-
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Bulletin
DE
il
Société
la
se
©
des i
ÉTUDES OCÉANIENNES
X«
77
TOME VII
DÉCEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
des
—
(N° 5)
1946
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
IMPRIMERIE
A
DU
—
Sciences naturelles
GOUVERNEMENT
PAPEETE
(TAHITI)
aniennes
i
�BUREAU DE LA
SOCIÉTÉ
Président
Vice-Président
M. Rey-Lescure.
Secrétaire-Archiviste
M. H.
Trésorier
M. A. Cabouret.
jacquier.
Assesseur
M. le D1" Rollin.
Assesseur
M. A. Poroi.
Secrétaire-Bibliothécaire-Conservateur
„
du Musée MIIe A. Natua.
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sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
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LE BULLETIN
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
La Rédaction.
�DE
LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME VII
n°
77.-
(N° 5)
décembre
i»4ë.
SOMMAIRE
Pages
Voyages.
Etude
sur
Lazareff.
239
(Commandant Cottez)
Histoire.
Maeva, Ile de Huahine.
Alain Gerbault.
Trois documents pour
cairn.
(Yves Malardé)
247
251
(J.P. Alaux)...
servir à l'histoire de l'île Pit¬
(R.L.)
255
E thnog ra phie.
Essai de reconstitution des mœurs, coutumes
naissances de l'ancien Tahiti. (R.L.)
Au
et con¬
259
sujet des idéogrammes marquisiens (Jean de la
264
Roche)
Le chien
en
Polynésie. (ReyLescure)
266
Poésie.
Les chercheurs de
coprah. (A. D.)
Société des
Études
Océaniennes
273
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Société des Etudes Océaniennes
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k
�Etude
LAZAîtEFF
sur
Il serait injuste cle
navigateurs
russes
ne pas joindre aux noms des
grands
du début du XIXmo siècle celui de LA-
ZAREFF.
En effet de même
que Lisiansky escortait Krusenstern,
Lazareff accompagnait
Bellinghausen dans ses mémorables
exploits. Mais Lazareff possède
tre connaissance. Aussi
d'autres titres à
encore
no¬
nous
proposons-nous, au cours de
cette brève étude, d'examiner sa
carrière de navigateur,
principalement du point de vue océanien.
#
LAZAREFF
*
*
né en 1788- Il entre au
corps des Cadets
1803, puis ainsi que Krusenstern, Lisiansky et
beaucoup
d'autres marins russes de cette
époque, vers 1808 sans doute
est envoyé pendant
quelques années en instruction sur les
est
en
bâtiments de S. M. Britannique.
Nous le retrouvons en 1813 sur le "
cours de cet
embarquement qui dure
Souvarof'
plus de 3
;
c'est
ans que
au
sont
découvertes dans le Pacifique les Iles Souvarof.
Ces îles situées par 13° 20' S et 105° 50' E
appartiennent à
l'Archipel actuellement, anglais de Manihiki, entre les îles
qui se groupent, autour de Ton gare va ou
Penrhyn et l'Ar¬
chipel Samoa. (Ne
pas
confondre
cette
Koutousof et Souvarof découvertes
en
terre
avec
les îles
1819 par Kotzebue
par 11° 49' et 170° E environ).
C'est un récif entourant un
s'élèvent
lagon peu profond sur lequel
quelques îles boisées. Là longueur de la "terre
émergée est de 5 kms. L'île est inhabitée (1894-Vivien de
St-Martin, nouveau dictionnaire de géographie
universelle).
Vers 1815, Lazareff fait, escale aux
Marquises. Son bateau
est même caréné dans
le port-
Tchitchagoff- (voir article
Krusenstern).
Au printemps
1819, un certain L.
expédition scientifique à la Nouvelle
sur
Société des
Études
V. Lazareff dirige une
Zemble. Cette expédi-
Océaniennes
�240
—
tion échoue en raison de
—
circonstances de temps
tables. Il n'est d'ailleurs pas
épouvan¬
absolument sûr qu'il
s'agisse
de notre héros.
Quoi qu'il en soit
2 vaisseaux russes
-
et ceci est certain - le 3 juillet 1919, les
(Orient) et le uMirani" (Pa¬
le " Vostock"
cifique), commandés par le Capitaine Bellinghausen et le
Lieutenant Lazareff quittent Cronstadt pour les mers po¬
laires.
Ils y
font diverses découvertes
(Iles Traversay). Ils se ré¬
parent en Mars 1820 à Port Jackson, puis reprennent la mer
et durant l'été de cette année 1820, Bellinghausen découvre
17 îles nouvelles (voir article sur Bellinghausen - Bulletin
). Lazareff a
gloire.
S.E.O.
de
naturellement dans cette moisson sa
Ces différents groupes
part
d'îles forment une chaîne qui a son
point de départ au groupe Arakcbief'f (Angataù) et se termine
Krusenstern - On a donné à l'ensemble des îlots dont
se compose la chaîne entière le nom d'îles russiennes (Archi¬
pel des Tuamotou.
Le 22 juillet les bâtiments relâchent à Tahiti ; 5 jours après
ils reprennent la mer et font voile au Nord. Dans cette cour¬
se qui a pour objet de vérifier la situation de plusieurs îles,
Bellinghausen fait la découverte de l'île Lazareff (Matahiva)
L: 14° 56' S - G: 150° 59' Ot). Cuzent décrit ainsi cette île :
récif sans passe d'une étendue de 8 milles sur 15 milles ; il
est boisé dans le nord, excepté dans le N E, et au sud en
à l'île
passant par l'E
(1).
île à laquelle ils
donnent le nom de "Vostock" (L: 10" 05' S-G: 154° 37' Ot),
enfin trois jours après une troisième île appelée Alexandre.
Au début de 1821, de nouveau dans les régions polaires,
les deux navigateurs russes découvrent différentes terres
(îles'Pierre 1er, terre Alexandre 1er). Ils rentrent en Russie
en juillet 1821.
Le 3 août
1820 ils rencontrent une autre
*
Quelques années après ce
et Coloniales
russe
*
*
périple, les Annales Maritimes
(Année 1825) nous apprennent que :
le "Kruiser" de 44 canons,
(i) Souvenirs de l'Océanie
Société des
-
Brest - Evain Rogeri885.
Études
"la frégate
commandée par le Capitai-
Océaniennes
�—
24!
—
Lazareff est entrée Jeudi soir 14
juillet 1825 à Portsmouth.
Pacifique du Nord après avoir visité
les établissements russes sur la côte nord de l'Amérique.
Celte frégate avait fait voile de Spithead au mois de septem¬
bre 1822 accompagnée d'un bâtiment chargé de munitions
(le "Ladoga ' commandé par A. Lazareff). Elle s'est d'abord
rendue à Rio de Janeiro, de là, par le Cap, à la terre de Van
Diemen où le pavillon russe a paru pour la première fois.
Le "Kruiser" fit route sur Tahiti. Le Rev. Tyerman dé¬
peint comme suit sa visite : « le 21 juillet 1823 le Capitaine
Lazareff, commandant du ''Kruiser ', frégate de 36 canons
de Sa Majesté Impériale de Russie, venant juste d'arriver
dans le port de Matavai, nous fit une visite d'amitié et nous
ne
Elle vient de l'Océan
invita à diner
avec
lui à bord de
son
bâtiment.
plusieurs de ses officiers parlaient passablement
anglais, nous les trouvâmes polis et intelligents.
Le Commandant était passé ici trois ans auparavant, ac¬
compagné d'un autre navire, dans un voyage de décou¬
Lui et
verte
vers
le Nord des Iles Pomotous. Il avait aussi fait le
tour
de New Shetland et
vers
le
pays
ainsi appelé était constitué par
Sud; mais
au
particulièrement examiné la côte
lieu d'une seule terre, il trouva que le
un groupe
d'îles
nom¬
breuses.
A côté de celles-ci,
il avait touché à plus de vingt petites
îles isolées, non encore portées sur aucune carte ;
étaient des îles basses de corail et quelques-unes
la plupart
seulement
étaient habitées.
Quand la reine avec le jeune Pomare, l'autre jour, monta
frégate russe à l'ancre ici, elles furent reçues
avec des honneurs distingués. Le Commandant demanda
aux personnes qui accompagnaient les hôtes royaux de lui
procurer un pavillon tahitien, pris à terre. Et l'ayant obtenu
il le fit bisser quelque part dans son grément. Il était très
généreux de ses présents et prit grand peine pour imprimer
dans l'esprit de ses visiteurs que lui et ses compatriotes
étaient des amis et des voisins qui désiraient vivre dans les
ternies de la meilleure intelligence. Il les pria aussi d'ac¬
cepter un pavillon russe et de le hisser à terre.
Ce don équivoque, cependant, ils le refusèrent résolument,
à bord de la
mais par
ailleurs furent charmés de
Société des
Études
ces
civilités.
Océaniennes
�—
242
—
très fortement le soupçonner d'avoir eu, en
ici, quelque visée politique bien plus que besoin
On peut
tant
re
s'arrêde fai¬
du bois et de l'eau.
Quoiqu'il en soit, ces îles n'ont pas une telle valeur qu'elles
méritent d'être prises par la Russie, l'Amérique ou l'Angle¬
terre. Si elles avaient offert quelque butin sous forme d'or,
d'argent ou de pierres précieuses pour tenter la cupidité des
Européens, nos propres compatriotes s'en seraient depuis
longtemps assurés la possession. Mais les noix, de coco, les
fruits de l'arbre à pain et les bananes peuvent mûrir sans
risque d'être pillés jusqu'à la fin des siècles. »
De Tahiti le "Kruiser" fit route sur Port Francisco en Ca¬
lifornie où les deux bâtiments ont débarqué une grande
quantité de munitions et ont fait voile pour le détroit de
Mountredge Cembre, dans le voisinage de la passe de Cook
(Kosiak) et où les Russes ont une garnison et un poste pour
le commerce des fourrures. Là encore furent débarquées
des munitions ; puis le bâtiment munitionnaire se sépara de
la frégate pour aller ravitailler les îles Aléoutiennes et le
port St. Pierre et St. Paul du Kamschatka.
