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BULLETIN
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
ILE
N"
146
-
147
BORABORA
MARS
Anthropologie
—
-
—
Sociologie
et
-
—
Linguistique
Folklore
Physiques et Naturelles
PAPEETE
9 et 10)
Contemporaine de la Polynésie
Littérature
Sciences
(N°s
JUIN 1964
Ethnologie
Histoire Ancienne et
XII
TOME
-
IMPRIMERIE
—
Océanographie.
OFFICIELLE
�Conseil d'Administration
Président
M. Henri JACQUIER.
Vice-Président
M.
Secrétaire
Trésorier
Melle Janine LAGUESSE.
M. Yves MALARDE.
Assesseur
M. Cdt PEAUCELLIER
Assesseur
M.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Raoul
Pour être reçu
un
Bertrand JAUNEZ
Rudolphè BAMBR1DGE.
Membre de la Société
se
TEISSIER.
faire présenter
par
membre titulaire.
Bibliothèque.
Le
Conseil
d'Administration
informe
ses
membres
qu'ils
peuvent emporter à domicile certains livres de la Bibliothèque
en signant une reconnaissance de dette au cas où
ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
vent être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La
Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société tous le3
le Dimanche.
Musée.
à
Le Musée est ouvert tous les
17 heures.
jours, sauf le dimanche de 14
�BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME XII
MARS-JUIN
146-147
No.
(N™ 9 et 10)
—
1964.
SOMMAIRE
Pages
Littérature
Le
mirage et l'exotisme tahitien dans la
(H. Jacquier)
littérature
357
Archéologie
.
370
Iles de la Société. Découverte et fouilles
d'un site funéraire préhistorique à Maupiti. (Ken¬
neth P. Emory)
378
Maraes
Bora-Bora
de
(Kenneth P. Emory)
Rapport préliminaire de l'expédition du
seum
.
.
Bishop Mu¬
aux
Histoire
Un
souvenir
noirs
».
Tahitien
de
la
«
Traite
des oiseaux
384
(Ben Finney)
Société des
Études
Océaniennes
��LE MIRAGE ET L'EXOTiSME
Conférence faite le 14 janvier
par
TAHITIEN DANS LA LITTERATURE
1964 à l'Auditorium du Lycée Paul Gauguin
Société des Etudes Océaniennes.
M. Henri Jacquier, Président de la
Je suis persuadé que plusieurs d'entre vous se sont souvent
interrogés sur l'origine et la nature de oe mirage océanien qui
hante
encore
d'imaginations.
tant
entend dire, en France tout au moins, que Pierre Loti
et Paul Gauguin en sont les responsables alors qu'en
terre on cite dans le même ordre d'idée lord Penbrooke et
On
Angle¬
Louis Robert Stevenson — en Allemagne, Lichtenberg et
Paul Richter — en Scandinavie, Jorgensen et Andersou,
aux
Jeanquant
Etats-Unis, il faut admettre qu'ils détiennent avec Her¬
Melville le premier et le plus authentique romancier
mann
On s'aperçoit donc bien vite qu'il faut rechercher
plus avant, jusqu'aux découvreurs même de l'Océanie. Une
opinion assez répandue, quoique n'ayant aucune base sérieuse,
veut que BougainviUe ait créé à la faveur de sa « Relation
de voyage autour du monde » un véritable mythe océanien dont
on
continuerait de subir aujourd'hui l'influence. Nous aurons
l'occasion dans quelques instants de revenir sur ce point,
mais disons dès maintenant, aussi paradoxal que cela puisse
sembler, que le mirage océanien existait, bien avant la décou¬
océanien.
verte
de l'Océanie.
inattendu de la question, je serai
obligé de remonter bien plus loin, jusqu'aux temps fabuleux
de l'antiquité classique. La croyance à la réalité de pays mer¬
veilleux où une humanité privilégiée vit à l'abri des soucis
les plus pressants, la faim, le froid ; où la terre produit sans
travail, où la soif des richesses et l'ambition des grands,
Afin d'éclairer cet aspect
sources
ternité
naître
Les
de discordes et de guerre n'existent pas, où
n'est pas un vain mot ; cette idée il faut le
est
vieille
comme
la fra¬
recon¬
le monde lui-même.
descriptions d'îles enchantées dans 1'« Illiade » et dans
l'Odyssée, les évocations d'un âge d'or dans les poésies pas¬
torales des Grecs, les pays fabuleux des contes persans et des
Société des
Études
Océaniennes
�—
358
—
légendes chinoises traduisent simplement cette nostalgie de
paradis perdu en même temps qu'un besoin d'évasion de
l'homme
«
Je
de
milieu.
son
suis
bien
que
là
où je
ne
suis
pas »
devait
dire
Baudelaire.
Déjà au siècle de Périclès, on soutenait que la société ne
pouvait offrir à l'homme un idéal de bonheur et il se trou¬
vait des philosophes qui préconisaient un retour à l'état de
nature comme seul moyen d'éviter à l'humanité la
plupart
de
ses
maux.
L'avènement du christianisme devait bouleverser
ler pour longtemps ces aspirations païennes. L'idée
refou¬
et
de faute
originelle et de nécessité de la souffrance s'accomodait mal
cette philosophie
hédonique.
de
On
assiste cependant à quelques réminiscences durant le
Moyen-Age mais c'est la Renaissance qui va exhumer le
vieux rêve antique, et c'est Montaigne qui en sera le com¬
mentateur
enthousiaste. Dans un chapitre des « Essais » il
fera le tableau d'une société primitive du Brésil dont un
voyageur l'a entretenu. Il montrera ces sauvages, pourtant
cannibales, mais au demeurant très affables, vivant bien plus
paisiblement que ses propres compatriotes dont il avait pu ju¬
ger le comportement durant les guerres de religions et, citant
Virgile, il s'écrie :
«Hos
natura
modos
primum dédit».
(1)
Un siècle et demi plus tard, Jean-Jacques Rousseau repren¬
ce thème et la
première phrase de l'Emile sera :
dra
«
Tout
Tout
On
la
est
bien
sortant
des mains
de l'Auteur
des choses.
dégénère entre les mains de l'homme».
peut donc admettre que Montaigne est à l'origine de
théorie
moderne du « bon sauvage », du « Noble savage »
anglo-saxons dont l'histoire va être dès maintenant liée
celle de la philosophie naturiste.
des
à
Cependant, au fur et à mesure que la connaissance du
globe s'étendait, celle du continent américain en particulier,
il devenait de plus en plus malaisé d'identifier cet homme
né naturellement bon parmi les Iroquois, les Séminoles, les
(1)
«
Telles furent les premières lois de la nature
Société des
Études
Océaniennes
».
�—
359
—
Toltèques, les Mayas ou les Incas, toutes peuplades cruelles
et sanguinaires dont le comportement avait même horrifié les
conquistadores » espagnols.
Décidément, il fallait chercher ailleurs la patrie du bon
sauvage. Il restait à explorer cette immense mer du Sud à
peine traversée et où les géographes situaient pour des raisons
d'équilibre terrestre un continent s'étendant depuis le Tropique
du Capricorne jusqu'au pôle Sud, la « Terra Australis inco¬
gnita ». C'est dans cette cinquième partie du monde, encore
inconnue, que l'on va définitivement situer l'habitat du « bon
«
sauvage ».
Le fait
qu'on
gênantes
sur
ne
ces
possédait
aucune
réalité, aucunes précisions
permettait d'épilogue]-
terres hypothétiques
les mœurs de leurs habitants. Toutes les théories,
utopies politiques ou philosophiques pouvaient aisé¬
ment prendre place dans un cadre où, bien entendu, rien ne
venait les contredire. Et c'est ainsi qu'on voit paraître durant
un
demi siècle de nombreux ouvrages qui, à la manière de
Science fiction », décrivent avec forces détails les aventures
à satiété
toutes
sur
les
«
de
imaginaires dans des pays d'utopies.
voyageurs
comprend que la découverte de Tahiti en 1767, treize
après la publication du « Contrat social » de J.-J. Rous¬
seau ne pouvait se situer à un meilleur moment, autant pour
le prestige de la philosophie naturiste que pour la renommée
On
ans
future
de
Tahiti.
signifie
Polyné¬
sie qui avaient déjà été reconnues par différents navigateurs.
En effet, en 1595 Mendana avait abordé dans l'archipel qu'il
devait nommer « Marquesas de Mendoça » faisant escale à
Il faut bien préciser que la découverte de Tahiti ne
nullement celle de l'Océanie pas plus que celle de la
Fatu-Hiva
Les
été
Hiva Iloa et Tahuata.
rapports des Marquisiens avec les Espagnols avaient
tendus, mais ces derniers devaient y revenir 10 ans
assez
plus tard
sa
—
route à
en 1605 sous la conduite de Quiros qui continuant
l'Ouest devait découvrir plusieurs îles des Tuamotu.
1643, Tasman, navigateur hollandais, avait découvert
grande terre qu'il avait baptisée, en souvenir de sa patrie,
la Nouvelle-Zélande, — qolissant à l'est il avait eu connais¬
sance des premières îles de l'archipel Tonga — déjà reconnues
en 1620 par Lemaire et Shouten,
navigateurs hollandais égale¬
ment. qui avaient traversé l'archipel des Tuamotu et passé
bien près de Tahiti sans l'apercevoir, ce dont il faut je
En
une
Société des
Études
Océaniennes
�—
360
—
se féliciter, non pas bien entendu en raison de la natio¬
nalité de ces navigateurs, mais il eut été dommage et peut-être
fatal pour Tahiti d'être découvert au siècle de Descartes au
lieu de l'être au siècle de Rousseau.
crois
Quoiqu'il
et
soit, il faut admettre que bien avant
en
peu
grande famille polynésienne :
Paumotu.
et
la décou¬
Tahiti, les Européens avaient eu des contacts, espacés
cordiaux il est vrai, avec certains représentants de la
de
verte
fait battre
cela sera le
Marquisiens, Tongiens, Maoris
Il
les
semble pas que ces découvertes aient
cœurs et enflammé les imaginations
comme
cas
plus tard lors de la découverte de
ne
Tahiti.
