-
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Bulletin
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if
SE
©
0
S"
de
Société
la
ETUDES
des
OCÉANIENNES
N°
52
TOME V (N° 11)
DÉCEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
des
—
1924
Ethnologie
—
Philologie.
Institutions
et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
IPRIMERIE
A
DU
aOUVIRKKMËKT
PAPKETK
(TAHITI)
Si
IÉ
©
�Les articles
teur
publiés dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'au¬
ses droits, peuvent être traduits et reproduits
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Membre
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versée une fois pour toutes. (Article 24 du Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
me
i° Le
Bulletin continuera à lui êtreadressé,
quand bien même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
20
modique somme assure à la Société
supérieur à la cotisation annuelle de 30 fr.
L'intérêt de cette
revenu
un
'3° Le Membre à vie n'a plus à se préoccuper de l'envoi ou du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
de moins.
I
ai
,
l'oiisjMjiKMicc :
sont invités
Dans leur intérêt et celui de la Société,
à devenir Membre à vie :
TOUS CEUX
qui. résidant hors Tahiti, désirent recevoir le
Bulletin.
TOUS LES
TOUS
jeunes Membres de la Société.
CEUXqui. quittant Tahiti s'y intéressent quand même.
Société des
Études. Océanienne^
�DE
SOCIÉTÉ
LA
D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME
i\" 52.
-
V(N° II)
DÉCEMBRE 1R34.
sommaire
Pages
Ethnographie.
Les
Migrations polynésiennes,
par
Bodin
377
par
P. Jourdain
397
Tourisme.
Le
Yachting dans les E. F. O.,
Archéologie.
2me
Excursion à la Vaiote, par
le Commandant Lidin.
..
401
Folklore.
La
légende de Tafai (fm) traduction de E. Ahnne
406
Histoire.
Arrestation des sauvages
409
Krusenstern
416
en
deFakahina
Océanie, par Cottez
Société des
Études
Océaniennes
��et
Nouvelles Méthodes cosmiques,
psychotechniques,
sociologiques dans les recherches ethnohistoriques.
1° La
partie ancestrale cle l'humanité, et le cataclysme pleis-
tocène.
2° VHomo Sapiens Sylvanus, frère supérieur de l'Homme
Pyrolithique, Vancêtre de l'Homo Sapiens Faber.
3° Une Epoque Historique Inconnue : les 20
migrations néo¬
lithiques.
«
C'est très difficile de découvrir de
nou¬
velles
vérités, mais encore beaucoup
plus difficile de les faire accepter. *
VOLTAIRE.
Les recherches
ethnohistoriques jusqu'ici étaient basées
archéologiques, 2° Les documents lin¬
guistiques, 3° Les écritures authentiques, et la valeur scientisur:
1° Les documents
lique de ces recherches était en proportion directe avec
la quantité de ces documents découverts et
groupés par une
série infinie de travaux de fourmi,
ques, mais presque
plus ou moins automati¬
toujours unilatéraux et statiques.
D'après les nouvelles méthodes révolutionnaires : Cosmi¬
psychotechniques et sociologiques, les documents pré¬
historiques ne sont que des produits unilatéraux de l'adap¬
ques,
tation humaine
au
milieu naturel
;
il faut donc les rempla¬
la reconstruction omnilatèrale cles milieux cosmiques
successifs : quant aux documents linguistiques, ils ne sont
que des produits unilatéraux de l'adaptation individuelle au
milieu social; il faut donc'les
remplacer par la construction
omnilatèrale des milieux sociaux
successifs ; enfin, quant à la
valeur des écritures anciennes, ils ne sont
que des produits
unilatéraux de la conscience humaine, donc il faut les rem¬
placer par le réveil cle Vexpérience ontogènètique cles ancêtres
par l'analyse et la synthèse psychotechnique de Vexpérience
phylogènètique actuelle (la mesure de l'intelligence, de la mé¬
moire, de la fantaisie, etc...)