Le "Kruiser" a fait en allant et en revenant quelques re¬
levés de peu d'importance Au retour, il a de nouveau tou¬
ché à la Californie, d'où il a effectué sa traversée à Rio de
le cap Horn, en 92 jours et celle de Rio de Janei¬
Spithead en 72 jours. Il se rend à St Pélersbourg ».
Ce voyage de circumnavigation d'un bâtiment de guerre
russe passe pour très mémorable. La relation en a été don¬
née en allemand et en russe. Nous ne l'avons pas décou¬
verte dans les bibliothèques de France.
Janeiro par
ro
à
*
*
#
septembre 1826 nous retrouvons Lazareff à Copenha¬
d'Archangel et se rendant à Gronstadt avec les
vaisseaux Y,lAzoff" et 1' " Ezechiel", "noms destinés à ac¬
quérir de la célébrité l'année d'après sous les murs de Na¬
En
gue, venant
varin"
(Lutke).
De 1826 à 1830, Lazareff commande en
effet la frégate
"Azofî". Il devient capitaine de pavillon et chef d'Etat-Ma-
distingue très
Nous ne sauriops
jor de l'Amiral Heyden en Méditerranée. Il se
particulièrement à la bataille de Navarin
Société des
Études
-
Océaniennes
�—
passer sous silence
ainsi qu'il suit dans
243
-
cette belle page de sa carrière, relatée
le livre de Bogdanovilch: "la bataille
de Navarin".
du fort
«
L'i(Azoff" se trouvait alors entre les batteries
de Navarin et celles de l'île de Sphactérie qui dirigèrent
aus¬
ensuite con¬
tre les autres navires au fur et à mesure que ceux-ci appro¬
chaient de l'entrée. Insensible à cette canonnade violente et
au feu de la triple ligne de vaisseaux qui formaient le flanc
droit de la flotte turcque, Y "Azoff" continue sa route sans
tirer un seul coup de canon et mouille à la place qui lui avait
été assignée. Les autres bâtiments russes firent de même.
Nous espérions encore que les commandants turcs feraient
cesser le feu dès qu'ils remarqueraient l'attitude ferme de
nos vaisseaux... Mais entraînés par notre calme même les
sitôt
un
feu croisé contre le vaisseau amiral et
Turcs redoublèrent d'audace...
Dès lors il
ne nous
restait plus d'autres ressources que
de
la force par la force. Les escadres ouvrirent le feu,
qui, dirigé avec une intrépidité étonnante contre une flotte
cinq fois supérieure en nombre à celle des alliés, détruisit
en l'espace de quatre, heures environ soixante navires de
grandeurs diverses...
Les capitaines et autres officiers de l'escadre russe ac¬
complirent leur devoir avec une ardeur, un courage et un
mépris du danger vraiment exemplaire. L'intrépide capitai¬
ne de premier rang Lazareff M. dirigea les mouvements de
Y "Azoff" avec un sang-froid, une habileté et un courage
hors de ligne...
repousser
L'"Azoff", 1 e Ga>igouï" et 1 ,il Ezechiei" ont beaucoup
souffert; les escadres russes et anglaises sont allées se ra¬
douber à Malte...
Heyden écrivait:
alors que lui même était entouré par les
Turcs, rendit de grands services à l'Amiral anglais (Codrington) qui se trouvait aux prises avec un vaisseau de
quatre-vingt canons portant le pavillon de MouktharemBey - Le bâtiment ayant tourné sa poupe vers Y "Azoff",
nous détachâmes immédiatement quatorze canons de babord pour agir contre lui et dans l'espace d'une demiheure sa poupe fut mise en pièces. Le feu prit à la sainte
Dans
«
«
«
«
«
«
«
«
un
second rapport, l'Amiral
L '"Azoff",
Société des
Études Océaniennes
*
�—
m
—
«
barbe du vaisseau turc. En vain on essaya
«
cendie. Les bordées de mitrailles
d'éteindre l'in-
«
envoyées par \'l-Azoff"
rendirent tous les efforts impuissants. Le navire ennemi
fut bientôt environné de flammes et finalement sauta en
«
l'air...
«
Dans
ce
combat, les vaisseaux amiraux ont
été plus éprou¬
les autres. Tous les mâts de YilAso/[" ont été telle¬
qu'ils sont à peine en état de porter des voi¬
les. De plus dans la coque seule du navire on a compté cent
cinquante trois trous dont sept ont percé la carène...
A l'honneur du capitaine Lazareff il faut ajouter que si
\,l'Azoff" a pris une part si considérable à la défaite et à la
destruction de l'ennemi il en est redevable à sa sévère dis¬
cipline. à l'instruction journalière des canonniers et à l'or¬
dre qui a toujours été maintenu parmi l'équipage.
V^Azoff" a coulé à fond deux énormes frégates et une
corvette. Il a démonté un vaisseau de soixante canons qui
s'est échoué sur un banc de sable et finalement a sauté. Il a
détruit une frégate à deux ponts qui portait le pavillon de
vés que
ment maltraités
en chef de la flotte turque Tahir-Pacha. La
frégate a sauté. De l'aveu même du pacha, sur 600hommes,
500 environ ont été tués ou blessés dans le combat »...
commandant
Lorsque l'on étudie l'activité de la Marine russe dans le
Pacifique, on constate que de 1813 à 1825, les douze meil¬
leures années de sa vie, Lazareff fait campagne presque sans
arrêt dans cet immense Océan (sauf une interruption de 1816
à
1819).
De son passage dans ces mers il laisse trois empreintes
définitives: Iles Souvarof, Ile Lazareff - enfin baie Lazareff
sur
la côte orientale de Corée
(1).
de l'Archipel des Tuamotous
lui
revient
qui
est importante.
1833 Lazareff est nommé Commandant en Chef en Mer
En outre dans la découverte
la part
En
(i) Dans la baie de Broughton
taller
en
-
Les Russes ont tenté de s'y ins¬
1890. Us furent repoussés par les Coréens.
Société des
Études
Océaniennes
�—
M
—
Noire, il succède dans ce commandement à l'Amiral Greigh,
Il reçoit le grade d'Amiral et meurt en 1851 à l'âge de 63 ans,
avant l'ouverture de la guerre de Crimée: mais ses tra¬
d'organisation, l'impulsion donnée à la Flotte de la
lui survivent. Et c'est à son activité rémanente
que se heurtèrent successivement les Amiraux Hamelin et
vaux
Mer Noire
Bruat-tous deux aussi océaniens
ment,
au cours
-
le second
principale¬
de la guerre de Crimée.
Le souvenir de Lazareff resta
longtemps vivant dans la
rapporte qu'en 1859
période de calme :...
« la brise vint tout le temps de l'Est et souille sans interrup¬
tion de telle manière que nous atteignîmes l'île la plus sous
le vent des Pomotous ou Archipel Russien. Cette île porte le
nom de celui qui l'a découverte, l'Amiral russe Lazareff.
Comme le Commodore Popoff avait longtemps servi sous ses
ordres un salut de treize coups de canon lut tiré parles deux
navires et de nombreuses fusées lancées quand nous pasàmes par le travers de l'île vers minuit, comme marque de
respect envers l'Amiral décédé. De nombreux feux furent
vus sur l'île, probablement ceux des indigènes qui visitent
le groupe pour recueillir de l'huile de noix de coco et pêcher
les huîtres perlières ».
C'est ainsi que Tilley (1)
allant d'Honolulu à Tahiti après une
Marine
en
russe.
Il faut
mort la
ajouter que Lazareff reçut quelques années
consécration suprême d'un marin : en 1867,
lançaient à Cronstadt, un croiseur auquel
nom de " Amiral Lazareff ".
ses
Pour nous,
après sa
les Rus¬
fut donné le
Océaniens, malgré sa gloire slave et ses com¬
Quiros, Schouten, Roggween,
Bougainville, Bellinghausen, Kotzebue,
Beechy, Wilkes l'un des découvreurs des îles Tuamotus.
bats hellènes, il restera avec
Byron, Wallis, Cook.
Commandant J. COTTEZ
Membre
correspondant de la S.E.O.
Géographie.
Membre de la Société de
(i) Japan, Amour and the
Pacific - London 1856.
Société des
Études Océaniennes
�246
—
—
Bibliographie
Annales Maritimes et Coloniales
Journal des voyages
Vivien de St. Martin
-
1825.
-
1818 -1820.
-
Dictionnaire de géographie.
Lutke-Voyage autour du
monde
sur
le Seniavine (1826 -
1829) - Paris - Gide - 1835.
Tilley - Japan, Amour and the Pacific - London, 1856.
Gl. Bogdanovitch - La Bataille de Navarin - Paris 1887.
Souvenir d'Océanie - Brest - Evain Roger - 1885.
Cuzent
Montgomery Journal of Voyages and travels by the Rev.
Daniel Tyerman and George Bennet esq. London 1831.
Grosse Brockhause H- Dictionnaire.
-
Société des
Études
Océaniennes
�Mi
—
—
MAE VA, île de Huahine.
Il
gue
été
communiqué le relevé des inscriptions en lan¬
indigène qui figurent sur le monument de Maeva, dans
nous a
l'île de Huahine. En voici
une
traduction très libre:
Règne d'Ereru
Manunu était le
marae vers
le
large
Te tu a nui Oro
Les sorciers
Arrive Tute
Taaroa, Tane, Hiro
:
Capitaine Cook 1768
Gouvernement Morere
Création de Maeva
Je suis né à Matairea le
et le dix
?