Tahiti fut Wallis, brave offi¬
dépourvu d'imagination et sans grandes qualités
littéraires, ce furent les relations de Cook et de Bougainville
qui apprirent parmi tant d'autres découvertes dans le Paci¬
fique celle de Tahiti.
le découvreur officiel de
Si
cier
assez
Ces deux relations connurent pour l'époque un très grand
et furent traduites aussitôt respectivement en français
succès
et
en
anglais,
un peu
plus tard
en
allemand.
Ce qui semblait d'ailleurs en constituer le principal attrait
était la relation tahitienne. Bougainville se plaindra plus
tard que le public n'ait retenu de son remarquable ouvrage
que
la partie, assez mince, ayant trait à Tahiti.
soudainement, et presque simultané¬
les faiseurs de systèmes comme les
appelait Bougainville — et en général tous ceux qui rêvaient
d'améliorer le sort de l'humanité — jusqu'au public lui-même
venaient de découvrir enfin, grâce à ces relations l'existence
de cet homme « né naturellement bon » : cet être extraordinaire,
qui, vous l'avez deviné n'était autre que le Tahitien.
Mais il faut dire que,
les philosophes —
ment
—
a voulu rendre responsables les navigateurs, Bougainville
particulier, d'avoir décrit sous un aspect idéal et enchan¬
teur une réalité qui, pour être attrayante, présentait cepen¬
dant quelques défauts et certains inconvénients.
On
en
de lire à différentes reprises
navigateurs mais égale¬
ment celles d'officiers ou de membres appartenant à ces expé¬
ditions et je dois admettre que si, dans l'ensemble, on remar¬
que un certain enthousiasme bien compréhensible après de
longues et pénibles traversées, il faut reconnaître à ces relaPour ma part, j'ai eu l'occasion
seulement les relations de
non
Société des
Études
ces
Océaniennes
�—
tions
—
d'objectivité remarquable en même temps
probité vis-à-vis du lecteur.
sens
un
361
réel souci de
qu'un
Bougainville n'avait prétendu que les Tahitiens vi¬
un état absolu d'égalité sociale. Bien au con¬
traire, il disait « les habitants de Tahiti nous avaient paru
vivre dans un bonheur digne d'envie, nous les avions cru
égaux ou presque entre eux — je me trompais, la différence
des rangs est fort marquée à Tahiti et la disproportion
Jamais
vaient
dans
cruelle
».
Si l'on
on
sera
ne
rappelle
se
de l'ancien
loin
: «
homme
plus à la classe privilégiée,
tenté de croire à une
pas
il devait dire
manière cruelle».
Plus
l'auteur de ces lignes est un
que
régime appartenant de
exagération de sa part.
la guerre se fait
chez eux d'une
cela n'empêchera pas Diderot de procla¬
Supplément au voyage de Bougainville » que
les
vivent dans l'égalité absolue, le communisme
intégral et la paix perpétuelle, il ajoutera également que leur
athéisme, plus exactement leur irreligion, est totale.
Et
mer
pourtant, tout
dans le
Tahitiens
«
mœurs qui semblait régner à Tahiti où le
jalousie était, paraît-il, inconnu, excitera au
plus haut point la curiosité des philosophes. Qu'une question
aussi ancienne, ayant provoqué tant de drames ait pu être
résolue très simplement voilà qui méritait d'y prêter la plus
grande attention. Et c'est à ce sujet que Diderot développera
les principes d'une morale bien spéciale pleine de paradoxes
et d'énormités destinées sans doute à scandaliser le bourgeois.
La
liberté de
sentiment
de
Voltaire, qui lui, ne se
de nature
en
souciait pas de retourner à l'état
profitera cependant dans les «
Oreilles du Comte
servir de l'utopie tahitienne comme
des
repoussoir vis-à-vis
mœurs européennes en même temps
Chesterfield
»
pour
se
d'un prétexte pour ridiculiser l'église, anglicane cette fois.
Ainsi, dès le début, sur l'attirante toile de fonds présentée
par les relations maritimes, on voit apparaître une peinture
bien plus séduisante encore, c'est le Tahiti idéalisé des phi¬
losophes et des rêveurs dont la renommée va devenir univer¬
selle. C'est grâce à lui d'ailleurs qu'a pu survivre aussi
longtemps la légende de l'homme de la nature.
que
Les
expéditions de Cook et de
ramené respectivement un
terre. Ahutoru ramené par
Société des
Bougainville avaient chacune
en France et en Angle¬
Tahitien
Bougainville fut présenté au roi à
Études
Océaniennes
�—
362
—
Versailles et choyé par plusieurs grands personnages dont le
de Choiseul. Delille lui consacra un poème et tout le
duc
monde voulait voir et approcher cet enfant de
retour il devait malheureusement mourir
à l'île Bourbon.
son
la nature. Sur
de
la
variole
Omai ramené lors de la deuxième expédition de Cook fut
également, sinon mieux traité en Angleterre. Présenté au
roi Georges III et hébergé chez de grands seigneurs, ce
fut le poète Cowper qui le célébra et Reynolds qui fit son
portrait. Plus chanceux que Ahutoru il revint dans sa patrie
de Huahine muni des cadeaux dont il avait été
comblé.
En
1788 paraissait un curieux ouvrage intitulé la «-Nar¬
ration d'Omai » présenté comme la traduction du manus¬
crit d'un certain capitaine inconnu. Son auteur était en réa¬
lité l'abbé Baston, chanoine de la cathédrale de Rouen. S'il
est difficile d'échapper à la mode, il est encore plus diffi¬
cile d'échapper aux idées à la mode. Celle du bon sauvage
s'était infiltrée dans tous les milieux et notre brave chanoine
persuadé
restera
la main
même
que les Tahitiens sont
du Créateur. Il imaginera
tels que sortis de
qu'à son retour à
compatriotes tous les bienfaits
Huahine, Ornai rapportera à ses
de la civilisation, et de la morale chrétienne — quoique le mot
ne
soit jamais avancé — sans aucun des inconvénients du
monde moderne. Le résultat peut être schématisé simplement
par l'équation suivante :
Homme né
la civilisation
naturellement bon -j- morale
individu parfait.
et
bienfaits
de
=
Ce livre plein de généreuses utopies et de naïfs enthousiasmess qui tient à la fois du « Contrat social » et de la
«Profession de foi du vicaire savoyard» était bien dans le
goût de l'époque. Il contribuera peut-être quelques années
plus tard à l'envoi à Tahiti des évangélistes de la Société
des missions de Londres. Il était logique en effet d'admettre
qu'un être né naturellement bon, devait naturellement faire
un
bon chrétien.
En
1789
également, à quelques semaines de la prise de
événement maritime contribuera a situer encore
nom
de Tahiti dans l'actualité, c'est la mutinerie de
l'équipage du sloop H.M.S. Bounty. Le charme de l'île déjà
célèbre en apparaissait troublant, inquiétant même au point
d'avoir fait tourner la tête à l'équipage d'un navire de sa
Majesté. Bligh devenait un héros ressuscité de l'Antiquité,
la
le
Bastille,
un
Société des
Études
Océaniennes
�—
363
—
Ulysse échappé à grand peine aux dangers
sirènes et à toutes les Circé polynésiennes.
aux mutins, ils avaient aussi leurs défenseurs, plus tard
prendra à sa manière, c'est-à-dire violemment, leur
nouvel
mer,
aux
«Childe
dans
Harolds.
imagine difficilement
On
de la
Quant
Byron
parti
aujourd'hui à quel point devait
atteindre la renommée de Tahiti et quelle influence devait
exercer
sa
découverte sur toute une génération d'écrivains.
En voici d'ailleurs un exemple choisi parmi bien d'autres.
Joseph Joubert, jeune
provincial lettré et fortuné devait
Marseille
papiers de
concourir en 1787 pour un prix de l'Académie de
dont le sujet était l'éloge du célèbre Cook. Les
Joubert découverts en 1914 et publiés par André Beaunier
nous montrent
un curieux état d'esprit. Voici en particulier
le thème d'un refrain qui revient à tout propos « 0 Tahiti
tes femmes sont belles et que tes hommes sont doux.
que tu es connue le soleil se couche plus beau sur
les montagnes de l'Europe. Qui peut te voir descendre sans
avoir le cœur réjoui par cette pensée. II se lève pour
0 Tahiti ». Joubert se rend à Paris en 1788, c'est l'hiver,
l'obscurité et le froid lui font rêver davantage de la chaleur
que
Depuis
Tropiques mais le feu de son imagination peut y suppléer :
j'aime à dormir tourné vers toi comme pour donner à mes
dernières pensées avant le sommeil un cours plus facile vers
tes habitants » et le refrain ; « 0 Tahiti que tes filles sont
belles et que tes hommes sont doux, tu es la merveille des
Tropiques dans les mers qui sont sous nos pieds. Cette
moitié de l'océan que tu partages en deux autres moitiés
te doit son plus grand ornement. Le néant est à ses deux
bouts, l'âge d'or est dans tes bocages. J'aime à dormir tourné
des
«
vers
toi.
»
Joubert
Bien plus
Beaumont
gardera toute sa vie son amour
touchant pour Tahiti.
tard, il écrivait mélancoliquement à Pauline de
connaissais Tahiti beaucup mieux que mon
« Je
Périgord. Je me souviens encore de Tupia, de Teinamai, de
Taua, de Tupurai Tamahine !
Camille Desmoulin condamné à mort, écrit de la Concier¬
gerie à sa femme « O ma chère Lucie, j'étais né pour écrire
des vers, pour défendre les malheureux et pour constituer
avec
ta mère, mon père et quelques personnes selon notre
cœur,
un
O Tahiti».