cer
par
Société des
Études
Océaniennes
�—
378
—
Ces méthodes sont appliquées depu is 5 ans
par V Expédition
Internationale Cosmothèrapique pour Vétude
psychophysiologi¬
l'application thérapeutique des radiations cosmiques, so¬
laires, terrestres et humaines, entre les latitudes : Septentrio¬
nale 45° et méridionale 30° (1930-31 :
Les Carpates ;-1932-33 ;
La Riviera ; 1934-35: La
Polynésie ; 1935-36 : Le Mexique ;que et
1937-38
:
Le
Caucase
1939—40
Le
Pamir).
cosmiques, solaires,
terrestres et humaines ont une très
grande influence sur révo¬
lution des races humaines, au
point de vue ethnohistorique elles
ont la même importance
qu'au point cle vue thérapeutique.
Les bases scientifiques de ces nouvelles méthodes de l'Ex¬
pédition sont des radiations cosmiques absorbées et accu¬
mulées par les différentes sphères de notre planète et
par
l'organisme humain, donnant naissance aux thérapies sui¬
vantes : Pyrosphère:
Thermothérapie, Electromagnétothérapie ; -Lithosphère : Géothérapie; -Hydrosphère : Hydro¬
thérapie ; -Atmosphère : Aérothérapie, Pneumothérapie ;
-Stratosphère: Héliothérapie, Vi tain ino thérapie ; Cosmos¬
phère: -Cosmothérapie ; -Sphère humaine intracellulaire:
Cellulothérapie ; -Sphère humaine intramusculaire: Dynamothérapie. Le but final de tous ces procédés cosmolhérapiques est l'équilibre spécial entre les radiations cosmiques
extérieures et les radiations cellulaires intérieures
(La gué.rison complète de toutes
maladies).
Pour préciser ces méthodes
j'emprunterai au Professeur
Edmond Székely, chef de cette expédition actuellement à Ta¬
hiti, les quelques résultats obtenus dans ses recherches pré¬
Comme
nous
le
verrons
ces
:
radiations
cédentes.
Au
point de vue de la continuité historique, des expérien¬
ontogénétiques et philogénétiques, nous remarquons les
degrés suivants :
1° L'époque de l'instinct,
quand l'expérience était trans¬
ces
mise par les descendant selon l'imitation instinctive des
actes des parents ;
2°
avec
L'époque de l'intelligence (ou apparaît l'horno sapiens)
l'apparition de la conscience individuelle qui se mani¬
feste par l'observation consciente des corrélations du milieu
3°—L'époque sociale avec l'apparition de la parole.
4°—L'époque historique avec l'apparition de l'écriture.
Société des
Études
Océaniennes
;
�—
5°— L'époque
370
-
du dynamisme cultural
avec
l'apparition de
l'imprimerie.
En conformité
avec
les
degrés précédents de la continuité
des expériences et des connaissances de l'humanité, les
sciences ethnohistoriques doivent reconstruire, non seule¬
ment les
connaissances par les livres et par les documents
extérieurs
archéologiques, écritures, hiéroglyphes etc... (qui
très petit fragment de la continuité des
expérien¬
ces humaines), mais il faut surtout
profiter de l'application
des méthodes psychotechniques dans
l'ethnologie pour réveiller
les expériences ontogénètique des ancêtres las plus lointains,
par
l'analyse et. la synthèse des expériences phy logé né tiques des peu¬
ples primitifs actuels. Nous avons appliqué une première fois,
forment
et
avec
un
un
succès
extraordinaire,
ces nou
velles méthodes psy-
chotechnico-ethnologiques qui ouvriront dans
chain
un
avenir
pro¬
nouvelle
époque dans les sciences ethnologiques.
Mais l'individu et son expériencefle milieu intérieur de re¬
cherches ethnologiques), ne sont pas indépendants de leurs
milieux extérieurs (cosmiques et sociaux). Quant au milieu
social et économique et à leurs méthodes de recherche, le
une
lecteur trouvera les indications résumatives dans le tableau
ci-dessous.
