacna gigas) peut dépasser u n mètre de
long. Nous ne possédons aucune donnée sur la vitesse de
croissance de Tridacna maxima. Quelques valeurs ont été pu¬
bliées sur Tridacna gigas dont la croissance serait de l'ordre
de
5 centimètres par an (ROSEWATER, 1965-BONHAM,
1965
HARDY et HARDY, 1969).
Pour un individu de taille moyenne de Tridacna maxima,
une croissance de 2,5 cm correspond à une augmentation de
poids des parties molles de 26 grammes. Cependant, nous
devons pour l'instant nous contenter du bilan quantitatif de la
faune benthique (standing crop) car les observations sur le
cycle biologique des esjpeces nous font défaut pour apprécier
valablement la quantité de matière vivante produite en une
tante.
-
année.
La distribution des espèces marines dans la province
Indo-Pacifique fait ressortir une grande pauvreté en nombre
d'espèces de la Polynésie par rapport à l'ouest Pacifique.
Les raisons de cette distribution - qui n'est pas définitive¬
ment établie mais qui évolue continuellement dans le temps.
SALVAT
1970 b)
-
permettent
d'affirmer
que
biendes espè¬
pourraient être introduites avec succès en Polynésie.
Leur absence dans cette région, actuellement, ne prouve ab¬
solument pas leur inadaptation aux conditions de milieu de
cette région. Quelques espèces introduites ont d'ailleurs
parfaitement réussi (Troca introduit à TAHITI en 1957) mais
il est bien évident que de telles introductions ne doivent être
décidées qu'après une étude précise de leur impact possible
ces
sur
la faune
indigène.
3) - La protection d'atolls
L'intérêt pour la recherche scientifique des écosystèmes
presque parfait que sont les atolls, ou îles basses, n'est plus
50
Société des
Études Océanienne
�Les études sur ces formations récifales et lagunaires et leurs éléments floristiques et faunistiques peu¬
vent y être réalisées loin de toutes influences continentales.
Notons qu'au cours de ces dernières années les recherches
relatives aux chaînes trophiques ont soulevé de nombreux
à démontrer.
problèmes
conduisent à de nouvelles conceptions et direc¬
démontrant une extraordinaire originali¬
et
tions de recherches
té
de
ces
ensembles vivant pratiquement sur eux-mêmes.
économique que présentent les lagons d'atolls,
L'intérêt
l'éventuelle exploitation de leurs ressources naturelles,
par
mais
surtout
par
les possibilités qu'ils offrent pour l'aqua¬
du introduites, a été signalé.
culture, d'especes autochtones
Le
Tourisme
et
les activités
s'y rattachant, actuellement
très secondaires dans le s île s basse s, est appelé à se dévelop¬
per comme partout ailleurs et ne peut entraîner qu'une dé¬
dégradation qu'il convient de con¬
éviter toute rupture irréversible de l'équilibre
dynamique de ces complexes récifaux.
L'isolement naturel et les difficultés d'aborder ces îles
sont, pour l'instant, les meilleures garanties de leur sauve¬
garde mais le progrès technique modifiera inéluctablement
gradation de ces milieux,
trôler pour
au cours des vingt prochaines années, ouvrant
atolls au monde extérieur. Compte tenu de ces con¬
sidérations il est du devoir des naturalistes de proposer aux
autorités responsables et d'oeuvrer pour la sauvegarde de
cette
situation
alors
ces
unités dans le
protégée (atoll
quelques unes de ces îles dont on compte 400
monde
et
dont
une
seule
est
actuellement
d'Aldabra).
L'archipel des TUAMOTU, en Polynésie, est le plusriche
au monde (75 unités) avec une originalité qui tient,
d'une part, à sa situation géographique dans l'ensemble bio¬
géographique de la Province Indo-pacifique et, d'autre part,
aux
caractéristiques morphologiques particulières de ses
atolls comparativement à ceux de Micronésie. Les atolls des
7 uamotu se situent à l'extrémité d'un gradient d'appauvris¬
sement en nombre d'espèces qui part de l'Australie. Le dé¬
ensemble
veloppement
accéléré des liaisonsmaritimesetl'introduction
d'especes d'intérêt économique entraînent une extansion des
aires de répartition de nombreux organismes marins, ap¬
partenant à certains groupes particulièrement sensibles à ce
mode de dissémination, avant même que les relevés de flore
et de faune relativement complet n'aient pu être réalisés.