Après la tourmente révolutionnaire,
Société des
Études
personne sans
Océaniennes
doute
�364
—
—
plus sérieusement partir pour Tahiti afin d'y cher¬
principes pour gouverner les nations mais il va
demeurer de l'île enchantée le souvenir d'un pays merveil¬
leux joint à celui de faciles satisfactions sensuelles.
ne
songe
cher des
On
est cependant étonné de voir Chateaubriand consacrer
chapitre entier à Tahiti dans le «Génie du christianisme ».
un
Se
coucher
près des ruisseaux, disputer de paresse avec
chapeaux et des manteaux de
feuillages c'était toute l'existence des Tahitiens. Les soins
qui chez les autres hommes occupent leurs pénibles journées
étaient ignorés de ces insulaires, en errant à travers les
bois, ils trouvaient le pain et le lait suspendus aux branches
«
leurs ondes, marcher avec des
des
arbres
».
Image poétique pour désigner le « uru » et le « miti haari »
qui représentera plus tard tout un programme pour les déshé¬
rités et les « beachcombers » qui se précipiteront à Tahiti
pour trouver eux aussi « le pain, le lait, et sans doute le
reste, suspendus aux branches des arbres ».
Mais ainsi que
beaucoup de voluptueux, Chateaubriand par¬
l'impres¬
qui demeure de Tahiti :
lait admirablement de l'amour et de la mort et voici
finale
sion
«Quelquefois,
elle s'assied les
veux
une femme vient gémir auprès du «marae»,
pieds dans la mer, la tête baissée et les che¬
sur
son
visage, les vagues accompagnent les
retombant
sa douleur et
chants de
avec
la voix
Ainsi
ciation
la mort
Dans
dira
voix
sa
compose
saisissante
sentiment
que
la
monte
du
Pierre Loti
ne
le Tout-Puissant
vers
l'Océan
tombeau et celle de
Chateaubriand
encore
vantées
du
Pacifique
merveilleusement
fera
de
l'amour
que
et
».
cette asso¬
:
de
de
celui
reprendre plus tard.
préface du
«
« Voyage en Amérique » Chateaubriand
Les belles habitantes de la Nouvelle Cythère trop
peut-être par Bougainville sont aujourd'hui sous leurs
des puritaines qui vont au prêche, lisent l'Ecri¬
arbres à pain
avec
des missionnaires
l'Ecriture du matin au soir et
ture
méthodistes,
expient dans
trop grande gaîté de leurs mères ».
controversent
un
sur
grand ennui la
On peut naturellement s'interroger sur la nature de ce
sentiment tahitien si vif chez Chateaubriand. On en compren¬
dra
de
l'origine lorsque l'on
l'Université
et
Joseph Joubert dont
ami
nous
Société des
saura
de
que
Fontanes, grand maître
Chateaubriand
parlions il
Études
y a un
lui
fit
instant.
Océaniennes
connaître
�—
Dès
lors
tout
s'éclaire,
365
—
d'autant
que
Chateaubriand dira
«qu'il avait une prise extraordinaire sur le cœur».
Joubert qui inspira et conseilla la publication d'« Ata-
de Joubert
C'est
la
»
«Génie du christianisme». !
et du
Finalement
on
demander si « Chactas » n'est pas
descriptions des paysages de Floride ou
peut se
Tahitien et si les
un
Mississipi — que Chateaubriand ne vit jamais — ne doivent
beaucoup au Tahiti de Joubert.
Le romantisme n'ignorera pas non plus Tahiti. Victor Hugo
écrira dans les « Odes et ballades » la « fille d'O Tahiti ». On
relève des allusions à l'île célèbre dans Alfred de Vigny —
du
pas
Stendhal
et
—
Lecomte de lisle.
1846 et 1847 —
paraissent coup sur coup deux récits — « Taipi » et « Omoo »
dont Fauteur, Hermann Melville, était un authentique mate¬
Vers le
lot
milieu du XlVème siècle
—
en
baleinier.
appartenant à une excellente famille
rien ne semblait destiner à une carrière
littéraire s'était engagé en 1840 sur l'Acunshet, un baleinier
de New Bedford. Il n'était pas dans les habitudes de l'époque
d'embarquer des fils de famille pour leur permettre d'accom¬
plir des croisières. La vie de matelot, surtout de matelot
baleinier, était extrêmement dure et c'est sans doute pour
cette raison que le jeune Melville dix huit mois plus tard
désertait avec un compagnon à l'escale de Nuku Hiva dans
la baie de Tai-ohae. Se trompant d'itinéraire, nos déserteurs
devaient se trouver dans la vallée de Taipivai au lieu de
celle de Happa qu'ils avaient projeté d'atteindre. On les
avait cependant mis en garde contre cette tribu des Tai pi
qui passait pour être la plus féroce parmi ces cannibales.
Gardés prisonniers, mais cependant bien traités, ils ne pourront
apprécier pleinement le charme de ce séjour forcé. La perspec¬
tive d'être tué et mangé malgré les manières avenantes des
Tai Pi, malgré l'aventure sentimentale de Melville avec la
belle Faiaue la fille du chef, est une angoisse qui revient
lancinante «à chaque instant durant un séjour qui lui paraît
interminable. En réalité — les livres de bord en font foi —
il devait se passer à peine un mois entre le moment de sa
désertion de « l'Acunshet » et son embarquement sur un autre
baleinier, la « Lucy Ann » qu'il quittera à son tour — affaire
Hermann
Melville,
de Boston mais
d'habitude
Le
—
que
à Tahiti.
jeune conteur
—
il avait 27
Société des
Études
ans
lorsqu'il écrivit Tai
Océaniennes
�366
—
—
un peu naïf du
longueurs et cer¬
ensemble avait été
vécue par l'auteur. Rien n'y manquait pour séduire le public
y compris l'idylle avec la jeune marquisienne.
Pi
avait
—
arrangé
récit
son
avec
un
art
«suspense». Cependant, malgré certaines
taines exagérations, l'aventure dans son
Inconsciemment Hermann Melville amenait de l'eau au mou¬
de. la philosophie naturiste. Tout comme les « cannibales »
lin
Montaigne, les Tai Pi étaient
de
les meilleurs des hommes.
«
—
à quelques détails près —
là » — devait
On voit bien que
le péché n'a jamais existé non plus
l'âme ». Appréciations qui
aux ligues
puritaines de
la Nouvelle-Angleterre et obliger l'auteur à revoir certains
passages jugés trop évocateurs.
Hermann Melville venait ainsi d'inaugurer la série du ro¬
man
océanien, mélange d'exotisme, d'humour, d'aventures et
de badinage sensuel. Un nouveau genre littéraire naissait tout
à coup dont la fortune allait être extraordinaire.
dire
la
critique
—
«
que la dissociation du corps et de
devaient faire froncer les sourcils
Taipi » constitue une sortie d'illustration de la philo¬
sophie naturiste au XIXème siècle par contre « Omoo » ne
veut être que la relation amusante et pleine d'anecdotes de
joyeux « beachcombers » errant entre Tahiti et Moorea. Ce
genre également aura des imitateurs et connaîtra plus tard
Si
«
succès.
le
jeune aristocrate anglais, lord
Penbrooke,
médecin faisait, au cours d'un voyage au¬
tour du monde, un séjour à Tahiti, aux Iles sous-le-vent et
aux îles Cook. Il devait en
rapporter un livre intitulé « South
Seas bubbles » décrivant avec beaucoup d'humour et de détails
la vie dans les îles, plus particulièrement à la cour de la
vieille reine Pomare IV, que Pierre Loti connaîtra deux
ans
plus tard.
Vers
1870,
accompagné de
un
son
devait séjourner, au
de jours à Tahiti.
Quel que soit le jugement qu'on porte sur cet écrivain, 011
ne
peut qu'admirer avec quel art et quelle sensibilité il a
su
évoquer dans « le Mariage de Loti » l'atmosphère d'un
pays dans lequel il n'avait fait que passer. Les descriptions
Loti
cours
de
alors midship sur la «Flore» ne
de deux escales, qu'une quinzaine
la nuit
de
« maraamu »
à Moorea
ou
de la descente des
pentes de l'Aorai sont frappantes d'un réalisme, poétisé peutêtre, où l'auteur se place déjà au centre du paysage quand
il ne s'assimile pas au paysage lui-même.
Société des
Études
Océaniennes
�—
367
—
furent tout d'abord les
Viaud, médecin de la
Marine, qui avait passé trois ans en service à l'hôpital de
Papeete, ensuite l'ouvrage de Moërenhout. «Voyage aux îles du
grand océan ». qui devait plus tard être largement utilisé
et parfois pillé par d'autres écrivains.
Quant aux charmantes lettres de Rarahu qui recueillirent
tant de succès au point que, selon Madame Adam, il était
On
notes
sait
de
de bon
que
son
ton
les sources de Loti
frère aîné, Gustave
à Paris de terminer sa lettre par «
proviennent directement soit du
pharmacien de la Marine Cuzent.
elles
Tirara parau
»
Dr Nadeaud soit du
arrive à Tahiti sur son
Après avoir séjourné aux Marquises, il
demeurera à Tautira où il commencera à écrire son livre
«In The South Seas». L'auteur de «l'Ile au trésor» séduit
par la mer du Sud où il finira sa vie, écrira comme l'on sait
des pages inoubliables sur les îles polynésiennes et leurs
En
1888, Louis Robert Stevenson
yacht le
«
Casco
».
habitants.
juin 1891, jour même de la
à Papeete Paul Gauguin. Bien
qu'il ait écrit deux livres ce n'est pas comme littérateur
mais bien comme peintre que Gauguin va contribuer à déve¬
lopper considérablement le prestige et la renommée de Tahiti.
