-
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710f4845bd6e4d49dbcc0eedc51918ad
PDF Text
Text
3 U L L E T I
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
TOME XIV N°
|\|° 172-173
SEPTEMBRE
11 et 12
-
DECEMBRE 1970
Société des Etudes Océaniennes
�CONSEIL d'ADMJNISTRATION
Mr. Henri
Président
JACQUIER
Vice-Président
Mr. Bertrand JAUNE2
Melle Janinç
Secrétaire
LAGUESSE
Trésorier
Mr. Yves MA LARDE
ASSESSEUkS:
Mr.
Adolphe AGNIERAY
Me.
Rudolph BAMBRIDGE
Cdt Pierre JOURDAIN
Mr. Paul MOORGAT
Mr. Temarii TEAI
Mr. Raoulx TEISSIER
Mr. Maco TEVANE
Pour être reçu Membre de
membre titulaire.
la Société
se
faire présenter par
un
Bibliothèque.
Le
Conseil
d'Administration
informe
membres
qu'ils
la Bibliothèque
en signant
une reconnaissance de dette au'' cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
ses
peuvent emporter à domicile certains livres de
vent être
consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La Bibliothèque et la salle
membres de la Société tous les
le Dimanche.
de lecture sont ouvertes aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
Musée.
Le Musée est ouvert tous les
à 17 heures.
jours, sauf le dimanche de 14
�BULLETIN
DE
LA
Société des Ëtudes Océaniennes
POLYNESIE
ORIENTALE
TOME XIV No 11 et 12
No 1 72
-
1 73
Septembre/Décembre 1970
SOMMAIRE
—
BOTANIQUE
Recherches botaniques
George W. Gillett).
aux
Marquises (Professeur
HISTOIRE
De remarquables
vage de
révélations
sur
le Pacifique sau¬
l'epoque de Louis Becke (par Robert Lang-
don).
Tati Legrand
Mararaa,
1772
-
1854
par T. Mai.
famille puissante et très ancienne des
Terii Vahine Te Tauo O te Rai.
Mers du Sud par
ARCHEOLOGIE
Le
la
rôle des Iles Marquises dans le peuplement de
par Yosihiko H. Sinoto.
Polynésie Orientale
BIBLIOGRAPHIE
Van der Sluis (Isaac). The treponematosis of Tahi¬
Its origin and evolution. A study of
sources.
ti.
the
Amsterdam (S.D.) 178 p. 23 im. par Etienne Taii-
lemitte.
Société des
Études
Océaniennes
��RECHERCHES BOTANIQUES
AUX MARQUISES
Rapport d'une mission effectuée par
George W. GILLETT
Professeur de
Botanique, University of California, Riverside.
J'ai été heureux de traduire pour les lecteurs du Bulletin de la Société
des Etudes Océaniennes le rapport adressé aux autorités du Territoire par le
professeur GILLETT à la suite de sa mission aux îles Marquises. A l'heure
où les problèmes de protection de la nature se font partout plus
aigus, puisse
rappelle que nous ne disposons que d'un
temps limité pour agir, alerter les autorités compétentes et susciter des
mesures efficaces, compatibles avec les intérêts essentiels des
populations
autochtones,.
cet
éloquent cri d'alarme, qui
nous
H, LAVONDES,
Centre ORSTOM de Papeete
Mon travail aux Marquises s'est limité à des recherches
botaniques de terrain dans les fles de Nuku-Hiva, Ua-Huka et
Ua Pou, du 28 juin au 23 août 1970. Pendant cette période, un
de randonnées ont été faites à l'intérieur de
Nuku-Hiva, des deux côtés de la ligne de crêtes, aussi bien
du côté aride que de celui de la forêt humide (rain forest).
Au cours de ce travail, j'ai escaladé quatre fois la ligne de
crêtes, faisant des observations approfondies relatives à
l'étendue actuelle de la forêt vierge humide. L'influence des
troupeaux de boeufs et de chèvres sauvages sur la végétation
indigène fut soigneusement notée. Au cours de ma visite à UaHuku, j'ai effectué une excursion botanique dans la vallée de
Hane que j'ai remontée jusqu'à une altitude d'environ 800
mètres et où j'ai fait des observations analogues. Ma visite
à Ua-Pou s'est bornée à l'observation à courte distance des
pentes sud-est de cette île. Si cette dernière visite ne fut pas
satisfaisante d'un point de vue
botanique, elle m'a permis
néanmoins de me livrer à un examen serieux des caractères
généraux de la végétation et des effets exercés sur elle par
certain nombre
qui y pâturent.
J'ai contracté une dette à l'égard de différentes personna¬
lités officielles de la Polynésie française en raison de leur aide
les animaux
et
de leur collaboration précieuse
:M. Henri LAVONDESet
ses
collaborateurs de l'O.R.S.T.O.M., M. Marc DARNOIS, chef du
Service des Relations culturelles, M. Robert MILLAUD, chef
du Service de l'Economie Rurale, M. BERGERON, chef de
Circonscription
des
îles
Marquises et
son
collaborateur,
375
Société des
Études
Océaniennes
�François OLLIER. Que ces
M.
personnalités, dont l'aide
possibles, soient assurées
bienveillante a rendu mes recherches
de
ma
profonde gratitude.
NUKU-HIVA
vestiges de la forêt humide d'altitude sont en grande
sur cette île et leur présence est limitée à la
zone
circonscrite en rouge sur la carte figurant en annexe.
Je souligne que cette délimitation ne concerne cjue la végétation
de forêt humide vierge. Lorsque celle-ci a été détruite, elle a
été remplacée par des espèces de mauvaise s herbe s exotique s,
dénuées d'intérêt scientifique et de valeur économique faible
Les
partie
ou
détruits
nulle.
végétation de zone sèche, située sur le versant aride de
ligne de crêtes, a été si durement pâturée et piétinée qu'il
La
la
leséchantillonsdispersésdequelquesespèces
n'en subsiste que
résistantes ou non appétées par le bétail. Cette végétation a
été détruite à 90%, essentiellement par les chèvres, avec
l'aide des boeufs sauvages. Dans cette zone se développe une
érosion sévère. Le facteur le plus redoutable delà destruction
végétal de Nuku-Hiva est constitué par les chèvres
qui ont poursuivi pratiquement sans obstacle leurs
déprédations pendant plus de 150 ans. Prenant en considération
la superficie déjà dégradée par le s chèvre s sauvages, je prédis
qu'il suffira de cinquante autres années pour que les reliques
du paysage
sauvages
de la
entièrement détruites si cet
éliminé. Les boeufs sauvages, bien
récente, jouent un rôle destructeur
sauvages, qui prédominent dans
basses, en pente plus douce (par contraste avec
végétation primitives soient
agent destructeur n'est pas
que d'introduction plus
presque équivalent. Les boeufs
les
parties plus
la tendance des
chèvres à escalader et dénuder les pentes
les
élevées), ont détruit la quasi-totalite
végétation primitive de cette région. J'ai pu suivre les
plus raides et les plus
de la
traces des boeufs et de leur dépradation jusqu'à une altitude
de 1.100 mètres, 100 mètres de moins seulement que le point
culminant de la ligne de crêtes. Les boeufs sauvages se fraient
leur chemin à coups de dents jusqu'au coeur même de la
forêt
vierge humide, isolant ainsi de larges segments de la végéta¬
tion primitive qui, comme dans les opérations militaires, se
trouvent ensuite éliminées les uns après le s autre s. Les boeufs
et les chèvres fournissent les moyens de transport et les
avenues de pénétration pour l'invasion par le s mauvaise s herbe s
étrangères pernicieuses qui ensuite prédominent et supplan¬
tent la végétation primitive.
de Nuku-Hiva comprend de nombreuses plantes
seulement dans les Marquises, parmi lesquelles cer¬
La flore
connues
taines ne sont connues
qu'à Nuku-Hiva même. Au cours de mon
travail de terrain, j'ai pu retrouver certaines de ces espèces.
rare
Cependant, il en est d'autres, notamment une
d' 'Apetahia", que j'ai été incapable de retrouver et qui pour¬
raient bien être maintenant éteintes. Le "Pelagodoxa , un
espèce
palmier rare, connu seulement
à Nuku-Hiva dans la vallée dq
376
Société des
Études
Océaniennes
�Au pied du Pelagodoxa, le professeur de
Botanique
Georges Gillett
.
Société des Études Océaniennes
�Taipivai, n'est plus aujourd'hui présent que
dans une zone d'un
demi hectare avec un effectif de trente sujets seulement (dont
seuls trois ont atteint l'âge de reproduction). Les plantes rares
concentrées dans les parties hautes de Nuku-Hiva plutôt
dans les îles plus basses. Il est clair que le moment est
venu d'entreprendre une action énergique pour préserver la
flore résiduelle d'altitude de Nuku-Hiva.
sont
que
UA-HUKA
Ma visite â Ua-Huka s'est limitée à la côte et aux vallées
de Vaipaee et de Hane. A Vaipaee, les
sont si nom¬
breuses et leurs dépradations sont si étendues qu'il
hors
de question de faire des collections botanique s
cette zone.
La vallée de Hane, en revanche, est relativement vide de
chèvres
dans
était
chè¬
résulte que la forêt
pour quelque raison inexpliquée. Il en
humide des parties supérieure s de la vallée de
vres
Hane est intacte,
espèce en
quoique la végétation y soit relativement pauvre en
comparaison de la forêt humide de Nuku-Hiva.
UA POU
végétation indigène des pentes sud-est de Ua-Pou a été
complètement détruite par la dent du bétail sauvage.
La végétation de substitution ne procure au paysage qu'une
couverture clairsemée. Comme suite à mes breves investiga¬
tions, j'aurais tendance à suggérer que Ua-Pou a été très
durement dégradé et que les espèces de plantes indigènes ne
sont présentes que sur les aiguilles volcaniques inaccessibles
La
presque
de
cette
He.
RE COMMANDATIONS
recommandations, je voudrais sou¬
présidé a la vie végétale
des îles polynésiennes ne comportaient pas la présence de
bétail. En conséquence, cesespèces végétales n'ont jamaisévolué dans le sens d'une adaptation défensive contre le piétine¬
ment et la pâture des animaux de grande taille. Il en résulte
que lorsque le bétail a été introduit en Polynésie, il a remporté
une victoire immédiate qui lui a assuré une position dominante
entraînant la destruction de la végétation indigène qui bat
progressivement en retraite et s'amenuise jusqu'à l'extinction.
En avant-propos
à
mes
ligner que les for ce s évolutive s qui ont
matériel scientifique irrempla¬
çable et d'un intérêt décisif est perdu pour toujours. Ce mate¬
riel peut fort bien comprendre des plantes médicinales encore
inconnues, ou d'autres plantes d'un grand intérêt économique
Au
cours
Mes
de
ce
processus, un
recommandations sont les suivantes :
Le retrait complet des chèvres sauvagesde l'archipel
Marquises par l'intervention de toutes mesures appropriées
assurant l'achèvement de l'opération dans un délai inférieur à
1.
-
des
dix ans.
2.
-
Une
réduction massive du nombre des boeufs sauvages
378
Société des
Études
Océaniennes
�Bernice P.
Bishop Museum—Bulletin
139
379
Société des
Études Océaniennes
�hautes terres de Nuku-Hiva, ou, si possible, leur
complet. Si des lignées améliorées doivent être intro¬
duites, le retrait des boeufs sauvages paraît impératif pour
sur
les
retrait
préserver la pureté ties
lignées de qualité supérieure. Le re¬
à
trait du bétail sauvage du plateau de Toovii
Nuku-Hiva est
fortement recommandé pour assurer la préservation des ves¬
végétation de forêt humide. Le seul rôle
du versant aride de la ligne de crête est
de détruire la végétation. Ils sont isolés des agglomérations
et ne contribuent
que de façon dérisoire à leur alimentation.
3.
La concentration des troupeaux et de^ l'élevage des
bovidés sur les plateaux situés entre les vallées de Talpivai
et de
Taiohae (non sur celui de Toovii) et l'introduction de
légumineuses et des graminées riches en protéines en vue
d'assurer une alimentation adéquate aux troupeaux améliorés;
tiges adjacentes de
des boeufs sauvages
-
et
enfin,
4.
-
L'attribution du statut de réserve naturelle (Natural
sommitale (circonscrite en noir
la zone d'habitat du "Pelagodoxa( carré noir sur la carte). L'habitat indigène du "Pelagodoxa"
(appelé "enu" jpar les Marquisiens) est bien connu des habi¬
tants de la vallee de Talpivai et pourrait être situé et délimité
Area Preserve) pour l'arête
sur la carte ci-jointe) et pour
par eux
aisément.