Gouvernement Marama 1S17
Arrive Barff,
Bataille de Maeva
dit Mer Calme, pasteur, 1846
Uranie
Commandant
Bonnard
Pliaeton
Commandant
Clappier
Convention
franco-anglaise Vaiaro
1888
Huahine devenue française
Tehaapapa était la Reine
Districts
A tu pi i
Marae
Oroheha
Atitiao
Chefs
Rai ti
Paoafaite
Titiarai
Puupuu
Aturuanuu
Mahurai
Faretou
Faremiro
Tipapa
Tauraamua
Maraetaha
Tamau
Tauraamori
Tiipoto
Tetuapua
Mi ru
Harahii
Farehi
Arua
Farerii
Faretii Tiva
Atea
La
M au ri
Ioata
disparition de l'administration indigène
en.1897
De
qui sont ces inscriptions? A quelle date environ ontgravées ? L'ont-elles été au fur et à mesure que sur-
elles été
Société des
Études
Océaniennes
�—
n$
—
venaient les événements, ou seulement bien plus tard, par Un
sur la pierre certaines dates capitales
inconnu voulant fixer
de l'histoire de sa petite île? Nous n'avons pu éclaircir ces
points. Mais voici, puisés dans les " Souvenirs de Pascal
Marcantoni" quelques renseignements intéressants sur le
district de Maeva et le marae où figurent ces inscriptions.
Il existait à
Maeva, Huahine, dans le courant du 17esiècle,
femme célèbre, grande cheffesse, qui s'appelait Maeva,
Elle s'unit à Tuaroanuihau dont elle eutquatre fils. A la mort
une
père, ces quatre fils élevèrent, à la pointe dite " Maun marae, à la gloire du dieu Taaroa, de Tane et
Hiro, ses satellites. Maeva était lasse de son veuvage, ce
marae fut appelé " Manunu " (fatigue).
de leur
tatoerau
Voici la
«
«
«
«
«
description de ce marae, par Pascal Marcantoni :
compose de trois murs assez longs et juxtaposés. L'extérieur de ces murs est formé de mégalithes
fichés en terre et dont les uns at teignent deux mètres et plus
au-dessus du sol. L'intérieur de ces murs est rempli de
pierres bien moins grandes. Le mur central plus élevé et
plus large que les deux latéraux, mesure environ deux
«
Ce
marae se
Près de
«
mètres de hauteur.
«
breuses tombes. C'est
«
souvent sentir la
échouer là. Il
se
voient de
nom-
Maeva venait
brise qui vient du large avec le flot. »
ce marae que
jour sur la plage, un homme ve¬
s'appelait Teroro Hiti, était chef de guerre,
Mais Maeva rencontre
nu
ce marae
près de
et venait de Matahiva,
un
îles des Tuamotus. Maeva s'unit à cet
quatre garçons, ce qui porta le nombre de
ses enfants à huit, tous du sexe mâle. Ce sont ces huit gar¬
çons qui sont la souche des généalogies de Huahine. Ils se
partagèrent le " aia tupuna o te ui" (domaine ancestral de
la génération) en huit parcelles, et, pour marquer ce parta¬
ge, élevèrent sur le plateau de Maeva, un grand marae, pré¬
sentant d'un côté quatre divisions, et autant de l'autre. Les
huit parcelles prirent nom : Atupii, Atitiao, Miru, Aturuanui,
Fareihi, Faretou, Tauraimua, Tauraimuri. Ce sont ces noms
que nous retrouvons, plus ou moins mal orthographiés, dans
les inscriptions du marae de Manunu. Voilà donc pourquoi
homme et
en
eut
et comment fut élevé ce marae de Manunu
qui
aujourd'hui.
Société des
Études
Océaniennes
nous
intéresse
�—
249
—
La bataille de Maeva dont il est fait mention dans les ins¬
criptions, eut lieu les 17 et 18 janvier 1846. La Reine de Ta¬
hiti, Pornare IV, ayant mis ses états sous la protection de la
France, prétendit que les lies Sous-le-Vent faisaient égale¬
ment partie de ces états. La France, confiante, y envoya
YUranie et le Phaeton. Mais la Reine de Huahine, Teuhe I,
ne l'entendit pas de cette façon et refusa le protectorat, affir¬
mant que Huahine était royaume indépendant. Elle se retira
avec sa cour à Maeva. C'est là que le choc eut lieu. Les Fran¬
çais perdirent quelques hommes qui furent enterrés sur pla¬
ce. Le Phaeton et YUranie furent rappelés d'urgence à Papeete où l'on craignait un soulèvement. Néanmoins, avant
de quitter Huahine, un traité fut signé, près de la source de
Vaiaro. Par ce traité, Français et Anglais reconnaissaient
l'indépendance de Huahine, sauf à en prendre possession le
jour où ce petit royaume se donnerait volontairement à l'un
ou
à l'autre de
ces
pays.
Ce n'est
qu'en 1887 que le Capitaine de frégate Villemsens
fit grouper les restes des Français tués au combat de Mae¬
va. En octobre 1906 la Zélée apposa sur leur tombe une pla¬
que de bronze portant leurs noms. Le 16 mars 1888, la prise
de possession officielle de Huahine par la France eut lieu en
présence du Gouverneur Lacascade. Régnait alors la Reine
Tehaapapa I.
En 1890
une
insurrection éclata. Elle fut rapidement maî¬
trisée et quatorze
des principaux rebelles étaient embar¬
qués, le 10 octobre, sur la Vire pour être exilés aux Marqui¬
ses.
Tehaapapa I mourut en 1893. En septembre 1895 Huahine
passait définitivement sous la souveraineté de la France,
sans aucune restriction, et la reine Tehaapapa II abdiquait.
Elle recevait une pension mensuelle de deux cents francs.
Tels sont les principaux faits que nous rappellent les ins¬
criptions du marae de Manunu.
Nous nous en voudrions de terminer ce rapide aperçu
d'histoire., sans dire un mot des célèbres pêcheries de la pe¬
tite cité lacustre de Maeva. Ces pêcheries, plusieurs fois sé¬
culaires, étaient la gloire de l'aia tupuna o te uidont nous
avons parlé plus haut.
Construites à l'entrée du chenal du lac Tahuna Rahi, l'eau
Société des
Études
Océaniennes
�—
250
—
n'y offre qu'une profondeur de trente centimètres âun mètre.
Elles sont faites de murs en pierres sèches, en forme de V
dont la pointe se trouve vers le large. Cette pointe est percée
d'une étroite ouverture donnant dans un rond-point.
A la nouvelle lune, quand les vents viennent de l'Est ou
du Nord, le poisson vient vers le rivage et s'enferme de luimême dans ces grands parcs de pierres Les indigènes n'ont
plus alors qu'à l'y prendre. L'abbé Rougier, regretté prési¬
dent des Etudes Océaniennes, après un séjour à Huahine où
il avait visité ces pêcheries, nous disait sa surprise et sa sa¬
tisfaction de les avoir vues. Il ajoutait que Huahine à son
avis, était une des îles les plus pittoresques de nos Etablis¬
sements, et qu'elle méritait d'être mieux connue et appré¬
ciée. Puissent ces quelques lignes aider à la réalisation de
ce
souhait.
Yves
Société des
Études
Océaniennes
MALARDÉ.
�—
251
—
Alain GERBAULT.
L'artiste bien connu ]. P. Alaux, membre de notre société, nous
communiqué l'article suivant paru dans le jounal "Le Yacht''
et qui relate les derniers moments d'Alain Gerbault. La société
a
d'études océaniennes s'honore d'avoir combté Alain
nombre de
Gerbault
au
correspondants. On sait tout l'intérêt que
le navigateur solitaire portait à l'Ocèanie, plus particulièrement
à la Polynésie orientale dans laquelle l'île de Bora-Bora avait re¬
tenu toute son affection. D'après des documents communiqués à
M. J. P. Alaux par M. Pierre Albarran, il semble bien qu'Alain
Gerbault, tout en souhaitant une fin digne de lui au sein de cet
élément dont il pouvait penser faire partie intégrante, ait mani¬
festé cependant le clésir de reposer pour toujours da ns son île pré¬
férée. Les circonstances de ces dernières années en ont décidé tout
autrement ; le corps d'Alain Gerlaultt n'a pas disparu dans les
océans, il ne gît pas non plus à l'ombre des flamboyants de Vaitape à Bora-Bora. Aujourd'hui un tumulus herbeux qu'on peut
confondre avec bien d'autres marque, à Dili, la dernière escale de
celui qui fut peut-être le dernier océanien.
ses
membres
Dans une île lointaine du Pacifique, à Timor, colonie por¬
tugaise, le 16 décembre 1941, mourait un grand marin fran¬
çais dont le nom est déjà légendaire par le retentissement
de l'exploit qui l'a rendu célèbre.
Qui ne se souvient de l'arrivée au Havre d'Alain Gerbault
le 26 juillet 1929, après avoir fait seul, à bord du Fire-Crest,
le tour du Monde.
Depuis cette époque, Alain Gerbault rompant complète¬
avec le vieux continent était parti avec son nouveau
bateau et s'était retiré dans une île qui est parmi les plus
belles des archipels polynésiens: à Bora-Bora. C'est là que
le 10 février 1937 j'eus le plaisir de lui rendre visite à son
bord et de passer une après-midi avec lui.
Il me montra ses ouvrages, ses cartes, ses manuscrits et
la mappemonde que le Yacht Club de France lui avait offerte
pour commémorer son périple autour du Monde. Ce précieux
objet d'art en lapis lazuli était vissé sur le coffre-fort de la
cabine et Gerbault en parlait comme d'une véritable relique.
Je devais revoir Gerbault aux fêtes du 14 juillet à Tahiti.