Les caractéristiques morphologiques originales de la grande
majorité des îles basses de l'archipel des Tuamotu entraî¬
nent
un
aux eaux
certain isolement des eaux lagunaires par rapport
océaniques. Cet isolement a bien été mis en éviden¬
le nombre moyen de passes par atoll dans différents
archipels : 1,5 pour les Marshall - 1.1 pour les Carolines
et 0,46 pour les Tuamotu, mais il semble également qu'aux
Tuamotu, en plus de la rareté des passes, la faible propor¬
tion de récifs submergés (au-dessus desquels les vagues de
l'océan déferlent dans le lagon) par rapport à l'ensemble de
la bordure corallienne de l'atoll, concoure à un confinement
plus accentué que partout ailleurs des eaux lagunaires. Cet
ce
par
51
Société des
Études
Océaniennes
�isolement du lagon a de profondes répercussions sur la faune
la flore des lagons du point de vue qualitatif et quantitatif
comme l'ont montré des travaux bionomiques et écologiques
récents. Ainsi les atolls des Tuamotu, et particulièrement
et
les atolls fermés, présentent une originalité certaine par
rapport aux autres atolls de la zone inter-tropicale, d'où
l'intérêt que présenterait la protection d'une ou plusieurs
de ces îles basses.
Les études actuellement en cours et les contacts (jui ont
été pris avec les autorités responsables, permettent d espé¬
rer une suite favorable à ces projetsdonton pourrait souhai¬
ter qu'ils aient ultérieurement une résonance à l'échelle
internationale en vue de la protection d'autres atolls dans le
monde dans le cadre d'une action concertée.
SALVAT Bernard
PRATIQUE DES HAUTES ETUDES
(Laboratoire de Biologie Marine et de Malacologie)
MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
Antenne de Tahiti - B. P. 562 Papeete, Tahiti.
ECOLE
52
Société des
Études
Océaniennes
�Origine des formations
recifales de l'ile de
Institut
Tahiti
par J.P. CHEVALIER
Paléontologie, Muséum National d'Histoire
de
Naturelle (Paris)
Tahiti, les récifs barrières constituent une
bordée vers l'extérieur par la lignp blanche
des brisants, et interrompue seulement par les passes. Leur
sommet est situé au niveau de lamer sauf au Nord, à l'Est et
au Sud-Est où ils sont immergés sous une dizaine de mètres
d'eau. Le lagon est parsemé de pinacles de toutes formes et
de toutes dimensions dont les uns s'élèvent àdes hauteurs va¬
riables depuis le fond (knoll reefs) tandis que d'autres attei¬
gnent la surface (patch reefs). Contre le rivage, s'adossent
les récifs
frangeants généralement discontinus et souvent re¬
couverts de debris terrigènes qui ralentissent l'installation
le
et
développement des organismes constructeurs , algues
Autour
couronne
de
continue
calcaires et coraux.
De nombreuses missions
scientifiques ont séjourné à Ta¬
plus grands savants qui ont étudié la géographie et
la géologie récifales, se sont penchés sur le problème de l'o¬
rigine de ces formations calcaires qui ajoutent à la beauté de
l'île volcanique. Notre but est d'exposer ici brièvement les
différentes théories émises sur ce sujet et de faire le point
sur cette importante question encore controversée.
I) - La thérie de la subsidence. - Darwin (184.3) fut l'un
des premiers naturalistes à expliquer la présence de récifs
barrières autour de Tahiti.
On connaît sa célèbre théorie.
Lorsque l'activité volcanique eut cessé, sur les côtes de l'î¬
le, s installèrent des récifs frangeants qui, plus tard, à la
faveur d'un affaissement lent et continu de l'ancien volcan,
hiti
et
les
favorisant la croissance des coraux, se
détachèrent progres¬
du rivage et devinrent barrières.
