-
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9516c66a5c41cb3acfe1f15d2833de87
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ULLETI
LA
DE
Société des Etudes Océaniennes
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I.Eiao où Masse
I.
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(1260®)
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LKotaneouSanPi
(1000H1)
(5,o™)
ARCHIPEL
DES
Bf </0* Viergt
MARQUISES
I.Fatuhiva.ou de la Madeleine,
(«O
N°
141
-
XII
TOME
DÉCEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
—
Ethnologie
Astronomie
—
PAPEETE
et
Océanographie
—
4)
1962
Institutions et Antiquités
Littérature
(N°
—
Philologie
des Populations Maories
Folklore
—
IMPRIMERIE
Sciences naturelles.
OFFICIELLE
�Conseil d'Administration
Président
.
.
.
.
M. Henri JACQUIER.
.
Vice-Président
M.
Secrétaire
Melle
Bertrand JAUNEZ
Trésorier
M. Yves MALARDE.
Assesseur
M. Cdt PEAUCELLIER
Assesseur
M.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Janine
LAGUESSE.
Rudolphe BAMBR1DGE.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Raoul TESS1ER.
Secrétaire-Bibliothécaire
du
Musée
Mlle
NATUA.
Pour être reçu Membre de la Société se faire
membre titulaire.
présenter
par
un
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe
ses membres que désormais
à domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette en cas où ils ne
rendraient pas le livre emprunté à la date fixée.
ils peuvent emporter
Le Bibliothécaire
La
leurs
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société et à
invités tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture
14 à 17 heures.
est
ouverte
au
public tous les jours de
Musée.
Le Musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi de 14 à 17
heures. Les jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à
11 heures et de 14 à 17 heures.
�BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME XII
N»
141
—
—
(N° 4)
DÉCEMBRE
1962.
SOMMAIRE
Fages
Procès-verbal de l'Assemblée Générale du 2 octobre 1962.
141
Voyoge
Jeanne
par
Baret, la première femme autour du monde
H. Jacquier
Aller et retour
Brest-Papeete
en
1860 J. L
150
157
Archéologie
Travaux
archéologiques en
les années 1961-1962 par
Polynésie française pendant
P. Vérin
167
Démographie
Contribution à l'étude de la
quises
par
démographie des Iles Mar¬
le D' H. Voisin
171
Muséologie
Note
sur
la fabrication du tapa
dans l'Ile Rurutu
P. Vérin
par
187
Acquisitions
Société des
Études
Océaniennes
�■/'
,
.
,
"
I
J
,
Société des Etudes Océaniennes
�PROCÈS-VERBAL
DU
L'ASSEMBLÉE
DE
OCTOBRE
2
L'Assemblé Générale
a eu
GÉNÉRALE
1962
lieu dans la salle de lecture
du Musée.
La séance est ouverte
à 17 h. 30. 34 membres sont pré¬
sents.
présents parmi les membres du
Etaient
MM. H.
Mlle
Jacquier
Conseil :
président
,
Y. Malardé
trésorier
J. Laguesse
secrétaire
MM. Terai Bredin
assesseur
-id-
Martial Iorss
Absents
:
en voyage
MM. B. Jaunez
id -
Paucellier
-
Raoul Teissier
-id-
S. Krauser
-id-
R.
Bambridge.
Société des
.
excusé
.
Études
Océaniennes
�Le Président donne lecture de
En
venant
Société
cuse,
le
tout
de
de
en
faire
certains
prévues
tout
qui
principale de
des
j'aurai
que
d'abord
la
Société
difficultés
d'ailleurs.
vous
Gouvernement
Société
letin.
en
Il
des
le
1917,
sable
et
a
du
gler
des
cela
et
comme
devons
nous
travail
nous
sont
reconnaître
montant
Océaniennes,
soucis
raison
en
avons
ren¬
toujours
les
c'est l'Imprimerie du
depuis la fondation de la
assuré l'impression du Bul¬
été parfaitement
d'excellente qualité. Nous
le
vous
savez,
qui,
faut
qui
toujours
leurs
Etudes
beaucoup de
techniques que
contrées,
Comme
de
de
la publication
du
peut-être l'activité
représente
difficultés
mêmes
raison
en
l'occasion
causé
a
ceci
loin.
Parlons,
nous
tardivement,
peu
faits
Bulletin
elle
compte des activités de
l'année écoulée,
je m'ex¬
demeurant dans les limites
durant
un
plus
exposer
rendre
vous
notre
rapport annuel.
son
personnel
que
en
pour
travail
ce
exécuté,
a
sur
papier
acquittons
d'ail¬
cession
une
également, étant
de l'Imprimerie,
heures
rembour¬
donné
le
lui
ré¬
dépit de
supplémentaires. En
la meilleure volonté de son Di¬
recteur Mr. Aimé
PAMBRUN, l'Imprimerie surchar¬
gée de travail n'a pu pendant des périodes assez
longues s'occuper de nous, et de là est
provenu
qn
malgré
retard
dans
inexplicable
à
l'extérieur.
certain
cerne
le
exécutée
la
Nous
moment
numéro
à
publication
surtout
au
chez
avons
secteur
138
dont
qui
les
do
nous
privé
la
a
pu
membres
adresser
qui
composition
en
Études
à
ce
Sydney.
Société des
paraître
résidant
Océaniennes
un
con¬
a
été
�143
Le
dernier
consacré
est
une
paraîtra le numéro
Jours
quelques
paru - celui de mars 1962
monographie de Maiao, dans
Bulletin
à
139 du 2ème
numéro de Septembre 1962 est
actuellement à l'impression. Je suis donc heu¬
reux
de vous apprendre que nous avons finalement
rattrapé notre retard. Espérons que nous pour¬
rons
dans l'avenir mais Je tiens
nous maintenir
enfin
semestre
à
le
préciser que ceci
ne
dépend pas uniquement de
nous-mêmes.
à une autre activité de notre société
est le fonctionnement du Musée. Vous avez pu
admirer l'arrangement de la salle d'ethnologie
du 1er étage.
Travail en tout point remarquable
élaboré par Mr VERIN,
conseiller archéologique
de notre société, le Dr SINOTO du Bernice Bishop
Museum d'Honolulu
(ce musée nous ayant prêté
certaines pièces très intéressantes) et exécuté
par Mr CHARDON. Nous possédons avec cette salle
qui pourrait faire figure honorable dans un
grand musée, un moyen pour faire comprendre d'une
façon synoptique et imagée les migrations et la
culture polynésienne.
Passons
qui
Encouragé par ce résultat, nous avons entre¬
pris de réaliser une deuxième salle d'ethnologie
pour laquelle nous avons déjà fait exécuter les
deux
vitrines
que
vous
voyez
-
mais
la place
il faut bien se
rendre compte que chaque fois que nous apportons
un
nouvel objet, une nouvelle vitrine dans une
salle, il faudrait en faire sortir un autre.
Vous
remarquez que notre Musée est orné de ma¬
gnifique tapas des lies Futuna, vous notez aussi
plusieurs autres objets de grand intérêt, comme
les ustensiles destinés à la fabrication du kava
de ces iles polynésiennes situées aux frontières
de la Mélanésie.
Cette magnifique collection
appartient à Mr MITEHOUTOUCHKINE qui, après un
séjour de plusieurs années aux ties Futuna, a
malheureusement
bien
voulu
position.
mercier
au
nous
manque
et
la laisser momentanément à notre dis¬
Je profite de l'occasion pour le re¬
nom de notre Société.
musée vient d'acquérir grâce à un cré¬
supplémentaire accordé par l'Assemblée Ter¬
ritoriale sur proposition de Mr GDYON certaines
Notre
dit
Société des
Études
Océaniennes
�144
pièces m arqui sienntes rares qui se trouvaient
exposées dans un magasin de la ville et qui, en
raison de
leur faible volume risqueraient de
quitter le Territoire. Vous pourrez les voir
exposées dans la vitrine.
En
raison des visites de plus en plus fré¬
quentes du Musée par des personnes de passage,
des étrangers en particulier qui sans le secours
d'explications risquent de n'y trouver aucun
intérêt, nous avons pensé organiser des visites
accompagnées par un guide parlant à la fois le
français et l'anglais. La surtaxe correspon¬
dante
serait acquise au guide,
ce serait son
moyen de rémunération et il ne nous en coûterait
ri
en.
ne quittons pas cette question du Mu¬
rappeler toute l'aide que peut offrir
aux
chercheurs la petite salle bien modeste que
avons
mise à leur disposition et dans la¬
nous
quelle s'entassent documents et collections.
Nous
regrettons que cette salle ne soit pas plus
spacieuse et qu'une personne ne puisse être af¬
fectée à sa garde et à son entretien.
Enfin,
sée
sans
Puisque nous sommes sur le chapitre de l'ar¬
chéologie, je vous rappellerai qu'une nouvelle
législation locale a renforcé les mesures de
contrôle
concernant les prospections et les
fouilles
C'était
sur
toute
l'étendue
du
Territoire.
particulier,
trop de personnes jusqu'ici n'ayant absolument
aucune
sorte de qualification se sont permis de
procéder à des fouilles quand ce n'est pas des
déménagements de sépultures aux Marquises spé¬
cialement.
Outre les objets ainsi frauduleuse¬
ment dérobés le plus grand mal
au point de vue
scientifique, réside dans le bouleversement ap¬
porté à ces sites archéologiques, ruinant défi¬
nitivement
toute possibilité d'études ulté¬
rieures
en
un
sens
souhaitable,
en
.
sujet, nous avions admis l'an dernier
GUYON, inspecteur des Affaires Adminis¬
tratives et rapporteur de
la nouvelle législa¬
tion, la nécessité d'appointer une personne qua¬
lifiée afin de pouvoir surveiller,
accompagner
meme sur place
les chercheurs ayant obtenu une
A
avec
ce
Mr
Société des
Études
Océaniennes
�145
effet, toute légis¬
dans la mesure ou on
peut la faire observer. Monsieur GUYON dans ce
but avait fait prévoir lors de l'élaboration du
budget une subvention spéciale à verser à la
Société des Etudes Océaniennes lui permettant
de
recruter
et de payer cette personne quali¬
fiée. Ensuite de pouvoir racheter auprès de par¬
ticuliers ou dans le commerce en usant du droit
lation
n'a
fouilles.
de
autorisation
de
valeur
En
que
préemption que s'est réservé le Territoire
objets de caractères archéologiques cer¬
tains qui risqueraient de quitter le pays. Ma¬
lheureusement, lors du vote du budget par l'As¬
semblée Territoriale,
cette somme a été amputée
de 200.000 frs rendant impossible le recrutement
de l'employé prévu.
Il nous est demeuré cepen¬
dant un montant nous permettant de
racheter
certains
objets et en particulier ceux que je
de
les
vous
cités
ai
au
début.
conversation que je viens d'avoir avec
GUYON, il apparaît que lors de l'établisse¬
ment
du prochain budget,
il sera prévu cette
fois-ci encore une somme permettant le recrute¬
ment de cet employé.
J'espère fermement pouvoir
arriver à convaincre les membres de l'Assemblée
telle dé¬
Territoriale
de la nécessité d'une
D'une
Mr
pense
.
Vous
savez
que nous
avons parmi nous pour
quelques jours encore les membres de la mission
archéologique du Bishop Museum : Mr le Profes¬
seur
EMORY et le Docteur SIN0T0. Peut-être avez-
appris la découverte archéologique qu'on
pourrait qualifier de sensationnelle qu'ils ont
fait à Maupiti.
Il s'agit d'une sépulture la
plus ancienne qu'on ait jamais trouvée ici puis¬
qu'elle doit remonter à quinze cents ou deux
Rien de tel n'avait été
découvert
mille ans.
vous
région mais par contre des sépultures
identiques ont déjà été trouvés
en
Nouvelle-Zélande. Il s'agit du premier occu¬
pant de ce pays désigné sous le nom de Moa Hun¬
ter et qui était venu de la Polynésie Orientale.
La découverte
de la tombe de Maupiti est la
meilleure preuve de l'origine des Maoris.
Je ne
voudrais pas cependant déflorer cet événement et
je laisse au Docteur EMORY le soin de vous en
dans
et
notre
des
ornements
montrer
l'intérêt.
Société des
Études Océaniennes
�146
Dans
un
autre
un
accord
PASSARD
au
et
nom
ordre
d'idée,
de
S.E.O.
la
nous
propriétaires
BREMOND,
conclu
héritiers
avons
les
avec
terrain
du
Paea ou est érigé le marae ARAHURAHU.