A l'heure présente, j'éprouve quelque réticence à faire
quelque recommandation que ce soit relative à tout projet de
reboisement pour Nuku-Hiva. Un projet de ce genre implique
l'essai de diverses espèces d'arbres quant à leur possibilité
d'adaptation et à leur pouvoir de contrôler l'érosion. Ceci
demande à la foisdu temps et de l'argent. Mon opinion est
que les arbres, arbustes et herbes de la végétation actuelle
suffiront à panser les plaies ouvertes par 1 érosion une fois
le retrait des chèvres et des boeufs assuré. Quoi qu'il en soit,
tout projet de reboisement est condamné à l'échec s'il n'est
précédé du retrait des chèvres et des boeufs sauvages.
Peut-être le plus important objectif à envisager est-il
d'enseigner aux habitants la qualité unique et le caractère
irremplaçable de leur biotope primitif. Les tâches de préser¬
vation et de conservation ne peuvent être accomplies que par
les populations elles-mêmes, non par des proclamations et des
décrets. Ce sont là des problèmes auxquels tous les pays du
monde ont à faire face, y compris les Etats-Unis et tout parti¬
culièrement Hawaii, mais nulle part la solution n'en est plus
délicate que dans le s île s océanique s et spécialement dans celles
de Polynésie.
Respectueusement transmis,
George W. GILLETT
Professeur
de
Botanique
Université de Californie, Riverside.
380
Société des
Études
Océaniennes
�DE REMARQUABLES REVELATIONS
SUR LE PACIFIQUE SAUVAGE
DE
L'EPOQUE DE LOUIS BECKE
PAR ROBERT
Au
LANGDON
de décembre 1928, quelque huit mois avant sa
Warren (Nouvelles Galles du Sud), un vieillard aux
cheveux blancs et aux moustaches de morse, écrivit l'histoire
mois
mort
à
d'une
aventure
Iles Caroline.
extraordinaire qui
lui était advenue dans les
L'auteur était James Lyle Young, un vétéran de plus de 60
dans le Pacifique; il avait écrit cette histoire pour
l'édi¬
fication de sa soeur Harriett qui demeurait en
Angleterre.,
ans
dans le
Buckinghamshire.
L'hi6toire remontait à l'époque de la robuste jeunesse de
Young, alors qu'il naviguait en Micronésie pour le compte
d'une société allemande, A. Cappelle et Cie de Jaluit.
"Dans mon journal pour l'année 1878, écrivait
Young, je
lis qu'une aventure m'arriva quelques jours
après vous avoir
écrit de l'ile Gouap (Yap) en mars (de cette année).
"Etant en route vers l'Est sur la goélette "Tutuila"
je
rencontrai une goélette originaire de
Mozambique, apparte¬
nant à un Arabe musulman
qui était à bord. C'était un homme
âgé. Son capitaine, également un Arabe, avait perdu sa route,
n étant pas navigateur.
"Deux métis portugais qu'il avait embarqués dans l'archi¬
pel malais, avaient terrorisé le capitaine et son équipage.
"Le propriétaire me vendit sa cargaison consistant en bêche
de mer, ailerons de
requin, noix à ivoire, nids d'hirondelles
etc., pour 2.000 dollars en argent sous condition de conduire
son navire dans un port de
l'archipel malais.
"Nous mouillâmes sur un banc de sable inhabité et
je
transférai sa cargaison sur le "Tutuila". Je ne me faisais
guère d'illusions sur les risques d'un voyage en compagnie
des deux Portugais, informés qu'ils
étaient de l'argent payé
au propriétaire; cependant,
je ne pouvais soustraire un homme
( *)
-
Cet article a paru dans PAMBU (Pacific
Manuscripts
Bureau
Canberra University) No 5 - Décembre 1968
et est publié avec l'autorisation de
l'auteur M. Robert
-
Langdon
381
Société des
Études
Océaniennes
�"Tutuila" pour l'utiliser sur la goélette arabe, et je ne
pouvais non plus me défaire d'un homme qui aurait pris ma
place sur cette goélette, en dehors de mon second qui refusa
du
de "tels assassins".
"Tutuila" poursuivit sa route vers
l'Est alors que je me dirigeais vers le Sud-Ouest. Quelques
jours passèrent et la terre apparut. Vers 6 heures du matin
j'étais assis dans la cabine arriéré bavardant avec le proprié¬
taire, lorsque j'entendis un tumulte sur le pont. J'accourus et
vis un des Portugais couvert de sang (ce n'était jpas le sien,
mais celui du capitaine qu'il avait littéralement eventré d'un
catégoriquement d'aller
C'est ainsi
que
avec
le
coup de couteau).
"J'avais un gros revolver Colt dans la poche de ma veste
de pyjama. Je n'eus pas le temps de le sortir car l'homme
était trop près de moi et me menaçait de son couteau; je tirai
alors à travers la poche et l'atteignis sous les côtes; il mou¬
rut avant de s'écrouler sur le pont.
"Le second Portugais sauta sur le roof de la cabine et se
précipita sur moi; je sortis le révolver mais dus le tirer deux
fois, une fois dans la gorge et une fois dans la poitrine; il
quelques minutes.
jetâmes tous deux par dessus bord sans céré¬
monie ainsi que le capitaine avec un peu plus de cérémonie,
et la paix régna sur la
^goélette.
Le propriétaire débarqua dans le port convenu; il était
tout à fait d'accord et même anxieux de ne souffler mot des
incidents du bord, vu qu'il était à la fois pirate et contreban¬
dier, et s'efforça de ne pas attirer l'attention des autorités
quelles qu'elles fussent. Je trouvai un passage pour Manille
mourut en
"Nous les
là partis vers l'Est.
"L'Arabe me remit 500 dollars, car il savait que je lui
avais sauvé la vie, et me recommanda à Allah..."
Young retourna éventuellement à son emploi chez A. Capelle et Cie de Jaluit, et selon son habitude à cette époque de sa
carrière, il continua à tenir un journal détaillé de tout ce qu'il
faisait et voyait en bourlinguant à travers la Micronésie sur
les goélettes de commerce d'A. Capelle.
Il est vraiment regrettable que le journal relatant l'épisode
et de
goélette arabe ait été apparemment perdu; mais d'autres
journaux qu'il avait tenus dans le Pacifique, de janvier 1875
a février 1878, et de janvier 1880àjuillet 1881 ont été préser¬
vés, ainsi qu'un grand nombre d'autres documents concernant
sa carrière, qui furent découverts par le
"Pacific Manuscripts
de la
Bureau" chez son fils, M.
velles Galles du Sud.
Walter L. Young, de St Ives, Nou¬
M. Young a gracieusement autorisé le Bureau à faire des
copies en microfilm des journaux et autres documents, aux
fins de distribution à ses bibliothèques associées (voir Note).
Dans leur ensemble, les documents Young représentent
une des plus remarquables sources de renseignements inédits
sur
l'histoire des Iles du Pacifique que l'on puisse trouver
sur
cette époque et les régions qu'ils englobent. C'est pour
cette raison que ce numéro de PAMBU est entièrement consa¬
cré aux grandes lignes de la carrière de Young et au contenu
de
ses
documents.
382
Société des
Études
Océaniennes
�Young était de l'étoffe dont les
à la différence de ceux qui
tinrent des journaux célèbres, c'était également un homme
qui ne resta jamais en place, voyageant sans cesse dans le
Pacifique, depuis ses débuts en 1870 jusqu'aux dernières an¬
nées précédant sa mort.
Partout où il se rendait, il s'intéressait aux coutumes, à
la langue, à l'histoire et aux légendes, et collectionnait les
objets ouvrés. Du côté européen, il fit la connaissance d'un
grand nombre de commerçants, de consuls, de missionnaires,
de navigateurs, de représentants de gouvernements, d'aventu¬
Pour
Samuel
tenir
Pepy's
riers et de
A
un
journal,
sont faits; mais,
"beachcombers".
débuts, Young travailla
comme planteur de coton,
coprah et bosco sur les cotres et goélettes de
commerce.
Plus tard, il fut directeur de la société
5.R. Maxwell et Cie, de Tahiti, et propriétaire de la société
de commerce Henderson et McFarlane Ltd. de Auckland, bien
connue dans les Iles. Il était très fier d'avoir fait partie d'un
petit groupe d'enthousiastes des Iles qui fonda la "Polynesian
Society" à Wellington en 1892.
Percy A. Allen, dans son article nécrologique de Young
pour le "Sydney Morning Herald" le décrivit comme "une
personnalité remarquablement attachante", ajoutant que Louis
Becke le mettait "en tête de liste de ceux qui connaissent le
mieux le Pacifique oriental et septentrional".
"M. Young avait d'étonnantes connaissances sur la vie
indigène" écrivait Allen, " et pouvait réciter les légendes
ses
négociant
en
polynésiennes, les
accompagnant de gestes indigènes appro¬
priés d'une telle véracité qu'une autorité telle que Sir Maui
Pomare n'hésitait pas à le qualifier de véritable Pakeha
Maori qui pensait et parlait comme un Maori".
Ses propres papiers nous apprennent qu'il était originaire
de 1'Ulster, étant né à Londonderry, en Irlande, le 4 juillet
1849, l'ainé de dix enfants. Son père, Charles Young, était un
capitaine au long cours qui alla s'installer à Victoria avec sa
ses
femme et
enfants (trois fils à l'époque) vers 1835.
Après avoir visité les villes de la ruée vers l'or de Bendigo
et de Ballarat, la famille Young s'installa à Kyneton, et là, le
capitaine s'intéressa à l'agriculture. Il siégea plus tard au
Parlement
et
fut le premier ministre du Service des Eaux de
l'Etat de Victoria.
Lyle Young quitta la maison de famille en février
travailla dans plusieurs stations d'élevage en Victoria
Nouvelles Galles du Sud, conduisant du bétail, des chevaux
James
1865
et en
et
et des moutons.
de
En juin 1870, ayant perdu l'oeil gauche dans un
ses^ emplois, il quitta Melbourne pour Fiji et là, associé à
frère Charles, il exploita pendant cinq ans une plantation
à Na Cuvu, Vuna Point, Taveuni. Pendant cette pério¬
de, Young pilota plusieurs cotres et goélettes; cependant ses
papiers ne précisent pas quand et comment il obtint son bre¬
vet. En effet, il n'y a que quelques détails ça et là dans ses
papiers sur cette période de sa vie aux Fiji, mais ces détails
nous incitent
à en savoir plus long.
Par exemple, le 20 mars 1871, il fit naufrage sur l'île Koro,
son
de
coton
383
Société des
Études
Océaniennes
�avec
la
"Rose of Australia" (capitaine Bruce). En
1872-73
de six montagnards fijiens armés seulement
de haches et de lances "dévaler une colline à l'attaque de
quatre blancs bien armés, et bien que tombant l'un après
l'autre en courant sous le feu de fusils se chargeant par la
culasse, le dernier survivant parvint si près des Blancs qu^il
eu
la peau roussie par la flamme du coup qui lui ôta la vie".
En janvier 1874, Young eu apparemment quelques démêlés
déplaisants avec le gouvernementfijien, dirigé far J. B. Thurston
car deux années plus tard, ayant appris la mort du Commodo¬
re Goodenough, il écrivit : "J'ai des raisons personnelles de
me souvenir de la grande sollicitude du Commodore Goodenough
qui stoppa une tentative du gouvernement fijien de me porter
préjudice dans ma personne et dans mes biens en janvier
il vit un groupe
1874..
Les
renseignements détaillés sur la
carrière de Young
après l'intervention du Com¬
faveur (au début du premier des
commencent exactement un an
modore
Goodenough en sa
journaux qui subsistent). A ce moment, la culture du coton aux
Fiji avait cessé d'être rentable et Young était en quête de
"pâturages plus verdoyants".
Le 15 janvier 1875, il écrit qu'il a "quitté Na Cuvu, ayant
remis la plantation à Chas Putnam, le régisseur de mon frè¬
re".
Trois mois plus tard, au terme d'un voyage commercial
long de la côte de Macuata, Young quittait les Fiji pour
Wallis et Futuna sur la goélette à huniers
Daphne".
Son arrivée dans l'ile de Futuna, qu'il ne connaissait pas,
excite son enthousiasme d'écrivain, car malgré une escale
d'une seule journée, il rassemble assez d'impressions pour
remplir plus de neuf pages de journal d'écriture serrée sur
le
format ministre.
La "Daphne" serait
si le second, ivre, ne s
probablement restée plus longtemps
était pas rendu coupable d'agression
sur des indigènes; le résultat fut
que Young tomba dans une
embuscade tendue par une foule hostile, alors qu'accompagné
du capitaine et de deux hommes, il s'en allait rendre visite au
roi de l'île.
avions eu des armes à feu, nous aurions certai¬
estimé que la situation rendait leur utilisation néces¬
saire", écrivait Young, "car la foule était armée de lances,
de massues, de couteaux et de pierres... (dans cette situa¬
tion) nous estimâmes préférable de battre en retraite, sous
couvert d'une harangue que le pilote tenait à la foule, et pûmes
regagner en sécurité notre embarcation et notre navire".