A l'heure ac¬
tuelle, ce mouvement de subsidence ne se produirait plus ce
qui a permis de nouveau la construction de récifs frangeants.
sivement
(1849, 1886) fervent disciple de Darwin, précisa les
idées du grand savant. Selon lui, la présence de larges baies
en partie comblées aujourd'hui par les alluvions desrivières
est la preuve d'un ennoyage partiel de l'île par la subsidence.
Dana estimait l'épaisseur du récif barrière à 250 pieds
(75 mètres).
Dana
53
•Société des
Études
Océaniennes
�faisant pas intervênir les mouvements
de la mer.
Avant Darwin, Tyerman et Bennet (1832) avaient avancé
l'idée qu'à Tahiti, et d'une manière générale dans toutes les
îles de la Société, les récifs se seraient installés sur une
plate-forme d'abrasion due à l'action de la mer. sur les ro¬
ches volcaniques.
Cette opinion fut cependant longtemps
II)
-
Théories
ne
relatifs de la terre et
hypothèse de Darwin et reprise,
plus tard, par Murray (1880, 1885). Cet au¬
teur nia le phénomène de subsidence, et comme Tyerman
et Bennet, pensa que les récifs furent édifiés sur une plate¬
forme sous-marine creusée par la mer. Selon lui, les for¬
éclipsée
cinquante
la géniale
par
ans
récifales étalent initialement continues sur toute
largeur de ce plateau d'abrasion mais, par suite de l'ac¬
tion dissolvante de l'eau de mer, un lagon se forma, dans sa
partie moyenne, séparant les récifs barrières du rivage.
Agassiz (1903) adopta les vues de Murray. Il crut recon¬
naître dans les îlots de Mapeti, Pururu, Fenuaino etc... dis¬
mations
la
persés sur la couronne récifale des témoins volcaniques de
l'ancienne extension de l'île avant l'abrasion marine ; on sait
que ces
îlots, qu'Agassiz n'avait pas
visités, sont
en
réalité
constitués par des débris coralliens rejetés sur le récif
barrière lors des tempêtes ou des cyclones. Agassiz admet¬
tait, lui aussi, la continuité des récif s frangeants depuis le
rivage jusqu'au bord externe de la plate-forme d'abrasion ;
selon l'auteur américain, l'érosion marine seule est respon¬
sable de la formation du lagon et des pinacles et a épargné
les récifs barrières par suite de la croissance plus vigou¬
reuses des organismes constructeurs au contact de l'Océan.
Agassiz expliquait la profondeur plus grande du lagon à l'Est
au .Sud-Est de Tahiti, face aux alizés dominants, par l'ac¬
tion érosive plus forte de la mer. Les récifs immergés étaient également attribués à l'érosion et les passes avaient
pour origine une inhibition de la croissance des Madréporaires par les alluvions des rivières.
Si Setchell (1926) admit l'existence d'une plate-forme
d'abrasion sur laquelle se sont édifiés les récifs coralliens,
et
à l'inverse des auteurs précédents, il pensa que les récifs
barrières avaient pris naissance indépendamment des récifs
frangeants. Le support des récifs se trouverait à environ
60 mètres sous le niveau de la mer (selon Setchell ce nom¬
la profondeur maximum au-dessous de laquelle
plus aucune action érosive). Selon cet auteur,
et c'est là que réside l'originalité de ses idées, les premiè¬
constructions auraient été l'oeuvre des algues calcai¬
res
res qui peuvent vivre à plus grande profondeur que les co¬
bre indique
la mer n'a
raux.
En
nismes,
se
fondant sur le taux de croissance de ces orga¬
Setchell put dater
à 180.000
ans
l'installation des
premiers récifs à Tahiti. Les récifs barrière s immergé s se¬
raient dus, non à l'érosion, mais une inhibition de la crois¬
sance
des organismes constructeurs par des éruptions vol¬
caniques tardives.