La Société de
ce
fait est devenu locataire à
bail
du marae
et des
terrains environnants.
situé
Un
à
produit des entrées revient aux
Passard, un autre à Madame Brémond,
troisième revient à la Société à qui incombe
soin de l'entretien et du
gardiennage des
du
tiers
héritiers
le
le
lieux.
connaissant la modicité de notre
très relatif représenté par
du profit des entrées,
j'étais un peu
de faire prendre en charge par notre
J'avoue
que,
budget et le
le
tiers
inquiet
Société
laisser
un
monument
beaucoup
à
l'Office
de
bution
revenu
dont
désirer.
du
l'état
Grftce
Tourisme
d'entretien
A une
nous
contri¬
avons
pu
aussitôt les trois constructions
couvertes
en
pandanus. Il fallait cependant
s'occuper également de l'état de la route d'ac¬
cès qui
risquait de devenir impraticable, mais
il nous est arrivé par Monsieur GILLOTO, Direc¬
teur de la S.I.T.O.,
société à caractère mixte
comme
le savez, qui a mis à notre disposi¬
vous
tion la somme de 200.000 frs pour mettre en va¬
faire
leur
réparer
et
contribuer
A
le
faire
un
monument
du
caractère touristique. Aussitôt
nous
avons
décidé de procéder A un autre tracé
de la
route d'accès qui se
trouve actuellement
uniquement sur la propriété Passard. Un bulldo¬
zer
de l'entreprise Haereraaroa-Frogier a termi¬
né le travail qui est complété par un
épandage
de gravier. Je
tiens d'autre part A vous faire
savoir que Mr GILLOTO m'a demandé de lui
établir
un
programme de réfection de certains marae tant
A Tahiti
et A Moorea qu'aux I1es-Sous-Le-Vent
et je dois précisément
en discuter demain avec
lui. Bien entendu,
en
raison des buts qu'elle
poursuit, l'intérêt que porte la S.I.T.O. A ces
passé
ayant un
est en fonction du caractère touris¬
peut présenter un site ou un marae,
raison également de
la facilité de son accès
de la proximité d'un centre touristique.
réfections
tique
en
et
que
Société des
Études
Océaniennes
�147
J'en
d'Opoa
arrive
à
parler maintenant
vous
du marae
à Raiatea que notre Vice-Président
JAUNEZ désire acheter pour l'offrir
Ber¬
& la
propriétaires du terrain
a
pris beaucoup de temps, je viens de recevoir
le dossier provenant de l'étude de Maître Lejeune
qui a réussi à dresser la liste de 31 héri¬
trand
S.E.O.
des
recherche
La
ceci pour une superficie excédant
hectare. Nous espérons cependant ar¬
river à devenir propriétaire
de ce lieu fameux
l'histoire polynésienne, offrant un inté¬
dans
rêt archéologique
très important et que la mis¬
sion
du Professeur EMORY et du Docteur SINOTO
tiers
à
vivants,
peine un
vient
d'étudier
récemment.
grandes lignes le tableau de
l'année écoulée. Vous pou¬
vez
le constater notre Société qui compte main¬
tenant 45 années d'existence possède une excel¬
lente vitalité
et nous pouvons en être fiers.
La Société d'Etudes Océaniennes
représente une
Voici
nos
tracé
activités
à
durant
et l'utilité sont par¬
appréciés à Tahiti et dans
les pays étrangers.
J'en profite pour remercier
ici le Gouvernement représenté par la haute
ad¬
ministration et l'Assemblée Territoriale pour
avoir compris ce role et nous aider dans
toute
la mesure
de leur possible. Eq terminant,
je
voudrais cependant voir parmi nous davantage de
membres, de jeunes surtout,
s'intéresser à nos
travaux, et je demanderai à tous de faire autour
d'eux un peu de prosélytisme afin de nous amener
institution
dont
reconnus
chacun
nouveau
un
rôle
le
faitement
et
membre.
expose ensuite la situation fi¬
résume ainsi : Recettes de 1961!
Fr s
317.709 ;
Dépenses : Frs 317 709. Report
disponible au 1.1.61 : Frs 247.121* Report dis¬
ponible au 1.1.62 : Frs 174.156«
Le
trésorier
nancière
qui
se
L'Assemblée
quitus au
Le
les
approuve
comptes
et donne
trésorier.
Président
passe
la parole au Prof.
exposé, avec projection
ensuite
qui fait un court
de photos
en couleurs,
découverte de sépulture
EMORY
concernant la récente
"moa hunter" à MAU-
de
PITI.
Société des
Études
Océaniennes
�148
Le
la
que
à
Président
remercie
ensuite
les
membres
mission
tous
de
archéologique du Bishop Museum ainsi
les membres présents et lève la séance
18h45.
Société des
Études
Océaniennes
�(Jon*mesison
tylédeciti Holatûsle et 'ftatwialisle du ^oi
Ckeuali&i de l'Ondne de S^-^ïlidiJi
VJetnlvie de l'/\cacUnde des Sciences
Société des
Études
Océaniennes
�Jeanne
B A R E T
femme autour du monde
la première
par
H. Jacquier
On
reconnaît, & l'expédition du Portugais
MAGELLAN, en 1519,1e mérite et la gloire d'avoir
fait accomplir à l'homme, pour la première fois,
le
tour de son
domaine, mais on sait moins que
c'est
à
une
l'honneur
plir
le
française,
d'avoir
tour
Jeanne BARET,
que
revint
la
été
du monde,
première femme à accom¬
deux siècles et demi plus
tard.
Lorsque l'on se rend compte des conditions
lesquelles cette singulière personne devait
accomplir ce périple, on se demande de quels
superlatifs la grande presse devrait user pour
qualifier aujourd'hui un pareil exploit. Disons
simplement que Jeanne BARET, tout en partageant
les
risques et les dangers qui étaient le lot
habituel
d'un
équipage à cette époque, "réussit
dans
à
dissimuler
dix
huit
vivant
au
C'est
mois
son
sur
milieu
sur
un
idendité
un
de
des
et
voilier
120
de
son
sexe
durant
tonneaux
en
l'expédition
de
250
hommes.
bâtiments
de
Bougainville,
"l'ETOILE", en armement à ROCHEFORT qu'elle
réussit à s'embarquer, en Octobre
1767, dans des conditions qui méritent d'être
rela tées.
Ce voyage de
circumnavigation qui avait été
entrepris d'après les instructions du ministre
de la Marine,
DUC de PRASLIN, venait d'être con¬
fié
aux
soins d'un
officier, Louis-Antoine de
BOUGAINVILLE qui
représenteune des figures les
plus attachantes de la fin du XVIIIème siècle ;
capitaine de vaisseau et colonel d'infanterie,
mathématicien et diplomate, navigant avec autant
de bonheur parmi les
récifs inconnus qu'au sein
Société des
Études
Océaniennes
�151
des
intrigues de Versailles, en un mot l'exemple
accompli du savant et de "l'honnête homme".
L'expédition comprenait deux bâtiments de
tonnage et de caractéristiques bien différents.
Il
s'agissait en réalité d'une frégate la "BOU¬
DEUSE", escortée d'un bâtiment auxiliaire, "l'ETOILE".
TES
dition.
les
La
"BOUDEUSE"
représentait
A
bord
son
membres
de
la
construite
véritable
le
se
et
armée
navire
trouvaient
de
à
NAN¬
l'expé¬
d'ailleurs
tous
mission
scientifique, A l'ex¬
ception toutefois du naturaliste, Philibert
COMMERSON, qui avait préféré embarquer sur "1'ELE".
Il
avait en
effet jugé,
que
ce bâtiment
convenait mieux pour
recevoir son matériel sci¬
entifique, composé de 25 caisses, mais de plus,
sur
"l'ETOILE", il disposait d'une chambre d'of¬
ficier relativement spacieuse ou il logeait avec
le domestique qu'il avait engagé pour l'accomgner dans ses excursions botaniques.
Il devait
il
vrai
est
payer
ces
avantages de certains
désagréments, en particulier, "l'ETOILE" moins
bonne marcheuse que la "BOUDEUSE"
tenait égale¬
ment moins bien
la mer,
à tel point que
trois
mois
après le départ de Rochefort COMMERSON
souffrait encore du mal de mer. De plus,
l'étamajor de "l'ETOILE" constitué à peu près unique¬
ment
d'officiers de la Marine Marchande "pê¬
cheurs
de morues
et pirates"
selon sa propre
expression, n'offrait à notre savant-philosophe
que peu de ressources quant à la conversation et
à
la compagnie.
Philibert COMMERSON, âgé à ce
moment d'une
quarantaine d'années portait le
titre
de
docteur
niste
et
naturaliste
en
médecine
du
Roi.
et
Il
de
médecin
avait
été
bota¬
dési¬
gné pour cette mission scientifique par le grand
botaniste, Bernard de JUSSIEU sous les ordres
duquel il travaillait au jardin du Roi,le jardin
des
Plantes
actuel.
C'est un personnage bien curieux qui embar¬
quait ainsi à bord de "l'ETOILE". Ce philosophe
naturiste, disciple de Rousseau, fervent apôtre
de l'état de nature,
se répandant à ce sujet et
à
tout propos en longues tirades grandiloquen¬
tes, devait faire bizarre figure au milieu de
marins plutôt rudes et assez
fruatres. Il dira
plus tard avoir enduré à bord de ce navire au-
iété des
Études
�152
tant
du
du
mal
fait
de
Avant
de
mer,
cette
les
promiscuité qu'en raison
pires moments de sa vie.
de
quitter la France, il avait rédigé
qui peut paraître aussi bien le
type'de l'originalité que l'exemple de l'aber¬
ration
selon comment on l'apprécie.
Après avoir
fait don
de son corps pour des études anatomiques,
il fondait aux termes de l'article 2 "un
prix de morale appelé "Prix de vertu" consistant
en
une
médailie" délivrée tous les ans à quicon¬
que aura fait,
sans pouvoir être
soupçonné d'am¬
bition, de vanité ou d'hypocrisie, la meilleure
action
dans l'ordre moral
connue
et politique".
testament
un
Nous
aurons
tant
sur
l'occasion
autre
une
de
revenir
disposition
de
dans
un
ins¬
testament.
ce
Rappelons que les deux navires ayant appa¬
respectivement de Brest et de Rochefort
reillé
devaient
nuer
se
retrouver
ensuite
leur
à
Rio
route
de
Janeiro
et
conti¬
Buenos
Ayres jus¬
qu'aux ties Malouines, désignées aujourd'hui
sous
le nom de FALKLAND et que la France devait
remettre
à l'Espagne.
Après avoir passé le dé¬
troit de Magellan,le voyage se poursuivait d'Est
en
Ouest à travers le Pacifique en passant par
les Tuamotu et Tahiti. C'est au cours du séjour
de
l'expédition dans les Grandes Cyclades (Nou¬
velles-Hébrides) que Bougainville devait avoir
confirmation d'une
rumeur
qui depuis quelques
temps, déjà, alimentait les conversations à bord
des navires.
Nous ne pouvons mieux faire que de
reproduire textuellement ici le passage du
"Voyage autour du monde". "Tandis que nous
étions entre les grandes Cyclades,
quelques af¬
faires m'avaient appelé
à bord de l'Etoile,
et
j'eus l'occasion d'y vérifier un fait assez sin¬
gulier .Depuis quelques temps,il courait un bruit
dans les deux navires que le domestique de Mr.de
COMMERSON,nommé BARET,était une femme. Sa struc¬
ture, le son de sa voix, son menton sans barbe,
son
attention scrupuleuse à ne jamais changer de
linge, ni faire ses nécessités devant qui que ce
fût, plusieurs autres indices avaient fait naî¬
tre
et
ment
accréditaient
reconnaître
une
le
par
soupçon.
femme
dans
BARET,botaniste déjà fort exercé
vu
suivre
son
maître
Société des
dans
Études
toutes
Cependant com¬
infatigable
cet
que
nous
ses
Océaniennes
avions
herborisa-
�153
tions,
au
glacés
du
milieu des neiges et sur les monts
détroit de Magellan, et porter même
dans ces marches pénibles provisions de bouche,
armes
et cahiers
de plantes
avec un courage et
force qui
une
lui avaient mérité du naturaliste
le surnom de la bête de somme.