Au
mort
du siècle, le 8
Pomare V, débarque
tournant
de
Oeéanie pensant y trouver une
exceptionnelles. Ce qu'il cherchait
avant tout, c'était fuir la civilisation, tout comme les philo¬
sophes naturistes mais il débarquait un siècle trop tard et
sa
déception devait être grande.
Gauguin
lumière
ou
ne venait pas
des couleurs
en
ce qui le décidera à partir pour les Marquises, sans
après avoir lu « Taipi » mais l'époque de Melville était
également révolue là aussi.
C'est
doute
quelque chose de pénible et grotesque à la fois,
fuite de Gauguin devant la civilisation et dans ses
tentatives d'un retour à l'état de nature. Au moment où il
pense toucher au but, il va trouver devant lui les derniers
représentants de la civilisation : le curé et le gendarme.
Il
y
a
dans cette
En 1910 paraît un livre curieux les « Immémoriaux » dont
l'auteur, Victor Ségalen, était un jeune médecin de la marine.
Les « Immémoriaux » sont une reconstitution romancée mais
très documenté du Tahiti ancien en même temps qu'une
fine
étude
psychologique du caractère polynésien.
^
Société des Études Océaniennes
A la même
�368
—
—
époque également Jack London sur le « Snark » parcourait le
Pacifique. Sa relation de voyage devait connaître un très grand
succès et lui rapporter d'ailleurs une fortune. Il raconte d'une
manière amusante sa rencontre à
Papeete avec Ernest Darling
le prototype de ces doux
maniaques appelés « homme nature »
dont on peut rencontrer encore
quelques exemplaires à Tahiti.
Darling devait acquérir certaine célébrité et l'an dernier j'ai
reçu une demande de renseignements sur lui provenant de
Kharkov
Ukraine.
en
Un des derniers défenseurs de la
philosophie naturiste sera
Alain Gerbault. De même que les philosophes du XVIIIème
siècle Gerbault dénoncera « l'influence néfaste de la civili¬
sation sur les populations
indigènes ». Son réquisitoire contre
la civilisation sera aussi sévère
que celui de Orou le Tahitien
de Diderot et il
n'épargnera pas ceux qu'il nomme les « Tra¬
fiquants de marchandises, d'alcool, de lois et de religion ». Mais
Gerbault était lui aussi un utopiste et je
m'en suis assez vite
aperçu lorsque je le rencontrai pour la première fois à
Atuona. Il faut bien reconnaître que le retour à l'état de
nature paraît s'être soldé, à Tahiti tout au
moins, par un
échec. Marc Chadourne et Somerset
Maughan l'ont fort bien
décrit l'un et l'autre
d'Edouard Barnave ».
dans
«
Vasco
»
dans
et
«
La
déchéance
Cependant, les réminiscences de la philosophie naturiste seront
présentes jusqu'à nos jours. Je relève au hasard d'une lec¬
ture
Le
ce
dans
passage
bon
un
ouvrage
récent
d'André Malraux
:
Nous
disparu — le cannibale aussi
savons
que les Tahitiens étaient moins cruels que les sages
disciples de Confucius par qui furent promulgués tant de
«
sauvage
lois atroces
mais
;
car
conscience
a
—
pour
et
nous
maîtrise
la civilisation n'est
de
l'homme
pas
douceur
».
Je pense que cette phrase fait assez bien
situation mais elle remet toute la
question
le point de la
en jeu. Si en
représente pas un idéal de bonheur
nous
voici ramenés à l'époque des «
philosophes nuds » de
la Grèce antique mais sans avoir
l'espoir ni la naïveté de
croire que nous pourrons découvrir à nouveau un « 0 Tahiti »
pour nous consoler.
effet
la
Nous
civilisation
voici
pourrait être
donc
un
ne
arrivés
auteurs
contemporains. Ce
sujet de conférence intéressant et certaine-
Société des
aux
Études
Océaniennes
�—
ment
369
—
car
il paraît tous les ans plusieurs livres en
langues sur Tahiti. Comme on le voit le filon
être exploité.
amusant
différentes
continue
Un
à
de
nistes
disait
»
plan
substance
y
a
dans la
ouvrages
ces
en
il
faisant
amis
mes
critique d'un de
:
«
Ce
quelques années la
« Revue des Océa-
livre
est
écrit
selon
dont nous sommes maintenant
familiers. Tout d'abord, une critique sans pitié de tous ceux
qui ayant précédé l'auteur ont parlé de Tahiti une autre,
relativement aisée de l'administration quelques ragots plus
ou moins
bien rapportés, un vocabulaire tahitien dont chaque
un
et
tient à
auteur
technique
une
faire les honneurs
nous
—
«
maiore, fare, fiu
aita
quelques photographies, bonnes géné¬
est terminé. Un autre genre également
florissant est la conférence avec projections. La conférence
présente certains avantages sur le livre. Tout d'abord, il
n'y a pas de mise de fonds à envisager, ensuite cela permet
de dire une foule de choses qu'on ne pourrait écrire sans
peapea » enfin,
ralement et l'ouvrage
s'attirer
des ennuis
—
Verba volans I
Je m'en suis aperçu en écoutant un de ces personnages
précisément à la salle Pleyel. J'ai rarement entendu autant
d'inepties prononcées sur un ton aussi sentencieux.
Il
y
donc encore de beaux jours pour tous ceux qui
Tahiti, malgré qu'un écrivain connu
talent
mais dont la modestie n'est pas la plus
a
ont à dire ou à écrire sur
et
de
—
grande vertu
«
Avec
rature
mon
—
me
polynésienne
Je m'étais
déclarait il
livre, je mets
fixé
un
y
a
une
quinzaine d'années
point final à toute cette litté¬
».
ce
soir deux buts. Tout d'abord
vous
inté¬
instruire car ce n'est pas
un
cours que j'ai
voulu vous infliger — mais vous permettre
de répondre à tous ceux qui vous diront « La renommée de
Tahiti est exagérée et incompréhensible ». Il faut bien recon¬
naître que si l'on devait donner aux rues de Papeete le
nom
de tons ceux qui ont parlé de Tahiti, la construction
d'une nouvelle ville s'imposerait. Si j'ai pu atteindre ces
deux buts ce serait ma plus grande satisfaction et je vous
resser,
ensuite
remercie
de
—
votre
11011
pas
concours
vous
et
de
toute
votre
attention.
Société des
Études
Océaniennes
bienveillante
�Mia/iaes-
dz 73o?ia-i3o>ia
Par Kenneth P.
Emory
Les maraes de Borabora étaient des
temples de plein air
destines au culte des Dieux ancestraux.
Chaque famille de
quelque importance avait
C'est ce qui explique
répandues sur les riva¬
ges des îles de la Société. On en a jusqu'à présent repéré
plus de quarante dans l'île de Borabora. Il y en avait proba¬
blement le double, ce qui laisserait supposer à
l'époque une
population de 3.000 habitants ou plus. Sur la petite île de
Maupiti (dans l'Ouest de Borabora) plus de soixante maraes
ont été localisés
par les archéologues du Bishop Museum.
La caractéristique la
plus remarquable d'un marae était
la plateforme longue et étroite bordée de dalles
posées sur
champ. Ceci s'appelait le ahu et était édifié à l'extrémité
d'une enceinte rectangulaire délimitée par une bordure de
pierres. Une pierre servant de dossier pour le chef était
placée dans l'enceinte et dans l'axe central. De part et d'autre
étaient placés d'autres dossiers
pour les membres plus jeunes
de la famille. De petites pierres dressées
portaient des effigies
humaines en feuilles de cocotier tressées, représentant des
adorateurs au marae. Derrière la plateforme ahu et dans l'en¬
ceinte, étaient dressées des pièces de bois sculptées, ayant de
lm. 20 à lm. 80 de haut; le sommet était tantôt
fourchu,
tantôt orné de figurines
représentant des hommes ou des
animaux. Elles étaient peintes en
rouge et ornées de pendentifs
en
plumes. De petites offrandes y étaient quelquefois accro¬
chées. Les images ou représentations de leurs Dieux,
en fibre
de coco tressée et décorées de
pendentifs de plumes jaunes et
rouges, étaient conservées dans de petites maisons miniatures,
posées sur des tréteaux devant le ahu. Un autel (consistant
en une table
surélevée) pour recevoir les offrandes d'animaux
était placé dans l'enceinte ainsi
qu'une petite table pour les
son
le grand nombre de ruines de
marae.
maraes
offrandes de fruits et
on
légumes, ou encore un poteau sur lequel
pouvait accrocher les offrandes (noix de coco ou bananes).
Société des
Études
Océaniennes
�ILE
BORABORA
MARAE
Société des
Études
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�ilngté¬eqavuêrbs.
BToaribnp., jdldhduL2oaasmusqnml'éèetveeètrvgràscnt.,ifiaçrpqnlucduisb0,vme5cesattfrog,eldib2'énm0gèitr
(défalçvmauatironee)
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Plan
d3apla5etheforum bdaaslees ldaeennglosbé upyplonacuerr
a,
derieure
été
lisée
�MARAE AEHAU-TAI
Société des
Études
(ANAU)
Océaniennes
�—
Les
371
—
plus importants avaient, dans leur enceinte, une
laquelle étaient conservés les objets sacrés tels
que tambours, conques, batons et vêtements sacrés : les prêtres
et les fidèles y dormaient parfois.
maraes
dans
maison
Pour obtenir la faveur des Dieux
qui étaient des ancêtres
—
des cérémonies
s'y tenaient chaque fois que des entreprises
importantes étaient envisagées, ou chaque fois qu'il était fait
appel aux Dieux en période de maladie ou de danger.
—
de
Le marae étant le lieu de séjour des Dieux avait un caractère
solennité et de sainteté extrêmes. Personne n'aurait osé
s'y aventurer
sans
être membre
ou
invité de la famille et
seulement à l'occasion de cérémonies religieuses. Les
femmes n'étaient pas admises au marae. Il était fait exception
encore
à
règle seulement dans le
où le chef (de famille)
position, elle pouvait occu¬
le siège du chef dans l'enceinte du marae pendant les
cette
était
per
une
femme. En raison de
cas
sa
cérémonies.