54
Société des
Études
Océaniennes
�Ill) - Etudes de Davis ( 1918, 1927, 1928). Le grand géo¬
graphe américain Davis qui attacha son nom à l'étude des for¬
mations récifales de nombreuses régions du monde, fitèscale à Tahiti et examina attentivement la phy Biographie de l'Ile.
Il^présenta,
aux adversaires de la théorie de la subsidence, de
sévères objections. Le lagon de Tahiti, selonlui, est trop pro¬
fond (dans sa partie orientale, la sonde indique par places 60
mètres) pour être le résultat de l'érosion marine ; en outre,
les parties les plus profondes de la lagune ne renferment pas
de matériaux volcaniques. Par contre, la forte pente externe
des récifs barrières révélée par les sondages du "Challen¬
ger", serait le résultat d'une puissante édification récifale
et non d'une accumulation de matériaux détritiques meubles.
Davis a examiné longuement le profildesvalléestrès encais¬
sées de l'île ; il en conclut que les larges plaines alluviales
situées à l'embouchure des
rivièresreprésententd'anciennes
ennoyées et comblées secondairement par les dépôts
apportés par les rivières. Davis admit donc la notion de sub¬
sidence ; par l'étude du profil des vallées, il estima cette
dernière à 90 mètres (1918) et plus tard (1928) à 400 ou 500
pieds (120 ou 150 mètres). Cependant Davis ne niait pas l'¬
existence d'une large plate-forme d'abrasion marine etenvisageait la formation des récifs de Tahiti de la manière sui¬
zones
vante
:
l'arrêt de la phase volcanique fut suivi par une longue
période durant laquelle les récifs ne purent s'installer à cau¬
se des apports terrigènes trop importants déversés par les
rivières. L'érosion marine, considérable, construisit une
large plate-forme d'abrasion et édifia de puissantes falaises
en particulier dans la partie orientale de l'île.
2) une subsidence sans doute récente et rapide succéda
à la phase précédente. Les parties inférieures des vallées
devinrent des baies où les matériaux détritiques se déposè¬
rent.
Les organismes constructeurs s'installèrent au bord
de la plate-forme d'érosion et édifièrent de s récif s barrière s
suivis par la construction de récifs frangeants.
1)
3) les récifs s'accrurent en hauteur, en même temps que
s'accentuait le colmatage des baies par les alluvions qui fi¬
nirent par constituer une petite plaine littorale. Les récifs
frangeants furent en grande partie recouverts par ces dé¬
pôts terrigènes. Selon Davis, à l'heure actuelle, les débris
d'origine volcaniques tendent à recouvrir les formations ré¬
cifales côtières et à combler progressivement le lagon. L'au¬
teur américain explique l'absence ou l'irrégularité des ré¬
cifs de la côte orientale par des conditions moins favorables
à la croissance des
Madréporaires.
IV) - Théorie du contrôle glaciaire. - Au début du siè¬
cle, le géologue américain Daly (1915) admit que lors des
grandes glaciations pléistocènes, une partie de l'eau des
Océans se transforma en glace dans les hautes latitudes, ce
qui provoqua un abaissement général du niveau de toutes les
mers du
globe, qu'il a calculé et évalué à 80-100 mètres
55
Société des Etudes Océaniennes
�épisode glaciaire (Wiirm), Durant ces pério¬
froides, l'érosion des rivières fut très forte par suite du
changement de profil des rivières à leur embouchure. Une
large plate-forme constituée de débris volcaniques fut donc
édifiée autour de l'île. Lors du réchauffement a la fin de la
lors du dernier
des
période glaciaire, le niveau de l'Océan remonta progressive¬
ment et au bord du plateau sous-marin les organismes cons¬
tructeurs s'installèrent et construisirent un récif barrière
dont la progression en hauteur suivit celle de la mer. Sui¬
vant cette théorie, comme dans celle de Darwin, les passes
représentent l'embouchure d'anciennes valléee ennoyées. Da¬
ly ne visita pas Tahiti mais Williams,(1933) admit les idées
du géologue américain, estimant qu'elles expliquaient sans
ambiguité la morphologie des formations récifales de l'île.