Il fallait qu'une
scène qui se passa à Tahiti,
changeât le soupçon
en
certitude. Mr. de COMMERSON y descendit pour
herboriser
;
à peine BARET qui le suivait avec
les cahiers sous son bras,
eut mis pied à terre,
que les Tahitiens l'entourent,
crient que c'est
une
femme, et veulent lui faire les honneurs de
l'ile.
Le
chevalier de BOURNAND,
qui était de
garde à terre,fut obligé de venir à son secours,
et de l'escorter jusqu'au bateau.Depuis ce temps
il était difficile d'empêcher que
les matelots
n'alarment quelquefois sa pudeur.
Quand je
fus à bord de "1'ETOILE", BARET les
baignés de larmes, m'avoua qu'elle était
;
elle me dit qu'à Rochefort elle avait
trompé son maître en se présentant à lui sous
yeux
fille
des
habits
d'homme
au
moment
même
de
son
embar¬
servi comme laquais
un
Genevois à Paris
;
que née en Bourgogne
et
et orpheline,
la perte d'un procès l'avait ré¬
duite dans la misère,
et lui avait fait prendre
le parti de déguiser son sexe,
qu'au reste elle
savait en s'embarquant qu'il
s'âgissait de faire
le
tour du monde,
et que ce voyage avait piqué
sa
curiosité. Elle sera la première
et je lui
;
dois la justice qu'elle s'est
toujours conduite
à bord
avec
la plus scrupuleuse sagesse.
Elle
n'est ni laide ni jolie,et n'a pas plus
de vingt
six ou vingt-sept ans.
Il faut convenir que si
les
deux
vaisseaux
eussent
fait naufrage
sur
quelque île déserte de ce vaste océan, la chance
eût été
fort singulière pour BARET".
quement,
Ceci
qu'elle
avait déjà
constitue
la
relation
officielle
de
possible, il est même proba¬
ble, que le chef de l'expédition ait employé sur
le moment même,
des termes plus énergiques pour
signifier au naturaliste son étonnement devant
telle découverte.
une
Encore, ignorait-il que
Jeanne BARET n'avait nullement "trompé son maî¬
l'incident.
tre
en
d'homme"
Il
est
présentant à lui sous les habits
puisque dans le testament établi avant
se
Société des
Études
Océaniennes
�154
le
départ
cité plus haut, nous lisons à l'ar¬
"je lègue à Jeanne BARET dite de BONNEFOI, ma gouvernante, la somme de six cents
livres et ce,
sans déroger aux gages que je lui
dois
depuis le 6 Septembre 1764 à raison de cent
ticle
livres
8
et
:
par
Ainsi,
au
1767,
il
bre
"
an
Moment
de
Jeanne
BARET
y avait
était au
penser
alors
du
son
embarquement
de trois
déjà plus
service
fondateur
du
de
prix
en
Octo¬
ans
que
COMMERSON.
Que
de
vertu
?
Un
grand admirateur de Commerson, le Dr. de
qui lui a d'ailleurs consacré un livre
très intéressant,
écrit gravement : "je m'abs¬
tiendrai
de tout commentaire sur les motifs qui
sollicitèrent cette femme à abcompagner COMMER¬
SON". Sans doute,
chacun peut avoir sur le sujet
des
idées personnelles,
mais il est à peu près
certain
que l'opinion des
équipages devait être
sensiblement unanime
sur
ce
point, pour eux,
COMMERSON n'était qu'un fieffé hypocrite. Pour¬
tant, le malheureux naturaliste ne fut pas acca¬
blé par tout le monde.
SAINT-GERMAIN, l'écrivain
de
la
"BOUDEUSE" nous dirions aujourd'hui le
commissaire demeure perplexe.
"Je crois sincè¬
rement"
remarque-t-il que Mr de Commerson, à s.on
ftge et instruit comme il doit l'être, du scan¬
dale qu'elle pouvait causer dans une longue cam¬
pagne parmi
un
équipage et que cela est totale¬
ment opposé aux ordonnances de
sa Majesté,
n'au¬
ra
point connu son sexe à l'embarquement".
MONTESSUS
Par
nous
miers
contre,
dit
avoir
VIVES,
chirurgien de "1"ETOILE"
des soupçons dès les pre¬
explique-t.il : "Les soins
conçu
jours car,
qu'elle prenait pour son maître ne paraissaient
pas
naturels à un domestique mâle" selon lui
"après le premier mois un murmure s'éleva dans
l'équipage sur ce que, disait-il il y avait une
fille
déguisée à bord
Les chefs firent
feinte d'ignorer ce
trouble pendant longtemps,
mais, le bruit étant devenu trop général, ils
firent savoir au maître qu'il ne convenait pas
de
faire
coucher
son
domestique dans sa cham¬
bre". Le témoignage de VIVES est peut-être enta¬
ché d'une certaine partialité.
Société des
Études
Océaniennes
�155
N'oublions pas que la position d'un chirur¬
gien de marine à cette époque - sensiblement
équivalente à celle d'un infirmier-chef de nos
jours - devait se ressentir et souffrir sans
doute de la présence A bord d'un docteur en mé¬
decine, membre de l'Académie des Sciences. Quoi¬
qu'il en soit, on peut se demander par quels
artifices et par quels prodiges,
cette femme
réussit
à
éviter
vérification.
toute
Car,
si
allaient
identification
les
soupçons
et
toute
naissaient
leur
train, ce sont des
finalement affirmèrent sans hési¬
tation ce que tout le monde soupçonnait.
Le pre¬
mier qui monta à bord de
"l'ETOILE", Auturu,
qui devait comme l'on sait poursuivre le voyage
avec
l'expédition s'exclama aussitôt avec force
gestes en voyant le personnage "E vahine teie".
On désigna alors au Tahitien un jeune officier
blond aux mains délicates dont l'allure pouvait
paraître effeminée mais il n'y prêta aucune at¬
tention continuant à désigner le domestique de
COMMERSON qui de plus en plus gêné tachait de
et
les
rumeurs
Tahitiens
se
qui
faufiler.
Il
n'existe
malheureusement
A
notre
connais¬
portrait de Jeanne BARET, il est
possible cependant de préciser certains points
concernant son aspect physique.
On peut assurer
d'abord qu'elle n'était certes ni jolie ni bien
proportionnée. Il lui eût été en effet impossi¬
ble de dissimuler longtemps des formes féminines
si peu accusées soient-elles.
Enfin, elle était
sance
aucun
certainement
musculaire
d'une
résistance
et
d'une
force
nettement au-dessus de
la moyenne de son sexe...
Les témoignages sont
unanimes
à
ce
sujet. C'est A coups de poings
qu'elle dut plusieurs fois se défendre contre
des tentatives d'investigations indiscrètes.
Les
derniers mois,
elle portait continuellement sous
ses
vêtements
deux pistolets chargés afin de
décourager les plus entreprenants.
peu
commune,
doute, elle éprouva un soulagement de se
réintégrée dans son sexe et sa situation
naturelle.
"Elle finit,
dit VIVES, son voyage
fort agréablement ayant des courtisans de
toutes
parts qui n'altèrent pas la fidélité qu'elle
avait pour son maître".
Cependant la situation
Sans
voir
Société des
Études
Océaniennes
�156
de
COMMERSON
devenait
de
fait
ce
délicate
assez
légèrement ridicule, il convenait pour lui
comme
pour le chef de l'expédition qu'il débar¬
qua avant le
retour en Europe. C'est ce qu'il
fit à l'Ile de France
(tie Maurice) le 8 Novem¬
bre 1768 oh il
fut mis à la disposition de l'in¬
tendant général POIVRE.
Jeanne BARET devait
l'accompagner et continuer à l'aider dans ses
travaux botaniques.
C'est avec une énergie fa¬
rouche qu'il
entreprit une étude de la flore de
Madagascar mais revenu malade à l'Ile Bourbon
(Réunion) il devait y décéder le 13 Novembre
et
1773.
Jeanne
BARET
l'avait
assisté
jusqu'à
ses
der¬
niers
moments, elle se trouvait maintenant com¬
plètement seule. Peut-être, afin d'obtenir son
vers la France se m aria-t-e11e- avec
BARNIER, soldat d'infanterie de marine.
Ce Barnier ne vécut que peu de
temps puisqu'en
1775
deux ans plus tard - Jeanne Baret se
trouvant à Chftti11on-1es-Dombes,
le pays natal
de Commerson,
rédigeait un testament sous le nom
de "MERCEDOR,
veuve d'Antoine BARNIER,
dite le
BARET".
Au terme de cet acte,
tout ce qu'elle
possédait, revenait au fils de Commerson - son
attachement à son maître avait réellement été
passage
Antoine
-
indéfectible.
Mais
Commerson
de
son
côté
avait
Jeanne BARET à la
postérité comme il le faisait parfois pour cer¬
tains de ses amis lorsqu'il identifiait et fi¬
xait les noms d'espèces nouvellement connues.
tenu
à
faire
C'est
passer
ainsi
le
nom
de
VERON, l'astronome de la
parrain du "Véronica Tristiflora" que le chef de l'expédition fut immorta¬
lisé par le genre "Bougainvi11ae"
et Hortense
de Naussau,
fille du prince de Naussau, membre
de l'expédition par celui des "Hortensia". Quant
au
souvenir de Jeanne BARET, il devait être per¬
pétué avec le genre "Baretia" présentant des
caractères sexuels douteux "nous dit Commerson
"BOUDEUSE"
et
réunissant
tiva
-
et
que
devint
les
"Bonafidia"
espèces
-
Opposi-
Héterophi11 a".
Henri
Société des
Études
JACQUIER
Océaniennes
�Aller et retour Brest « Papeete en
1860
j. L
relevons
Nous
Taiti"
le
par
dans
un
numéro
rapport du voyage
commandant LAPIERRE.
de
le
du
"Messager de
en I860,
l'Isis
Avec 540 personnes à bord,
la frégate devait
appareiller de BREST à destination de Tahiti le
19 Avril I860,
via le CAP HORS, la seule escale
prévue étant RIO DE JANEIRO et être de retour à
BREST, en Novembre de la même année.
Le rapport du Commandant LAPIERRE nous permet
d'imaginer ce que représentait à l'époque un
pareil périple ; la longueur du voyage, les mul¬
tiples difficultés rencontrées en cours de rou¬
te, l ' épidémie de petite vérole se déclarant peu
de
temps après le départ, les "mesures hygiéni¬
ques"
l'on
supposées
voulait
Nous
ne
efficaces,
les distractions que
variées...
pouvons qu'admirer l'ingéniosité et
de ces hommes ainsi que la simpli¬
laquelle ils acceptaient leur rude
C'est peut-être avec un peu de mélan¬
l'endurance
cité
avec
existence.
France est à moins de
lecteur évoquera ces
longues traversées à la voile qui, sans être
tout à fait sous
le signe de l'aventure, repré¬
sentaient cependant une expérience intéressante,
jalonnée d'aléas et parfois même de périls.
colie
24
(à
heures
présent
de
vol)
que
que
la
le
J.
Société des
LA ODES SE
Études Océaniennes
�La
Revue
maritime et
coloniale
publie des ex¬
rapport de M. le capi¬
taine de frégate L.
LAPIERRE, que nous repro¬
duisons ci-après sur
le voyage de la frégate
l'isis, à Taïti (avril-novembre 1860).
traits
Au
d'un
mois
l'isis
d'avril
ler
318
dernier, la frégate A voiles
chargée sous le commandement du
frégate LAPIERRE de conduire à
été
avait
de
capitaine
Taïti
intéressant
soldats
de
marine
destinés
A
renouve¬
la
garnison de cette colonie. L'isis a ac¬
compli sa mission avec le plus grand succès ;
partie de Brest le 19 avril, elle rentrait dans
le port le 16 novembre suivant,
après avoir par¬
couru
dix
mille
lieues
marines
six
en
mois
et
sept jours dont dix neuf Jours de relâche.
C'est la plus rapide
traversée qui ait jamais
été faite A la voile.
Le rapport du capitaine
LAPIERRE contient sur cette navigation quelques
détails qu'on ne lira pas sans intérêt :
vingt
"Le
avril
1860, j'embarquais les 318 pas¬
je devais conduire A Taïti, mes dis¬
positions étaient prises de manière A pouvoir
le même Jour faire diner tous mes passagers aux
Toute latitude m'ayant été laissée pour
tables.
faire route une fois mes passagers installés,
je crus devoir ne pas perdre une minute devant
le bon vent du nord-est qui régnait
; je levais
l'ancre le jour même et pris la haute mer.