Depuis cette époque, la guerre nous avait complètement
coupé de toute nouvelle, lorsqu'un jour en 1941, on apprit
ment
Société des
Études
Océaniennes
�—
m
-
que
Gerbault était décédé à Timor. Aucun détail ne
tait
encore
Ce n'est
donné
sur
nous
les circonstances de cette mort.
qu'en janvier 1946
é-
parvint au Yacth Club une
correspondant à Lisbonne.
Cette lettre contenait un article signé de Ferreira da Costa,
reporter portugais qui racontait les circonstances vraiment
pathétiques de la mort de Gerbault.
L'article écrit à bord de VAngola en escale à Timor, parut
dans O Secolo de Lisbonne (N° du 26 janvier 1946). Il relatait
qu'en 1941 les Portugais survivants de l'occupation japonaise
avaient vu apparaître un petit voilier conduit par un naviga¬
lettre de M. Morris Elias,
que
son
teur solitaire. C'était Alain Gerbault.
Dès
son
arrivée il fut
manifeste
qu'il était dans une extrême misère et en proie à
la plus sombre mélancolie.
De l'enquête à laquelle se livra le journaliste, on put sa¬
voir que Gerbault arrivait de Tahiti où il séjournait au mo¬
ment où la guerre éclata. Apprenant que la France était en
danger, Gerbault avait alors décidé de rentrer coûte que
coûte et de servir
sa
Patrie.
Au cours d'une traversée orageuse,
atterrir
en
la tempête l'obligea à
Nouvelle-Guinée. Ses malheurs
ne
faisaient que
le soupçonna de remplir une mission se¬
faveur de l'ennemi. Ses plus petits gestes furent
commencer, car on
crète
en
épiés.
Un jour, un indigène vint l'avertir qu'on avait l'intention
de l'arrêter. Sa liberté était en jeu ! Aussitôt Gerbault appa¬
reilla et réussit à s'enfuir par la mer d'Arafura, navigation
extrêmement périlleuse à travers les écueils du détroit de
Torrès. Des avaries sérieuses et le manque de vivres l'obli¬
gèrent à atterrir à Dili qui est je crois, sur la côte nord du
Timor portugais. Il y arriva aux environs du mois d'août
1941.
L'administrateur de Dili qui était, à cette époque, Louda
Aguilar, ainsi que la population portugaise lui firent
Mais, très abattu, maigre comme un sque¬
lette, les cheveux blancs, tout en lui, exprimait une intense
tristesse qui impressionnait profondément.
Il passait ses journées au bord de la mer, l'air obsédé, par
l'appel du large, indifférent à la pluie ou au-soleil.
Avec des amis portugais, il évoquait parfois avec fierté
renco
un
amical accueil.
Société des
Études
Océaniennes
�—
—
succès de tennis à Cannes et ses
ses
sur
253
grands voyages seul
toutes les mers du Monde.
Mais les événements allaient se précipiter: son bateau
ayant été réparé, il annonça son intention de partir vers la
France et de gagner Madagascar.
Des courants contraires et une violente tempête l'obli¬
gèrent à revenir à Dili. Il repartit une deuxième fois : son
bateau alla donner contre un récif de corail et une voie d'eau
le força à revenir à Dili.
Alain s'entêta à repartir, mais la malchance le poursuivait
et il revint cette fois avec des avaries graves.
plus que l'ombre de lui-même et se plaignait des
persécutions qu'il avait dû subir. Il parlait de la France les
Il n'était
larmes
tait
: «
aux yeux avec la plus grande
Pour moi la vie est finie ! ».
tendresse. Et il ajou¬
jour on s'aperçut qu'il n'était pas venu à terre. D'es
Portugais s'inquiétèrent et le trouvèrent à son bord presque
agonisant. On le fit aussitôt transporter à l'hôpital de La
Hane où le docteur José Anibal Corrfia Taies le soigna avec
sollicitude. Mais Alain Gerbault était condamné. Son affai¬
blissement et une fièvre pernicieuse ne laissèrent bientôt
plus aucun espoir et, le 16 décembre 1941, dans l'après-midi,
Alain Gerbault rendait le dernier soupir.
Son décés survint par hasard le jour même où les Hollan¬
dais et les Australiens lançaient un ultimatum aux Portugais
pour l'occupation militaire de la colonie. C'est dans cette
confusion qu'il fut enterré dans un cercueil de bois peint en
noir porté par quatre indigènes, probablement dans le cime¬
Un
tière de Dili.
Son bateau où il y avait tant de livres précieux et le ma¬
nuscrit d'un ouvrage sur les généalogies polynésiennes fut
mis sous scellés. Mais les Hollandais et d'autres étrangers
pénétrèrent et emportèrent divers objets.
Plus tard, les Japonais ayant envahi Timor, complétèrent
le pillage du yacht. Un matin, le yacht lui-même disparut et
le bruit courut qu'un Chinois l'avait conduit, sur l'ordre des
Japonais, dans l'archipel de la Sonde. Peut-être existe-t-il
y
mais on ne le revit plus !
qui est alarmant, c'est que le journaliste d'O Secolo dé¬
clare qu'il esseya de découvrir la tombe de Gerbault. Il la
encore,
Ce
Société des
Études
Océaniennes
�retrouva enfouie
les herbes et fit exécuter par
le char¬
pentier de l'Angola une grande croix peinte en gris portant
le nom de Gerbault en lettres noires. Cette croix fut plantée
sur la tombe au cours d'une cérémonie simple, mais
impres¬
sionnante à laquelle assistèrent plusieurs officiers du corps
expéditionnaire.
Ainsi finit la romanesque histoire de ce grand marin qui,
le premier de tous les Français a fait seul le tour du monde.
Du moins a-t-il trouvé en terre portugaise dans la patrie
d'Henri le Navigateur un dernier et sympathique hommage.
sous
J.-P. Aiaux.
Société des
Études
Océaniennes
�Trois documents pouvant servir à l'histoire de 111e Pitcairn.
Le
dans le "Litterary Panoraquelques extraits du livre de
Lord du capitaine américain Folgar commandant le " Topa¬
ze". C'est à Folgar que l'on doit la découverte des descen¬
dants des mutins de la Bounty dont l'Europe était sans nou¬
velles depuis 1790, date où la mutinerie eut lieu.
Le deuxième document est un article du " Morning Herarld" du 18 mars 1815 qui publie la lettre du capitaine Sir
premier est
un
article
paru
craina" d'août 1809. Il donne
Thomas Staines
au
vice-amiral Dixon. Cette lettre est écrite
de
Valparaiso et relate le passage de Staines à Pitcairn en
septembre 1814. Il fut le deuxième qui relâcha dans l'île.
Le troisième effi; un poème paru en 1811 dû à Mary Russel
Mitford (imprimé à Rivington, prix 10 s 6 d). Nous n'avons
pas ce poème sous les yeux mais l'auteur ajoute quelques
détails qu'elle tient de la bouche des officiers du Topaze ; à
défaut du poème nous donnons ses remarques.
Les lecteurs
s'apercevront à la lecture des deux premiers
documents, que les récits de Folgar et de Staines ne con¬
cordent pas toujours quant à certains noms et certains faits,
mais
ces
content
trois documents écrits peu
après les faits qu'ils ra¬
gardent toute leur valeur.
R. L.
I.
—
seau
Extraits du livre de bord du
capitaine Folgar, du vais¬
américain " Topaze" de Boston:
capitaine raconte qu'ayant atterri sur les îles Pitcairn
{ou Incarnation de Quiros) (lat. 25° 2 S. long. 130° W) par
observation de la lune, il trouva un Anglais du nom d'Ale¬
xandre Smith, la séîile personne restant des 9 évadés du na¬
vire la Bounty, capitaine Bligh.
Smith raconte qu'après avoir mis Bligh dans le canot,
Christian, le chef de la mutinerie, prit le commandement du
navire et vint à Tahiti, où une grande partie de l'équipage
abandonna le navire, sauf lui, Smith et 7 autres qui prirent
des femmes et 6 Tahitiens comme serviteurs. Peu de temps
après leur arrivée à Pitcairn ils firent échouer et démolirent
•le navire. Cela se passait en 1790.
Le
Société des
Études
Océaniennes
�—
256
—
après leur arrivée, la jalousie commença à
; les Tahitiens fomentèrent unerévolte et tuèrent les Anglais sauf lui, Smith, qui fut dange¬
reusement blessé d'une balle de pistolet dans le cou. La mê¬
me nuit, les femmes des Anglais massacrés, tuèrent les Ta¬
hitiens laissant Smith, le seul homme actuellement dans l'île
avec 8 ou 9 femmes et plusieurs petits enfants.
Smith s'appliqua à faire produire le sol, maintenant plan¬
té de cocotiers, bananiers, ignames. Les porcs, les chiens et
la volaille y sont en abondance.
Près de 4
ans
occasionner des discordes
population s'est accrue et est actuellement de 35 per¬
environ qui reconnaissent Smith comme leur père et
leur chef. Tous parlent anglais et ont été instruits dans la
morale et la religion.
Le second maître du Topaze assure que Christian, le chef,
devint fou peu de temps après son arrivée et se jeta de la
falaise dans la mer, Un autre matelot mourut de la fièvre
La
sonnes
avant le massacre.
L'île est mal pourvue en eau mais suffisante pour la
lation existante. Smith donna au capitaine Folgar un
nomètre de Kindall
popu¬
chro¬
qui lui avait été remis par le gouverneur
de Juan Fernandez.
#
II.
—
Relation du
Panorama "
*
#
capitaine Staines d'après le " Litterary
:
des Marquises à ce port (Valparaiso) le
septembre je trouvais une île qui n'est pas indi¬
quée sur les cartes de l'Amirauté, me référant à plusieurs
chronomètres de Briton et Iagus. J'ai croisé jusqu'à l'aube
et ensuite me suis approché pour voir si l'île était habitée,
ce que je découvris bientôt.