Recherches de Crossland (1928, 1931, 1939). Crosétudia longuement les récifs de Tahiti et ses idées s'é¬
loignent, à certains égards, de celles de ses devanciers. Le
naturaliste anglais nia la subsidence et suggéra l'idée que les
falaises de l'île étaient dues à l'érosion de la mer au niveau
actuel. Selon cet auteur l'action des vagues entraîna la for¬
mation d'une plate-forme de matériaux détritiques peu cohé¬
rents sur lesquels se sont installés les récifs. Adoptant les
idées de Murray et d'Agassiz, Crossland admit que les pre¬
miers édifices coralliens construits étaient des récifs fran¬
geants couvrant toute la largeur de la plate-forme sousmarine. Il crut trouver un argument décisif, pour appuyer
cette hypothèse, dans la présence, il est vrai fort rare, de
pierres basaltiques sur la pente externe du récif barrière
(à l'époque actuelle, les rivières ne peuvent transporter des
roches volcaniques à l'extérieur du lagon).
V)
sland
Crossland expliqua la formation du lagon d'une manière
originale. Les récifs frangeants primitifs furent affectés de
fissures à la fois radiales et annulaires; celles-ci, agrandies
par érosion physique et chimique, et par glissement des ma¬
tériaux volcaniques meubles, constituèrent le lagon et les
passes. L'auteur put reconnaître l'existence de fissures en
différents points des récifs frangeants et considéra que les
pinacles du lagon dont les parois sont souvent couvertes de
coraux morts, étaient les témoins de l'ancienne extensiondes
récifs frangeants.
Crossland estima
qu'à l'époque actuelle les récifs de Ta¬
hiti, principalement ceux de la partie occidentale et septen¬
trionale, sont en voie de décadence. Ce phénomène serait dû
à un abaissement relativement récent du niveau de la mer,
d'environ 6 pieds (2 mètres) qui a entraîné un apport consi¬
dérable d'alluvions latéritiques dans le lagon gênant la crois¬
sance des coraux mais aurait également pour cause d'obscurs
écologiques. L'auteur anglais pensait, danssesderqu'une époque de décadence des coraux avait
commencé dans toutes les mers tropicales et qu'à Tahiti ce
phénomène était particulièrement perceptible.
facteurs
niers travaux,
VI)
-
Données récentes.
-
Les vues de Murray, d'Agas-
56
�siz et de Crossland sont, â l'heure actuelle, en grande
partie
abandonnées et il a été reconnu que les lagons profonds ne
pouvaient pas prendre naissance par le simple jeu de l'éro¬
sion physicochimique ou
biologique. En outre, la réelle cor¬
respondance existant, à Tahiti, entre les passes profondes et
les vallées les plus larges suggèrent
que les premières re¬
présentent l'embouchure d'anciennes vallées ennoyées. Seu¬
les les idées de Darwin ou celles de Daly permettent d'ex¬
pliquer les observations physiographiques.
Des données récentes permettront peut-être d'apporter
des arguments décisifs en faveur de la théorie du contrôle
glaciaire. En 1964, en vue de la modernisation du port de Pa¬
peete, fut lancée une campagne de sondages dont quelquesuns sur le récif barrière. En cet endroit, le soubassement
volcanique a été atteint entre 90 et 100mètres de profondeur.
(G. Deneufbourg, 1971), résultatremarquable sionle compare
à l'abaissement supposé de la mer lors delà dernière pério¬
de glaciaire. A Tahiti, pour expliquer la construction de la
barrière récifale, il n'est donc pas nécessaire de faire inter¬
venir le phénomène de subsidence. La construction de s récifs
actuels a pu commencer à la fin du dernier épisode glaciaire
(époque wurmienne) il y a 20.000 ans environ et suivre la
lente remontée des eaux jusqu'à l'époque actuelle. La subsi¬
dence par contre est hautement probable à Bora Bora ou dans
tous les atolls de Polynésie comme l'ont montré les
forages
de Mururoa qui ont rencontré le substratum volcanique à
415 et 438 mètres.