Les maraes étaient parfaitement entretenus et désherbés
périodiquement. Ils étaient l'orgueil et la gloire des familles
qui les possédaient et avaient le même rang que ces familles.
En temps de guerre elles pouvaient s'y réfugier et, lorsqu'elles
s'y trouvaient, y jouissaient de l'immunité. Les corps des
ennemis tués étaient enterrés
la famille étaient aussi
soit
dans l'enceinte du
sence
dans le ahu et les membres
de
quelquefois enterrés soit dans le ahu
marae.
C'est
ce
fréquente d'ossements humains
qui explique la pré¬
dans les plateformes
ahu.
Les Maraes accessibles de Borabora.
Bien que
de Borabora soient ou dé¬
en existe cependant un
nombre assez surprenant susceptibles d'être restaurés jusqu'à
un
état voisin de leur aspect primitif ; c'est précisément ce
qui a été fait pour trois d'entre eux, les maraes Taianapa,
Fareopu et Aehautai.
truits
ou
Parmi
la plupart des
en
les
très
ruines
mauvais
de
maraes
état,
maraes
il
les
plus intéressantes, celles
qui sont les plus faciles d'accès sont
:
1°
Maro-te-tini, ou Farerua, à Farepiti.
2° Tai-anapa, sur le versant Sud de la baie de Faanui.
3° Fare-opu, sur le versant Nord de la baie de Faanui.
4° Aehau-tai, sur le rivage du lagon à Anau.
5° Nonohaura, dans l'intérieur, à Anau.
Société des
Études
Océaniennes
�—
372
—
Parmi ceux-ci ;
Àehau-tai ont été
Maro-te-tini a été dégagé. Fare-opu et
dégagés, indiqués par une pancarte et remis
en état.
Taianapa a été dégagé, restauré à partir d'un amon¬
cellement informe, et signalé par une pancarte. Nonohaura
reste à dégager et à restaurer.
Les travaux effectués sur les maraes par l'expédition du
Bishop Museum, sous la direction de Kenneth P. Emory, fu¬
rent accomplis en plusieurs fois, du mois d'Août au mois d'Oc¬
tobre 1963. Ils furent rendus possibles grâce à une aide finan¬
cière provenant de la Société Immobilière et touristique d'Ou¬
tre Mer, hotel Borabora, et de Monsieur Harry Porte, de Soquel,
Californie. Les gens du pays qui firent le travail de débroussage et de restauration appartenaient aux familles proprié¬
du terrain
taires
traînèrent
et
les
hommes dont les
noms
suivent
s'en¬
faire face aux problèmes de res¬
tauration : Rapa Ruarei (Nanua), Tuarae a Vahimarae, Roland
Juventin, Urarii Teahua, Terii Vahimarae et Patiare Haoatai.
Grâce à M. Gaudillot, chef du Service de l'Agriculture et à
M. Edouard Ebb, du Service de l'Agriculture à Borabora, des
mesures ont été
prises pour empêcher les arbres et la brousse
de repousser. C'est Mademoiselle Aurora Natna, Assistante de
Recherches au Musée de Papeete qui rassembla tous les ren¬
seignements concernant les noms, limites et les propriétaires
en
équipe
pour
des terrains.
1.
—
Le
Marae Maro-te-tini.
Marae
Maro-te-tini appelé aussi Farerua ou Farepiti,
plus grand des maraes de Borabora et était réputé,
car il était
devenu le temple national de la région Ouest de
Borabora. Il se trouve à l'extrémité de la pointe Mautau,
appelée maintenant Farepiti, autrefois consacrée aux Dieux.
Ceux qui venaient y prier faisaient f'ace à l'Ouest et à la
seule passe du lagon.
était
le
Maro-te-tini signifie Fort-la-multitude et Fare-rua signifie
double-maison faisant allusion à l'union de deux familles.
Les traditions relatives
à ses origines sont contradictoires,
qui parait certain, c'est qu'il fut fondé il y a Iplus de
quinze générations par un membre de la famille régnant à
l'époque de l'arrivée des premiers Européens et que le chef
était investi du pouvoir sur ce marae, en revêtant une ceinture
de plumes jaunes connues sous le nom de maro-tea.
mais
ce
Ce
de
marae avait des
points communs avec le marae national
Taputapuatea à Opoa'Raiatea, où était revêtu le maro-ura,
Société des
Études
Océaniennes
�—
373
—
la
ceinture de plumes rouges insigne du chef suprême. Les
plateformes ahu de l'un et de l'autre semblent avoir préci¬
sément la même longueur et la même orientation. L'on
prétend
qu'ils furent tous deux édifiés à partir d'une pierre prélevée
sur un marae
plus ancien appelé Vaiotaha.
A Bora,bora, à Papatea district de Tiipoto se trouvent les
vestiges d'un petit marae appelé Vaiotaha, qui, de tradition,
était le marae le plus ancien de l'île. Malheureusement, seules
quelques pierres indiquent maintenant son emplacement.
La
plateforme ahu du marae Maro-te-tini avait de 40 à 50
longueur environ 3 m. 50 de largeur et les grandes
dalles dressées ont environ 3 m. 20 de hauteur et de largeur
sur un mètre
d'épaisseur. De toutes ces dalles deux seulement
sont encore debout. Il est probable que
la destruction de ce
marae n'est
pas seulement due à la croissance des arbres ou à
mètres de
des
raz
de
marée, mais aussi à
une
violation intentionnelle à
l'époque où l'ancienne religion fut abandonnée. Une grande
partie de ces dalles pourrait être relevée, rendant ainsi à ce
marae un
peu de sa splendeur passée.
L'effondrement des dalles de la
ter
que
celui de
façade a permis de consta¬
le marae était construit de la même manière que
Taputapuatea à Raiatea.
Tout d'abord
une
sur
une petite
plateforme ahu fut construite avec
façade de dalles solidement enfoncées dans le sol et c'est
ces
dalles que vinrent s'appuyer les grandes dalles exté¬
rieures.
Vers
l'intérieur, en partant du ahu, les limites de l'enceinte
indiquées par les vestiges d'un mur. Encore plus loin,
on
peut voir les limites d'une large cour, et les ruines d'une
maison de 5,50 par 10 mètres grâce aux pierres périphériques
sont
de basalte et de corail solidement enfoncées dans le sol. Ceci
devait être soit la maison des prêtres, soit l'emplacement du
fameux Fare Àrioi, maisons des Amuseurs ; nous savons en
effet, d'après la tradition, qu'elle devait se trouver quelquepart sur ce terrain.
Au
Sud du marae,
les vestiges
à
l'ombre de tamanu majestueux,
se
de deux tombes royales édifiées pour
Tapoa et d'autres membres de la famille royale, pendant le
siècle dernier. Elles furent vidées de leur contenu il y a long¬
temps, par crainte de vandalisme, et les restes enterrés dans
la colline derrière la pointe.
trouvent
Société des
Études
Océaniennes
�—
2.
—
Marae
374
—
Taianapa.
Marae de
celle
Ce
ment
Taianapa, sur le terrain Te-niu te-tahuarere (par¬
274), district de Faanui.
était caché
marae
était
dans les broussailles et son emplace¬
de quelques personnes à Bora-
seulement
connu
Bora.
Son emplacement fut indiqué eu 1960 à Kenneth P.
Emory, de l'Expédition Archéologique du Bishop Museum, par
quelqu'un qui l'y conduisit, bravant la croyance que toute
personne
rendant
se
sur
ce
marae
contracterait sûrement la
lèpre.
Bien que
l'histoire de ce marae ne soit pas parvenue jusqu'à
il porte le même nom qu'un marae de Tahaa construit
par une cheffesse de Bora-Bora dont la renommée fait partie de
la tradition ; elle s'appelait Unutea et vivait il
y a 22 généra¬
tions, aux environs de l'année 1400, d'après une généalogie
nous,
de Bora-Bora.
Ce
de Bora-Bora fut très
probablement
fréquente de donner le même
nom
à des marae auxiliaires que l'on édifiait dans d'autres
îles. Taianapa signifie mer étincelante.
le
sien,
car
marae
c'était
une
coutume
En Septembre 1963, le propriétaire du terrain, Rapa Ruarei
(connu sous son nom de mariage de Nanua) donna avec plaisir
l'autorisation de le dégager de la brousse. Ce travail une fois
fait, on constata qu'il s'agissait d'un marae imposant et de
grandes dimensions ; la plateforme ahu avait 35 mètres de long,
3 mètres de large et beaucoup des dalles de
grès avaient 2
mètres de haut. Toutes les dalles de la façade sauf deux étaient
renversées, et, pour la plupart, brisées, enterrées et recouvertes
par des racines ; on jugea, cependant, qu'il était possible de
les dégager et de les relever.
Du
ciment
fut
utilisé
pour recoller les morceaux brisés.
signalisation de ce marae a représenté
19 jours de travail avec une équipe de 6 hommes et a coûté
30.000 Francs. C'est le premier marae dans les Iles Sous le Vent
à avoir sa principale structure reconstruite.
La reconstruction
et
la
Seize dalles constituent la façade. Ce sont des blocs de corail,
taillés dans le récif, sauf la dalle centrale qui est en basalte,
il y a
des
vides dans cette façade, dont les plus impor¬
des dalles. La dalle la plus
importante, la quatrième en partant de la gauche, mesure
2 m 20 de haut, 2 m de large, et 30 cm
d'épaisseur. On la
retrouva brisée en cinq morceaux. La façade arrière de la
tants
espaces
devaient être occupés par
Société des
Études
Océaniennes
�375
—
—
plateforme ahu était constituée de 23 dalles taillées dans le
Toutes s'étaient à peu près effondrées sous la poussée
de la terre provenant des pentes voisines, et amenée par les
pluies. Beaucoup de ces dalles étaient aussi de grandes dimen¬
sions et se trouvaient profondément enterrées dans le sol.