19
sagers
que
Pour
naître
navigation, j'allai recon¬
avril, mes montres m'y con¬
exactement.
Ce même jour,
A deux (sic)
assurer
Madère
duisirent
du
soir
de
longitude
par
le
ma
27
33" 22'
ouest,
Société des
de
latitude
nous
nord
passâmes
Études
A
et
400
Océaniennes
19" 1'
mètres,
�159
pouvant avoir 300 mètres de
le vîmes distinctement et nous
acquîmes la conviction qu'il était recouvert de
très peu d'eau. Le mouvement de la mer l'indi¬
quait assez et si mon navire eût été en d'autres
conditions, J'eusse envoyer un canot sonder en
cet endroit
; mais dans la crainte d'un accident
je continuai ma route.
d'un
plateau
diamètre
Le
26
;
jaune
nous
mai
à
quatre
heures
je>mouillai à Rio Janeiro
;
et demie du
soir,
m'étant informé que
de cette place était bon,
je
renouveler mes provisions d'eau
sanitaire
l'état
me
décidai
et
à
à
y
compléter mes vivres.
y
ma navigation
à
accomplie avec tous
les
accidents de mer des parages que j'eus à
fréquenter et de la saison dans laquelle nous
Parti
Talti
de
sans
Rio
le
30
relâche,
au
matin,
s'est
é tions.
par les instructions nautiques de MAU¬
fis mon possible pour passer à 80 ou 100
milles de la cote de Patagonie,
mais un coup de
vent violent du sud-ouest qui
fut tempête pen¬
dant quelques heures,
me mit au large plus que
je ne le désirais ; profitant de toutes les cir¬
constances pour
continuer ma route à l'ouest,
je passai entre les Malouines et la terre des
Etats.
Je doublais le Cap Horn le 21 juin
;
Guidé
RY,
je
jamais plus beau jour ne fut donné à un naviga¬
teur.
Le soir,
à minuit, j'étais à quatre milles
au
sud de Diégo Ramirez.
trouvai là un navire allant à l'ouest et
grand vapeur se dirigeant à l'est. Favorisé
par un vent d'est
frais, je fus vite rendu au
méridien du cap Pilard.
A partir de cette posi¬
tion, j'eus éternellement le vent debout, excep¬
té dans deux affreuses bourrasques du sud-ouest
Je
un
qui
me
saine.
firent
Toujours
quateur, en
en
fuir quelques heures sous
la mi¬
louvoyant, je remontai vers l'é-
ayant constamment deux et trois ris
dans
les huniers. Je continuai ainsi jusqu'au
parallèle de 30", faisant de l'ouest et du nord
autant que possible
; Je ne rencontrai les ali-
Société des
Études
Océaniennes
�160
zés
du
sud-est
Le
29
le
milieu
que
vers
le
22'
de
latitude
sud.
Juillet, je reconnus la première des lies
Pomotous, Honden. Je traversai cet archipel par
dans
en
montrant
le
pavillon
de
la
France
différentes, et enfin, le
4 août à dix heures
et demie,
du matin ; cent
sept jours après mon départ de France, dont
quatre Jours de relâche, je mouillai à Talti.
quatorze
lies
Jamais
on
n'avait vu dans cette colonie, un
ayant fait une aussi prompte traversée.
Avec cette frégate j'ai
rencontré de quarante à
cinquante navires faisant route comme moi ; il
ne
m'est pas arrivé de
trouver son égal en vi¬
tesse
;
tout navire vu devant à l'horizon le
matin, était perdu de vue derrière avant deux
heures de l'après-midi.
navire
En
passant au milieu de l'archipel des Pomo¬
j'eus lieu de reconnaître que la position
toutes ces
de
lies est indiquée sur les cartes
de
huit
à
dix minutes de trop à l'ouest. Je
crois d'autant plus
en la justesse de
cette ob¬
servation, qu'ayant trois montres à bord, elles
nous
mirent mathématiquement à tous nos points
d'atterrissage.
tous,
Une heure
après mon mouillage à Talti,
je
débarquai toutes mes troupes, heureux de n'avoir
pas perdu un seul homme pendant toute la traver¬
sée, n'ayant pas un seul soldat de malade, tous
débarquant sac au dos. Aussitôt débarqué les
troupes furent passées en revue par M. le Gou¬
verneur.
Leur
tenue était aussi parfaite qu'un
de
dimanche
à la parade,
rien ne manquait.
Jour
Dès
de mon arrivée, ayant mis à
chargement, je fis essayer ma mature
de rechange et commencer toutes les réparations
nécessaires pour effectuer mon retour dans le
plus bref délai possible.
terre
A
le
lendemain
mon
la
sollicitation
de M.
le Gouverneur,
je
jusqu'au 19 août pour célébrer à
ce
mouillage la fête de l'Empereur. Dans le but
de rendre cette cérémonie plus solennelle,
Je
fis débarquer tout mon équipage,
ne conservant
à bord que les hommes nécessaires pour le salut
restai
à
Talti
Société des
Études
Océaniennes
�161
d'usage.
Avec
état-major,
je fis cortège au
Te Deum, le soir
nous
assistions
tous
offert par lui à
à un bal
société
la
taltienne, aux chefs et aux cheffesses de
tous
les
districts.
Un
souper splendide, précédé d'un feu d'artifice, fut servi à
Gouverneur
mon
pour
la
revue
et
le
minuit.
Le
lendemain de la fete de l'Empereur,
l'évêd'Axiéri vint célébrer la messe A bord ; la
frégate était digne d'une cérémonie aussi impo¬
sante
j'invitai à y assister tous les catho¬
;
liques du pays ce qui produisit un très bon ef¬
que
fet
tout
sur
J'ai
le
monde.
trouvé
au
mouillage de Talti la corvette
Calypso, commodore Montrésor. Ce
faisait de grandes
réparations, en s ' a-
anglaise
navire
battant
la
carène
en
les
sur
deux
bords.
J'échan¬
geai
avec ce commodore les visites d'usage et je
trouvai en lui
toute
la courtoisie britannique
quand
le prévins
je
de
la
fete
de
l'Empereur.
Le 19 août à six heures et demie du matin,
je
quittai la rade de Talti ; quatre jours après,
je reconnaissais Touboual, passant A six milles
de
cette
lie dont la position me parait
très
exacte
sur
la
carte
de
2'
pour
férence
;
je n'ai
les
trouvé
relèvements
qu'une dif¬
du
sommet
de
1 'ile.
Guidé
vant
le
époque
les instructions de Maury, me trou¬
septembre au point oh était A une
antérieure, le navire qui a fait la plue
par
1er
belle
traversée connue
(le fameux Sovereign of
Seas) je voulus primer ce navire dans mon
voyage. Le 15 septembre,
vingt-sept jours après
mon
départ de Taïti, je me trouvais nord et sud
de Diégo Ramirez
; mes montres me mettaient A la
the
minute.
Dans
cette course
de
vingt-sept jours,
j'avais gagné un jour sur le voyage du navire
américain, cité comme unique par Maury.
Le
lendemain
du
du Cap Horn, étant en
Etats, par 50* 17' de lati¬
tude sud et 65" 23'
de longitude ouest, je ren¬
contrai une grande ile de glace
;
elle fut visi¬
ble du gaillard d'avant A midi et je
fis vingt
vue
de
la
terre
passage
des
Société des
Études
Océaniennes
�162
et
milles
un
laire
de
à
cette
de
L'élévation
quante
à la perpendicu¬
distartce d'un mille.
pouvait etre de cin¬
l'avoir
une
tie
mètres;
soixante
à
de
avant
route,
ma
son
contour
de
un
à
milles.
deux
navigation active, ne perdant
de Jour ni de nuit, ayant la
que
le Sovereign of the Seas
jusqu'à l'équateur, je parvins à ce but trois
jours avant lui, ayant exactement cinquante
jours de mer, et je coupai l'équateur par 33*
Continuant
ma
une minute ni
même
route à faire
pas
ouest.
40'
fut bonne jusqu'à ce point,
moment je ne trouvai plus
les vents promis par les cartes de Maury.
Je fus
long à rencontrer les brises dominantes de l'ou¬
est par 45'
de latitude nord et je fus conduit
jusqu'au 48* de longitude.
Ma
mais
à
navigation
partir de
ce
capitaine qui suivra
de Maury fera une
belle
traversée quatre-vingt-dix-neuf fois sur
cent, et si dans mon voyage d'aller à Talti,
j'avais été pénétré de ces instructions, comme
je l'étais au retour, j'ai la conviction intime
que
j'aurais pu gagner dix jours dans cette
course
de cinq mille
lieues marines. Je déclare
donc
que
si l'Isis est allée à Taïti en 103
jours et en est revenue en 88 jours, ayant ainsi
parcouru dix mille lieues marines en 191 jours,
Je
persuadé
suis
le
mérite
en
qu'un
instructions
les
exactement
revient
à
connaissance
la
profonde
je parvins à posséder des instructions nau¬
tiques. Aussi quoique n'ayant eu à commander
qu'un navire transport, je crois pouvoir néan¬
moins, après cette longue navigation, apporter
quelques éléments nouveaux à cet admirable ou¬
que
vrage
.
1')
J'avais
fait installer un baromètre et un
tous les jours, on
rigoureuses y compris
celles de la température et des eaux.
C'est vai¬
nement
qu'en faisant ce travail j'ai cherché à
trouver la grande différence de
température si¬
gnalée aux navigateurs par Maury, entre les pa¬
rallèles 47' et 49* de latitude sud et les lon¬
gitudes de 125* à 140' ouest.
thermomètre
sur
prenait
observations
des
le
pont,
Société des
et
Études
Océaniennes
�163
2*) Ayant remarqué combien nos cartes man^
quaient de variations surtout dans l'hémisphère
sud, j'ai pris chaque jour, matin et soir, tou¬
tes les fois que cela m'a été possible,
des azi¬
muts et des amplitudes.
Je maintenais constamment des hommes en
non seulement pour signaler les navires
aussi pour voir les baleines que nous pour¬
3*)
vigie,
mais
rions
avec
le
rencontrer
soin
de
sur
notre
semblables
route.
J'ai
rencontres,
en
pris note
marquant
point.
4") Chaque jour une bouteille d'eau a été
prise et étiquetée avec la latitude et la longi¬
tude ; je les tiens à la disposition des savants
de l'Institut qui regrettent,
comme le dit Mau:y
dans son ouvrage,
de ne pas' avoir encore trouvé
d'officier qui ait rendu ce service.
5*) M. DELARONCE, officier chargé de tenir le
journal météorologique arrêté dans la conférence
de Bruxelles,
y a Joint des observations sérieu¬
sur
ses
les
courants de la mer,, observations
d'autant plus sérieuses
que cet officier s'oc¬
cupe depuis longtemps de cette question et qu'il
est l'auteur de quelques instruments destinés à
connaître
faire
courants
la
force
et
la
direction
des
le
employé quelquefois son indicateur
et j'ai
eu lieu de reconnaître
donnait bien la direction.
suivant
les
profondeurs.
Pendant
voyage, j'ai
des
courants
qu'il
en
De
toutes mes observations particulières,
j'ai formé un Journal qui contient des colonnes
spéciales laissant connaître les milles au loch
et les milles sur la carte
;
il est calculé sur
les tableaux de Maury.
Mesures hygiéniques. En quittant la France
J'avais 318 passagers et je fus frappé de l'air
rachitique,de la pauvreté d'apparence qu'avaient
tous les soldats A l'inspection que je passai le
quatrième Jour après le départ. Je pris en con¬
séquence les mesures hygiéniques suivantes qui
furent observées du Jour du départ au Jour de
retour
A
Brest.
Société des
Études
Océaniennes
�164
1*) Je fis établir un hôpital pour les hommes
attaqués de la petite vérole, maladie qui se
déclara à bord dix-neuf jours après le départ
et n'eut & sa fin qu'en approchant des Malouines
;
nous en avions eu vingt-deux cas sérieux.