57
Société des
Études
Océaniennes
�BIBLIOGRAPHIE
AGASSIZ, A. (1903). - The Coral Reefs of the Tropical Pa¬
cific. Mem. Mus. Comp. Zool. Harvard, Cambridge (Mass.),
t. XXVIII, p. I-XXXIII, 1-410, pi. 1-236 (3 vol.).
CROSSLAND, C. (1928). - Coral Reefs of Tahiti, Moorea,
and Rarotonga. Joun. Linn. Soc. London, Zool., t.36, p. 577620, 14 fig., pi. 35-39.
CROSSLAND, C. (1931). - The Coral Reefs of Tahiti compa¬
red with the Great Barrier Reef. Geograph. Journ., t.77, p.
395-396. London.
Further notes on the Tahitian
Linn. Soc. London, Zool.,
t. 40, p. 459-474, pi. 12-13, 1 fig.
DALY, R.A. (1915). - The glacial control theory of Coral
Reefs. Proceed. Amer. Acad. Arts and Sci., 2d ser., t. 51,
p. 175-251, 48 fig. Boston. Mass.
DANA, J.D. (1849). - Geology. U.S. Exploring Expedition.
C.
CROSSLAND,
Barrier
(1939)
-
Reefs and lagoons. Journ.
Philadelphia.
A dissected volcanic mountain (Tahiti)
Amer. Journ. Sci., 3d ser., t. 32,
p. 247-255, 4 fig. New Haven.
DARWIN, C. (1843). - The structure and distribution of Co¬
ral Reefs. 2d. edit. 1874, 248 p. London.
DAVIS, W.M. (1918). - Les falaises et les récifs coralliens
de Tahiti. Ann. de Géogr. t. XXVII, p. 241-284, 2 fig. Paris.
DAVIS, W.M. (1927). - Barrier Reefs of Tahiti and Moorea.
Nature, t. CXX, p. 330-331.
DAVIS, W.M. (1928). - The Coral Reef Problem. Amer.
Geogr. Soc., Spec. Publ., No 9, p. 1-596, 2 7 fig. New-York.
DENEUFBOURG, G. (1971). - Etude géologique du port de
Papeete. Cahiers du Pacifique. Paris (sous presse).
MURRAY, J. (1880). - On the structure and origin of Coral
Reefs and Islands. Proc. Roy. Soc. Edinburgh, t. 10, p. 505DANA, J.D. (1886).
some
of
-
its revelations.
518.
MURRAY,
J.
(1885).
-
in
:
Challenger Expedition. Report
the supe¬
Narrative
of the Scientific results of the voyager... under
rintendance of Sir C.W. Thomson and J. Murray.
vol. I-Il.
SETCHELL, W.A. (1926). - Phytogeographical notes on Ta¬
IL Marine vegetation. Univ. California Publ. Botany,
t. 12, No 8, p. 291-324. Berkeley.
TYERMAN, D. et BENNET, G. (1932). - Journal of voyages
in the
South Sea Islands, 3 vol. Boston.
and travels...
WILLIAMS, H. (1933). - Geology of Tahiti, Moorea and Maiao.
Bernice Publ. Bishop Mus., Bull. No
105, 89 p., 19 fig.,
hiti.
8
pi.
Honolulu.
58
Société des
Études
Océaniennes
�"
J'AI PERDU TAHITI
Roman
Editions
par
Ina
Moorea.
Marescot
PARIS
-
-
1971
Le
prière d'insérer nous annonce le premier roman
"écrit par une Tahitienne", et le lecteur de se
précipiter
sur l'ouvrage en se délectant à l'avance des révélations et
des états d'âme d'une brune fille des îles.