A mon grand étonnement je trouvais que tous les habibitants de l'île, au nombre d'une quarantaine, parlaient trèsbien l'anglais.
Ils prouvèrent qu'ils étaient les descendants de l'équipage
mutiné de la Bounty qui, de Tahiti, était venu s'installer à
A
mon
passage
matin du 17
Pitcairn oû ils avaient brûlé le vaisseau.
de cette
appelé John Adams est le
Christian semble avoir été le chef et la seule cause
mutinerie. Un homme vénérable
Société des
Études Océaniennes
�—
2o7
—
seul survivant
anglais de ceux qui quittèrent Tahiti. Sa con¬
exemplaire et les soins paternels dont il a entouré la
petite colonie commandent l'admiration. La manière pieuse
dont tous ceux qui habitent l'île ont été élevés, le sens reli¬
gieux qui a été insufflé dans ces jeunes esprits par ce vieil¬
duite
lard lui
a donné une certaine autorité sur eux tous, ils le re¬
gardent comme le père de toute la famille.
Le premier né dans l'île fut le fils de Christian, il a main¬
tenant près de 25 ans et se nomme Thursday October Chris¬
tian.
Le vieux Christian mourut des suites de la révolte
oc.
casionnée par la jalousie, 3 ou 4 ans après l'arrivée dans l'îleLes mutins y avaient été accompagnés par 6 Tahitiens et
12 Tahitiennes.
Les
premiers furent tous enlevés à la suite
les Anglais et 5 de ces derniers sont morts
à différentes époques laissant comme seule population un
homme et 7 femmes sur les premiers arrivés dans la colonie.
Il est indubitable que cette île est Pitcairn faussement por¬
tée sur les cartes. Le méridien porte 25° 4' S comme latitude
et 30° 25' W d'après les chronomètres Briton et Iagus. Le
pays est fertile en ignames, bananiers, il y a des porcs, des
chèvres et de la volaille, mais l'île ne fournit aucun abri pour
les vaisseaux quels qu'ils soient. Je ne peux qu'attirer l'at¬
tention des sociétés religieuses et particulièrement celles
pour la diffusion de l'évangile sur tous ces habitants parlant
aussi bien le tahitien que l'anglais.
de
disputes
avec
Durant tout leur
séjour dans l'île un seul navire a commu¬
il y a 6 ans, un navire américain de Boston,
le " Topaze ". capitaine Malhew Folgar. L'île est complète¬
ment encerclée de rocs, l'atterrissage est difficile bien qu'on
puisse approcher à une certaine distance.
niqué
avec eux,
#
III.
—
Le
détails à
ce
*
#
poème de Mary Russe! Mitford ajoute quelques
qui a été rapporté ci-dessus :
(cottages) de Pitcairn sont représentées com¬
pittoresques et ressemblent aux meilleurs
cottages du Devonshire. Il y a aussi une petite chapelle.
Christian avec une grande prévoyance avait emporté de Ta¬
Les maisons
me
des maisons
hiti, des
semences et
des porcs et
des boutures, des chiens, des chèvres,
de la volaille,
Société des
Études
Océaniennes
�258
—
J'ai
pris la liberté de changer le nom de capitaine Folgar
Seymour et celui de Smith, trop peu poétique, en Filzallan. Le nom et le caractère d'iden (mère du jeune roi Pomare de Tahiti) a été composé d'après la relation du capitaine
Bligh.
Un gentleman m'a donné par faveur certains détails sur
l'île de Pitcairn et je puis dire qu'il y a une caverne sous
une colline dans laquelle Smith, le Fitzallan de mon poème,
s'était retiré à l'approche du navire anglais, caché en toute
sécurité, le navire passa outre, mais la caverne, est devenue
sacrée pour les insulaires comme futur moyen de sécurité
pour leur protecteur. Puisse cette protection n'être jamais
requise. Puisse aucun navire n'apporter autre chose que du
pardon et de la paix à celui qui a si complètement expié un
seul crime. Suffisamment de sang a été versé pour satisfaire
la justice et maintenant la clémence élève la voix vers le trô¬
ne auprès duquel on ne plaide jamais en vain.
A la demande du capitaine Folgar s'il voulait que son exis¬
tence demeure secrète, Smith répondit aussitôt: « Non; et
pointant le doigt vers ceux qui l'entouraient, il continua :
pensez-vous qu'un homme puisse me vouloirdumal avec un
tel tableau sous les yeux? »
Miss Mitford rapporte les faits suivants corroborant les
rapports du capitaine Folgar. Parmi les marins de la Bounty
il y avait réellement un marin nômmé Alexandre Smith. Il
naquit à Londres et était âgé de 22 ans lorsque la Bounty fut
saisie par Christian. Il y a avait aussi un chronomètre de la
fabrication de Kindall que le capitaine mentionne comme
l'ayant reçu de Smith, patriarche de la colonie de Pitcairn.
Il n'y a aucun doute que les descendants des mutins de la
Bounty vivent actuellement à Pitcairn.
en
Société des
Études
Océaniennes
�—
259
—
SETsaffOâRJMiWJS
Essai de reconstitution des mesure et coutumes de l'ancien Tahiti
d'après le vocabulaire. (4)
XII.
LA. PIROGUE
(1). — La pirogue qui joua jadis, en
si grand rôle dans les voyages, les migrations
et les guerres, est bien déchue de son ancienne grandeur.
Elle ne sert plus guère qu'à de courts voyages et à la pèche à
proximité des récifs. Jadis'ëlle était le seul moyen de loco¬
motion, le seul lien des îles entre elles.
—
Polynésie,
A
un
de
importance dans la vie des insulaires, le
qui la concernait était Lrès fourni. Il y avait un
mot pour chacune de ses parties. Aujourd'hui elle n'est plus
qu'un simple tronc d'arbre creusé, plus ou moins aménagé,
et pour en distinguer les différentes parties on emploie des
périphrases au lieu du mot. consacré.
cause
son
vocabulaire
Les relations des premiers navigateurs s'étonnaient des
pirogues immenses qui étaient en usage à leur époque ; ils
admiraient leurs proportions, leur construction et leur orne¬
mentation
(2).
Parfois
quelque cinéaste, sur le vu de vieux documents,
parvient à reconstituer la pirogue de jadis mais plus personne
ne saurait dire si la copie est une reproduction fidèle. (2)
1
-
c'est
La
pirogue "
vaa
(ane vaka)" est le
terme générique ;
le maioré, le
tronc d'arbre creusé dans le purau,
badamier etc.
un
Le
terme " pahi "qui désigne aujourd'hui les goélettes et
supérieure était réservé aux grandes
pirogues qui pouvaient porter des dizaines de personnes.
Poster a trouvé des pirogues de 30 à 40 mètres de long avec
140 pagayeurs, 8 pilotes. Les. plates-formes étaient de 20 à
24 pieds, larges de 8 à 10 élevées sur des colonnes sculptées
de 4 à 6 pieds portant une trentaine de guerriers.
les navires de taille
(1) On pourra
20, page 267.
se reporter avec
(2) Voir Bulletins
nos 72,
profil à l'élude
parue
73, 76,
Société des
Études
Océaniennes
dans le Bulletin
n°
�—
Le terme "
260
—
poti " (anglais boat) désigne les cotres et toutes
embarcations.
plus petites aux plus grandes pirogues, nous
pirogue commune "vaa, tauama, tipaeama"
pointue aux deux extrémités. Elles sont stabilisées par un
balancier 44 ama
relié à la coque : à l'avant, par une branche
flexible, arquée, à l'arrière, par une branche rigide plus forte,
à peu près horizontale, attachée aux deux bordées, et dé¬
passant le bord.
La petite pirogue pointue 44 vaamaihi " ; la large 44 tutaa
Ooure " désigne le chaton de maioré, et par analogie, une
sorte de pirogue qui en imite la forme.
Oroe " désigne la gaine qui renferme la fleur du cocotier,
par analogie une pirogue en portait aussi le nom.
On trouvait ensuite les grandes pirogues, doubles, reliées
ensemble et laissant une certaine espace entre elles, au-des¬
sus duquel s'élevait une plate-forme, très large dans les
pirogues des Tuamotu. Ce sont les pirogues " taurua, taupiti, tahifa, tipaeati, vaahara " dont les extrémités étaient
En allant des
trouvons: la
44
"
relevées.
pirogue 44 totaraupoonui " en forme, de tête de Totara
(diodon Lystrix) avaient les deux extrémités disproportion¬
La
nées.
pirogue de guerre 44 vaatamai, opeta " ; celle d'apparat ;
" ; celle qui était sacrée ; 44 vaa Moemoe " ; la royale
tifatifa " ; le nom de l'une d'elles 44 anuanua " (ar en-ciel).
La
44
44
vaaoa
grandes pirogues pouvant supporter plusieurs voiles
raravaru " (rara branche, et varu 8), ce chiffre
de 8 représentait les districts de Moorea et de Raiatea.
2
CONSTRUCTION.
Les anciennes pirogues étaient
surtout creusées avec les erminettes en pierre dans l'arbre
apapa"ou 44 avai " (rhus tahitiensis, panax tahitiensis Aral).
3
PARTIES.
Le balancier qui donnait la stabilité à
l'ensemble ; 44 ama " ; la femme s'asseyait sur le 44 paeama ",
l'homme sur le 44 paeati ", à droite, pour faire contrepoids
par bon vent. La partie transversale 44 iato".
Les
étaient les 44
—
-
"
-
—
La carène 44 tohe "
;
fin comme une carène 44 areare
La quille "taere"; la partie arrière formant quille 44 topatai " ; la partie au-dessus de la quille 44 avae ".