"Si
nous
nement
Quelques jours plus tard, à l'île Wallis(Ueva), Young rendit
à l'évêque catholique, Monseigneur Bataillon, connu
également sous le nom "d'évêque Enos" L'évêque le fascina.
Young note que c'est un homme d'environ 70 ans, de haute
taille et à l'aspect imposant, avec une longue barbe blanche,
une peau "jaune comme du parchemin", un oeil d'épervier et
des manières courtoises digne d'un Français appartenant à
"l'ancienne noblesse (*).
L'évêque était ' de toute évidence
visite
( * )
-
En
français dans le texte
384
Société des
Études
Océaniennes
�un homme de caractère autoritaire et de plus un Jésuite confir¬
mé" écrit Young. Il poursuit. : "Je ne suis pas porté à crain¬
dre qui que ce soit, mais je préférerais avoir comme ennemi
un
indigène de l'île de Santa" Cruz plutôt que l'évêque Enos
avec sa courtoisie, son langage mesuré et son aspect patriar¬
cal, s'il m'arrivait d'être en son pouvoir et qu'il vint à penser
que je devais être liquidé pour le bien de la Sainte Mère
l'Eglise ".
Toutefois, il est possible que je sois prévenu contre lui
par tout ce que j'ai entendu dire de lui ainsi que par ses pro¬
pres paroles, prononcées aujourd'hui au sujet des Missions
Protestantes qui s'efforçaient de prendre pied dans l'île. Il
déclara que tant
qu'il vivrait
aucun missionnaire protestant
Uvea. Maintenant, je n'ai pas de
prévention contre "tous" les prêtres catholiques, estimant
qu'ils peuvent sauver autant d âmes que des missionnaires
protestants parmi leurs convertis indigènes, mais j'aihorreur
de l'intolérance, qu'il s'agisse d'un prêtre catholique où d'un
missionnaire wesleyen, et j'ai aussi entendu prononcer des
paroles violentes par l'un de ces derniers".
En dehors de 1 évêque et des autres membre s de la Mission
catholique, Young constate qu'il n'y a que deux résidents euro¬
péens à Uvea, un Ecossais du nom de James Hall et un Améri¬
cain nommé Smith. Tous deux avaient vécu plus de trente ans
dans l'île et étaient des négociants pour J.C. Godeffroy & Sons
ne
mettrait
les
pieds
sur
le Samoa.
D'après Young, Smith était un excellent spécimen de l'es¬
pèce "beachcomber".
H avait débarqué dans l'île d'un baleinier dont il était se¬
cond lieutenant
et
avait commercé pour le compte de plusieurs
propriétaires de navires à de différentes périodes; il lisait
journal avec difficulté.
un
"J'eus la chance de voir le livre dans lequel il tenait ses
comptes, utilisant des hiéroglyphes et signes de son cru et
cela m'amusa beaucoup", écrit Young. "Lorsqu'il voulait ins¬
crire la vente d'un mètre de toile, il marquait un "I" suivi
d'un dessin maladroit représentant un canard !" (*)
Young remplit quatorze pages de son journal avec des
ce genre sur Uvea; puis, après avoir passé
trois jours sur l'île, il s'embarqua sur la goélette "Louise
Ryder ' à destination d'Apia, aux Samoa.
Dans l'espace de quarante-huit heures après son arrivée
à Apia, Young avait fait la connaissance d'un certain nombre
de parsonnalités locales Parmi celles-ci, se trouvait le fameux
colonel A.B. Steinberger, aventurier américain qui, prétendant
être soutenu par le gouvernement des E.U., fut à la tête du
gouvernement des Samoa pendant dix mois extraordinaires, et
finit par être déporté sur le navire de guerre anglais "Barracommentaires de
couta".
A lire le
la chute de
journal de Young, ce serait lui qui aurait provoqué
Steinberger - fait, jusqu'à ce jour ignoré des his¬
toriens des Ees Samoa
( * )
-
-.
Duck signifie
à la fois toile
et canard.
385
é des Etudes Océaniennes
�Dès le début, Young eut des doutes sur Steinberger et cette
impression ne tarda pas à se muer en méfiance éveillée et en
hostilité.
Après sa première rencontre avec Steinberger le 4 juin
1875, Young écrit dans son journal : "C'estun homme d'environ
38 ans, petit mais bien bâti, au teint basané et aux cheveux
noirs, sans barbe ni favoris, mais seulement une moustache;
il a l'apparence d'un Espagnol ou d'un Italien. Il paraît intelli¬
gent et bien informé, plutôt trop sûr de lui-même et assez
egoiste, mais peut-être s'agit-il seulement de fautes de com¬
portement, et tout homme occupant la position qu'il a ici est
en quelque sorte un "Triton parmi les vairons", et sa vanité
est alimentée par de nombreux flatteurs. Après mesexpériences aux Fiji, j ai tendance à suspecter l'attitude et les mobiles
de tous ceux qui essayent d'instaurer un gouvernement indigè¬
ne,, mais cet homme qui arrive ici avec la caution du gouver¬
nement des E.U., n'est naturellement pas un aventurier sans
le sou comme Woods, Burt et Thurston aux Fiji..."
Quinze jours plus tard, alors que S.F. Williams, faisant
fonction de consul britannique, avait nommé Young membre
d°une commission chargée d'enquêter sur la condition des in¬
sulaires amenés aux Fiji pour travailler sur les plantations
de J.C. Godeffroy & Sons, Young écrit : "Je commence à soup¬
çonner Steinberger de ne pas être tout ce qu'il essaye de faire
croire. Il a tendance à
faire de conditions de
faite".
Quatre jours
protéger J.C. Godeffroy dans cette af¬
travail, tout en protestant que
justice
jplus tard. Young relate que jouant au
billard
sera
avec
ses
associes dans la maison
d'un Allemand, ils virent
"d'une façon
talents de
pour cela s'excuser un
seul instant de son comportement insolent". "Et pour com¬
ble, ajoute Young, ce parfait imbécile était plus qu'à moitié
ivre ! S'il continue ainsi, il ne tardera pas à mettre la pagaie
dans le gouvernement. Je l'ai déjà vu boire pas mal, mais ne
l'avais jamais vu aussi ivre que ce soir".
A partir de ce moment, Steinberger ne cessa de décliner
arriver Steinberger qui interrompit la partie
fort grossière" et se mit
faire étalage de
à"
joueur (qui étaient considérables) "sans
dans l'estime de Young.
ses
"Steinberger, écrit-il le 1er juillet
1875, déclara en notre présence que les habitants des Tonga
étaient de grossiers barbares et qu'il verrait dans quelque
temps s'il n était pas souhaitable pour les Samoa de conquérir
et d'annexer les Tonga. Il ajouta que les Samoa se saisiraient
bientôt des Kingsmill (Gilbert) ainsi que d'autres Iles sous le
vent, débitant en général un tel tissu d'imbécilités que nous
fûmes tous à fait écoeurés. Sa conversation d'aujourd'hui
m'a amplement renseigné sur son caractère. Je pensais qu'il
était un génie, or il ne s'agit que d'un imbécile, de cela je suis
certain. Reste à voir s'il n'est pas aussi un fripon".
Quinze jours plus tard, après avoir assisté à une cérémonie
au cours de laquelle Steinberger prêta serment comme Pre¬
mier ministre du gouvernement des Samoa, Young confia à son
journal qu'il était "tout à fait convaincu" que Steinberger était
un imposteur. "Si Steinberger est le reorésentant local des
38^
Société des
Études
Océaniennes
�E.U., ainsi qu'il le prétend, il ne saurait prêter serment au
peuple des Samoa et n'en a pas besoin. Selon moi, c'est un
aventurier qui n'a aucun pouvoir du gouvernement américain,
quelle que puisse être son influence personnelle auprès des
officiels du gouvernement des E.U
Bien que le sujet de Steinberger revienne sans cesse dans
son journal pour la période 1875-76, il y a d'autres affaires qui
y sont mentionnées, et de vivantes descriptions de plusieurs
notables des Samoa à cette époque. Parmi les personnalités
dont Young fit la connaissance et qu'il décrit, on trouve
J.M. Coe, ex consul des E.U.
sa jolie fille Emma, farniliere,
ment
appelée "La princesse", J.E.V. Alvord qui, malgré vingtans passés dans les îles, avait conservé les habitudes,
trois
les manières et les sentiments
d'un gentleman; le commandant
ivrogne J.H. Latrobe, aide de camp de Steinberger; Matthew
Hunkin résident de longue date à Tutuila; le réverend George
Pratt, de la "London Missionary", homme "éclairé", auteur
d'un dictionnaire de la langue samoane, helléniste ethébraîsant;
le révérend James Mathieson, de la Mission wesleyenne,
"extrêmement bigot et étroit d'esprit"; Mme Hiram Bingham,
"image parfaite de femme de missionnaire"; Auguste Poppe,
qui dirigeait les affaires Godeffroy, etc., etc.,
Dans l'ensemble, Young fut favorablement impressionné par
les Européens des Samoa, et lorsqu'il repartit pour les Fiji
avec une grande cargaison de coprah après "trois mois très
agréables aux Samoa ', il dut admettre que même Steinberger
l'avait toujours traité "avec toute la courtoisie dont il était
capable". Ceci, toutefois, ne changea pas l'opinion qu'il avait
de lui.
Lorsque Sir Arthur Gordon, gouverneur des Fiji demanda
à Young de lui rendre visite à Nasova, deux semaines après
son retour des Samoa, ce dernier lui déclara qu'à son avis,
Steinberger était un imposteur et n'était aucunement mandate
pour agir en tant qu'agent du gouvernement des E.U. aux Sa¬
moa.
"Il (le gouverneur) parut très frappé de ce que je lui
racontai sur la manière dont le gouvernement des Samoa était
conduit", écrit Young, ajoutant que le gouverneur lui avait
demandé une copie de ses notes relatives a l'investigation sur
les travailleurs de Godeffroy, qu'il lui remit.
Quelques jours après cette entrevue, Young affréta une
goélette, la Pio Nono" pour aller commercer! Niuafo'u et
aux
Samoa. Avant son départ des Fiji le 23 octobre 1875,
il avait rencontré le commandant C.E.S. Stevens du H M S
"Barracouta", "et eus avec lui une longue conversation rela¬
tive aux Samoa". Il est possible que cette rencontre ait aidé
à déterminer le cours de l'Histoire des Samoa, car peu après
l'arrivée de Young dans ces Iles, le commandant Stevens y
arrivait également, avec de dramatiques conséquences pour
Steinberger.
Les événements
se
précipitèrent à
partir de l'arrivée du
HMS "Barracouta" le 12 décembre 1875 jusqu'à l'arrestation
de Steinberger par le consul des E.U., S.S. Forster, et son
emprisonnement sur la demande de ce dernier à bord du "Bar¬
racouta"; mais l'arrestation de Steinberger ne mit pas un
terme aux troubles qui affligeaient Samoa à cette
époque, car
387
�1876, il y eut un Incident qui, selon Young}
rendait par comparaison " insignifiant tout ce qui avait été
fait ici jusqu' à présent "
Le 13 Mars était lé jour oit Malietoa Laupepa, le roi des
le matin du 13 mars
Samoa, avait convenu d'aller à Mulinuu, étroite bande de terrain
à l'extrémité Ouest du port d'Açia. pour lire à la population
des Samoa une déclaration destinée a mettre fin à leurs divers
différends. Les négociations préliminaires à cette cérémonie
(dans laquel le Young jouait - une fois de plus - un rôle impor¬
tant), furent conduites en grand secret, de peur qu'un groupe
des Samoans opposés au roi n'en aient vent et "n'engagent
la vieille guerre samoane despartis" avec un arsenal de canons
et
d'armes légères que Steinberger leur avait donnés.
En accord avec les dispositions de la cérémonie, le com¬
mandant Stevens ainsi que deux officiers du "Barracouta", le
consul britannique, Mailetoa, plusieurs chefs samoans et Young,
quittèrent Apia à 8 heures 45
au jour dit pour Malinuu. A
Matafele, ils furent rejoints par le consul des E.U., une garde
d'honneur de 40 à 45 marins et fusiliers du "Barracouta",
ainsi que par une douzaine de résidents européens curieux de
voir
ce
qui se passait.
arriva au lieu convenu (une église), à 9 heures 30
1 endroit désert; mais peu de temps après, quelques
Samoans armés de fusils et de cartouchières surgirent d une
maison voisine et virent se placer en travers de la route pour
Le groupe
et
trouva
couper toute retraite vers Apia. Des coups de feu ne tardèrent
pas à être échangés entre les Samoans armés et la garde
d'honneur du "Barracouta", les Samoans étant renforcés par
des éléments importants cachés dans la brousse épaisse.
huit hommes de la garde d'honneur tombèrent blessés
l'espace d'une minute. Ceci amena les Européens venus
là par curiosité à battre hâtivement en retraite le long de la
plage, tandis que le roi et les deux consuls embarquaient dans
une chaloupe du "Barracouta", prenant avec eux les marins
blessés. Quelques minutes plus tard, alors que la chaloupe
s'éloignait vers le "Barracouta", les Samoans ouvrirent le
feu avec un canon, blessantundesrameursà la jambe. Pendant
ce temps, Young essuyait le feu d'un Samoan armé d'un fusil
se chargeant par la culasse, alors qu'il contournait la barriè¬
re de la vieille maison de Steinberger, barrière qui se prolon¬
Sept
ou
dans
geait dans la mer.