Etrange auteur tahitienne à vrai dire, qui semble plus
avec les termes de marine qu'avec les
moeurs''
polynésiennes, qui est incapable de transcrire correctement
un seul mot ou une seule
expression de sa langue (même pas
le la Ora Na, même pas le tamaaraa) qui use et abuse du
"choua" qui n'a même pas le mérite d'une résonnance pho¬
nétique, qui n'épargne rien de tous les poncifs de la littéra¬
ture tahitienne avec la connaissance
que peut avoir du pays
même s'il s'agit des Tuamotu - un officier de marine
qui y aurait séjourné une quinzaine de jours.
familiarisée
-
Le titre lui-même
justifie nulle part, et les pages
papaa. La sphère tahitienne de
l'auteur ne dépasse guère le rayon d'action du sexe et de son
environnement. On chercherait en vain une tranche de vie
sont
ne
terriblement mâles
se
et
tahitienne, quelque tableau de moeurs vues par le dedans.
De loin en loin, seulement, quelques vagues lueurs révè¬
lent des vélléités psychologiques de bon aloi.
Mais pour les illusions des officiers de marine dans les
bras des filles insulaires, on n'a encore rien fait de mieux
que
Loti et Rarahu.
Daniel MAUER
59
Société des
Études
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�Le
Bulletin
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique
.pas qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait
sien les commentaires et assertions des divers auteurs qui,
seuls, en prennent toute la responsabilité.
articles
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas
appréciation.
de publicité.
La Rédaction.
Les articles publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
a réservé ses droits, peuvent être traduits et repro¬
duits, à la condition expresse que l'origine et l'auteur en se¬
l'auteur
mentionnés.
ront
Toutes communications relatives
ou
à la
110,
au
Société, doivent être adressées
Bulletin,
au
Musée
Président. Boîte
au
Papeete, Tahiti.
Potir
vres,
tout
achat de Bulletins,
s'adresser
au
échange
ou
Président de la Société
donation de li¬
ou
au
Bibliothé-
.
caire du Musée, Boîte 110, Papeete.
Le Bulletin est
Prix de
ce
envoyé gratuitement à tous
ses
numéro
Cotisation annuelle des Membres-résidents,
membres.
100 F»P.
400 F,P,
Cotisation annuelle des Membres résidant
en
pays français
Cotisation annuelle des étrangers
400 F« P»
8 dollars
�Souscription
Membre ;à vie
résidant
en
Unique
France
ou
dans
ses
colonies
4.000 F,.P.
Membre à vie résidant à l'Etranger,
80 dollars
Avantages de
somme
ment
se
versée
faire recevoir Membre à vie pour cette
fois pour toutes. (Article 24 du règle¬
Bulletins N° 17 et N° 29).
une
Intérieur.
.1°- Le Bulletin continuera à lui être
adressé, quand bien
Tahiti.
même il cesserait d'être Membre résidant à
Le Membre à vie n'a plus à se préoccuper
2°ou
et
du
un
paiement dé
sa
cotisation annuelle, c'est
de l'envoi
une
dépense
souci de moins.
En conséquence: Dans leur intérêt et
sont invités à devenir Membre à vie
TOUS CEUX
celui de la Société,
:
qui, résidant hors de Tahiti, désirent rece
voir le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX
même
Imp. R. BRISSAUD
qui, quittant Tahiti,
sy
intéressent quand
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
Description
An account of the resource
La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
2605-8375
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Établissement
Université de la Polynésie Française
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 175
Description
An account of the resource
Compte rendu de l'assemblée générale du 10 juin 1971 43
Biologie marine
- Récentes recherches de biologie marine en Polynésie française 46
- Origine des formations récifales de l'île de Tahiti par J. P. Chevalia 53
Bibliographie
- Ina Moorea : J'ai perdu Tahiti (par Daniel Maurer) 58
Source
A related resource from which the described resource is derived
Société des Études Océaniennes (SEO)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1971
Date de numérisation : 2017
Relation
A related resource
http://www.sudoc.fr/039537501
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
1 volume au format PDF (24 vues)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Les copies numériques des bulletins diffusées en ligne sur Ana’ite s’inscrivent dans la politique de l’Open Data. Elles sont placées sous licence Creative Commons BY-NC. L’UPF et la SEO autorisent l’exploitation de l’œuvre ainsi que la création d’œuvres dérivées à condition qu’il ne s’agisse pas d’une utilisation commerciale.
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)