La plateforme avait été à l'origine comblée avec des petites
pierres et de la terre jusqu'à une hauteur de un mètre. La
plupart de ces pierres avait été enlevée pour construire un
mur
derrière le ahu. En reconstruisant le ahu, l'on prit soin
de ne pas le remplir à la hauteur passée, ceci pour laisser
apparaître une rangée de petites dalles de corail, située à
récif.
un
mètre du
que
l'on
qui
se
mur
arrière et s'étendant
sur
14 mètres. Il semble
trouve en présence de ruines d'un ahu plus petit,
se
trouvait déjà là lorsque fut construit le ahu actuel.
De nombreux
verts
fragments d'ossements humains furent décou¬
remplissage du ahu, comme on peut s'y attendre
maraes plus
importants. Il s'agit peut-être d'ossements
sous
dans les
le
d'ennemis tués, ou de sacrifices humains, ou encore de mem¬
bres de la famille ayant été enterrés dans des caveaux à
l'intérieur du ahu.
L'enceinte
devant et
de
ce
rnarae
s'étendait
sur
20
mètres
sur
le
la
pente du terrain. Sa limite est indiquée par
une
bordure de pierres. Sus sa pins grande étendue, cette
enceinte était pavée de pierres de taille moyenne. Celles-ci
avaient été enlevées en grande partie pour être utilisées à
la construction d'un mur récent, édifié sur la face Ouest.
Ce mur fut démoli pour permettre de dégager deux des dalles
du ahu qui se trouvaient sous ce mur (la troisième et la qua¬
trième à partir de la droite) et aussi pour construire un
pavage
L'ahu
Ouest
;
sur
large de 3 mètres le long de la façade du ahu.
axé
est
environ 102°
3.— Marae
Ce
longitudinal ement approximativement
— 232°. Fig. I et photo 1.
Est
Fare-opu.
de taille moyenne, qui
donne son nom à la terre
d'histoire dans la tradition
locale. Toutefois la terre s'est transmise, dans la famille qui
en
était propriétaire, jusqu'à Teihotuiterai a Ma'i, descendant
du grand chef Ma'i qui régna à une certaine époque sur une
partie de Bora-Bora. Le propriétaire du marae ne se contenta
pas de donner volontiers son accord pour la reconstruction des
sur
marae
laquelle il est situé, n'a
Société des
pas
Études
Océaniennes
�376
—
raines
du
Ce
—
mais contribua lui-même activement aux
devait avoir pour le moins,
rang de marae
raatira, c'est-à-dire marae de famille noble.
travaux.
marae
marae
Le ahu de 25 mètres de
long se trouve sur une plateforme
empierrée qui longe le rivage du lagon. Le périmètre de cette
plateforme peut encore être facilement tracé. Ses deux extré¬
mités forment une courbe vers
l'extérieur, caractéristique que
l'on peut observer sur d'autres maraes de Bora-Bora et de
Maupiti. En 1925, lorsque Kenneth P. Emory fit un plan de
ce marae, il
manquait au moins dix dalles de la façade côté
lagon et plusieurs également sur la façade opposée. Il est
possible qu'elles aient été enlevées au début du dix neuvième
siècle par le missionnaire J. M. Orsmond
pour la construction
de la jetée de Vaitape. En 1960, une de
ces dalles de la
façade arrière était tombée ainsi que plusieurs sur le devant.
Deux dalles du devant avaient eu leur
partie supérieure brisée
et enlevée. Ces destructions eurent
probablement lieu lorsque
les soldats américains stationnés à
Bora-Bora, ignorant la
nature de ces ruines, se mirent à les casser
pour se procurer
des pierres, avant
que le propriétaire n'ait eu le temps d'inter¬
venir.
Lorsque le marae fut dégagé en septembre 1963, les
dalles tombées furent redressées.
Cinq images grossières de tortues (pétroglyphes) avaient
gravées aux temps anciens sur une des dalles du centre et
deux images semblables sur une dalle à l'extrémité Ouest. La
tortue était une nourriture sacrée
pour les Dieux. Des images
été
similaires
ont
été relevées
dalles de
des
sur
marae
à Raiatea
Huahine.
à
et
La route de ceinture
mais
le pavage
1.
—
Le
unes
Marae Aehau-tai.
marae
mieux
se
passe à travers l'enceinte du marae,
des pierres plates qui en constituaient
sont encore visibles. Fig. II.
quelques
Aehau-tai, situé
la terre du même
sur
de tous les
trouve à l'extrémité d'une
conservé
maraes
de
plateforme
nom, est
Bora-Bora.
en
Son
le
ahu
bordure du lagon.
On y accède par un sentier de 180 mètres de
long, partant
de la route qui traverse la crête dominant le côté Nord de la
baie Anau. En 1925 Kenneth
nom
des
de
Emory donna à
Te-marute-aoa, mais
habitants. Un
vieillard
s'appelait Amininave.
Société des
du
en
1963
ce
nom
ce
marae
le
était inconnu
village de Anau déclara qu'il
Études
Océaniennes
�—
377
—
façade du ahu est constituée de dalles de calcaire d'une
assez régulière de 1 m 20 environ, qui ont été soigneu¬
La
hauteur
taillées
sement
sur
bien s'ajuster les
les côtés pour
unes aux
autres.
découverts dans le
remplis¬
du ahu lorsqu'on sortit des pierres de corail pour redres¬
ser
les dalles de la façade côté lagon, qui penchaient vers
l'extérieur. Il s'agissait d'ossements d'hommes, de femmes,
et d'enfants. Les pierres de pavage de l'enceinte, située vers
l'intérieur, ont été presque toutes enlevées. Une pierre dressée
et une petite tombe délimitée par de petites, minces dalles
de corail, se trouvent dans l'enceinte.
De
nombreux
furent
ossements
sage
Au
début
trouve
un
du
conduisant
sentier
au
marae
Aehau-tai
marae dont le ahu a 24 mètres
mauvais état. Il est toutefois le seul
petit
de long
se
;
il
qui possède
encore, à leur place, le siège et le dossier du prêtre. Ce marae
s'appelait Fare-ura et le terrain sur lequel il se trouve Fareura-i-aehau. Fig. III.
est
5.
Marae Nonohaura.
—
Ce
et
assez
en
marae
Atihopu
Anau
et
;
se
trouve
à cheval
il est situé
au
environ à 300 mètres
d'une
deux terres
appelées Aore
fond de la baie très découpée de
sur
à l'intérieur des
terres
sur
le
colline
qui domine la baie. C'est le marae le
plus grand et de plus haut rang dians l'Est de l'île.
sommet
La
longueur de sa plateforme ahu (35 mètres) est la même
celle du marae Taianapa, sur l'autre versant de File ;
toutefois les dalles de la façade sont plus hautes et ont été
choisies avec plus de soin pour leur poli et leur régularité et
ont été mieux ajustées ensemble. En tant que situation, cons¬
truction et dimensions, c'est le plus beau marae de Boraque
Bora.
Les grands banyans qui y poussent l'ont considérablement
endommagé et de nombreuses dalles sont renversées. Cette
destruction, due à la croissance des arbres pourrait évidem¬
ment
et devrait
être arrêtée et accompagnée d'une
remise eu place des dalles tombées, comme cela a été fait
pour le marae Taianapa.
—
—
Il existe une généalogie de Bora-Bora qui remonte à 19
générations à partir de 1900 (c'est-à-dire jusqu'à l'an 1425
environ) jusqu'à un certain Te-po-i-te-atua " de Anau, terre
de
Atihopu,
marae
de Nonohaura ".
Société des
Études
Océaniennes
�RAPPORT PRELIMINAIRE DE L'EXPEDITION
DU BISHOP MUSEUM AUX ILES DE LA SOCIETE
Découverte
et
fouilles d'un site funéraire
à
Kenneth P.
préhistorique
Maupiti
Emory, Juillet 1963
Le site funéraire ancien
que l'Expédition du Bishop Museum
îles de la Société vient tout récemment de mettre inté¬
aux
gralement au jour, a fourni des renseignements de la plus
importance pour la préhistoire de la Polynésie Orientale,
et pour la Polynésie toute entière. Ce site remonte nettement
à une époque antérieure à tout ce
que nous connaissons sur les
îles de la Société, et il a fourni des objets ouvrés en nombre
suffisant pour nous permettre d'être pleinement fixés sur
la nature des herminettes, hameçons et ornements de cette
période. Il nous est maintenant possible de faire des compa¬
raisons entre cette culture et la culture historique et de dire
que la période intermédiaire dans ses formes de transition,
est postérieure
à la période primitive et antérieure à la
période historique. En d'autres termes, nous sommes main¬
tenant en mesure de commencer à définir une
période inter¬
haute
médiaire.
Du site de
Maupiti ont été extraites six formes d'herminetcontemporaines dont les différences sont fonctionnelles.
Nous avons vu ces mêmes formes d'herminettes comme
spéci¬
mens
rares
dans d'importantes collections d'herminettes des
îles de la Société, et, à l'exception de l'une d'elles,
également
dans une collection des îles Marquises. Ce n'est toutefois
qu'à partir des fouilles de Maupiti que nous avons pu les
reconnaître avec certitude comme des types fonctionnels
appar¬
tenant à la période
la plus ancienne. La même constatation
peut être faite pour les hameçons et les ornements. Nous
en
avions vu, bien qu'à de très rares exemplaires, provenant
de groupes d'îles en dehors de
l'archipel de la Société, et
nous
commençons maintenant à trouver des hameçons sem¬
blables en d'autres points dans les îles de la Société. Nous
tes
Société des
Études
Océaniennes
�—
trouverons
sans
aucun
maintenant que nous
leur aspect.