"Comme il (le Samoan) n'était qu'à une quinzaine de mètres
de moi, écrit Young ce soir-là dans son journal, je crus que
c'était la fin si la main de l'homme était assurée, mais je fis
feu immédiatement de mon revolver et bien que l'ayant manqué
dans la précipitation de mon action, cela eut sans doute pour
effet de dérégler son tir car il me manqua.
malgré tout assez habile car immédiatement après
tiré, il retira la vieille cartouche et se prépara à re¬
charger. Estimant que si je le laissais faire, je serais proba¬
blement touché s'il rectifiait son tir, je me rapprochai de la
barrière tandis qu'il avançait de biais avec deux ou trois car¬
touches à la main, s'efforçant tout le temps de recharger;
mais sa main tremblait trop et je dois probablement à sa ner"n était
avoir
388
�ma vie, tout au moins de ne pas avoir été blessé.
"Ayant atteint la barrière, je passai ma main par dessus
et le visant, le tirai dans la mâchoire. 11 laissa tomber son
fusil, et portant ses mains à son visage, se traîna vers la
route. Juste à ce moment, et alors que je contournais la bar¬
rière pour lui administrer le coup de grâce, un fusilier appa¬
rut de derrnière la maison et lui tira à travers le corps.
Pendant les heures qui suivirent, Young échappa encore
plusieurs fois à des blessures et à la mort au cours du combat
qui faisait rage entre les Samoans et les hommes du "Barracouta". Il n'est donc pas étonnant que lorsque tout fut terminé,
il écrive dans son journal en commençant ainsi : "Aujourd'hui
vosité sinon
les Ides de Mars resteront aussi célèbres que celles de Rome
dans Thistoire des Samoa. Nous avons aujourd'hui écrit l'his¬
toire avec fureur... Les dernières douze heures laisseront
pour toujours une tâche sanglante sur ces Iles magnifiques, et
le pis de l'affaire est qu'il ne s'agit probablement que du
d'un âpre conflit dans lequel nul ne peut dire qui obtiendra son
passage pour le pays dont on ne revient
Young note qu un Européen a été tué et dix blessés dans
début
jamais..."
l'accrochage de Mulinuu, contre huit Samoans tués et vingtcinq à trente blessés. Il note également que des dispositions
furent prises immédiatement après le combat, au consulat
britannique, pour résister à une éventuelle attaque contre
celui-ci. Toutefois, cette attaque n'eut jamais lieu et quinze
jours plus tard la situation était suffisamment calme pour que
le commandant Stevens puisse retirer les canons et les hom¬
affectés à la défense du consulat.
cette période agitée, Young se remet apparemment
à gagner sa vie. Mais, pour les deux mois qui suivent, son
journal est d'une décevante brièveté. Le 10 mai 1876 il
que Godeffroy lui a proposé d'être son agent pour une prospec¬
tion des Salomon et de la Nouvelle Bretagne^ "pour faire un
rapport sur les ressources de ces Iles"; il déclare qu'il n'a¬
vait donné "aucune réponse définitive étant dé sire uxd attendre
l'arrivée du commodore." Il n'est plus fait mention de la
mes
Après
écrit
proposition de Godeffroy, mais le 18 mai 1876,
ment qu'il "a conclu un arrangement avec M.
il note sèche¬
Thos Farrell
l'accompagner dans les Marshall etc.,..."
apparaît dans le journal ultérieur de Young_au'il fut
engagé avec d'autres Européens pour ouvrir des comptoirs
dans diverses Iles du groupe Marshall pour le compte de
Farrell. Ils s'embarquèrent à Apia le 25 mai 1876 sur le
brick "Vision". A son départ Young reçut "une lettre très
cordiale" de remerciements du consul britannique S.F. Wil¬
liams pour "l'aide et les conseils" qu'il lui avait donnés dans
les mois passés. Toutefois, note Young, assez mystérieuse¬
ment, il avait plus de raisons de remercier Williams, sa
collaboration avec ce dernier lui ayant permis d'accomplir
"une oeuvre qui lui tenait à coeur" a savoir la destruction du
pouvoir de Steinberger.
Le voyage de Young sur le "Vision" raviva son enthousias¬
me d'écrivain de journal, ce dernier étant rempli de descrip¬
tions des Iles où ils firent escale : Butaritari, Mille, Majuro,
pour
Il
389
�Jaluit, Kill et Namorik avant d'arriver à l'atoll Ebon
avec son assistant, ils furent débarqués avec 800 tonnes
de marchandises pour y ouvrir un comptoir.
Arno,
où,
Young travailla pour Farrell pendant un an et demi sur
1 île
avec quelquesvoyagesoccasionnelsdansd'autresatolls
des Marshall. A cette époque la vie dans ces régions était en¬
d'Ebon,
plus sauvage qu'aux Fiji ou aux Samoa, mais Young s'y
enthousiasme et le récit très vivant de son existence,
décrite dans son journal, est sans doute inestimable pour la
lumière qu'il projette sur les missionnaires, les
"beachcombers", les confrères négociants et les guerres in¬
core
mit
avec
digènes.
Young quitta finalement son emploi à Ebon, après que
Farrell, devenu insolvable, l'eût laissé pendant huit mois sur
l'île sans marchandises ni ravitaillement.^ "J'ai attendu tout
ce mois avec anxiété l'arrivée de 1' "Agnès Donald" ou d'un
autre navire de M. Farrell, venant de Mejoro" écrit-il dans
son journal le 11 octobre 1877. "Je n'ai plus aucune provision
sauf de la farine et me nourris de pain et de thé sans sucre;
on ne peut rien se procurer sur place ni sur les navires qui
escale ici. J'ai peur qu'il ne soit arrivé un accident à
Farrell entre Auckland et ici". Pendant ce temps, Young
souffrait de diarrhée et de dysenterie, mais trouvait à s'occu¬
font
rédigeant une grammaire de la langue d'Ebon, la pre¬
mière, à sa connaissance.
Young quitta Ebon le 19 novembre 1877 pour Majuro. Là,
les deux firmes allemandes, A. Capelle & Cie et Hernsheim
& Cie lui offrirent aussitôt un emploi. Après quelques hésita¬
tions, Young s'en fût à Yap comme "directeur commercial"
et c'est à ce moment que s arrête le deuxième des trois jour¬
naux qui subsistent. Ce n'est que deux ans plus tard que re¬
prennent les relations quotidiennes dans sôntroisième journal,
Il est toutefois possible de combler ce vide grâce à quatre
lettres que Young écrivit à sa soeur pendant cette période, de
Yap, Jaluit, Guam et Ponape, et grâce aussi à deux histoires
qu'il écrivit dans ses dernières années à l'aide de ses journaux
aujourd'hui disparus.
Un des plus remarquables incidents de cette époque fut
celui de la goélette arabe, déjà relaté. Un autre incident eu
per en
lieu à l'atoll Nukuoro dans les Caroline, lorsqu'une baleinière
dans laquelle il amenait du coprah à la goélette chavira dans
le mascaret de la passe. Young passa toute la nuit en dehors
du récif, se soutenant avec une rame de frêne de six mètres
de long.
Le journal de Young pour 1880-81 est rarement aussi dé¬
taillé que les précédents, mais renferme malgré cela beaucoup
de renseignements probablement introuvables ailleurs. Il
travaillait toujours pour Capelle, mais avait transféré son
quartier général à Guam et voyageait beaucoup.
A cette époque, Guam était une colonie espagnole et cela
depuis trois siècles. Elle était aussi la capitale des Etablis¬
sements espagnols dans les Mariannes. Toutefois,
presque
tout le commerce était dans les mains d'Allemands entrepre¬
nants tels que Hernsheim et Capelle. Dans l'opinion de
Young,
390
Société des
Études
Océaniennes
�Guam était encore "semi-civilisée" mais un gros progrès par
rapport aux îles éloignées dans lesquelles il avait été en pos¬
te". Il est étrange de voir les gens aller à la messe tous les
matins à 4 heures, quel que soit le temps, et à côté^de cela,
les voir se consacrer aux combats de coqs toute l'après-midi,
perdant tout leur argent dans des paris ', écrit-il a sa soeur
Alice, dans une lettre qui a été préservée. "Ceci dit, la cri¬
minalité y est certainement plus faible que dans aucune autre
fle du Pacifique de population comparable, ou même dans le
monde. Les vols sont très rares, aucun meurtre n'a été com¬
mis depuis cinquante ans, sauf par des convicts venus de Ma¬
nille. L'ivrognerie y est très rare, bien que chacun boive du
vin lorsqu'il en a les moyens. Le défaut le plus caractéristique
de cette population est son manque d'ambition et son empres¬
sement à vivre et mourir comme ses ancêtres..Et Young
"La marche du progrès n'a pas enco¬
isolé, mais quand cela arrivera, les
Espagnols devront aussi quitter ces îles".
En dépit de ces critiques, Young semble avoir apprécié
son séjour à Guain, allant jusqu'à danser avec les senoritas
espagnoles. Il s'interesse également à l'histoire espagnole dans
ajoute
re
prophétiquement
atteint
les
cet
:
endroit
Mariannes.
"Je
suis
en
train de traduire une histoire
à
ces îles, écrite par un fonctionnaire espagnol
l'aide des archives du gouvernement", écrit-t-il à un certair
abrégée de
moment;
"elle contient de bien curieuses histoires...'
Son histoire des Mariannes, ainsi que sa grammaire d'Ebon,
ne
semblent pas avoir survécu. En effet, peu de documents
sur sa vie subsistent depuis la fin de 1881.
D'après l'article nécrologique de Percy Allen dans le
"Sydney Morning Herald", Young quitta les Mariannes en
octobre 1881 pour acheminer à San Francisco une cargaison
de produits des îles destinées à Andrew Crawford & Cie,
armateur et négociant de cette ville. Après onze ans passés
sans
dans le Pacifique, si santé était assez
et il prit un emploi de comptable et d'approvision¬
maritime chez Crawford & Cie. Six mois plus tard, d'a¬
discontinuer
éprouvée
neur
près Young lui-même, il s'embarqua pour Tahiti sur la goé¬
lette "Greyhound" pour y occuper le poste de directeur de la
de commerce de Crawford & Cie dans cette île; il
s'arrêta en chemin pendant un mois aux Marquises pour y
inspecter les comptoirs de la compagnie.
Tahiti et les autres îles du Pacifique oriental fascinèrent
Young et il leur consacra ses activités pendant les quarantesept dernières années de sa vie. Il paraît évident, d'après
ses documents personnels de cette époque, qu'il vint à être
considéré comme une autorité sur la vie et la culture de cette
région, étant consulté par des linguistes, des historiens, des
consuls, etc.. Les principaux papiers de Young que le Pacific
Manuscripts Bureau a pu se procurer aux fins de copie sont ;
2 lettres écrites de San Francisco en 1881
2 lettres écrites de Tahiti et de Raiatea en 1883
maison
-
-
-
1 lettre au
Sydney Morning
Herald sur "Les incidents
le 31 mars 1899
de Samoa'
écrite
vivait à Sydney
lorsque Young
391
Société des
Études
Océaniennes
�1
papier sur 1 expansion allemande dans te Pacifique,
écrit à Tahiti en 1908
Une demi douzaine de lettres et de notes sur la condition
des habitants de Pitcairn, échangées avec le consul
-
-
britannique de Tahiti, en 1911-13
Young, de Tahiti, 1919
Plusieurs articles de Young sur Bully Hayes
Commentaires de Young sur un document dactylographié
Commentaires de Young sur un document dactylographié
(auteur inconnu) relatif à l'histoire de Tahiti
Un document de treize pages in quarto portant le titre
1 lettre de
-
-
-
-
-
"Extraits des
carnets de notes de J.L.
Young". C'est
événements marquants de la carriè¬
re de Young dans le Pacifique jusqu'en 1890
Un document de sept pages donnant l'histoire de sa fa¬
mille et de sa carrière, écrit vers 1919 avec des ad¬
un
-
sommaire des
ditions vers 1924.
Les deux derniers documents
nous apprennent que Young
Anglaise née à Tahiti, Mary
Stringer. Ils eurent quatre enfants dont deux moururent à leur
naissance.
Des deux autres, deux garçons, l'un fut tué à
Gallipoli, dans la première guerre mondiale ,l'autre est
M.