Société des
Études Océaniennes
�261
—
—
La partie avant, le nez, " ihuvaa,
les
Pour surélever les bords
"
reimua, tuivaa " et daris
grandes pirogues " reioa".
on
huhui ", iia, tioa, araoa
Il y
fixait certaines pièces
de bois:
Les pièces pour joindre : " tititi".
avait des sièges à l'intérieur " apaapa " ; pour les
" ; des sièges en biais " manu
pont " tahua
La grande plate-forme des pirogues
pagayeurs : '' arataata
Le
doubles
:
"
hora hora " au-dessus de l'intervalle "
aroa
Des artistes ornaient les
pirogues de sculptures et de figu¬
res " faataotao, faatefatefa
La partie supérieure du mât
portait, elle aussi, quelque gravure " hiutira " : mais les
principales se trouvaient à la proue "reipahi, tafairei, tutii,
umu
L'étrave portait une figure plus grossière " purepa " ;
la figure de l'arrière " tiapuna
Le bateau de Iliro avait une figure
particulière connue
sous le nom de " reiofaapiaifare
Les clous ayant été apportés par les navigateurs, l'en¬
semble des pièces, avant leur venue, était fixé à l'aide de
cordelettes faites
Papeete possède
de bourre de
coco
" aha". Le Musée de
embarcation, en forme de baleinière
dont les différentes pièces sont ajustées avec le aha. Cette
cordelette, à peu près imputrescible, est préférée encore
aujourd'hui pour ligaturer les différentes parties du balancier.
4
GREEMENT.
Le mât " tira " ; la voile " ié " ordi¬
nairement faite en natte. La vergue " fana ", tahatahaoto
Les différentes voiles : " iéfanaopu ", le cacatois ; " ié rahi "
le hunier ; " ié feaorahi " le grand foc ; "ié feao iti " le
pe¬
tit foc ; " pa " la flèche : " ié ropu " ; la misaine ; " ié paruune
-
ru
—
" la bonnette de hune "
Partie de voile "
sie " ié opupu
;
" ié tautea " la bonnette basse.
Hipa ". La voile ayant la forme d'une
ves¬
".
Naviguer " tere " ; amener la voile " faaié " ; mettre la
petite voile " faaopupu " ; hisser les deux voiles " faaarua " ;
les amener à cause du vent " opae ".
5
-
une
celle
DIVERS.
—
voile " auti
La corde pour
na
"
;
fixer la voile " ao "
la corde d'étai de misaine "
composée de trois torons " avetoru "
;
;
coudre
aroro
"
;
celle qui claque
vent " taiefa " ; le rouleau de cordes " poni " ;
l'ancre
tutau, liatoro ", elle était en général une grosse pierre, soit
percée, soit possédant une sorte de gorge.
au
"
Société des
Études
Océaniennes
�—
Différentes
262
—
pêches étaient aussi en usage : pour aborder
au-dessus du récif : " too " ; pour lever
pour la navigation
la voile " titoo
ou
La
pagaie " hoe " ; celle qui servait de gouvernail " hoe
; la longue, employée en cas de détresse " hoe faatea
La godille " autua
Monter dans une pirogue " ee " ; y introduire un passager
etuautu " ; s'asseoir dans le fond 11 faatoa " ; charger ' ' faatomo " ; convoyer d'un lieu dans un autre "faaauta
Le
naufrage '• auvaa
La vague qui remplit la pirogue " arutaino " ; recouverte
par la mer " mariuvaa " ; longer pour aborder " autai
Le
temps mis pour virer " niupahi
Lorsqu'une voile était
aperçue au loin, les insulaires jetaient le mot consacré
apue
Conduire une embarcation au mouillage : " faaufaatere "
"
"
ru
6
PERSONNEL.
L'équipage 11 hiva
le capitaine
le pilote " faanee, araua" :
le timonier " fatererarirari, tauo, tupaopao".
7
CÉRÉMONIES.
Rien ne se faisait sans cérémonies.
"
-
raatira
-
Pour
—
les matelots " ihitai
—
la
construction
d'une
pirogue,
son
lancement,
son
voyage.
moment de la coupe de l'arbre " ihotoi, tuitui"
poro, autoi
(toi— l'erminette de pierre).
Les ouvriers employés à la construction d'une pirogue
royale étaient soumis à certaines restrictions alimentaires
La fête
"
au
amara".
Les aides du maître constructeur " ahitu
Le lancement
se
faisait à l'aide de rouleaux " Faarao "
;
des corps
humains étaient parfois employés pour cela. M.
Pailloux possède un croquis du peintre Gouwe, si je ne fais
erreur, reproduisant le transport à terre d'une grande pirogue
dessus des corps humains, au marae d'Opoa. Cela rappelle
assez
Un
tai
la coutume hindoue.
morceau
de fdet " ah a " servait de charme "
ahatahà-
aujourd'hui les automobilistes superstitieux ont
vœux pour la rapidité de la
pirogue "ahinarnuri". Une touffe de plumes rouges était
fixée au mât " pupa " ; des feuilles rouges avaient été aussi
comme
leur fétiche. On émettait des
Société des
Études
Océaniennes
�263
—
—
placées clans le voisinage de la pirogue
au
môment de
sa
construction "huamanu".
Des prières et des sacrifices étaient offerts "
purepapa".
Une réduction de
pirogue était parfois lancée en mer, char¬
gée des péchés et des maladies du peuple " ahuatai
Les
Hébreux avaient le bouc émissaire chassé
les
péchés du peuple).
cette idée d'expiation.
La pirogue royale, ou celle
que par des aides inspirés
comme charme un fragment
avec
dans le désert
On retrouve chez les Tahitiens
du dieu, ne pouvait être rangée
" auhoe ". A bord se trouvait
de pirogue sacrée.
Certaines cérémonies avaient lieu
au cours
du voyage par
certains hommes choisis "
papaipauruvaa " ; ces cérémonies
horaatau, umereraa " ; des idoles temporaires et porta¬
tives se trouvaient à bord ainsi qu'un autel.
Les cérémonies pour la flotte de guerre, " hoaraatau
Enfin une pirogue ne pouvait être endommagée par le dieu
requin celle " patapatahaihia ".
"
REY-LESCURE.
(A suivre.)
(1) Voir Bulletin S.E 0., n° 73, page 84.
(2) Une étude sur les différents modes de fixation des balanciers de piro¬
gues serait intéressante à faire (si elle ne l'a pas été déjà). 11 y a bien des
variantes. Pourquoi certains insulaires préfèrent-ils tels modes à tels autres?
Les
pirogues que nous avons vues en Nouvelle-Calédonie et aux NouvellesHébrides différaient de celles de Tahiti quant à la forme de leur balancier.
Société des
Études
Océaniennes
�264
Au
Dans
son
—
sujet des Idéogrammes Marquis».
numéro de Décembre 1945, le Bulletins de la So¬
a publié une étude d'un tout
spécial et puissant intérêt, de Monsieur le Docteur Louis
Rollin sur les "Idéogrammes Marquisiens".
Je ne puis mieux lui prouver combien il a retenue d'une
ciété des Etudes Océaniennes
particulière le meilleur de mon attention qu'en
souvenir fort précis qu'ont évoqué en moi
ses gravures 1, 2, 3, 4, et pricipalement la Fig. 3. Car j'ai en
effet considéré la Fig. 1 comme une première déformation
de la Fig. 3 - la Fig. 2 comme une déformation de la Fig, 1 et la Fig. 4 comme une stylisation en forme d'epsilon mi¬
nuscule ( = s) ou de signes majuscules (= SE ), du person¬
nage de gaucbe de la Fig. 3.
Or il se trouve que cette Fig. 3 est la reproduction exacte
d'une petite statuette d'une haute antiquité - époque peu dé¬
terminée avec précision - découverte en Palestine par Mon¬
sieur René Neuville, Préhistorien de grande valeur, actuel¬
lement Consul Général de France à Jérusalem (Palestine).
Cette statuette fait partie de sa collection personnelle.
Traité en ronde bosse, le sujet ne peut laisser aucun doute :
il s'agit de l'acte de copulation sexuelle.
11 ne serait peut être pas interdit de voir le même sujet
dans l'idéogramme marquisien, d'autant plus que le person¬
nage de droite, notoirement plus fort, semble indiquer un
homme, lequel attire à lui la femme en l'enserrant par les
manière toute
lui
signalant
un
reins.
permis de le lui suggérer, peut-être Monsieur le
pourrait-il se mettre en rapport directe¬
ment avec M. Neuville, et comparer la statuette de celui-ci
avec les idéogrammes marquisiens.
Y a-t-il identité de sujet, ou simple ressemblance ? - Cha¬
cun possède-t-il une interprétation spéciale? - ou bien une
même interprétation les unit-elle tous deux dans une seule
et même représentation plus exacte que symbolique?
La question mérite pour le moins d'être étudiée. Et il serait
sinon surprenant, du moins intéressant de constater une fois
de plus l'éternelle unité de réaction intellectuelle chez les
S'il m'est
Docteur L. Rollin
Société des
Études Océaniennes
�—
hommes les
265
—
plus éloignés dans le temps et dans l'espace,
concepts psychi¬
dans la matérialisation concrète de leurs
ques.
compléter ma réponse à Monsieur le
signalant la grande ressemblance qui
m'a frappée entre sa Fig. 5, et les deux figurations de gauche
de la Fig. 5 de mon propre article sur "la Glyptique Océannienne avant l'Histoire" paru dans le même numéro du Bul¬
letin
juxtaposition qui me vaut l'honneur d'avoir mon nom
à côté du sien.
La Fig. 5 qu'il publie, originaire des Mar¬
quises, et apparentée à l'Ile de Pâques, me semble bien sty¬
liser un homme
et même un homme sexué. - Elle ne fait
Je m'autoriserai à
Docteur Rollin
en
lui
-
-
-
confirmer toujours la même unité puisque nous retrou¬
vons ici ressemblance entre le Sud de la France à l'âge de
notre Préhistoire local (début du néolithique), et l'Océanie à
une époque beaucoup plus rapprochée
de nous, vieille à
peine de quelques siècles - presque contemporaine -.