Les
379
—
doute ailleurs des ornements
avons pu
comparaisons d'herminettes révèlent
culture
forme
des
îles
de
la
Société
semblables,
familiariser les indigènes
que
connaissait
et
avec
cette ancienne
utilisait
cette
Samoane-Tongienne, quadrangulaire, sans tranchant, avec une base plus large que la face,
fournissant ainsi la preuve de l'existence d'un courant ancien
de civilisation, se dirigeant de la Polynésie Occidentale vers
la Polynésie Orientale. La forme primitive de l'hameçon à
bonite des îles de la Société, indique que son origine directe
est la Polynésie
Occidentale, ou un hameçon similaire est
typique d'herminette
encore
en
C'est
usage.
ainsi
que les fouilles de Maupiti nous donnent le
premier cadre solide pour une reconstruction de la préhistoire
de la Polynésie Orientale. Pour en arriver là, il a fallu plus
de trois ans de recherches suivies. Sans tous les fonds qui
ont été mis à notre disposition et utilisés, sans tous les con¬
cours
que nous avons recherchés pour nous aider dans une
aussi vaste entreprise, il est douteux que nous eussions pu
tendre un filet assez grand pour nous permettre de trou¬
ver
l'indice menant au site, et que nous eussions pu pour¬
suivre avec succès. Ainsi que chacun pourra s'en rendre compte
à la lueur de ce qui suit, le fil conducteur était exces¬
sivement tenu. Si l'un quelconque des maillons, dans l'en¬
chaînement des événements qui nous conduisit à cette fouille
ne
s'était pas présenté à un certain moment et d'une cer¬
taine manière, il est plus que probable que le site funéraire
de
Maupiti, qu'aucune marque extérieure ne signalait, gar¬
derait encore aujourd'hui tous ses secrets sous sa couche
de corail et de gravier ; et nous serions encore là, tâton¬
nant vers le but. A ceux qui travaillèrent avec nous, il parut
vraiment
que
les esprits de leurs ancêtres venaient à notre
aide.
En mai 1962, à notre arrivée à Papeete, on remit au Dr.
Yosihiko Sinoto et à moi-même, une herminette et deux pen¬
dentifs de dents de cachalot que Bruno Schmidt venait d'amener
de
Maupiti. Schmidt était infirmier à Maupiti lorsqu'en 1960
nous
les
fîmes
sa
connaissance et connaissait notre désir de voir
objets ouvrés susceptibles d'être trouvés dans le sol.
Nous nous aperçûmes aussitôt que l'herminette et
dentifs étaient de formes similaires à ceux que l'on
Société des
Études
Océaniennes
les
pen¬
enterrait
�—
avec
les premiers occupants
380
—
Polynésiens de Nouvelle-Zélande,
différents de leurs équivalents de la période historique de
Nouvelle-Zélande ou de la Société. Dès que ce fut possible, le
Dr. Sinoto se rendit donc sur l'emplacement où ils avaient été
et
trouvés
creusant
pour la pose d'un poteau. Lorsque
jour, deux autres herminettes apparu¬
rent, ainsi que quatre hampes d'hameçons à bonite en nacre.
La forme de ces hampes était semblable à celle de leurs imi¬
tations en pierre, trouvées avec les restes des
premiers occu¬
pants de Nouvelle-Zélande. Toutefois deux des herminettes
n'étaient pas identiques aux formes d'herminettes Maories ;
elles semblaient appartenir à une période antérieure. A côté
du squelette de Maupiti se trouvait une pointe d'hameçon à
bonite semblable aux anciennes pointes Maories et
quelques
ossements provenant d'un autre squelette. C'est ainsi
que nous
le
en
trou
un
squelette fut mis
au
eûmes la certitude d'avoir trouvé à
plus
était
était
Maupiti la preuve que la
ancienne culture Polynésienne de la Nouvelle-Zélande
originaire des îles de la Société, et que le site de Maupiti
antérieur à la migration en Nouvelle-Zélande.
L'occasion de reprendre les recherches sur le site de l'îlot
Pae'ao à Maupiti ne se présenta pas avant mai 1963. La ques¬
tion d'une autorisation écrite
légale des propriétaires du terrain^
pouvoir y faire des fouilles ou procéder à l'enlèvement
objets ouvrés fit l'objet d'une première visite en août 1962,
pour
des
d'une
et
autre
en
1963.
Ceci
amena
un
retard
considérable
dans la poursuite
que nous
en
des fouilles du site, de loin le plus ancien
eussions rencontré depuis le début de nos recherches
1960.
Le 22 mai 1963, nous commençâmes les fouilles, en vue de
s'il s'agissait d'un site funéraire de la période
déterminer
ancienne, et, dans
ce
cas,
d'en déterminer les limites et le
Avec sept indigènes, nous suivîmes un plan de tran¬
chées et de puits de sondages devant nous permettre de décou¬
contenu.
vrir à coup
alors
dans la
ou
sûr toutes les sépultures existant dans le terrain,
indiquer la présence de sépultures possibles
terre contiguë.
de
nous
Le premier jour,
vâmes
à
nette de
ture.
Elle était encastrée dans
cocotier,
A
ce
après deux heures de travail, nous trou¬
vingt centimètres de la surface une grande hermitype ancien, à 8 m 50 à l'Ouest de la première sépul¬
avec
moment
une
masse
de fines racines de
l'apparence extérieure d'un tubercule d'igname.
on
nous
apprit qu'un autre paquet de racines
Société des
Études
Océaniennes
�—
381
—
près de la première herminette et jeté dans
l'un de nos nouveaux ouvriers. L'ayant retrouvé,
nous
constatâmes qu'il contenait une autre herminette de
grande taille et de type ancien.
avait été déterré
la brousse par
le lendemain 23 mai et les
raison de la tragédie survenue au bateau à
moteur " MANUIA " qui deux fois par mois, relie Maupiti
au reste
du monde. Ce navire, pris dans une immense vague
alors qu'il entrait dans la passe, chavira sur le récif et ses
Les fouilles furent interrompues
jours suivants
en
46 passagers
furent précipités les uns dans le rapide courant
passe et les autres dans les grands rouleaux
brisant sur les récifs ; six jeunes gens et une femme seule¬
ment parvinrent à rejoindre la côte alors que parmi ceux
jetés à la mer, un homme, trois enfants et onze femmes pé¬
rissaient, les autres étant recueillis par les pirogues venues
qui sort de la
à leur
secours.
Lorsque nous reprîmes les fouilles, un squelette d'homme
allongé apparut à une profondeur de 30 centimètres, et à
1 m 50 des herminettes. Il avait une herminette sur la poitrine
et deux pendentifs de nacre polie sur le bassin. A proximité
se
trouvait un pendentif en dent de cachalot qui avait dû
rongé par un rat, et apparemment éloigné de la sépulture.
Un autre squelette d'homme, plus proche de la surface et très
abîmé par les travaux d'une plantation de pastèques fut mis
être
jour à 1 m 50 au Sud du précédent. Aucun objet funéraire
se trouvait
auprès de ce squelette, mais une belle hampe
d'hameçon à bonite en nacre fut trouvée à quelque distance.
au
ne
au bout de neuf jours, quand
acquis la certitude qu'il n'y avait plus de sépul¬
les environs immédiats. Nos recherches sur ce
Les fouilles furent arrêtées
nous
eûmes
tures
dans
appelé Tetiare furent achevées le 5 juin et nous
sépultures avec du sable blanc, les mar¬
quant de pierres tombales.
terrain,
comblâmes les deux
apparaissait maintenant clairement que si ce site
plus grand il se serait étendu jusqu'à la
terre contiguë de Pae'ao qui a donné son nom à l'îlot. Heu¬
reusement, nous pûmes obtenir l'autorisation des propriétaires
pour y faire des fouilles de sondage. En délimitant la terre
de Tetiare, nous avions appris que la sépulture ouverte l'année
dernière n'était pas sur le terrain de Tetiare mais juste audelà des limites sur le terrain de Pae'ao ; ce qui aurait créé
pour les propriétaires de Tetiare ainsi que pour nous-mêmes
Il
nous
funéraire
avait été
Société des
Études
Océaniennes
�—
mie
de
sur
382
situation fort embarrassante
Pae'ao nous auraient refusé
leur terre.
—
cas
ou
les propriétaires
l'autorisation de travailler
au
Le 6 juin 1963, nous commençâmes à creuser à Pae'ao. Au
bout de 2 jours nous eûmes la joie de
trouver une herminette,
hampe d'hameçon de type ancien en nacre et le crâne
squelette allongé. Nous pouvions dès lors penser que le
site de sépulture s'avançait assez loin dans le terrain de Pae'ao.
Le troisième jour, nous fîmes plusieurs
découvertes signifi¬
catives. Nous dégageâmes un bloc de basalte carré de 30 cm de
long qui avait été placé dans le sol. A l'origine il devait
être tout juste visible à la surface du sol comme
point de
repère. Bien qu'à peu près placé sur la limite actuelle entre
Tetiare et Pae'ao, nous supposâmes qu'il devait indiquer le
centre du lieu de sépulture. Sur ces bases, nous nous mîmes
à fouiller entièrement le terrain autour du
repère et fîmes
aussitôt de remarquables découvertes d'objets ouvrés et de
sépulture. A la base de cette pierre se trouvaient sept petits
ornements de dents de cachalot. Nous
éloignant de la pierre,
nous tombâmes sur un
hameçon d'une seule pièce appartenant
à cette époque reculée, le seul de son espèce connu à ce
jour.
Cela nous confirma dans l'opinion que certains hameçons
d'une seule pièce trouvés dans ces terrains sans leurs pointes,
appartenaient à cette période parce que la forme de leur
partie supérieure était la même que celle des hameçons anciens
de Nouvelle-Zélande. Nous savions maintenant
que la forme
de la pointe était semblable à celle des hameçons anciens de
une
d'un
Nouvelle-Zélande.