Walter L. Young, âgé de 79 ans, demeurant à St Ives,
Nouvelles Galles du Sud, auquel nous sommes redevables de
l'ensemble des documents ci-dessus. M. Young naquit à Tahiti
et y passa
son enfance. Il se souvient encore fort bien des
épousa
en
notabilités
Note
Août 1884
de
une jeune
l'époque.
le PAMBU (Pacific Manuscripts Bureau) :
Pacific Manuscripts Bureau a été créé en 1968. Il fait
sur
Le
partie
du
Research
School of Pacific Studies, Australian
National University, Canberra. Son but est de rechercher des
documents de valeur, inédits, relatifs aux Iles du Pacifique,
et de les reproduire sur microfilm pour les quatre bibliothè¬
mondiales spécialisées dans l'étude du Pacifique. Ces
bibliothèques sont les Bibliothèques Nationales d'Aus¬
tralie et de Nouvelle Zélande, la Bibliothèque Miîchell de
Sydney et la Bibliothèque de l'Université de Hawaii, Honolulu.
ques
quatre
Robert
Traduit
de
Langdon
l'anglais
par
Bertrand Jaunez
392
Société des
Études
Océaniennes
�TATI
LEGRAND 1772-1854
PAR T. MAI
Tati
ou
Taura-atua i Patea chef de Papara une
des grandes
conservé dans l'histoire locale, une place
regard de l'importance de ce qu'il a fait pour
figures de Tahiti, a
modeste au
trop
son
pays.
Il était le fils
aîné de Teura-ite-rai dit Horoi de Papara et
petit-fils du grand prêtre Manea frère cadet du prince Amo.
Sa mère était Tetau i Ravea petite-fille de l'illustre
Te'ie'ie de la famille "Vehiatua' princes de Taiarapu (voir
Ariitaimai page 51).
Par son père Teura-ite-rai, Tati appartenait à la très
noble et très ancienne famille du prince Amo et de la reine
Purea ou Oberia célébrée par Wallis.
En 1767, à l'arrivée des premiers européens à Tahiti, Amo
et
Purea étaient les souverains de Tahiti et Moorea "Arii
rahi" nous dit Moerenhout dans son livre "Voyages aux îles
iu grand Océan" (page 387, 388). A cette époque, les Pomare
n'existaient point encore, mais grâce à ï'arrivée des blancs,
leur étoile n'allait pas tarder de se lever. L'arrivée du capi¬
taine Wallis marque en effet, le commencement de la chute de
la plus ancienne lignée royale de Tahiti.
Cette dynastie remonte au roi Tetunae-nui o Hiti-nui dit
aussi le législateur, en passant par Teva fils de l'illustre
Hototu de Vaiari et du prince Varimatauhoe du marae royal
de "Vaearai" d'Opoa, I.S.L.V. d'où viennent les pierres du
marae Taputapuatea (voir Histoire de Porapora).
Le prince Amo eut deux fils : Teriirere, de son union avec
Purea i Ahurai, et Temarii Ariifaataia, de sa deuxième femme
le
Taurua i Ahurai.
Teriirere
mourut en
de Temarii furent
mination.
1787 sans descendance. Les enfants
une des guerres d'exter¬
massacrés dans
suzeraineté de Papara échut donc à la branche cadette,
Tati était l'aîné.
Tati était un homme grand et robuste, bien
un des plus beaux hommes du pays nous dit Moerenhout qui
l'a très bien connu. Au moral il était honnête et courageux.
E sprit pondéré et lucide, observateur, bon psychologue et ex¬
cellent orateur. Imposant par sa taille, son allure, son regard
et le
son de sa voix. Tati était né pour commander et sans
doute pour rendre son peuple heureux et florissant.
La
dont
proportionné,
qualifie "La lunière du pays, l'orateur
me politique, l'oracle du pays".
le
Tati
apparaît à
une epoque
Reybaud
le plus écouté, 1 hom¬
particulièrement troublée, où
subit le choc considérable de la civilisation euro¬
péenne et du bouleversement des croyances fondamentales. Il
fut toujours à la hauteur de sa tâche et se distingua tout par¬
ticulièrement dans l'affaire des "Mamaia" en 1829-1830. Il
son
pays
393
Société des
Études
Océaniennes
�les attaqua avec une violence oratoire jamais égalée malgré
Pomare V qui les soutenait. Influencée par le parti
traditionnaliste la reine parut un moment renoncer a la légalité
établie et réclama des chefs l'hommage antique. Raiatea,
la reine
Moorea, les "Mamaia" déclarèrent adopter la réforme. Les
grands chefs de Tahiti ayant Tati à leur tête réagirent avec
vigueur et durent employer la force.
Les rebelles furent traduits devant un tribunal à Papara
oïl les grands chefs siégèrent vêtus de rouge, nous dit l'His¬
toire
...
A
cette
vexations.
époque, les Français étaient l'objet d'incessantes
Elles
devinrent si graves que les grands chefs
adopter par l'assemblée le protectorat français. La
lettre de demande adressée à l'Amiral Du Petit-Thouars
fut signée par Tati et par le régent Paraita.
Ainsi naquit le protectorat français en 1842. Tati participa
dans une large mesure à cet événement, assisté de ceux qui
représentaient l'élite de la société tahitienne d'alors.
En 1845 dans les grosses difficultés de l'affaire Pritchard,
Tati resta fidèle à la France, à la parole donnée et souleva
l'enthousiasme du peuple en offrant d'emporter le pavillon du
protectorat français dans son district de Papara.
En 1847, la guerre est terminée, l'oeuvre constructive
progresse dans tous les domaines : les Assemblées législati¬
firent
de
ves
1848-1851-1852 dont Tati fut le
président très écouté,
succès à réaliser l'idéal démocratique...
Tati eut sept fils :
Tetapu-a-Taaroa ou Tepa'u
Matahuira dit Faitohia, chef de Tautira
Ori chef de Papenoo dont la petite-fille Tetuanui épousa
oeuvrèrent
avec
-
-
-
Tamatoa VI de Raiatea
-
Tapu-faua
Hareotahi chef d'Atimaono
Fenua-iti
Onohi ou Mihinoa.
De sa première femme Tehea de la dynastie des Puni de
Porapora, sont nés Tepa et Faitohia. Ce dernier épousa une
-
-
-
princesse d'Opoa, de la famille de Pani-arii. De cette union
naquit Ahu'ura dite Mano vahine cheffesse' de Tautira qui fut
mariée au pasteur protestant Teraimano a Mai. Ils eurent
plusieurs enfants dont :
Teriinavahoroa épouse du prince Terii-tapunui Pomare
-
-
Ariie
Virihoa
qui a pour descendants Averii, le géomètre
Aimé Pere, le gendarme Popo Teraimano a Mai, etc.,
Tepa'u le fils aîné de Tati fut marié à la grande cheffesse
Ariimanihinihi Marama Tepa'u cousine de Pomare II, par
leurs mères Itia et Tevarua-hara-e de la lignée royale de
Faaa et Papeari (voir Ariitaimai p. 34).
De cette union naquirent trois filles, les princesses
1
Ariitaimai épouse Salmon
-
-
2
3
1)
-
-
Arii-Ninito epouse Summer
Maheanu'u vahine épouse Maheanu'u a Mai.
De ARIITAIMAI Salmon, descendent les Salmon
304
et
les
�Brander, dont les plus Illustres sont :
Tati Salmon chef de Papara, Marau
Taaroa
1.
Tepa'u dernière reine de Ta¬
hiti, ses enfa nts Terii-nui o Tahiti,
De Ariitaimai Salmon, descendent les Salmon et le s Brander
dont les plus illustres sont : Tati Salmon chef de Papa¬
ra, Marau Taaroa Tepa'u dernière reine de Tahiti, ses
enfants Terii-nui o Tahiti, Arii-manihinihi dite Tekau
et le Président Ernest Salmon. Ils furent des écrivains
distingués non seulement de la famille, mais du pays.
Tout Tahitien devrait savoir que nous leur devons de
nombreux écrits sur le folkore tahitien, des faits histo¬
des généalogies plus exactes que celles de
Mare, etc., Sans eux, tout cela serait tombé dans l'oubli
à jamais. Le président Ernest Salmon épousa Joséphine
Brander. De cette union est née Hinarai Teupootini o
Taaroa, dite Monique... Tati Salmon a laissé une nom¬
breuse descendance dont : Hototu mère de Tootsy,
Jessée, John, Simone et André Salmon. Irène mère de
riques,
Frédo, Jean, Alec, Laiza et Réginald Salmon. Tauraa
qui descendent Mesdames Marguerite Norman, Eve¬
lyne Sage, l'infirmière Mahina-atea dite Pupure, etc.,
Teraiefa de qui descendent Tehapaitua père de Cécile,
de
2.
3.
Ana Holozet, Glory, etc.,
Sumner nommée "Nikito" par
décédée sans enfant à Hawaii.
Maheanu'u vahine fut mariée à un prince
Ninito
les Hawaiiens, est
de Porapora né des
deux
dynasties Mai et Puni connu sous le nom de Mahea¬
nu'u
a
Mai (voir
généalogie Mai,
par le juge Calinaud,
greffe d'Uturoa). De cette union sont
nés
:
époux de Teriirnaevarua Pomare reine
Porapora sans enfant. De son deuxième mariage
a) Temaui-arii
de
avec
fants
sa
de
cousine Tehuiarii vahine sont issus les en¬
l'ex-délégué Marcel Cadousteau
par
leur
mère Mihi-atua, et bien d'autres.
b) Ninito de qui descendent les Mai de Faaa, le R.P.
Holozet, les religieuses Reine et Jeanne Etilagé,
Me Richard Mai, les Mai-Sanford, les Mai-Garbutt,
etc.,
c) Arii-tai ou Taurua de qui descendent Jeanne Vincent
Mmes Mazelier, Gervais, Villierme, Bataille et le
greffier Ueva Iorss; Edouard Vincent, Mmes Taiana
Grand, Nano Jacot, Emma Clark, Margot de Paindry
Céline et Micheline Chaze, Teriimana Chaze dit Coco
etc.,
Arii-aranoa Haapoua pasteur protestant de Faaa
laisse une nombreuse descendance.
e) Teharetua dite Tavana vahine de Raiatea, de qui
descendent Mmes Bouit, Keck, etc.,
f ) Princesse Moe a Mai e pou se de Tamatoa V Pomare
laisse plusieurs enfants dont :
1) Terii-o-uru-maona nommée Pomare VI par sa
d)
grand'mère la reine Pomare IV qui l'avait dési395
Société des
Études
Océaniennes
�gnée
comme
enfant)
2) Arii-otare
future souveraine de Tahiti (sans
Teriimaevarua
reine
de
Porapora
épouse du prince Hinoi Pomare (sans enfant)
3)
4)
Terii-vaetua aieuie de Tamatoa, Niki et Marion
Brander
Terii-navahoroa mère de Pomateao, Alexandre et
Taaroa Salmon.
Pomateao a cinq enfants : la princesse Tita,
Brother et Mote Salmon, Tami et Tati Stevenson.
Alexandre est le père de Serge, Henri Salmon et
Marie-Hélène.
Le prince Taaroa a deux enfants : Tua et la
princesse Moea Bardon.
5) Terii-vahine-Titaua i te rai (sans enfant)
6) Ahu'ura a Mai mère de Geneviève Terii-vahine-i-tetauo-o-te-rai et Temoe-a-Hiro Cadousteau.
De l'union de Tati avec sa deuxième femme Teraimateata
de One tari, est né Ori chef de Papenoo et père de Tamatoa
Atitioroi dont la fille Tetuanui épousa Tamatoa VI.
Autres descendants du grand Tati : Tahia-rua a Tati dit
Tiurai, célèbre pour sa vie exemplaire et ses guérisons ex¬
traordinaires, les enfants de Mme Tetua Legayic, de Mme
Hélène Lagarde, de Marcel et Henri Brémond, de Terai Bredin.
A la veille de sa mort, le roi Pomare II ayant compris,
que son régime de dictature n'était pas viable, offrit sa suc¬
cession à Tati qui déclina l'offre mais lui promit de soutenir
son fils, le jeune Pomare III.
La reine Pomare IV, quant à elle, tint à marier tous ses
enfants aux descendants de Tati, je cite :
1
-
2
-
3
-
4
-
5
-
Teriimaevarua épousa Temaui-arii a
Tamatoa V épousa Moe a Mai-Tati
Mai-Tati
épousa Terii-navahoroa a Mai-Tati
Pomare V épousa Marau Tepa'û-Tati Salmon
Seul Teriitua dit prince de Joinville épousa une femme
Terii-Tapunui
Moorea, Isabelle Vahinetua. Pour couvrir cette mésalliance
nous dit Cuzent dans les "Tahitiens" page 452 "Pomare IV
fit inscrire dans le contrat de mariage Isabelle avec le titre
de princesse. Cette
supercherie^ amusa un moment lejpublic
tahitien. De cette union est né le prince Hinoi qui épousa
Ariiotare Pomare, dont la mère est la princesse Moe a MaiTati.