Et si je me permets enfin de répondre à la question que
pose Monsieur le Docteur L. Rollin de savoir comment les
Marquisiens purent avoir connaissance des idéogrammes
découvertes à l'Ile de Pâques, c'est uniquement pour avoir
recours à sa toute spéciale
et profonde compétence. Ne
pense-t-il pas que le Moaï de l'Ile de Vao-que j'ai signalé
permettrait de résoudre la question, et d'aider à sollutionner de nombreux problèmes qui se posent en Océanie ? la
migration semblant se préciser de plus en plus: de l'Ouest
(Afrique et Indes) vers l'Est: Insulinde, Nouvelle Guinée,
Nouvelles Hébrides, Mélanésie, Polynésie, lies du Pacifique
oriental, et finalement Amérique, comme l'a prouvé le Prof.
que
Rivet.
Jean
Société des
de
la
Études Océaniennes
ROCHE.
�—
Le chien
266
en
—
Polynésie.
Deux quadrupèdes ont joué un rôle important dans la Po¬
lynésie orientale (1) avant la venue des Européens : le pore
et le chien. Si le porc continue à
y être très estimé pour sa
chair, la consommation du chien a cessé depuis l'arrivée des
Occidentaux
(AuxTuamotu elle serait
encore en usage
chez
quelques Asiatiques, dit-on).
A la lecture des récits des
premiers navigateurs l'on est
frappé du rôle que le chien joue dans la vie domestique et
religieuse aux côtés du porc. Les seuls quadrupèdes trouvés
par les découvreurs d'îles seraient le porc, les chiens et les
rats.
Le chien n'était pas
associé à la vie de l'homme
en tant
que compagnon, chasseur, ou protecteur, non pour sa fidélité,
mais pour un usage essentiellementutili
taire, pour la bouche.
Aucune
migration,
les porcs, les
aucun
déplacement
ne se
faisait
sans
chiens et les volailles.
HAWAI.— de Rienzi
qui a vu peu des choses qu'il relate,
grand compilateur rapporte qu'à Hawai le
cochon, le chien et le rat étaient les seuls quadrupèdes con¬
nus avant l'arrivée des
Européens.
La légende raconte qu'un chef nommé Rouo Akoua déifié
par la superstition de ses compatriotes avait, en s'exilant vo¬
lontairement, annoncé qu'il reviendrait un jour avec une île
flottante portant des cocotiers, des cochons et des chiens.
L'arrivée du capitaine Cook sur son navire (l'île
flottante)
mais
qui fut
un
avait semblé lui donner raison.
A. Lesson, d'aprèà Ellis, raconte une
légende similaire
d'après laquelle les premiers habitants d "Hawai seraient ve¬
nus de Tahiti et auraient
apporté avec eux, un cochon, un
chien et une paire de poules
(2).
MARQUISES. — de Rienzi dit au sujet de l'île Nuku Iva :
les poules, les vampires y sont nombreux, le cochon, le chien,
(1) Nos recherches n'ont portées que sur la Polynésie orientale mais l'aire
du chien s'étend de la NUe-Zélande en allant vers l'est et jusqu'à
de dispersion
Hawai.
(2) Hawai avait surtout des rapports
Société des
avec
Études
l'archipel des Marquises.
Océaniennes
�—
267
—
le rat étaient, comme dans toute la
drupèdes
connus
Polynésie, les seuls qua¬
des Européens.
Dr
Le
Rollin dans son ouvrage sur les
Marquises : le pre¬
mier chien fut volé à Coolc lors de son
passage à Vaitahu en
1774.
Or, Fleuriau, qui raconte le voyage de Marchand (1791)
stipule : le cochon est le seul quadrupède, je ne parle pas du
rat (il ne parle pas du
chien).
Mais Porter en 1813 en avait vu dans
l'archipel et s'étant
informé de leur provenance, Kiatonui lui dit
qu'ils avaient
été
apportés une quarantaine d'années auparavant par un
appelé Ilitahita.
Une chose est certaine, c'est que ces
navigateurs ne visi¬
tèrent pas tous les mêmes îles de
l'archipel, il pouvait très
bien y avoir des chiens dans certaines îles et
pas dans d'au¬
tres. Mais on peut
remarquer que l'archipel qui parle une
langue très proche du Tahitien désigne le chien sous le nom
de " pete'' alors qu'en N1Ie Zélande il se nomme
"kuri", à
Samoa "u 1 i", aux Fiji "koli", à Tahiti "uri".
TAHITI.
Cook (1777, 3me voyage) donne au chien une ori¬
gine, espagnole, il aurait été introduit par Quiros, or on ne
sait vraiment si Quiros ne confondit
pas l'île de la Chaîne
avec Tahiti
qu'il nomma Sagittaria.
Cook d'ailleurs distingue deux espèces
de chien et est fu¬
dieu
-
rieux
car un
de
ces
animaux tua
un
des seuls béliers
qu'il
possédait.
Bougainville
: nous n'avons vu d'autres quadrupèdes que
des cochons, des chiens et des rats en
grande quantité.
Le chien comestible.
Il servait à l'alimentation, surtout à celle du commun
peuple. De Fréville qui cite Marchand : les seuls animaux
privés qu'ils elèvent(dans les Marquises) pour leur table sont
les cochons, les chiens et les
poules.
Le
capitaine Wallis: les Otahitiens se nourrissent de co¬
chons, de volailles, de chiens et de poissons.
Les chiens étaient élevés et nourris
pour la consommation.
Wallis dit encore : cependant on voit encore sur les
proprié¬
tés des grands troupeaux de
cochons, de chiens et des légions
de volaille,
Société des
Études
Océaniennes
�—
268
—
donne point de viande aux
qu'on nourrit dans l'île pour la table, mais seulement
des fruits à pain, des noix de coco, des ignames et des vé¬
gétaux.
Banks fait remarquer: on ne
chiens
Ce même auteur raconte que
les anglais entendant toujours
vanter le succulence de la chair du chien résolurent
rendre
vant
de s'en
compte par eux mêmes, il nous donne le récit sui¬
:
Nous avions
les Indiens regardent cet animal
plus délicate que le porc et nous nous
résolûmes à cette occasion à vérifier l'expérience: Nous re¬
mîmes le chien (il leur avait été donné par Oberea) qui était
très gras à Tupia qui se chargea d'être le boucher et le cui¬
sinier. 11 le tua en lui serrant fortement avec les mains le
comme une
nez
appris
que
nourriture
et le museau,
opération qui dura plus d'un quart d'heure.
temps les Indiens firent un trou en terre d'en¬
pied de profondeur, dans lequel on alluma du feu
et l'on y mit des couches alternatives de petites pierres et
de bois pour le chauffer. Tupia tint le chien pendant quelque
temps sur la flamme et en le raclant avec une coquille ; tout
le poil tomba comme s'il avait été échaudé dans une eau
bouillante. 11 le fendit avec la même coquille et en retira les
intestins qui furent envoyés à la mer où ils furent lavés avec
soin et mis dans des coques de noix de coco ainsi que le sang
qu'on avait retiré du corps en l'ouvrant.
On ôta le feu du trou lorsqu'il fut assez échauffé et on mit
au fond quelques unes des pierres qui n'étaient pas assez
chaudes pour changer la couleur de ce qu'elles louchaient;
on les couvrit de feuilles vertes sur lesquelles on plaça le
chien avec ses intestins ; on étendit sur l'animal une seconde
couche de feuilles vertes et de pierres chaudes et on bou¬
Pendant
viron
ce
un
cha les
creux
rouvrit,
on en
avec
de la terre. En moins de 4 heures on le
tira l'animal très bien cuit, et nous convînmes
mets (juin 1769).
qu'un chien de la Mer du Sud
était presque aussi bon qu'un agneau d'Angleterre.
tous que
c'était
Ailleurs:
un excellent
convînmes
nous
Le chien offrande.
A
peine Wallis débarquait-il à Tahiti : bientôt ils revinrent
Société des
Études Océaniennes
�—
avec
269
—
plusieurs autres cochons et quelques chiens les pieds
liés par dessus la tête.
Comme nous étions
éloignés d'environ trois encâblures
pouvions pas reconnaître en quoi consistaient ces
gages de paix. Nous parvînmes cependant à distinguer les
cochons et les pièces d'étoffes mais en voyant les chiens avec
leurs pattes sur le cou s'élever à plusieurs reprises et mar¬
cher quelques temps debout et droits, nous les prîmes pour
une espèce d'animal étranger et inconnu et nous étions très
impatients de les voir de plus près. J'envoyai donc un ba¬
nous
ne
teau et notre étonnement cessa.
Oberea, l'amie de Cookleur fit présent "comme un moyen
de réconciliation d'un
superbe cochon et d'un chien bien
(celui qu'ils consommèrent) ».
« Les domestiques nous attendaient avec un gros cochon,
un cochon de lait et un chien qu'ils voulaient présenter au
roi de la part de leur Maître » (Cook 1777).
Mais l'arrivée plus fréquente des Européens mit fin à cette
habitude de donner des chiens en présents. P. Lesson qui
cite les présents apportés à bord ne cite pas le chien. Il dit
en passant: ils aimaient autrefois les chiens.
Moerenhout parle au passé: quelques animaux parais¬
saient aussi sur la table, les cochons, les chiens, la volaille.
nourri
Ils étaient servis en entier.
Le chien dans le cnlte.
On retrouvait les chiens dans les cérémonies du culte. On
dit que les chiens ne pouvaient figurer
Cook donne un exemple du contraire.
a
dans les
marae.
Quatrefages signale à Tahiti le dieu chien, il le nomme :
comptait parmi ses dieux Irawanu,
le père du chien.