Au bout de
dix jours
de fouilles, nous avions épuisé les
site. Dans ce nouveau périmètre, nous avions
découvert deux squelettes masculins adultes avec les herminettes
enfouies à leurs côtés, ainsi que le squelette d'un
enfant avec deux grands pendentifs de dents de cachalot
et une plaque de nacre sur la
poitrine. L'un des squelettes
d'adulte était celui d'un homme assez âgé couché sur le côté
et
faisant face au squelette d'une jeune femme. Entre les
deux et au-dessus se trouvait le squelette d'un enfant. Les
trois crânes étaient réunis. Il était évident qu'ils avaient
dû mourir en même temps probablement d'un empoisonnement
dû à un poisson. Nous avions également exhumé deux sque¬
lettes d'adultes qui se trouvaient dans une position accroupie,
tous deux ayant des
caractéristiques féminines bien définies ;
l'un d'eux avait deux petits pendentifs et une grande hermisépultures
sur ce
Société des
Études
Océaniennes
�—
nette
enfouis
dents de
minette
avec
lui,
383
—
contemporaine
aux
grands pendentifs de
pendentifs et cette her-
l'autre deux
cachalot très pointues. Ces
situaient ces inhumations à
une époque à peu près
cinq autres inhumations dont il vient d'être
Toutefois, quatre autres squelettes, dont trois
masculins, avaient été enterrés dans la position
couchée, et la face contre le sol au lieu d'être sur le dos.
Aucun de ces derniers n'avait d'objets funéraires avec lui
mais ils présentaient une certaine analogie avec les autres en
ce
qu'ils étaient tous orientés de la même manière, c'est à
dire en direction Nord-Est Sud-Ouest. Toutefois ces sépultures
étaient sans aucun doute plus récentes que les autres car les
ossements étaient mieux préservés et l'un d'eux avait été
enterré par dessus l'un des squelettes accroupis. Nous avons
également mis au jour le squelette d'une jeune femme dans
une
position accroupie, mais sans aucun objet ouvré pour
nous permettre de discerner à quelle époque il pouvait appar¬
tenir. Le 20 juin 1963, certains d'avoir entièrement exploré
ce
terrain de sépultures, nous comblâmes les fouilles, recou¬
vrant les sépultures de sable et les marquant d'une pierre
fait
mention.
certainement
tombale.
Pour
caractériser la
culture
de cette
période,
en
plus des
renseignements sur les méthodes d'inhumation de quinze indi¬
vidus, dont dix appartenaient certainement à l'époque la plus
ancienne connue, ces fouilles mirent au jour dix neuf orne¬
ments de dents de cachalot, dix hampes d'hameçons à bonites
en
nacre, une pointe d'hameçon, un grand hameçon d'une
seule pièce, quatorze herminettes et quatre pierres fétiches.
-
Société des
Études
Océaniennes
�Un Souvenir Tahitien de la
Traiie des oiseaux noirs "
(1)
Dans
un
article récemment paru dans ce journal, Michel
(2) attire l'attention sur l'importante proportion d'im¬
migrants provenant d'îles extérieures à la Polynésie française,
et que l'on trouve dans les
généalogies des habitants du terri¬
toire. Cette importante
proportion m'avait également frappe
au
cours
de recherches faites dans le district de Paea
(3).
Dans les généalogies des familles de Paea, on trouve des
représentants des îles Hawaii, Samoa. Cook, Gilbert, Nouvelle
Calédonie ainsi que de nombreux Européens, Chinois, et
égale¬
ment quelques Noirs,
Japonais, Indiens et Philippins.
Panoff
11 serait nécessaire de faire
une
récapitulation de l'Histoire
pouvoir expliquer comment et pourquoi ces
étrangers " ont été amenés à figurer dans des généalogies
Tahiti
de
"
pour
Tahitiennes.
Il
est
toutefois
possible de donner ici un renseignement
façon dont un natif de l'île Niue vint à
figurer dans l'histoire d'une famille de Paea.
intéressant
sur
la
Je fus
longtemps perplexe sur la généalogie d'un des
familiaux les plus importants que je rencontrai au
pes
de
mes
travaux
à
Paea.
L'un des ancêtres de
cette
grou¬
cours
famille
était
originaire d'une île dont l'identité était douteuse ; quel¬
uns de ses descendants pensaient qu'il était originaire
de Rapa, d'autres qu'il venait de Raiatea, d'autres encore
n'avaient aucune opinion précise. Finalement une femme
âgée
donna sa version du mystère. D'après elle, cet homme était
originaire de Niue, petite île Polynésienne située à plusieurs
ques
(1) Traduction littérale de
«
blackbirding
»
mot utilisé exclu¬
sivement pour la traite des canaques et en conséquence, réser¬
vé à l'Austral asie.
(2) Panoff 1962, pp. 129-135.
(3) Grâce à une bourse de Santé Publique de l'Institut Na¬
tional
des
de Santé Mentale ; ces recherches
transformations socio-économiques.
Société des
Études
concernaient
Océaniennes
l'étude
�385
—
—
de kilomètres dans l'Ouest de Tahiti, près des îles
Tonga. 11 serait arrivé il y a environ un siècle en Polynésie
française, après avoir été capturé par un navire " ramasseur
d'oiseaux noirs " comme on les appelait à l'époque.
milliers
Voici la traduction de
«
Il était
son
récit
:
originaire de Niue. Un jour un navire arriva pour
emporter des hommes, pour voler
des hommes,
car
c'était
un
qui vole des hommes» (pahi 'ia ta'ata). Une fête fut
organisée à bord, à laquelle les hommes de Niue furent conviés.
Ceux qui s'y rendirent furent jetés dans la cale et le navire
appareilla pour Rapa. Là, notre ancêtre demeura jusqu'à l'arri¬
vée d'un navire venant de Tahiti. Engagé comme marin sur ce
navire, il vint à Tahiti, puis s'en fut plus tard à Raiatea où
il épousa une fille du pays. Plus tard ses deux fils vinrent
travailler à Paea sur la plantation de Tati Salmon. Ils se
marièrent tous deux à Paea et leurs descendants s'y trouvent
«navire
encore ».
Tahiti ait été apparemment épargné par les raids
Bien que
bateaux de traite qui parcoururent
milieu et la fin du dix-neuvième siècle, la
fense de Niue fut l'objet de nombreux
traite. C'est ainsi qu'en 1861 et en 1863
des navires qui emportèrent plusieurs
de
le Pacifique
vers
le
petite île sans défen-
raids de navires de
l'île fut assaillie par
centaines d'indigènes
pour les faire travailler au Pérou ou sur les îles de guano de
ce pays (4).
On rapporte également qu'en 1868, l'infâme pirate
Bully Hayes captura à Niue un certain nombre d'indigènes
qu'il conduisit à Tahiti où il aurait vendu « la totalité de sa
cargaison au plus fort enchérisseur », ou, comme il le déclara
en termes
choisis, «au planteur qui lui paierait la plus forte
somme
pour le transport de ses passagers ». (5).
Il est difficile de dire si l'homme de Niue dont nous
relatons
quelconque dans ces rafles d'esclaves ;
peut-être fut-il capturé par un navire de traite Péruvien qui
se
perdit à Rapa, sur le chemin du retour. Peut-être aussi
s'agit-il du récit fantaisiste d'un homme de Niue amené à
l'aventure
eut
un
rôle
(4) Smith 1903, pp. 20-21 ; Loeb 1926, p. 43.
(5) Thompson 1902, p. 83. Mentionné également par Smith
1903, p. 21 et Dunbabin 1935, p. 226.
-
Société des
Études
Océaniennes
�386
—
—
Tahiti par Bully Hayes. Quelle que soit sa véritable histoire
cette
anecdote indique néanmoins qu'il demeure, chez les
Tahitiens,
«
certains
oiseaux noirs
souvenirs
de
l'époque de la traite des
».
Bibliographie.
Dunbabin, Thomas (1935) : Les marchands d'esclaves des
du Sud Sidney, Angus et Robertson.
mers
Loeb, Edwin M. (1926) : Histoire et traditions de Niue. Hono¬
lulu, Bernice P. Bishop Museum Bulletin 32.
Panoff, Michel (1962) : « Mariage et résidence dans trois dis¬
tricts de la Polynésie française. » Bulletin de la Société
des Etudes Océaniennes. N° 140, Tome XII (N°
3), pp.
129-135.
Smith, S. Percy
Part
No.
IV.
45,
»
pp.
(1903)
Journal
« Les îles Niue et leur population,
of the Polynesian Society. Vol. XII,
:
1-31.
Thompson, Basil C. (1902)
:
L'île Sauvage. London, John Mu-
ray.
Ben
Université
Santa
Société des
Finney
de
Californie
Barbara.
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fois pour toutes. (Article 24 du RègleBulletins N° 17 et N° 29).
se
une
continuera
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être adressé,
quand bien
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même il cesserait
plus à se préoccuper de l'envoi ou
cotisation annuelle, c'est une dépense et un
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sa
souci de moins.
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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2605-8375
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 146-147
Description
An account of the resource
Littérature - Le mirage et l'exotisme tahitien dans la littérature (H. Jacquier) 357
Archéologie
- Maraes de Bora-Bora (Kenneth P. Emory) 370
- Rapport préliminaire de l'expédition du Bishop Museum aux Iles de la Société. Découverte et fouilles d'un site funéraire préhistorique à Maupiti (Kenneth P. Emory) 378
Histoire - Un souvenir tahitien de la « Traite des oiseaux noirs » (Ben Finney) 384
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Société des Études Océaniennes (SEO)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1964
Date de numérisation : 2017
Relation
A related resource
http://www.sudoc.fr/039537501
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
1 volume au format PDF (40 vues)
Rights
Information about rights held in and over the resource
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Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)