Ils n'eurent pas d'enfant...
(T. Henry page 258)
Le vieux chef Tati mourut le 11 juillet 1854 emportant les
regrets de toute la population (Caillot page 292).
L'île vit en lui disparaître une des plus grandes figures
de son histoire. Féodal il lutta contre la féodalité. Maître du
"Tapu" il vota pour les lois ! Descendant des dieux, il soutint
la religion chrétienne ! Il sépara le culte du principe de l'Etat!
A sa mort, Tahiti n'a plus d'autres règles que celles qui dé¬
coulent des droits de l'Homme.
Ce fut la consécration de l'oeuvre dynamique de Tati et'la
plus éclatante louange de ses vertus et de son génie.
de
T. MAI
396
�Marama ,famille
puissante et très ancienne
des Mers du Sud
PAR TERII VAHINE TE TAUO
A
0 TE RAI
l'époque lointaine de Tetunae o Hiti
-
Nui, premier
uraditions, Aumoana-Terii te moanarau son fils,
eut pour épouse une "Marame d'Aimé ho" ou
Moorea, du nom de Teura-ite-rai ; de cette union est né Teriinui o Tahiti, 1er du nom.
Terii-Nui o Tahiti épouse sa cousine Hinarai Teupoo-tinitini no Vaiotaha (Pora-pora), il s eurent quatre enfants : Nu'utea,
la blonde reine de Tahiti, Terii-Marote a qui régna sur Porapora, Terii-e-vao-ite-rai qui régna sur Aimeo sous le nom de
'Marama" et Hototu.
Hototu du marae royal de "Farepua" à Vaiari ou Papeari
fut mariée à Manu-Tunu'u son cousin, grand chef de Puna auia,
de leur union, est né Terii-te moana-rau.: (ces derniers sont
cités parmi les grands chefs de Tahiti par T. Henry dans Ta¬
hiti aux Temps anciens page 273 No 2 et 4).
Temoana-Rau fut le premier prince de Puna'auia qui cei¬
gnit le "Maro'ura", étant le fils de la grande cheffesse Hototu
de Vaiari, berceau de l'aristocratie tahitienne.
Quelques générations plus tard, vers le milieu du 15ème
siècle, Terii-Mana ou Temana, un descendant, des princes Temoanarau et Nu'u de Puna.âuia, épousa à Moorea, Piharii des
"Marae Nu'urua et Farehia", au temps de "Atitu-Hani". De
cette union sont nés Punua-Terai-Tua qui fut chef du marae
national de Nu'urua et une fille Tefe'au qui épousa Tupuoroo
fils de Marama grand chef de Haapiti (Moorea).
Quatre générations plus tard au temps de Terii o Marama
ite~-tauo-o-te-rai dont : le mont était "Tahuara", le promon¬
toire "Aimeo" et le marae, "Marae-Tefano", arrivèrent à
Moorea, les "Atiroo" de Puna'auia.
Les "Arii" des Atiroo étaient des cousins plus ou moins
éloignés des "Marama" (le degré de parenté n'eut jamais
d'importance dans l'ancienne société polynésienne pourvu que
la parenté fut prouvée et admise). Ilsfurentdonc reçus comme
tels et s'établirent dans le Sud et l'Est du district de Haapiti
comme hôtes de Marama.
Au cours des quatre générations suivantes, les "Atiroo"
étaient si nombreux, qu'ils débordèrent sur Vaiare ; si bien
souverain
connu
dans
nos
qu'ils prirent possession de certains districts de Moorea.
Leur grand chef fut si puissant qu'il proclama son indé¬
pendance en fondant un Marae bien à lui, le "Marae tenu'u
Faatauira"
demment
au
en y envoyant les sacrifices
"Mara-Te fano" de Marama.
et
Cette manifestation
d'indépendance était
destinés précé¬
non
seulement la
pire des insultes à l'égard du "Marama" de l'époque, mais
une sorte de déclaration de guerre, car les "Atiroo" par la
même occasion, s'appropriaient la moitié du territoire de leur
hôte
sans
tribut ni reconnaissance.
397
�La grande Cheffesse Tetupuai-Ura Marama ainsi que son
peuple n'aimaient guère être insultés de la sorte mais hési¬
taient à relever le défi d'un voisin aussi puissant.
Cependant les Atiroo de plus en plus arrogants assassinè¬
rent sauvagement quatre garçons du clan "Marama" ; leur
mère Tearo-Poànaa vint en pleurant et en se tailladant la
tête, supplier Marama de les venger.
c'était l'occasion de châtier l'in¬
La cheffesse accepta car
gratitude des "Atiroo", elle fit battre aussitôt les tambours
au "Marae-Tefano" et
tout le peuple se rassembla sur la
place. Marama assise sur le siège de pierre dite "Pou roto
na Toofa" qui signifie (Pilier central des chefs) parla ainsi :
"L'heure du châtiment
tant
attendue est venue,
j'ai épousé
vengeance
de Tearo-poanaa, car je lui ai fait laver son
sang dans mon eau sacrée de Vaipiura ; vous serez mes bras
pour venger la mort des fils de cette femme de notre peuple
et l'outrage fait à mon Marae "Marae-Tefano".
la
peuple s'écria comme un seul homme : "Votre volonté
faite, mort aux Atiroo, ceux deMooréaet ceux de Tahiti".
plus célèbres guerriers de Marama étaient deux jumeaux
Le
sera
Les
"Tapuhote et Tetunania", leur lance qui s'appelait Havivorai
(Pivot du ciel) ne chôma point ! elle fit pivoter tout d'abord la
tête du chef des "Atiroo" ces derniers surpris s'enfuirent
dans la confusion.
Les jumeaux avec leurs guerriers poursuivirent les Atiroo
par les montagnes d'Opunohu et les massacrèrent. Ils repri¬
rent le territoire de Marama et le séparèrent en deux districts
Tupauru-uru et AmehitL
Ils continuèrent leur marche victorieuse vers Aroa près
de Vaiare, s'en emparèrent et le nommèrent "Teavaro". La
grande cheffesse "Marama" vint de Haapiti à Amehiti, où elle
s'établit et y construisit un nouveau marae ...
C'est là, que résida le Marama suivant qui gravit le Marae
de Horora sur la demande des deux sous-chefs d'Afareaitu,
:
Tuhei et Matafaahira.
Marama devint ainsi
Chef d'Afareaitu
malgré lui
et par la
négligence du chef Tepau-arii. Marama franchit le dernier de¬
gré de la suprématie sur l'ile Moorea en mariant son fils à la
fille de Punua-Teraitua chef de Varari, qui apporta Nu'urua
(marae national) à la famille et donna aux 'Marama" la pres¬
totalité de l'ile.
que
Ouelques temps avant l'arrivée de Cook, les districts sou¬
mis a "Tërii-vao-ite-rai taputapu atea ifaatoai" le Marama de
cette
époque, étaient commandés par des chefs militairesde sa
Opunohu avait à sa tête Mahine né en 1732 prince de
et Nu'urua et oncle d'itia épouse de Tu le futur PomaTerii-tapu-nui était èhef militaire de Vaiare, il était le
famille.
Paea
reli.
neveu
de
Mahine
et
frère de la reine Itia citée plus haut.
beau-père de Marama comman¬
Hamau i maruia i ativavau
dait le district de Maatea.
En
1774,^ Terlitapunui alias Metua aro attaqua son oncle
Mahine ; il était soutenu par les chefs de Tahiti notamment la
famille d'Ahurai et celle d'Atahuru. Mahine soutenu par ses
partisans de Moorea, tint bon contre
et
la flotte de neuf mille hommes
398
l'armée de Terii-Tapunui
venus
de Tahiti.
�Ce n'est
qu'en 1790 que Mahine fut battu par les hommes de
époux d'Itia grâce aux marins anglais et à leurs
Tu-Vairaatoa
à feu (Voir M. d'Arii-Taimai P. 83)Marama ne se mêla
point de cette guerre de famille entre les "Ahurai". L'histoire
nous dit qu'il épousa Terai-efa-imaraetaata petite cousine du
prince Amo, de la branche aînée des "Aromaterai" de Papara.
De cette union sont nés Ariioehau 1770, Tetuanui 1772 et Vehiaarmes
tua
1774.
"Ariioehau Marama" Alias Taipoto était nous dit : la rei¬
ne Marau Tepaû (dont l'érudition fait autorité)
princed'Eiméo,
de Taputapuatea (Opoa), du Marae royal de Tainu'u, de Matairea (Huahine) et de Porapora : il
épousa Ruroa i Ahurai fille
du prince "Ture i Ahurai" grand chef de Papeari, frère de la
reine Purea et oncle d'Itia épouse de Pomare. Ruroa ou Tevarua-haraé eut de Ariioehau Marama, une seule fille Arii-Manihinihi Marama née en 1800 environ ; elle fut portée selon les
vieilles coutumes du pays à tous les "Marae" de sa famille,
dont elle était à peu près l'unique héritière, après les
guerres
d'extermination ou les familles des anciens rois du pays fu¬
rent éliminées ou massacrées en grande partie.
Ces Marae ou temple s étaient au nombre de treize, à Moorea
et à Tahiti : Ariimanihini portait donc le
titre de "Marama" à
Moorea ; à Faaa, elle était "Terii Vaetua i Tefana i
ahurai";
Aroma-i-terai à Papara ; "Terii nui o Tahiti" et "Maheanu'u
i farepua" à Papeari ; elle était "Teriitua-TeriiouruMaona-iterai" à Kitiaa ; "Tetuaraenui a huri tauaote mauu i fareroi"
à Haapape etc
et avec chaque nom ou titre, Arii-Manininihi Marama Ariioehau héritait des terres qui
s'y rattachaient
selon les lois traditionnelles du pays. Cette riche héritière
presque le dernier rejeton des familles sacrées des anciens
rois des deux iles, était cousine de Pomare II
qui n'ayant pas
de fils adulte la donna en mariage à Te-Tapu a Taaroa fils
ainé de "Tati l'ancien" grand chef de Teva. Les enfants nés
de cette union devaient épouser des Pomare suivant un accord
conclu entre Pomare II et le grand chef Tati. C'est ainsi
que
tous les enfants de Pomare IV sauf le
prince Joinville épou¬
sèrent des princes et princesses "Teva" de la
lignee de
"Tati l'ancien"
Sous le gouvernement de l'Amiral Bruat Ariioehau
Tepau
Marama dite aussi Atiau vahine était la grande cheffesse des
quatre districts suivants :
...
Faaa/Papeari/Haajpiti et Teavaro.
Pour les deux districts de Moorea son représentant était un
Vehiatua Huiraatira de Taiarapu qui prit le nom de "Marama"
titre qui n'appartenait en réalite qu'à Arii-Manihinihi Atiau
vahine l'unique héritière. Marama l'administrateur n'était
donc que son représentant
l'histoire dit : que c'était un
homme médiocre mais n'a jamais causé d'ennui au
gouverne¬
...
ment
français.
Arii-Manihinihi Marama Ariioehau reçut à son deuxième
mariagê, le nom d'Atiau Vahine, de cette union aucun enfant.
C.est à son premier mariage avec le fils de Tati
qu'elle
reçut le nom de "Tepau" nom ancestral et vénéré des Arii de
Faaa, de cette union sont nées troisfilles: 1) Ariitaimai épou¬
se Salmon grande cheffesse de
Papara - 2) Arii-Ninito épouse
399
Société des
Études
Océaniennes
�Sumner grande cheffesse de Papeari - 3) Terii-Taumai te rai
marotetini épouse du prince Hatefaaora a mai,
grande cheffesse
de Faaa.
Réf. : B.S.E.O. No 97 ET 112. "TAHITI ANCIEN"
page 277
278.
Autres descendants des "Marama"Oopa Atetuanuidlte Tai-
tapu et Terii-rere a' Amo. C'est
en
raisonde cette
la terre
parenté
que
"Marae-Tefano" où se trouve le Marae des "Marama"
a été
attribuée, parla Juridiction indigène de 1892, à "Taitapu"
aïeule des "Maoa ieie" età^'Moeamai"
épouse de Tamatoa V
Pomare, toutes deux descendantes directes du prince Marama
de Moorea.
TERII-VAHINE
TE
TAUO
400
Société des
Études
Océaniennes
O
TE
RAI.
�Le role des Iles Marquises
dans le peuplement de la Polynésie
Orientale
PAR Y 0 SIHIK 0
Bernice P.
Les
u>
H. SINOTO
Bishop Museum, Honolulu
premières fouilles archéologiques,
aux
fles Marqui¬
entreprises en 1956, sous la direction de Shapiro
(American Museum of Natural History) : SHAPIRO, 1958.
ses
furent
1957, Suggs, membre, à l'époque,*de ce même musée,
poursuivit ces recherches et entreprit des fouilles de grande
ampleur à Nukuhiva dans le groupe des iles du Nord. Son opi¬
nion était que toutes les autres iles de l'archipel devaient avoir été occupées par les premiers colonisateurs en un espa¬
ce
de temps relativement court (SUGGS, 1961, page 181).