2")
Tous
prenaient
un
les
installées
res
les
jours
bain
d'eau
de
540 hommes de bord
dans des baignoi¬
mer
le
gaillard d'avant. Je
longtemps possible
suivant la climature oh nous
étions ; elle fut
rigoureusement appliquée jusqu'au retour.
maintins
cette
3')
Le
maine,
les
sous
le
mesure
était
linge
hamacs
plus
lavé
tous
les
deux fois
jours.
par
se¬
dix
4") Tous les mardis et vendredis, les couver¬
tures, hamacs et matelas étaient mis dans les
haubans, battus et exposés ainsi jusqu'à onze
heures
En
du
traversant
coucher
les
cette
par
campagne,
de
matin.
les
hommes
mesure
Je
un
n'eus
mauvais
parages,
Je faisais
l'après-midi ; j'obtins
résultat unique : pendant la
pas à constater un seul cas
dans
rhume.
5°) Sous la climature chaude, la tenue de
jour était en blanc, mais au coucher du soleil,
tout le monde prenait la
tenue de drap bleu, le
drap gris par dessus ; cette tenue de nuit était
rigoureuse, on passait l'inspection au poste de
combat,la nuit,à tous les changements de quarts.
Cette mesure a été si bonne que pas un homme n'a
été atteint de maux d'entrailles
;
aussi ai~je
la conviction profonde que le jour oh les marins
n'auront plus
la tenue de drap,
la mortalité
diminuera
blables,
mandement
tant
de
ma
j'y passai
6")
pon
considérablement.
je ne
Je
perdis
Par
des
mesures
sem¬
homme dans le com¬
canonnière en Crimée, et pour¬
un hiver entier.
défends
de
aucun
ne
jamais
laver
le
faux-
t.
7')
La batterie,
Société des
quoique maintenue
Études
Océaniennes
toujours
�165
très propre,
n'était lavée que tous les deux
jours, et rarement dans les mauvais parages du
Cap Horn. Je fis mon possible pour la tenir
sèche dans les mauvaises mers en ayant soin de
faire poser des filets d'étoupe à tous les sa¬
bords
.
8")
Entre
maintins
afin
les
9*)
Pendant
de
moment
tropiques pendant
sabords
d'obtenir
crivis
au
les
air
un
vent
ouverts
la nuit, je
en
ardoise,
pur.
tout le
n'ouvrir
du
du
que
temps du voyage,
les sabords sous
branle-bas
du
je pres¬
le vent,
matin.
fis disposer
une des couvertures des
servir de manteau dans les mauvais
temps, la petite veste et la vareuse, ne suffi¬
sant pas dans un passage aussi affreux que celui
du Cap Horn.
La seconde couverture des soldats
10*)
Je
soldats
pour
restait
dans
11")
hamacs.
Tous les matins à neuf heures,
des
hommes
mes
pas
la
les
prenait le jus
scorbutique.
un
de
la moitié
n'eû¬
citron,
nous
12*) Dans les mauvais parages, je fis donner
nuit, une demi-ration d'eau-de-vie à tout le
monde.
Tout en suivant les prescriptions régle¬
sur
les vivres à distribuer journelle¬
ment aux hommes,
j'y apportai quelques modifica¬
tions en donnant plusieurs Jours
de suite des
vivres en daubages
;
je variai ainsi le régime
13*)
mentaires
alimentaire.
Récréations.
daient
de
je
1°)
mière
;
recomman¬
tous
à
pour
y
mes
réussir
Dès
assez
heures
2')
me
distractions
le début de la campagne, un théâtre,
médiocre, fut installé, et la pre¬
représentation tint tout le monde Jusqu'à
d'abord
onze
des
je fis mon possible
crois y être parvenu.
passagers
et
instructions
Mes
donner
Tous
du
soir.
les jeudis et dimanches,
Société des
Études
Océaniennes
on
dansait
�166
bord ; à cet effet, j'avais acheté un blgnou
Brest, plusieurs officiers et élèves voulurent
bien participer à cette récréation en jouant de
quelques instruments. Sur tout navire qui porte
des troupes aux colonies lointaines,
on devrait
embarquer un orgue, faible dépense, qui, en amu¬
sant le soldat,
l'empêcherait de trop penser au
pays qu'il quitte.
à
à
à bord des assauts d'armes,
cible, on donnait au vainqueur un
ou une bouteille de
coq ou un paté de foie gras,
Bordeaux.
Les
tireurs étaient en égal nombre
chez les matelots et chez les soldats ; il y eut
toujours égalité d'adresse entre les deux corps.
Quelquefois, je distribuais un certain nombre de
cartouches pour tirer sur les oiseaux de mer.
3*)
des
J'instituai
tirs
à
la
des loteries ayant un but
temps qu'agréable. Le prix du bil¬
let, quoique minime (cinq centimes d'abord, dix
centimes ensuite)
permit d'assurer une somme de
75 frs qui fut donnée à une bonne mère de famil¬
le, femme d'un quar ti e r-mai tre de manoeuvre
établi depuis longtemps à Taîti. D'autres lote¬
ries furent seulement amusantes,les lots étaient
fournis par l'état-major du bâtiment et les of¬
J'organisai
4")
utile
en
ficiers
même
passagers.
été bonne sous tous
navire bien tenu,
mes
hommes heureux et joyeux,
aimant le navire,
mes
passagers ne faisant jamais une réclamation
et ne quittant le bord qu'avec regret.
résumé,
rapports
En
les
campagne
ma
j
j'ai
vu
a
mon
comme très remarquable la naviga¬
"Sword-fish" qui
fit l'équivalent du
Maury cite
tion
du
dix
jours (dont
dans le port). La frégate l'Isis a fait
mieux que cela :elle a parcouru dix mille lieues
marines en six mois et 27 jours dont 19 jours de
tour
35
du
monde
en
dix
mois
et
jours
relâche.
•J'étais à 130 lieues de Brest avec la fré¬
gate, 68 jours après mon départ de Taîti ; mais
depuis ce temps, j'éprouvai vingt jours de tem¬
pêtes constantes du sud - sud est au nord par
l'est.
Enfin deux jours avant mon arrivée,
j'eus
une
véritable tempête du sud-ouest."
Société des
Études
Océaniennes
�Travaux
archéologiques
en
Polynésie Française
pendant l'année 1961-1962
par
Dans
1961
le
du
N*
133
à
Bulletin
134
de
la
Pierre Vérin
décembre 1960
Société d'Etudes
de
Mars
-
Océa¬
J'avais fait un point récapitulatif des
archéologiques qui avaient été effectués
sur
le Territoire de la Polynésie Française a.u
cours
des deux années précédentes. Ce bref arti¬
cle se propose de donner un aperçu des
recher¬
ches qui se sont déroulées depuis lors.
niennes,
travaux
lo— Travaux de
la Mission du Bishop Muséum.
le cours de l'année 1961, P« VERIN,
adjoint à la mission a poursuivi la pros¬
pection des Iles de l'Archipel de la Société qui
n'avaient pu être visitées en I960» Le résultat
Pendant
membre
de
ses
blié
travaux
à
Bulletin
Me'etia
ainsi
et
Tetiaroa
a
été
pu¬
des notes sur les
vestiges anciens de Makatea. De son côté, Y. SINOTO a fait une étude préliminaire sur les sites
de Huahine pendant le premier trimestre de l'an¬
née
au
que
1962.
Sans attendre l'achèvement de la prospection
générale de l'Archipel, des fouilles importantes
étaient entreprises par SINOTO et VERIN A Tahiti
et Mo'orea. L'effort était d'abord porté
sur le
site d'abri sous roche de Fa'aana à Vaira'o qui
se
révéla être un ancien campement habité A
une
époque relativement récente. Le site de
l'ancien village d'Afareaitu fut ensuite ouvert.
Cette fois des découvertes particulièrement en¬
courageantes apparurent sous les truelles et les
pinceaux des chercheurs : sites de maisons et
de marae associés A des objets variés et nom¬
breux ; certains hameçons en nacre sont d'une
forme
assez
archaïque qui rappelle celle des
spécimens trouvés en 1959 A Mangareva. D'autres
Société des
Études
Océaniennes
�168
hameçons de formes tardives sont faits en co¬
quillage mao'a (turbo), les seuls de cette ma¬
tière qui aient été jusqu'ici trouvés aux Iles
de la Société. L'année
suivante, SINOTO continua
le
chantier
;
entièrement
la
des
cour
retrouvées
en
paquets
la première
pour
fouillé.
Sous
sépultures
:
les
fois un marae fut
pierres de coin de
sacrificielles
furent
humains
os
longs attachés ensemble
burial), ce qui recoupe des
(bundle
renseignements rapportés par les traditions. Les
foyers du site d'Afareaitu ont livré des échan¬
tillons
la
pour
atteint
ge
datation
millénaire.
un
au
Carbone
dont
14
l'A¬
Une remarquable découverte de
l'expédition du
Bishop Museum en 1962 a été l'excavation d'une
sépulture analogue à celles que l'on connaît
dans
les
Zélande.
cette
niveaux
Nous
fouille
le
numéro
et
les
VERIN.
dans
Une
la
nésienne",
la
fin
du
déjà
sur
de
la
collection
"Archéologie
de
trouve, outre les
ge et pierre, des
tifs
dans cette sépulture
Papeete comme tous les
recueillis par EMORY, SINOTO
de
exposition
mois
Nouvelle-
trouvés
partie
salle
la
guère
un
Musée
au
de
étendrons
plus sur
compte-rendu a paru dans
du Bulletin. Les pendentifs
dont
précédent
déposés
autres objets
sée
archaïques
nous
herminettes
sont
et
ne
ouverte
décembre
objets
au
est
expo¬
Culture Poly¬
public depuis
Le
1961.
en
panneaux
et
nacre,
visiteur
os,
illustrés
y
coquilla¬
et
explica¬
l'ancienne
religion, les migrations,
l'anthropologie physique, les plantes et les
animaux des Polynésiens,
les fouilles aux Iles
de la Société et à
Rapa.
Avant
de
la
ne
pas
de
terminer
mission
passer
du
1'énumération
Bishop Museum,
sous
silence
la
il
des
travaux
convient
de
restauration
du
grand marae de Taputapuatea à Ra'latea commencée
EMORY et SINOTO en Août-Septembre 1962 qui
être reprise dès Avril
1963.
Il s'agit là
d'un travail particulièrement utile pour la
Polynésie Française qui ne manquera pas d'être
apprécié à sa juste valeur par les Autorités du
par
doit
Terri toire.
Société des
Études
Océaniennes
�169
2°—
Travaux de
Durant
et
les
le
Roger GREER de l'Université d'Aucland.
dernier
premiers
trimestre
de
l'année
1961
de l'année 1962,
H. GREEN
actuellement Professeur de la préhistoire à l'U¬
niversité d'Auckland est revenu
reprendre ses
recherches
relevé
Opunohu, lie de Mo'orea. L'année
archéologue avait procédé au
A
précédente,
des
mois
cet
ruines
subsistent nombreuses dans
Cette
fois-ci, GREEN a
procédé à des fouilles en des points soigneuse¬
ment choisis,
notamment dans une maison ovale et
ses
annexes.
Très peu d'objets ont été décou¬
verts, mais les fouilles ont permis là aussi
d'obtenir ces précieux échantillons de charbons
le
haut
la
de
qui
vallée.
dont
on
attend l'analyse. Précisons qu'un
rap¬
préliminaire sur les travaux de GREEN a été
publié par ce chercheur dans le N* d'octobre
1961 de MAN,
la revue de l'Institut Royal d'An¬
thropologie de Grande-Bretagne.
port
3°—
Expédition de l'Université de Madagascar aux lies
Marquises.
Les
de
recherches
Rurutu
sites
des
Dans
le
ont
été
par P.
VERIN
de l'Ile est
district
commencées
et
en
M.
dans
EELLUM.
cours
la
l'Ile
carte
d'établissement.
de
Vitaria, une concentration
urbaine d'une importance égale à celle d'Opunohu
(Mo'orea)
étudiée.
fait
été
a
Les
l'objet de
comprennent une
trémités
30
cm.
ovales
de
débroussée,
e et
qui ont
cette investigation intensive
quarantaine de maisons aux ex¬
juchées sur des plateformes de
trois
haut
aux
hectares
ca r
de
to g r aph i é
ruines
façades pavées
et ornées
de
pierres dressées.
séries régulières
Les demeures organisées en
sont associées à des marae et
d'autres structures moins connues. L'importance
de Vitaria tient au fait qu'elle fut la capitale
de la dynastie guerrière,
celle des Teuruari'i
qui conquirent la totalité de l'Ile avant l'in¬
troduction
du
christianisme
à
Rurutu.