Cook dans la relation de son troisième voyage à Tahiti
nous fait le récit d'un sacrifice humain auquel il assista dans
un marae avec Anderson et Weber. Les chiens y jouaient
de
Taahiti. La Nlle-Zélande
leur rôle
«
:
Il donna à Otoo deux ou trois
plumes rouges liées ensem¬
chien très maigre fut mis dans une des pirogues...
On amena le chien dont j'ai parlé plus haut et on lui tordit
ble et
un
le
jusqu'à
cou
ce
qu'il fut étouffé;
Société des
Études
on
enleva ses poils en le
Océaniennes
�—
270
—
passant sur la flamme et
jeta dans le feu où
de
détail
ce
se
on
on lui arracha les entrailles
qu'on
les laissa brûler. Les naturels
chargés
contentèrent de rôtir le
foie, le
cœur et les
rognons qu'ils tinrent sur des pierres chaudes
l'espace de
quelques minutes ; ils barbouillèrent ensuite le corps du
chien avec le sang qu'ils avaient recueilli dans
un coco et
ils allèrent le placer, ainsi
que le îoie, etc, devant le prêtre
qui priait autour du tombeau. Ils continuèrent à prier quel¬
que temps sur le chien tandis que deux hommes
frappaient
avec force
par intervalle sur les tambours. Un petit garçon
poussa, à trois reprises, des sons perçants ; on nous
apprit
que c'était pour inviter l'Eatua à se régaler du mets qu'on
lui préparait. Dès que les prêtres
eurent achevés leurs priè¬
res, on déposa le corps du chien avec les entrailles sur un
whatta (Fata, autel) ou sur un échafaud de 6
pieds de hau¬
teur (il y a avait déjà dessus des
porcs) ». Ceci se passait au
marae
d'Atahuru).
Moerenhout posant une question sur certains
autels, Tati
lui répondit : que ces autels n'avaient été dressés
qu'à l'hon¬
neur des divinités
domestiques ou subalternes et
offrait
qu'on n'y
point de sacrifices humains mais seulement des ani¬
maux,
des porcs et des chiens.
Ailleurs le même auteur dit:
quant aux autres victimes
comme les cochons les chiens souvent on les
l'autel
égorgeait
au
tres fois
commencement
on
les offrait
sans
ou
dans le
cours
sur
du service, d'au¬
les tuer.
Pour la fête des
volaille étaient
«
Arrivées
prémices des cochons, des chiens de la
apportés en quantité par chaque tribu.
au
marae, toutes les
offrandes
se déposaient
petite quantité de chaque
comestible était offerte au dieu, le reste était
pour le roi qui,
après en avoir gardé une partie, cédait le reste à la foule. »
dans l'intérieur de
l'enceinte,
IvC
une
chien «Sans l'art.
De Fréville raconte
des cheveux et des
qu'on faisait certaines perruques avec
poils de chiens. Les plus longs poils ser¬
vaient de franges aux "Taumi".
Wallis
mes
des
(1767), en parlant de "fare tupapau" : « Nous vî¬
hangars fermés et sur les poteaux qui soutenaient
Société des
Études
Océaniennes
�—
ces
m
—
édifices, plusieurs figures grossièrement sculptées d'hom¬
de femmes, de cochons et de chiens. »
mes,
Le chien argument.
Certains ont
étaient
venues
prétendu que les migrations polynésiennes
de l'Est.
Moerenhout dit
rique.
:
«
le chien
qui ne
se
trouve pas en Amé¬
ailleurs
: « comment expliquer la présence dans les
îles océaniennes de certains animaux, le cochon, le chien, la
»
volaille, d'espèces qu'on
ne trouve pas en
Amérique
»
?
L'origine du cliien.
D'où
pouvaient provenir ces chiens que l'on rencontre à
chaque pas dès qu'il s'agit des choses de Polynésie ? la ques¬
tion a été posée par Moerenhout et bien d'autres. Quelle sor¬
te de chiens ?
Bougainville décrit
jolie".
ces
chiens
comme
"d'une espèce pe¬
tite mais
de Rienzi
«
les chiens de toutes
ces
îles sont courts et leur
grosseur varie depuis celle du bichon jusqu'à celle du grand
épagneul. Ils ont la tête large et le museau pointu, les yeux
très petits, les oreilles droites, les poils un peu longs, lisses
et
durs, de différentes couleurs, mais communément blancs
et bruns. Ils aboient rarement mais ils hurlent et montrent
de l'aversion pour
les étrangers. »
ou chien indigène a été vu par Cook à
son arrivée et les habitants (les
Néo-Zélandais) disaient qu'il
est venu avec eux d'Awaiki lorsqu'ils arrivèrent pour la pre¬
mière fois en Nouvelle-Zélande. C'est un petit chien à lon¬
gues oreilles d'un blanc sale ou de couleur jaunâtre avec une
queue touffue, il est maintenant tout à fait éteint. Il ne paraît
pas avoir quelque ressemblance avec le dingo australien,
mais il est probable qu'il était de la même espèce que ceux
qu'on trouve encore dans les îles polynésiennes. »
Le même auteur, en parlant des îles Marquises dans son
volume 2 des Polynésiens: « l'origine des chiens et des
chats aux îles Marquises est généralement attribuée aux Eu¬
ropéens, ce serait aux Anglais que serait due l'introduction
des premiers, de même qu'aux Américains l'introduction
des seconds
Quoiqu'il en soit, dans les îles MarA Lesson
:
«
le kuri
Société des
Études
Océaniennes
�272
—
—
quises les chiens vus par Porter avaient comme ceux qu'ori
aujourd'hui tous les caractères qu'on
donne aux chiens rencontrés dans les autres îles polyné¬
siennes, Samoa, Tonga, Tahiti, Nouvelle-Zélande. Les ca¬
ractères étaient et sont encore, malgré les mélanges opérés
par l'introduction des chiens européens, de longues oreilles
et un pelage brun sale ou jaunâtre avec une queue touffue
chez eux en petit nombre, il est vrai, qui se rapprochent le
plus de l'espèce primitive. On dirait une espèce de renard,
mais chaque jour .le nombre des chiens indigènes disparait
(écrit en 1881).
On s'accorde à dire que le chien polynésien diffère du din~
go ou chien de Nouvelle-Hollande. Les habitants de l'île
Nord ( NZ ) attribuent l'introduction du chien dans leur île
aux premiers colons qui s'y fixèrent en venant de l'Hawaiki.
y remarque encore
En somme, les chiens de
Nuku-Iva et des autres îles Mar¬
quises étant de l'espèce qui parait propre à l'Océanie, il est
certainement plus à supposer qu'ils y ont été portés par des
émigrants océaniens que par des voyageurs européens. »
REY LESCURE.
Société des
Études
Océaniennes
�—
273
—
5TO35S3ES
Les
chercheurs
coprah.
de
l'hémisphère austral, sans fin, démesuré,
souvent Ton voit paraître
La goélette vive dont la course enchevêtre
Au sillage décume le geste du beaupré.
Dans
En certaine saison,
Dans la muraille accore et
le roc torturé
Où la chèvre angora rumine son bien
Elle cherche un défaut, et tout à coup
Par
chenal obscure vers un port
un
être,
pénètre
ignoré.
archipels lointains
souffrent tout leur destin,
n'entendaient pas du fond de leurs villages
Ceinturés de ressac, les
A l'ombre
Et s'ils
de leurs pics
de coprah en leurs rades profondes,
grincer, les chants d'un équipage,
sauraient jamais qu'autour d'eux gît un monde.
Les chercheurs
Une chaîne
Ils
ne
( La baie invisible )
Société des
Études
A. D.
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�Les articles
teur
publiés dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'au¬
ses dioits, peuvent être traduits et
reproduits,
expresse que l'origine et l'auteur en seront men¬
réservé
a
à la condition
tionnés.
Toutes communications relatives
au
la
Société, doivent être adressées
Papeete, Tahiti.
Le Bulletin est
Prix de
ce
Bulletin,
au
au
Président.
envoyé gratuitement à tous
ses
numéro
français
en
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Cotisation annuelle des
étrangers
ou
Boîte
à
no,
Membres.
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Cotisation annuelle des Membres résidant
Musée
20
F. P.
40
F. P.
50
F. P.
pays
3
dollars.
SOUSCRIPTION UNIQUE.
Membre à vie résidant
en
France
Membre à vie résidant à
ou
dans
ses
colonies.
500F.P.
l'Etranger, six livres sterling
ou
trente dollars.
Avantages de
faire recevoir Membre a vie pour cette som¬
(Article 24 du Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
me
versée
i° Le
une
se
fois pour toutes.
Bulletin continuera à lui être adressé,
quand bien même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
Le Membre à vie n'a
plus à se préoccuper de l'envoi ou du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
20
de moins.
En
conséquence: Dans leur intérêt et celui de la Société,
sont invités à devenir Membre à vie:'
TOUS CEUX qui, résidant hors de Tahiti, désirent recevoir le
Bulletin.
TOUS LES
TOUS
jeunes Membres de la Société.
CEUXqui, quittant Tahiti, s'y intéressent quand même.
��
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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2605-8375
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Établissement
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 77
Description
An account of the resource
Voyages - Etude sur Lazareff. (Commandant Cottez) 239
Histoire
- Maeva, Ile de Huahine. (Yves Malardé) 247
- Alain Gerbault (J.P. Alaux) 251
- Trois documents pour servir à l'histoire de l'île Pitcairn (Rey Lescure) 255
Ethnographie
- Essai de reconstitution des mœurs, coutumes et connaissances de l'ancien Tahiti (Rey Lescure) 259
- Au sujet des idéogrammes marquisiens (Jean de la Roche) 264
- Le chien en Polynésie (Rey Lescure) 266
Poésie - Les chercheurs de coprah. (A. D.) 273
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Société des Études Océaniennes (SEO)
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1946
Date de numérisation : 2017
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