Les expéditions du Bishop Museum aux iles Marquises
furent conduites par l'auteur et son assistante, Marimari
Kellum, à Uahuka et à Nukuhiva en 1964 et 1965. L'Ile de
Uahuka se trouve à une centaine de kilomètres à l'est de
Nukuhiva et chaque fle est visible de l'autre fle. Sept sites
En
( 1) - L'article qui suit a été publié en anglais dans Y. Yawata et Y.H. Sinoto
(éditeurs) "Prehistoric Culture in Oceania", pp. 111-118, Bishop Museum
Press, Honolulu, 1968. Deux photographies ont été ajoutées à l'article en
français. Depuis que j'ai commencé mes travaux archéologiques aux Iles
Marquises en 1963, tous mes rapports ont été publiés en anglais. La plupart
des gens qui ont prêté leur concours pour le travail sur le terrain n'ont pas
accès à ces rapports et ont des difficultés à lire des textes en anglais. Avec
l'aimable permission de M. Henri Jacquier, Présidentdela Société des Etudes
Océaniennes, grâce aussi à mon collègue, M, José Garanger, qui a fait l'ef¬
fort de traduire mon article et à Mme Anne Lavondès de l'0.R,S,T,0,M.,
qui a bien voulu replacer légendes et note dans leur forme définitive, 11 est
maintenant possible de présenter une publication en français. Je les en re¬
mercie vivement. Ma reconnaissance va également aux personnalités du
Territoire ainsi qu'à tous ceux qui localement ont assuré le succès de mes
recherches.
Je désire remercier en particulier pour
neurs de la Polynésie française, M.Aimé
leur aide: Messieurs les gouver¬
Grimald en 1964 et M, Jean Sicu-
ranl; l'Administrateur des Iles Marquises, M. Yves Le Chevanton et son se¬
crétaire M. William Lagarde; M. Jacques Drollet, président de l'Office de
Développement du Tourisme. Je remercie spécialement la Marine Nationale
et en particulier le Commandant du B.D. "Chéliff", M. Xavier de Lassus
Saint-Geniès qui nous a ramenés de Taiohaeà Papeete, pour leur merveilleu¬
se
hospitalité à bord. M. Paul Ottlno et M. Henri
Lavondès de l'Office de la
à Papeete; Mademoiselle
chef de Hane à Uahuka;
Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer
Aurora Natua, du Musée de Papeete; M, Fatu Kavee,
accordé la permission de faire une reconnaissance
terrain; M. et Mme CharlesTeaha.aide médical et enseignante â Hane
a Uahuka). Pour finir, je tiens â remercier spécialement mon assistante, alors
Mlle Marimari Kellum et ses parents, M. et Mme Medford Kellum à Moorea.
M. Tanaoa Vatu qui nous a
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�fouillés à Uahuka, une brève reconnaissance et quelques
sondages furent effectués à Haatuatua sur Nukuhiva. La fouille
la plus importante fut pratiquée, pendant les deux campagnes,
à la dune de Hane qui est située à l'embouchure de la vallée
Hane, sur la côte sud de Uahuka.
Plus de 3.000 pièces diverses furent recueillies dans ce
site. La stratigraphie, très nettement apparente, a permis
d'établir une chronologie précise des niveaux culturels fondée
turent
la répartition verticale des
1964. L'analyse d'échantillons de
dans ces différents niveaux, a
sur
matériaux mis au jour en
charbon de bois,
prélevés
fourni les repères d'une
chronologie absolue. Les informations et le mobilier supplé¬
mentaires, obtenus au cours des fouilles de la seconde expé¬
dition (1965), ont confirmé la chronologie des séquences cul¬
turelles déjà précisées en ce qui concerne le site de Hane.
effectués en 1964 et 1965, aussi
qu'à Haatuatua, révèlent qu'il est nécessaire de
réviser l'interprétation que Suggs a donnée de ses niveaux
culturels et de ses datations auradiocarbone (Sinotoet Kellum,
Les
résultats des travaux
bien à Hane
1965; Sinoto, 1967).
d'herminettes, d'engins de pêche, d'ornements,
sépultures découverts à Hane sont, ou plus archaïques ou
du même genre que ceux découverts ailleurs en Polynésie.
Quelques objets, enfin, sont tant au point de vue de la typologie
que de celui de la technologie, très apparentés aux mêmes
objets de la Polynésie occidentale et des archipels situés
encore plus à l'ouest. Il semble ainsi que les niveaux les plus
anciens de Hane doivent être datés d'une époque antérieure à
celle dite, par Suggs, "période culturelle de la colonisation
Les types
de
jalonnées
de Nukuhiva". Les séquences culturelles,
de data¬
tions absolues (C. 14) sont maintenant très claires en ce qui
concerne le nord des îles Marquises. Ces séquences sont les
plus
complètes
Polynésie.
et les plus
certaines de la
préhistoire de la
Le site de Hane est une très grande dune côtière qui s'é¬
lève, à l'embouchure de la vallée de Hane, sur la côte sud de
Uahuka. Au sommet de la dune, un pavage était visible ainsi
que des témoins de l'ancienne activité humaine, ceci nous per¬
mit de repérer le site. Au cours des deux campagnes de fouil¬
le, l'ensemble de la dune et la zone immédiatement voisine
furent étudiés. La tranchée ouverte au centre du tertre dunaire
montre la stratigraphie typique du site de Hane (fig. 1 et fig. 2)
Le
pavage^ supérieur, niveau 1, exposé au sommet de la dune,
est très désorganisé, les alignements de bordure et les angles
ont disparu.
Il en est de même du second pavage (ou pavage
intermédiaire) : niveau III, qui est séparé du niveau I par une
couche de sable stérile - niveau II. Le niveau IV (sous le pava¬
intermédiaire) est une couche de corail stérile» épaisse
un mètre, elle contient des sépultures. Au-dessôus, est
un
troisième pavage et des détritus divers - niveau V, qui
recouvre un autre niveau culturel : niveau VI - il y a ainsi six
niveaux culturels différents pour une épaisseur totale de deux
mètres. Un septième niveau culturel, le plus ancien, fut mis
au jour à l'ouest de la dune.
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�de 3.000 pièces furent répertoriées, celles
I et III sont nettement différentes de celles des
des ni¬
niveaux
jour dans toutes les zones de
sites, en différents points de
Plus
veaux
à VII. Les matériaux, mis au
et aussi dans les autres
Uahuka, peuvent être mis en corrélation avec
V
dune
la stratigraphie
générale du tertre dunaire. Par exemple, la culture de la cou¬
che intermédiaire (niveau IV) fut d'abord caractérisée par des
pratiques funéraires, mais les témoins d'une culture maté¬
rielle furent ensuite mis au jour pendant l'extension des fouil¬
les en 1965.
Les objets
les plus nombreux et les plus signifiants, re¬
les hameçons.^ Leur for¬
me, leur mode de fixation au bas de ligne et le matériau utili¬
sé indiquent clairement leur chronologie . La plupart furent
taillés dans la nacre (fig. 3, Nos 3-8). Les hameçons d'os sont
rares et seulement presents dans les niveaux les plus infé¬
rieurs (fig. 3 No 9). Un seul type d'hameçon marquisien com¬
posé apparut dans les niveaux supérieurs, mais son prototype
qui put ne pas comporter une hampe composite, fut mis au
Jour dans le niveau V (fig. 3, No 10).
Les outils utilisés pour la fabrication de ces hameçons :
limes de corail ou en radiole d'oursin, furent découverts,
mais les limes en radiole d'oursin étaient plus abondantes
dans les niveaux inférieurs comme aussi les hameçons d'os.
Il existe une très nette discontinuité entre les hameçons
à cuiller composés, de type ouest-polynésien, et ceux de type
est-polynésien. Les premiers, avec extension de la base proximale du dard, caractérisent les niveaux les plus anciens
des Marquises (fig 3, 15), les seconds, oîi cette extension
n'est qu'ebauchée, sont typiques des niveaux supérieurs (fig 3,
cueillis dans le site de Hane, furent
No 14).
à
Les harpons d'os et de nacre
multiples barbelures et
de fixation furent découverts dans les niveaux inférieurs
et les niveaux supérieurs (fig 3, Nos 16-18). Suggs fait men¬
tion de têtes de harpons sans perforation, découverts au site
de Haatuatua à Nukuhiva (SUGGS 1961, pp. 94-95) mais nous
trou
pas trouvé à Hane.
premières plombées d'hameçons à poulpes (qui sont du
type dit "grain de café") apparurent dans le niveau intermé¬
diaire. Toutes les autres plombées découvertes dans les ni¬
veaux les plus inférieurs semblent être d'un type archaïque
qui évolua pour devenir le type actuel de la Polynésie occiden¬
tale, dit "conique" ou "à sommet travaillé" (fig. 4, Nos 3, 4)
Les herminettes sont également d'importants fossiles di¬
recteurs.
Plus de 133 herminettes complètes ou, du moins,
classifiables, furent mises au jour. Le type 2 A de Duff :
herminettes épaisses, de section quadrangulaire et sans tenon
(fig. 4, No 1, le type "Hatiheu" de Suggs, de section pianoconvexe (fig. 4 No 2) et un type à section triangulaire ( A. )
et à tranchant étroit et acéré (un précurseur du type "Kouma"
décrit par Linton) sont les trois types les plus anciens. Dans
les niveaux récents, apparaissent les herminettes de type dit
n'en
avons
Les
"Kouma"
sée (V).
et
les herminettes de section triangulaire inver¬
405
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�cachalot travaillées, identiques à celles dé¬
Nouvelle-Zélande, dans les sépultures de la
période des chasseurs de Moa, furent mises au jour dans le
niveau V et le sommet du niveau VI (fig. 3 Nos 11-13). Les
pendentifs en dent de cachalot non travaillée ou leur imitation
en coquille taillée, bien connus à l'époque européenne, ne fu¬
rent pas découverts à Hane.
La poterie n'est représentée que par quelques tessons
découverts dans le niveau VII qui est le plus profond. L'étude
aux rayons X de ces tessons et celle d échantillons d'argile
révèle d'une part, que la poterie fut cuite à une température
de 300 à 400 degrés et que, d'autre part, il est fort possible
que l'argile locale ait été utilisée (Dr I.L. Barner, Department
of chemistry, University of Hawaii, juillet 1965, communica¬
Les dents de
couvertes
en
personnelle). Les tessons de Haatuatua semblent, du point
technologie, plus sophistiqués que ceux de Hane.
Les poids de pêche en pierre de forme conique, sont carac¬
téristiques des sites marquisiens et hawaiiens les plus tardifs.
tion
de
vue
supérieurs
Ils font leur première apparition dans les niveaux
de Hane et dans les sites contemporains de ces
Toutefois, nous avons découvert, dans le niveau
niveaux.
Vde Hane, des
pilons d'une forme qui pourrait être le prototype des pilons
dits "en forme d'étrier" et qui sont seulement connus § Kauai
l'archipel des Hawaii (fig. 4 No 5).
sépultures découvertes à Hane étaient celles de corps
allongés,
sauf quelques uns qui étaient complètement ou
demi fléchis. Sauf dans un cas, aucune offrande ne leur était
dans
Les
à
associée.
D'après les résultats acquis (que nous n'avons que par¬
exposés) il est raisonnable de penser que les ma¬
tériaux recueillis dans les niveaux les plus inférieurs de Hane
sont identiques à ceux sur lesquels SUGGS se fonda pour défi¬
nir la culture matérielle des périodes qu'il appela celle "de
la colonisation de Nukuhiva" et celle "des débuts du dévelop¬
pement". Plusieurs arguments étayent cette affirmation. Les
pendentifs en dent de cachalot travaillée, les plombées coni¬
ques des hameçons destinés à casaquer les poulpes et les
herminettes de type 2 A et Hatiheu sont, sans aucun doute, les
prototypes de leur genre. Tous les types d'hameçons et d'herminettes, la poterie^ et les sépultures en position fléchie,
observés dans les périodes "de colonisation ' et "des débuts
du développement" de Nukuhiva, existent dans les plus anciens
niveaux de Hane. Il est cependant quelques traits caractéristi¬
ques de la "période de colonisation' de Suggs, à Nukuhiva,
qui sont ab stent s des couches profondes de Hane alors que
certains sont présents ici et non à Nukuhiva. Ceci montre que
la séquence culturelle de Nukuhiva ne commence probablement
qu'au cours des débuts du niveau IV de Hane. Il est bien pro¬
bable que la période de Suggs dite "de colonisation" et que
les débuts, au moins, de celle dite "de développement" de¬
vraient être réunis en une seule période qui suit (mais qui
contraste réellement avec elle), celle de l'assemblage culturel
mis au jour dans les niveaux les plus profonds de Hane.