Il
y
a
peut-être trois siècles, les rois de Vitaria
déplacèrent leur résidence à Mo'era'i, l'actuel
chef-lieu de l'Ile, car ce nouveau lieu d'habi-
Société des
Études
Océaniennes
�-•■s-.
170
tat
présentait l'avantage de posséder de vastes
L'abandon total et brusque de Vitaria explique pourquoi
ces vestiges
sont si bien
préservés alors que l'on ne retrouve à peu près
plus rien dans ïes villages de MO'ERA'I, AVERA,
AOTI, ou la population n'a pas cessé d'habiter
depuis le temps du paganisme.
tarodières.
L'intensification
des
archéolo¬
recherches
giques
en Polynésie Française a
dernier congrès des sciences
trouvé
son
écho
du
Pacifique en
Août 1961. Là,
les spécialistes d'archéologie
polynésienne de toutes les nations intéressées
ont pu comparer leurs résultats et élaborer des
plans pour les recherches futures. Une commis¬
sion permanente à la tête de laquelle
a été élu
au
le
Professeur
On
cours.
fouilles
l'envoi
dont
Musée
les
travaux
à
prochainement le
Rarotonga par R. DUFF,
d'une
mission
l'archéologue
de
coordonne
EMORY
attend
l'Homme.
N
aux
français
Il
est
11
o u v e
sera
prévu
début
ainsi
e s
J.
que
-
H é b
r
en
des
que
i d
e s
GARANGER du
ce
spécia¬
s'arrête en Polynésie Française et contri¬
bue s'il en a le temps à des travaux de recher¬
ches ou à des restaurations des monuments.
liste
Pierre
Ecole
des
de
Société des
VERIN
Lettres
-
Université
Madagascar
Études
Océaniennes
�Contribution à l'Étude de la Démographie
des Iles Marquises
par
Rappel sur la situation
premiers contacts.
I.—
le Dr H. Voisin
démographique depuis les
Marquises était au
habitants dont 2.860
dans le groupe Nord-Ouest et 1.940 pour le grou¬
pe Sud. La densité moyenne est de 0>5 habitants
par kilomètre carré, mais elle est très variable
suivant les Iles,
c'est ainsi qu'à Nuku-Hiva
elle est de 2,2,
à Ua-Pou de 4)1 et à Hiva-Oa de
1,8. En outre la population est concentrée dans
certaines vallées ou se trouvent des aggloméra¬
La
population des Iles
1961 de 4-800
Janvier
1er
de
tions
2
300
à
habitants.
du nombre des habitants au cours
période historique a donné lieu à la cita¬
de plusieurs chiffres
tous fort diffé¬
L'évolution
de
la
tion
rents
;
parlé de plusieurs
a
on
centaines de
les XVII et XVIIIèmes
est bien certain que les Iles Mar¬
milliers
d'individus
siècles.
Il
vers
étaient beaucoup plus peuplées autrefois
qu'aujourd'hui, ce que montrent d'ailleurs les
anciens monuments et le grand nombre des pavés
marquant l'emplacement de malsons disparues,
ainsi que les restes considérables
d'anciens
travaux exécutés sur divers points
de l'Archi¬
quises
pel.
COOK
évaluait
1772
en
la population
de
l'Ar¬
à 220-000 habitants et Krusenstern en
1804 à 70.000 habitants dont 17-000 à Nuku-Hiva.
PORTER en 1813 la fixait à 200*000
habitants
comme
Cook, mais il semble que ce chiffre soit
inexact. Ensuite les chiffres tombent très rapi¬
chipel
dement
21.000
exact,
en 1848 on
évalue
la population à
habitants, chiffre vraisemblablement
car à cette époque l'Archipel était bien
et
connu.
Mais
nous
pouvons
Société des
avoir des données plus
Études
Océaniennes
pré-
�172
cises
sur
et
particulier pour l'Ile
il y avait à Nuku-Hiva,
en
l'évolution
1842,
des missionnaires
l'Archipel
pour
du
5.000
le
nombre
des
selon
de
à
même
époque
la
Nuku-Hiva
8-000
population ;
2.000 ; Ua-Pou
Hiva
1
:
Or,pendant
disette
une
et
2.000
:
et
500
une
l'arbre
à
poisson
furent
famine
est
aussi
vite
geaient
qu'une
1806
dont
Cette
année,
eux
pour
les
en
cochons
les
leur
2/3
les
1806
pro¬
ceux
de
fois, le
et gibiers
naturels
assouvir
1812,
disette
les fruits et surtout
vinrent à manquer à la
et
à
l'Archipel,
se
faim.
man¬
Cette
d'ailleurs avec celle qu'éprouva
époque l'Archipel des Gamblers. Il
qu'elle fut causée par un très vio¬
même
probable
lent
Nuku-Hiva,
disparut,
entre
de
sur
anéantis.
consommés
ainsi
Da-Huka
:
6-000 j Fatu-
coincide
la
vers
tous
pain,
;
:
allant
s'abattit
sur
habitants furent
était provenue de ce
donne
700.
période
terrible
des
bablement,
:
qui
habitants.
évaluait
Hiva-Oa
;
Tahuata
particulier
en
la
Ce
20.000
DUPETIT-THOUARS
En
l'estimation
habitants.
chiffre
habitants,
Nuku-Hiva,
raz-de-marée
faisant périr la plus grande
des arbres à pain, plantés dans le bas
des vallées,
et les autres ressources,
ce
qui
explique aussi la rarefaction du poisson, rare-
partie
faction
faisant
nous
avons
lors
du
Chili
suite
le
pu
au
raz-de-marée,
constater
tremblement
de
nous-mêmes
terre
de
en
comme
i960
Conception
au
.
On
peut donc
admettre
qu'avant
1806 la popu¬
sensiblement de 16.000
habitants, ce qui donne pour l'ensemble des Mar¬
quises : 70-000 habitants et est en faveur du
chiffre avancé par Krusenstern.
lation
Si
de
Nuku-Hiva
l'on
était
tient
compte qu'en 1687 et en 1746
violents tremblements de terre
au
Chili, avec raz-de-marée, il est possible
aussi qu'à ces deux époques
la mer fit de nom¬
breux ravages aux Marquises et diminua
déjà la
population.
il
eut de
y
De
1848
très
à
1936}
cessa
d'aller
ses
maladies,
:
en
le nombre
décroissant
des
pour
alcoolisme,manque
Société des
Études
habitants
ne
diverses cau¬
de ressources.
Océaniennes
�173
En
1926,
Nuku-Hiva
Hiva-Oa
:
la population était de 2 094 habitants:
543
; Ua-Huka : 139
;
Ua-Pou : 522 ;
642
; Tahuata :
250 ;
et Fatu-Hiva
198.
Les gens mourraient jeunes,
puisque les re¬
gistres d'Etat-Civil consultés montrent que la
plupart des décès se produisaient aux alentours
de
la
trentaine.
11 n'y avait plus que 1.300 habi¬
l'Archipel. Mais c'était le point mi¬
nimum de la courbe,
et la progression en sens
inverse s'est depuis maintenue
constante. En
1956, 11 y avait 4.300 habitants et nous avons
dit plus haut qu'actuellement
ils sont 4.800«
En
tants
Le
1936,
pour
chiffre
d'accroissement
est
de
200
par
an
en
actuellement. Il s'agit d'une population
jeune, car 70 % des habitants ,ont moins de
moyenne
très
20
ans.
Rappelons
qu'une
épidémie
de variole
qui
avait pré¬
cipité le déclin de la population de ces deux
Iles. Elle fit 1.560 morts. Voici son origine
:
en
1862,
vers
la fin de l'année, des navires
péruviens razzièrent pour les envoyer travailler
à l'exploitation des mines du Pérou, un certain
nombre de Marquisiens
70 environ. L'aviso
:
français "le DIAMANT", & la suite des protesta¬
tions
et démarches du gouvernement
français
récupéra les survivants au Pérou et les ramena
aux Marquises
le 21 Août 1863.11 toucha Taiohae.
Le Commandant pour sauver son équipage,
débarqua
9 hommes et 4 femmes,
originaires des Gamblers
d'oii ils avaient été également enlevés pour le
Pérou, atteints de variole. Tous les Marquisiens
du bord étaient morts de
cette maladie. Malgré
les précautions d'isolement prises,
la maladie
diffusa et une embarcation la porta de Nuku-Hiva
à Ua-Pou.On comptait jusqu'à dix morts par jour,
par vallée. Entre le 20 Août 1863 et le 26 Mars
1864,
11 mourut de la variole, 960 personnes à
sévit
en
Nuku-Hiva
1863
à
et
600
Nuku-Hiva
à
et
à
Ua-Pou
Ua-Pou.
Société des
Études
Océaniennes
�174
II.— Evolution
En
1955, il y
soit 7 ans
1962,
soit
depuis lès sept dernières années.
avait 4 276 Marquisiens.s
En
plus tard, il y en a 5.588,
.
accroissement
un
de
1.312
habitants.
La population étant très jeune
dans son en¬
semble, le taux d'accroissement ira dans les
prochaines périodes, en se majorant, car chaque
année, arrivent en Age de procréer de nouvelles
générations plus nombreuses que les précédentes.
Cet
accroissement
dans
l'ensemble
plus
fort
dans
le
démographique est inégal
l'Archipel il est beaucoup
Groupe Nord que dans le Groupe
de
Sud.
Dans
le
Groupe Nord, en 1955, la population
habitants j au 1er Janvier 1962,
elle est passée à 3. 542,
soit une augmentation
de 792 habitants,
ce qui
représente 60,3 % de
l'augmentation totale. Cette différence entre
était
les
tre
par
de
deux
avec
2.750
géographiques ne fera que croî¬
temps, en raison de la répartition
la population actuelle.
groupes
le
Age de
Dans le
tableau l nous faisons figurer par
district, les chiffres des naissances,décès glo¬
baux, décès de 0 à 1 an et l'accroissement.
Il
tricts
faut
de
remarquer d'une part : que
PUAMAU et de HATIHEU doivent
les
en
dis¬
réali¬
té
être jugés dans
le contexte de leurs lies
respectives de HIVA-OA et de NUKU-HIVA, car la
plupart de leurs femmes enceintes sont allées
accoucher
les
à ATUONA ou à TAIOHAE,
ou se font donc
déclarations de naissances ; d'autre part :
tableau ne tient pas compte des mouve¬
population qui se sont produits soit
dans
l'Archipel même, soit de l'Archipel sur
Papee te.
que
ce
ments
Il
de
existe
en
effet
un
assez
fort
courant
d'émigration de la population des districts
vers
la capitale administrative : TAIOHAE
(ou en
plus s'est ouvert un internat de garçons qui
groupe 150 élèves)
; et un courant beaucoup plus
Société des
Études
Océaniennes
�175
Marquises vers Papeete. On peut évaluer
le nombre des Marquislens ayant
ces sept dernières années leur lie pour
des
fort
à
200
environ
quitté
TAHITI.
Cette double émigration n'aura que tendance
augmenter tant que ses motifs d'ordre écono¬
mique n'auront pas reçu de solution.
à
ressort également que la
élevée demeurant celle
d'un pays
sous-développé, ce que les Marquises
sont, d'ailleurs.
De
ce
mortalité
Au
tableau,
il
infantile
tableau
II
est
nous
avons
fait
figurer
les
di¬
pourcentages concernant le taux d'accrois¬
sement, de décès, et de mortalité infantile. Il
s'agit là de chiffres moyens calculés sur 7 ans.
On n'y a pas
compris le taux de nuptialité car
il n'a aux Marquises qu'une
importance secon¬
daire ;
le mariage n'ayant aux yeux des naturels
qu'une signification accessoire. Bien souvent
les ménages vivent de nombreuses
années en état
de concubinage et puis,
pour une raison quel¬
vers
(influence d'un missionnaire en général)
régularisent ; mais cela se fait souvent en sé¬
rie, aussi les chiffres n'auraient-ils qu'une
signification relative. Nous avons pu constater
à travers les Marquises,
que les unions les plus
durables sont le plus souvent les unions libres.
conque
qui concerne l'Ile de UA-POD, en I960
le taux de mortalité infantile a été
très élevé,
(En I960 - 161 % et en 1961 - 189$) ,
cela est dtl en partie,
en dehors d'une forte
épidémie de coqueluche, au marasme économique
dans lequel
s'enfonce cette tie et qui entraîne
une
population nettement sous-alimentée.