L'interprétation ci-dessus est confirmée par nos propres
tiellement
407
Société des
Études
Océaniennes
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;
�fouilles du site de Haatuatua, à Nukuhiva. Les objets mis au
colo¬
jour, dans les niveaux de Suggs attribue à la période
nisation" et à la période "des débuts du développement", étai¬
ent des hampes d'hameçons composés et des perles d'os, en
forme de bobine (fig 3, Nos 1, 2). Selon Sugp;s, les hameçons
composés sont le fossile directeur de la période
sion
et les perles d'os en forme de bobine sont des tardvenus dans la préhistoire marquisienne ( Suggs, 1961, pp 82,
140). Une date auradiocarbone 1330 - 90 après J.C. (MRC-120 :
Gak-874), obtenue par l'analyse d'un échantillon de charbon
"de
"d'expan¬
la même couche, indique
tardif que ne le pensait Suçgs.
Hane et sur notre rein¬
terprétation des séquences de Nukuhiva (Sinoto, sous presse),
il est possible de préciser les étapes de la préhistoire nordmarquisienne. Suggs a publié quatre datations absolues (C. 14)
pour le site de Haatuatua - l'une de ces datations :
124 avant
J.C. (+ ou
150) est la plus ancienne de celles déjà publiées
pour ce qui est de la préhistoire de la Polynésie orientale, il
y a cependant une contradiction inexpliquée - et une relation
non précisée - entre la situation de l'échantillon prélevé et
celle du niveau culturel auquel on l'attribue (suggs, 1961, p. 63).
prélevé
de bois que nous avions
dans
que ce niveau culturel est plus
En se fondant sur les séquences de
-
récentes que ce que
de Haatuatua, mais
l'ensemble de la chronologie de Hane est cohérent. La date la
plus ancienne (un échantillon de charbon de bois prélevé dans
le niveau V) est de 850 + ou- 100 après J.C. (Sinoto et Kellum,
1965). Le niveau VII, premier niveau d'occupation du site, n'a
pu être daté,, il doit être de quelques siècles antérieurs au
Les
nous
dates du site de Hane sont plus
compte tenu de celles
attendions,
niveau V.
Dans le
l'archipel marquisien, un seul des abris
fouilla l'expédition du Kon-Tiki Museum
(SKJOLSVOLD, communication personnelle) se révéla comme
n'étant pas stérile. Les matériaux que l'on y mit au lour sié¬
sous
roche
sud de
que
cette idée que, au cours de la période dite "d'expan¬
sion", la culture matérielle était semblable du nord au sud de
l'archipel - l'hameçon "direct", à protubérance proximale,
est typique de la période dite "d'expansion", on le trouve
dans les sites de Uahuka, de Nukuhiva et de Hivaoa.
Quelle est la place des séquences culturelles de l'archipel
nord-marquisien dans l'ensemble de la préhistoire polyné¬
sienne ? La poterie les herminettes et les types ouest-polyné¬
gèrent
destinés à casaquer les poulpes,
siens de plombéesd'hameçons
montrent, à l'évidence, le lien
étroit et original qui unit la
Polynésie occidentale et les îles Marquises.
Les pendentifs en dent de cachalot travaillée, d'un type
identique à Maupiti et à Wairau, furent également découverts
au
site de Hane, mais ils n'étaient pas, ici, associés à des
sépultures. Dans toutes la Polynésie orientale, trois groupes
d'fies seulement ont connu ces pendentifs : le s fle s Marquise s,
les îles de la Société et la Nouvelle-Zélande. Cet ordre pour¬
rait être celui des étapes de leur diffusion - les perles d'os,
en forme de bobine,
sont associées à ces pendentifs en Nou¬
velle-Zélande, il n'en fut pas découvert aux îles de la Société.
4r )
Société des
Études
Océaniennes
�Fig. 5
Etapes du peuplement de la Polynésie orientale, telles qu'elles
suggérées par les découvertes archéologiques récentes (d'après
K.P. Emory et Y .H. Sinoto, 1965).
sont
410
Société des
Études
Océaniennes
�cependant, dans un niveau stratigraphique plus tardif
celui des pendentifs en dent de cachalot, une telle perle
fut découverte dans une sépulture. Ces perles sont également
abondantes dans les collections ethnographiques. On découvrit
des têtes de harpon aussi bien aux Marquises qu'en NouvelleZélande, mais non aux îles de la Société. Les aiguilles à ta¬
touer mises au jour au site de Hane sont identiques à celles
déjà découvertes en Nouvelle-Zélande. Des remarques sem¬
blent prouver l'existence d'un lien direct entre les cultures
marquisiennes et néo-zélandaises. La découverte d'uhe tête
de harpon et d'hameçons des types précédents à Manggreva
par R, Green (1960) suggère également l'existence d'un lien
avec les Marquises, vers la même époque.
En étudiant les hameçons recueillis par Suggs à Nukuhiva,
A Hane,
que
nous
avons
remarqué
une
étroite parenté entre les hameçons
anciens des Marquises et ceux des îles Hawaii. Les hameçons
de Hane semblent même avoir une très grande ressemblance
avec les plus anciens hameçons des Hawaii, non seulement
du
également si l'on considère les
rapports de dimension de la pointe et de la hampe et .les outils
utilisés pour leur fabrication - les hameçons tardifsde Hawaii
sont, au contraire, plus proches des hameçons tardifsde
Tahiti. Ceci indique que la première migration qui colonisa
les Hawaii était probablement originaire des îles Marquises
et que des contacts plus tardifs existèrent entre les Hawaiiens
et des gens venus des îles de la Société. Le pilon " en forme
d'étrier " de Hane suggère, lui aussi, la plus grande ancienne¬
point de vue typologique, mais
Le problè¬
gagnèrent la NouvelleZélande avant ou après leur colonisation desîlesde la Société.
La découverte de perles d'os en forme de bobine dans les
niveaux supérieurs de l'ancienne culture marquisienne et leur
absence (autant qu'on le sache) des îles de la Société, suggère
la possibilité qu'ils furent introduits directementdes îles Mar¬
té des
me
est
contacts entre
quises en
Nouvelle-Zélande.
Pour l'instant, le
centre de dispersion
ment
Marquisiens et Hawaiiens.
de savoir si les Marquisiens
rôle des îles Marquises comme premier
des Polynésiens orientaux paraît haute¬
probable (fig. 5).
(Traduit de
l'Anglais par J. Garanger)
411
Société des
Études
Océaniennes
�BIBLIOGRAPHIE
EMORY, Kenneth P., and
1965.
Yosibiko H. SINOTO
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412
Société des
Études
Océaniennes
History
�BIBLIOGRAPHIE
VAN
DER
SLUIS
(Isaac)
origin and evolution. A
S.d. 178 p. 23
The treponematosis of Tahiti. Its
study of the sources. Amsterdam
Comment les maladies vénériennes se sont-elles introdui¬
à Tahiti? Sont-elles d'origine locale ou au contraire ontelles été provoquées par les contacts de la population avec
les voyageurs européens? Quelle est la nature exacte de ces
maladies et quel développement ont-elles connu jusqu'à nos
tes
jours?
Ces questions donnent lieu depuis deux
siècles à de
d'abord féliciter
attaqué de front le problème et de
s'être livré à une enquête dont on ne peut qu'admirer le sé¬
rieux et l'étendue. En effet, aucune source importante n'a
échappé à l'auteur qui, non content de dépouiller avec le plus
grand soin les récits et journaux des voyageurs tant imprimés
nombreuses controverses
M. Van der Sluis d'avoir
et
il
faut
tout
qu'inédits, s'est aussi attaché à l'exploitation de documents
d'archives conservés en France et en Angleterre. C'est ainsi
qu'il a poursuivi de fructueuses recherches à Londres, dans
les collections publiques (Public Record Office, British Museum
National, Maritime Museum) et privées (London Missionary
Society) et en France, aux Archives et à la Bibliothèque Na¬
tionales, au Museum d'Histoire Naturelle, au Service Hydro¬
graphique de la Marine, etc., Même les fonds peu connus des
chercheurs, comme la magnifique collection de rapports médi¬
caux conservés aux Archives Nationales dans la série Marine
CC2 et à la Bibliothèque de l'Hôpital maritime de Brest, n'ont
pas échappé à la perspicacité de l'auteur. C'est donc une en¬
quête aussi exhaustive que possible qui a été menée et la liste
des sources consultées ne comporte
pas moins de quarante
pages. Signalons au passage que ce veritable inventaire ana¬
lytique sera d'un grand intérêt pour tous les chercheurs qui
s'intéressent à Tahiti à quelque titre que ce soit. Ils y trou¬
veront par exemple la cote de tous les journaux de bord de
navires concernant l'archipel conservés en France et en An¬
gleterre pour les voyages antérieurs à 1800. La masse en est
impressionnante. Pour le XlXè siècle, l'auteur s'est contenté
des récits publiés par les grands navigateurs sans avoir re¬
cours aux sources manuscrites. C'est ainsi qu'il n'a pas con¬
sulté les très nombreux documents conservés aux Archives
Nationales dans les séries Marine BB4 et 5JJ (Voyages de
Baudin à Dumont d'Urville) qui lui aurait peut-être apporté
quelques renseignements complémentaires. Néanmoins l'es¬
sentiel a été consulté et exploité. Suivant la méthode anglaise,
l'auteur n'a pas séparé sources manuscrites et imprimées.
Tout ce qui touche un sujet ou une personne a été groupé, ce
413
�qui a permis de dresser un catalogue systématique de consul¬
tation aisée.
Le travail de M. Van der Sluis se divise en trois parties.
D'abord un rappel des migrations et des contacts entre les
différents archipels et de l'arrivée des voyageurs européens
depuis Quiros, puis un survol de l'histoire de Tahiti depuis
1767
jusqu'à 1965
:
visite des grands voyageurs, des commer¬
çants, des baleiniers, enfin, à partir
premiers missionnaires protestants.
La seconde partie est consacrée
de 1797, installation des
à une étude critique ex¬
trêmement précise et minutieuse des divers témoignages qui
parvenus sur l'état de santé des populations
depuis le passage de Bougainville et des contro¬
verses apparues à 1 occasion de la publication du récit de
voyage de ce dernier. Le chauvinisme, qui n'épargne pas,
hélas, les historiens, contribua trop souvent à transférer sur
le plan professionnel un débat qui aurait beaucoup
gagné à
demeurer purement scientifique. Enfin l'ouvrage s'acheve par
une analyse médicale prolongée jusqu'à nos jour s de s maladies
régnant dans les divers archipels du Pacifique : Tahiti, Mar¬
quises, Hawaii, etc.,
nous
sont
tahitiennes
enquête menée avec une telle conscience
objectivité, l'auteur parvient, comme il étaR à
prévoir, à des conclusions nuancées. Il existait, dit-il, dès
avant 1767, une "endémie de tréponématose" à Tahiti, qu'il
définit comme devant être le pian, lequel semble, à partir
du XlXè siècle, avoir évolué lentement vers la syphilis. Ainsi
donc, les navigateurs européens peuvent être absous. Ni les
Anglais, ni les Français n'ont introduit les maladies véné¬
Au terme
et
une
d'une
telle
riennes dans les paradis des Mers du Sud. Remercions encore
M. Van der Sluis de cette démonstration brillante, solidement
étayée sur les meilleures sources, qui semble résoudre défi¬
nitivement le problème et intéressera, non seulement les
médecins, mais aussi les ethnologues et les historiens.
Etienne Taillemite
Conservateur aux Archives Nationales
414
Société des
Études
Océaniennes
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.
'
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sien les commentaires et assertions des divers auteurs qui,
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ment
Intérieur. Bulletins N° 17
et
N°
29).
.1°- Le Bulletin continuera à. lui être adressé,
quand bien
même il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
2°ou
et
Le Membre à vie n'a
du
sa
plus à se préoccuper de l'envoi
cotisation annuelle, c'est une dépense
souci de moins.
un
En
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conséquence
sont
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2605-8375
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 172-173
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Botanique - Recherches botaniques aux Marquises (Professeur George W. Gillett) 375
Histoire
- De remarquables révélations sur le Pacifique sauvage de l'époque de Louis Becke (par Robert Langdon) 381
- Tati Legrand 1772 - 1854 par T. Mai 393
- Mararaa, famille puissante et très ancienne des Mers du Sud par Terii Vahine Te Tauo O te Rai 397
Archéologie - Le rôle des Iles Marquises dans le peuplement de la Polynésie Orientale par Yosihiko H. Sinoto 401
Bibliographie - Van der Sluis (Isaac). The treponematosis of Tahiti. Its origin and evolution. A study of the sources. Amsterdam (S.D.) 178 p. 23 im. par Etienne Taillemitte 412
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Date de numérisation : 2017
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