En
et
ce
1961»
D'après le tableau II, nous
décroissant les ties
forts taux d'accroissement sont
l'ordre
Hiva,
Tahuata et Ua-Pou,
voyons que dans
ayant les plus
: Ua-Huka, Fatu-
Nuku-Hiva et Hiva-Oa.
La plus forte proportion de décès se voit à
Nuku-Hiva, mais cela est dû en partie à la pré¬
sence
à TAIOHAE,
de l'hôpital oh viennent mourir
plusieurs malades
en provenance
Société des
Études
des autres lies.
Océaniennes
�176
En
taux
qui
ce
la
présence
de
l'Internat
nombre
parmi
le
années
monde
démographique de
annuel
Taux
moyen
taux
est
Lagos
au
Nous
de
les
NIGERIA
% pour les pays
prolifiques (CHINE,
mortalité
5,51
1,9
-
(le pays oh ce
plus élevé étant
3,6
-
le
comme
avec
%)•
donc que les Marquisiens se clas¬
qu'honorablement dans l'échelle mon¬
battent
même
qui,
Passé
le
hommes
cap
ont
et
ans
référé
aux
des
cours
7
de
ses
66
derrière
le
difficile de
toutes
les
celui
du
taux
1 000 habi¬
NIGERIA cité en
pour
la
première
chances
de
année,
jus¬
vivre
les femmes jusqu'à 65 ans si l'on
âges des morts adultes constatés
dernières années.
étudierons
structure
record,
un
avec
tants, laisse loin
exemple par l'ONU.
Nous
pour
voyons
et
qu'à 68
pour
suivants
1,9
-
plus
de naissance
naissances
au
de
:
considéré
plus
s'en
son
raison
en
l'ONU donne
chiffres
d'accroissement
Taux
diale
les
1959-1960
plus peuplés et
URSS, INDE, USA).
les
d'ATUONA,
faible
population des 220 élèves
filles qui
"surchargent" le
de
entier
Taux
des
si
sa
les
sent
district
est
d'habitants.
L'annuaire
les
le
concerne
d'accroissement
maintenant
le
détail
de
la
cette
population. Pour cela, nous
avons
choisi deux lies qui nous paraissent cor¬
respondre le plus aux données moyennes : FATUHIVA dans
le
Groupe Sud et NUKU-HIVA dans le
Groupe Nord.
Pour
tants
FATU-HIVA, nous
présents, soit :
habitan ts
avons
trouvé
331
-
31
de
0
à
1
-
55
«
de
1
à
4
ans
87
n
de
5
à
14
an s
61
it
de
15
à
24
ans
59
n
de
25
à
44
ans
32
n
de
45
à
64
ans
-
-
-
-
Société des
Études
Océaniennes
an
habi¬
�177
habitants
6
-
Il
173
a
y
plus
de
habitants
de
65
de moins de 15 ans
6
Parmi
à
55
vieillards
adultes
(soit
%)
51
152
ans
(soit 1,8 %)
(soit 47,2 %)
adultes, on compte 76 hommes de 15
soit pour chacun 4,3 personnes à char¬
ces
ans,
ge.
et
Il
y
17
ont
tre
55 femmes en âge d'avoir des enfants
accouché en une année, soit 30 % d'en¬
a
elles.
Si
l'on
examine
les générations suivantes,
dans 10 ans, il y aura 85 femmes en
age de procréer qui pourront mettre au monde (si
la
loi du 30 % demeure respectée)
25 enfants
par an.
La population dans 10 ans, se sera donc
on
voit
que
de
accrue
210
-
de
Dans
le
tableau
des
le
IV,
la
par
tableau
Le
(de 15
à charge.
III
habitants
xexe
NUKU-HIVA
adultes
personnes
tableau
selon
et
habitants.
531
-
hommes
4,8
taillée
le
environ,
200
-
200
+
110
chacun
10
-
V
nous
donnons
est
la
pyramide
de
0
à
1
de
1
à
4
249
"
de
5
à
14
201
"
de
15
à
24
233
"
de
25
à
44
103
"
de
45
à
64
14
"
de
65
y
Il
à
s'y trouvera
ans) ayant
55
liste
la
année d'Age
répartition de ces
tranche de 10 ans.
"
Il
alors
dé¬
;
et dans
habitants
des
ftges
de
•
habitants
Soit
donc
par
186
97
sera
:
331
-
alors
:
-
1083
a
:
532
habitan ts
moins
Société des
de
(546 H
15
Études
ans ,
an
et
(48 H+ 49
(100H+ 86
(131H+118
(90 H+lll
(II5H + H8
(57 H+ 46
( 5 H+
9
537
F)
soit 49 %
Océaniennes
F)
F)
F)
F)
F)
F)
F)
�178
14
vieillards, soit
1,2 %
adultes, soit 49,8 %>
537
On
compte 244 hommes de 15 à 55
chacun : 4,4 personnes à charge.
pour
Il
et
y
accouché
Dans
10
monde
716
ans,
chances
de
s'être
et
personnes
s'y trouvera alors
ayant à leur charge
l'ensemble
ont
hommes
5,4
633
-
sera
de
:
d'environ
:
accrue
personnes.
Pour
nous
ans,
toutes
50
-
Il
d'avoir des enfants
année, soit 25,7 %•
une
des
donc
aura
1
ftge
en
en
il y aura 303 femmes en ftge
enfants, qui pourront mettre au
(f 25,7 %) - 77,8 enfants. La population
d'avoir
683
femmes
229
a
ont
59
soit
ans,
de
336
hommes
chacun
de
5
:
l'Archipel,
15
à
55
personnes.
contrôles
nos
montré
qu'il existe actuellement 755
qui ont donc chacun ft leur charge
adu-ltes
personnes.
Il
y a également 755 femmes en ftge d'avoir
enfants et qui en ont 200
par an,
soit 26 %
d'entre elles qui accouchent dans l'année.
des
Dans
d'avoir
tre
La
230
-
Notons
Avant
cas
cette
En
qui
femmes
1601
pourront
par
en
an,
ftge
met¬
pourra donc être accrue de :
10 - 2 300 et pourra être de
environ.
qu'actuellement il y
qui a moins de 15 ans.
de
clêre
ce
chapitre,
de
l'Ile
de
de
Ile
nous
% de la
une
56
de
zone
il
y
a
ft
étudierons
UA-P0U, oh toutes
facteur démographi¬
créer
un
font de
sous-développement marqué.
UA-POU
% de moins de
Société des
po¬
de
pas
effet,
environ,
53
a
facteurs, dont le
le moindre, contribuent à.
paupérisation très fftcheux qui
n'est
état
x
particulier
sortes
que
aura
population
pulation
le
y
et
enfants.
317
habitants
800
il
ans,
enfants
monde
au
258-28
7
10
des
15
Études
sur
1
200
ans.
Océaniennes
habitants
�179
Il
y
et
hommes
charge en
à
Il
y
60
d'entre
qui
femmes
124
a
En
au
qui
ont
chacun
6
moyenne.
âge
en
elles
correspond
d'entre
adultes
199
a
personnes
d'avoir
des enfants,
l'année, ce
ahurissant de 48 %
accouchent
chiffre
dans
elles.
1951>
enfants,
qui sont
sur
104
femmes
Dans
10
d'avoir
âge
en
accouchèrent, soit
des chiffres vraiment
77
près
de
2
des
sur
3,
anormaux.
ans,
il y
enfants et
aura
287 femmes en âge
qui mettront au monde par
an
138
enfants. La population aura donc toutes
chances d'être passés de 1.200 à 2-200 personnes
environ
(accroissement de 1.090 - 90 - 1.000).
d'avoir
des
il
Et
alors 287 hommes adultes devant
subvenir aux besoins de 7 per¬
est une bien lourde charge.
aura
y
chacun
en
moyenne
sonnes
ce
qui
L'accroissement
de UA-P0U
représentera à lui
celui de l'ensemble de l'Ar¬
chipel ; et si à l'heure actuelle la population
de cette
Ile
représente 20 % de la population
totale, dans 10 ans, elle en représentera 29 %
tout
et
que
seul
ce
le
pour
50
% de
une
dixième
superficie qui n'est sensiblement
de la superficie totale habitée.
Dr.
Médecin
Santé
Hubert
Commandant
de
Société des
la France
Études
VOISIN
du
Service
de
d'Outre-Mer
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�26
14
acc
4
D
40
0
4
49
12
6
25
101
0
1
2
15
40
15
1
3
2
16
2
71
172
7
17
10
0
7
8
1
n
58
0
15
4
3
2
7
4
23
13
36
19
N
Nbre
Hab
15
33
593
48
930
337
64
12
299
07
1.
29
124
742
236
2
47
18
17
20
84
208
289
320
031
.
394
1.
745
1
.
3
.981
6
acc
1
D
28
34
3
1
4
51
14
4
99
29
3
3
13
21
32
2
5
2
28
1
81
180
8
11
19
0
4
4
8
6
3
D
57
4
4
3
8
14
7
32
19
10
42
57
17
N
Nbre
Hab
3
17
563
331
896
956
285
33
40
95
24
211
116
713
137
286
999
299
366
2.
TIABLEU
36
44
64
18
36
42
14
16
72
126
4
801
3.
6
3
7
3
198
2
1
1
D
64
1.
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31
3
4
2
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N
5
2
D
9
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1
41
53
12
69
13
41
20
51
10
142
Nbre
Hab
3
16
529
323
852
892
267
2
677
.01
280
957
15
19
285
350
85
592
1.
19
227
603
3.
6
acc
17
12
0
D
29
2
2
1
40
15
2
1
84
27
5
3
33
2
5
15
18
1
1
66
150
7
12
0
3
4
7
6
4
D
55
N
20
36
16
46
Hab
512
36
101
311
823
852
252
1
NUK-HIVA
TAIOHAE HATIHEU
LIEU
UA-POU UA-UKA
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19
11
47
19
19
36
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274
924
270
332
526
1
F-ATU-HIVA
OA
ATUONA PUAM U
-
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1.
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844
1
3
51
42
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acc
D
1
5
18
13
22
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2
10
13
23
18
62
69
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1
7
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D
1
6
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N
59
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Nbre Hab
bTIABLiEsU
43
083 179
1.
20
29
349
61
822
1
4
62
2
136
375
458
1.
1.969
580
4.
3
51
22
29
26
16
28
70
205
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acc
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314
2.
1.
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15
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0
6
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6
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1
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D
N
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Nbre Hab
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18
35
23
36
17
35
359
430
88
156
021 128
1.
39
327
476
793
317
10
1.
2.
1.
1
.89
244
375
4
•
6
45
51
72
16
26
13
39
24
20
83
0
0
0
0
6
6
139
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D
7
1
71
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1
10
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21
2
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0
19
13
12
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0
5
D
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N
11
56
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0
11
67
351
970
77
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2
6
14
44
26
26
96
160
056
311
Nbre Hab
LIEU
1
13
30
16
1
619
4
21
16
37
767
304
2.
TAIOHAE HATIHEU NVUKAL'-HI
UA-POU UA-UKA
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N
G
071
335
410
816
HIVA-O
256
153
4.
1.
ATUONA PUAM U
34
FATU-HIVA
TAHUTA
-
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�TABLEAU
III
FATU-HIVA
HOMMES
FEMMES
1
13
18
26
1
0
51
2
0
2
14
8
27
2
1
52
1
0
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7
8
28
0
2
53
0
1
4
9
9
29
1
4
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1
0
5
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2
1
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Études
Océaniennes
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1
1
1
1
�SUR
NOTE
LA
FABRICATION
dans
l'Ile
DU
TAPA
par
P. Vérin
Rurutu
Le Musée de PAPEETE vient de s'enrichir d'une
précieuse collection ethnologique et archéolo¬
gique rapportée de Rurutu par P. VERIN et M.
KELLUM,
M.
à
laquelle a généreusement contribué
(1) Parmi les pièces archéologiques
de nombreuses herminettes, une belle
BRUNOR.
figurent
pilons dont un en calcite, trois lampes
récipient taillés dans la lave, quelques
hameçons en nacre, les premiers trouvés aux Iles
série
et
de
un
Australes.
ethnographique comprend deux
taille, un ancien repose-tête
en
bois de miro (Thespesia populnea, Corr.)
une
grande table à pilonner en toa (Casuarina equisettifolia Forst) un bel 'ana (Tuo'i), plusieurs
pilons modernes et enfin une collection d'objets
nécessaires à la confection du tapa :
enclumes
et battoirs
auxquels ont été joints quelques
échantillons anciens et récents de cette étoffe
La
collection
de
'umete
grande
végétale.
deux enclumes
(Tutu'a) sont l'une en
l'autre en maiore (Artocarpus incisa L.)
plus de cinq mètres de long (2). Certai-
Les
miro,
et
(1)
ont
Cette campagne de
rendue pos¬
contribution de l'Université de Tanana¬
rive, auxquelles se sont Jointes une donation du Bishop
la Société des Etudes
Museum et une autre d'un membre de
Océaniennes qui a demandé à garder I'anonymat.
C'est grîce à l'obligeance de Monsieur le Lieutenant de
Vaisseau de CHAZEAUX, Commandant l'aviso "La Bayonnalse"
que ces lourdes pièces ont été transportées à Papeete.
sible
12)
double
Papeete, et
fouilles à Rurutu, placée sous le
patronage de la Société des Etudes Océaniennes,
de l'Université de Madagascar, Tananarive, a été
grSce h
une
Société des
Études
Océaniennes
�188
d'une
nés
existé
connues
sèdent
taille
toa.
en
Iles
aux
donne
sé.
On
de
la
leur
à
supérieure
ou
enclumes
évidement
un
qui
analogue
Ces
Société,
sur
section
auraient
ressemblent
la
elles
car
toute
la
forme
celles
à
pos¬
longueur,
d'un
U
ce
renver¬
sait
saltique
qu'aux Iles Marquises la pierre ba¬
était le matériau préféré pour les en¬
clumes
tapa
Le
à
Musée
de
qui
possèdent
ne
PAPEETE
a
pas
d'évidement.
déjà depuis longtemps un
de la Société et un autre
spécimen de l'Archipel
des Marquises,
ce qui permettra
au visiteur de
utilement avec ceux que nous avons rap¬
des Australes. Signalons qu'il existe à
comparer
portés
Tahiti
nant
à
DATCHARRY
M.
bligeance
à
autre
une
naguère
enclume
M.
son
de
nous
marquisienne, apparte¬
DEN BROEK D'OBRENAN, que
actuel propriétaire a eu l'o¬
laisser étudier à son domicile
VAN
Mahina.
La
fabrication
du
tapa,
Parure,
l'on appelle
est évoquée avec
joie par les plus vieux habitants qui se rappel¬
lent
le
temps, pas si lointain, ou des groupes
d'ailleurs
de
femmes
dans
Rurutu
faisaient
toutes
taient
du
à
les
ensemble
résonner
vallées.
sur
le
tambour-gong To'ere
que
le
son
Plusieurs
Tutu'a,
des
enclumes
femmes
tantôt
(Rurutu Pate),
le
bat¬
rythme
tantôt le
rythme ou tambour cylindrique Tariparau. Afin
produire ce son si plaisant appelé Anapenape,
l'enclume doit être retournée,
l'évidement fai¬
sant
face au sol
;
deux bottes de feuilles de
bananier ou de pandanus la soutiennent à chaque
extrémité. Cette étrange caisse de résonnance
retentit de façon
différente selon la position
que l'on occupe le long du Tutu'a et nul
doute
que les spécialistes de jadis mettaient à profit
ces
nuances
musicales pour cadencer les chansons
de
travail
composées pour ces occasions. Une
autre sorte de Anapenape que l'on entend encore
aujourd'hui communément est produit par les
vigoureux jeunes gens, qui, le samedi surtout,
préparent le Poi ; les lourds pilons de corail
(Tu'i Nu'a) s'abattent alors à coups précipités
de
sur
la
basses
bois
de
masse
(Tu'i
fer
;
cinquantaine
onctueuse
étalée
sur
les
tables
Raro). Toutes ces tables sont
les plus grandes peuvent peser
de
kilos.
Société des
Études
Océaniennes
en
une
�189
également en bois de fer que sont faits
à
tapa (X'e) déposés au Musée. Le
battoir proprement dit possède une section car¬
rée tandis que celle du manche est cylindrique.
Chacune des quatre faces du battoir est striée
de
raies parallèles
et longitudinales. Quand
elles sont au nombre de 4 ou 6,
la combinaison
C'est
les
battoirs
le nom
porte
termes
de Patara Parure,
s'appliqueraient
dont
les
stries
faces
deux
sente
tandis que les
de
ont
faces
tandis
Tute
Parure
respectivement aux battoirs
à
8
10
stries
Le plus fréquemment un
(1).
vis-à-vis
et
Parure
Amataraa
de
à
et
30
à
52
battoir pré¬
espacées se faisant
les deux autres faces sont
stries
que
du
type Tutu Parure. Parfois
possèdent des stries serrées.
les quatre faces
j'ai pu interroger,
vu faire un battoir
à tapa.
Aussi n'est-il peut-être pas inutile de
dire quelques mots
sur l'origine des pièces que
nous
avons
pu recueillir. Elles proviennent de
VAIREA
VAHINE, METERI a ATAPO et TUANA VAHINE.
Vairea Vahiné est aujourd'hui âgée de 75 ans.
Elle
reçut les battoirs de sa mère TEPO'O a
ATIA, décédée en 1915 à l'Age de 80 ans qui af¬
firma à sa fille que
ces objets provenaient de
sa
propre grand'mère. Meteri était connue comme
une
spécialiste émérite 5 elle mourut à l'Age de
79 ans
;
ses battoirs proviennent de sa mère
Marie AU'URA qui
aurait obtenu cet héritage
issus de la lignée du légendaire
d'ancêtres
AU'URA. L'histoire de cette famille est locale¬
ment si connue que la notoriété publique relate
en
détails comment Tauoma, père de Météri, fail¬
lit subir un sort funeste,
quand, l'ayant accusé
d'avoir séduit la Reine MATAURARII,
le Roi PA'A
réclama, pour la dernière fois dans les annales
de
l'Ile, la tête de ce sujet coupable de lèseMajesté.
Parmi
aucune
ne
les
se
personnes
souvient
que
avoir
des battoirs de TUANA est moins
mais comme pour ceux de Vairea et
de Météri,
on peut être assuré qu'ils n'ont pas
été
faits après le XIXème siècle. Une informaL'histoire
bien
Il)
connue,
Terminologie communiquée par H. Martin BRUNOR.
Société des
Études
Océaniennes
�190
affirmé que les fines raies étaient na¬
creusées avec la pointe des épines d'our¬
sins
INA (espèce d'He terocentrus) . Compte tenu
de la dureté du bois de
fer, on peut douter de
la véracité de ce
renseignement. Nous pensons
que notre informatrice avait plutôt en mémoire
le nettoyage des raies pour lequel les pointes
trice
a
guère
INA
des
conviendraient.
L'art
est actuellement moribond A
maintient encore un peu pour les
costumes du "Juillet"
et encore s'agit-il de
tapa non teint. On ne renouvelle même plus ces
précieux rouleaux de Parure teints en noir et
marron
sur
lesquels on a encore coutume de dépo¬
ser
les nouveaux-nés dès la première heure de
leur
Une pièce
vie.
de tapa de ce type a été
recueillie. Elle fut confectionnée par Météri
pour la naissance de TEAAAOE TANE il y a une
trentaine d'année ; un autre échantillon,
brut,
a
été fait par Vairea Vahine sur notre demande,
nous
avons
pu assister à l'opération et l'enre¬
gistrer au magnétophone (1).
Rurutu
la
tapa
se
branche
Une
MAIORE
du
il
;
avait
faisant
bien
droite
l'arbre
de
préalablement coupée
été
chauffer
doucement
sur
;
feu
un
A pain
tout en
(Para'i
aua'i) Vairea Vahine précisa qu'elle
préférait travailler cette écorce (Pu'uru) plu¬
tôt que
celle du AUTE (Hibiscus Rosa-Sinensis L.). Notre informatrice fendit ensuite l'écorce
dilatée dans le sens de la longueur de la
branche, la décolla A l'aide d'une palette en
i
roto
bois
i
et
te
arracha
le
Pu'uru
en
tirant
A
deux
mains
('O'ORE). L'-écorce intérieure fut ensuite déta¬
du PU'URU,
lavée A grande
constitua la matière première du PARU¬
RE.
Vairea Vahine la disposa bien A plat sur
l'enclume préalablement humectée et se mit A
frapper A coups réguliers en utilisant d'abord
la partie
du battoir qui présente des stries
espacées pour finir avec les faces du type TUTU
PARURE.
L'action de frapper s'appelle TUTU'I
plutôt que TAIRI, terme employé par certaines
chée
eau,
(1)
Un
de
l'ensemble
elle
fragment de cet
ondes
de
enregistrement
Radio-Tahiti
au
cours
de
a
été diffusé sur les
"Actualités
l'émission
Polynésiennes" du Mardi 6 Novembre 1962.
Société des
Études
Océaniennes
�191
assistant à la séance. A la fin du
largeur du morceau de PU'ÙRU avait
plus que doublé. Il ne semble pas qu'à. Rurutu
on
emploie comme aux Iles Wallis une colle végé¬
tale pour assembler les diverses pièces de TAPA.
Les morceaux à
raccorder sont partiellement
superposés puis battus ensemble en mouillant de
temps à autre l'étoffe végétale comme pour un
battage ordinaire.
personnes
travail
la
"E Pa'au
'ie'ie te o'ipa no te mau etenel"
païens d'autrefois faisaient de belles
choses
!) s'exclama un des spectateurs alors que
Cairea Vahine la dernière artisane du
tapa à
Mo'era'i achevait son ouvrage...Certes il s'agit
d'un passé dont les Rurutu peuvent s'énorgueillir. Aussi,
comme leur art parait voué inélucta¬
blement à
tomber en désuétude, nous sommes heu¬
reux
d'avoir pu déposer dans le Musée du terri¬
toire quelques
témoignages de ce qui n'est plus
qu'une survivance. Souhaitons qu'au moment ou on
cherche avec
raison à empêcher l'exportation
de pièces anciennes hors de Polynésie Française,
un
effort réellement important soit fait en
faveur du Musée de Papeete qui doit jouer un
rôle de premier plan dans la conservation de ces
précieux vestiges du passé.
-
(Les
Pierre
Ecole
Assistant
Université
Société des
VERIN
Nationale
Études
des
Lettres
Archéologie,
de Madagascar.
en
Océaniennes
�ACQ U ISITIONS
Un
paekaha diadème de chef marquisien
Un ivi poo
Un penu
marquisien
Société des
Études
Océaniennes
�Le Bulletin
l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas
qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien
les commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls,
Bureau de la Société accepte
Le
articles
en
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responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas de
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La Rédaction.
Les
publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
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200 F.P.
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Études
Océaniennes
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France
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Membre à vie résidant à l'Etranger, 15 livres sterling
ou
40 dollars.
Avantages de
versée
se
faire recevoir Membre à vie
fois pour toutes. (Article
ment Intérieur. Bulletins N° 17 et N°
29).
somme
lo
Le
une
Bulletin continuera
à
lui
être
pour cette
24 du Règle¬
adressé, quand bien
même il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
2°
du
Le Membre à vie n'a
paiement de
sa
plus à se préoccuper de l'envoi
cotisation annuelle, c'est une dépense et
ou
un
souci de moins.
En conséquence : Dans leur intérêt et celui de la Socié¬
té, sont invités à devenir Membre à vie :
TOUS CEUX qui, résidant hors de Tahiti, désirent recevoir
le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la Société.
TOUS
CEUX
qui, quittant Tahiti, s'y intéressent quand
même.
Société des
Études
Océaniennes
���
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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2605-8375
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Établissement
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 141
Description
An account of the resource
Procès-verbal de l'Assemblée Générale du 2 octobre 1962 141
Voyage
- Jeanne Baret, la première femme autour du monde par H. Jacquier 150
- Aller et retour Brest-Papeete en 1860 J. L. 157
Archéologie - Travaux archéologiques en Polynésie française pendant les années 1961-1962 par P. Vérin 167
Démographie - Contribution à l'étude de la démographie des Iles Marquises par le Dr H. Voisin 171
Muséologie - Note sur la fabrication du tapa dans l'Ile Rurutu par P. Vérin 187
Acquisitions 192
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Société des Études Océaniennes (SEO)
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Société des Études Océaniennes (SEO)
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1962
Date de numérisation : 2017
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PFP 3 (Fonds polynésien)