Dans
ce
tableau résumatif les termes de tous les facteurs
collectifs sont
marqués par les nominations actuelles déri¬
vées de notre société actuelle où tous ces facteurs sont diffé¬
renciés et
compliqués; mais nous les trouvons également
peuples ou tribus antiques ou préhistoriques,
dans des formes plus primitives et pas encore différenciées.
Dans ce tableau résumatif tous les facteurs succèdent les uns
aux autres, d'après les
degrés d'importance progressivement
diminuante, Les précédents déterminent les suivants ; ces der¬
niers aussi réagissent sur les précédents, mais ne les détermi¬
nent pas. Si quelques-uns changent entre les précédents, les sui¬
vants changent aussi, mais non vice versa. En général, il
faut
considérer tous ces facteurs comme une seule corrélation
dyna¬
mique, ton jours en changement et en évolution, aussi faut-il les
étudier toujours au point de vue de la totalité et du dynamisme.
La compréhension omnilatèrale et Vapplication optimale cle
ce tableau
résumatif nous donnent des méthodes sâres pour l'a¬
nalyse et la synthèse ethnohistorique cle n'importe quelle époque,
chez tous les
ou
société humaine,
�—
380
—
I.—Fonces Cosmiques Naturelles Radiations
cosmiques,
solaires, terrestres et humaines.
La base naturelle de la société-Milieu naturel.
II.—Forces productives:
Moyens de production-Technique
et travail humain. (La base matérielle de la
III.—Corrélations
d'échange
de la
société).
Production (de travaiP. Corrélations
et corrélations de classes. (La base économique
de
société).
IV.—Superstructure Politique
Partis
politiques.
:
Etat, Bureaucratie, Armée,
V.—Superstructure Idéologique: Droit,
Religion, Ethique,
Science, Philosophie, Littérature, Arts.
Quant au milieu cosmique, l'ethnologue doit complète¬
ment reconstruire les scènes naturelles des
peuples préhis¬
toriques au point de vue climatologique, météorologique,
etc... par l'application
optimale des résultats omnilatéraux
de l'astronomie, géologie,
climatologie, météorologie, bio¬
logie, botanique, zoologie, etc...
Il faut revaloriser toutes les valeurs
ethnologiques,
dans les sciences
la réforme optimale des méthodes an¬
ciennes unilatérales, et par la création de nouvelles
métho¬
des données par les derniers résultats des
sciences contem¬
poraines,
se
par
rapportant d'une part à la continuité des mi¬
lieux
historiques successifs, (géologie, climatologie, météo¬
rologie etc...), et d'autre part à la continuité des expériences
onto et
philogénétiques de l'homme (instinct, intelligence,
mémoire, etc...) etenfm à la corrélation
dynamique de tous
les facteurs collectifs des sociétés humaines
successives.
Mais cette reconstruction
optimale des milieux omnilaté¬
raux (extérieurs et
intérieurs) est possible à l'aide d'une
seule clé: par l'application
optimale des corrélations
omni-
latérales basées
sur
la
compréhension des lois naturelles et
cosmiques (1) qui régissent tous les milieux et toutes les
expériences humaines, et qui nous offrent des faits complè¬
tement nouveaux et
inconnus, et des sources des connaissan¬
ces supérieures. Cette clé est seule
capable d'ouvrir toutes
les serrures anciennes de la
pensée humaine donc aussi celle
des sciences
ethnohistoriques.
(1) V. " Paneubiotique (< ">ptimologie Otnnilatérale) ",
Szëkely, Londres 1935.
Edmond
Société des
Études
Océaniennes
par
le Prof.
�381
—
Dans l'étude résumative
qui
va
—
suivre,
nous aurons
à parler:
1° De
l'Horrio-Sapiens-Sylvanus.
2° Du
cataclysme cosmique pléistocène.
Migrations Néolithiques.
comment s'exprime l'auteur de ces conceptions
3° Des
■
Voilà
velles
Les
nou¬
:
degrés d'évolution de l'espèce dominante sont les sui¬
vants
:
1° Amoebes
(Dans l'atmosphère et dans les eaux).
(Dans les eaux).
3° Amphibies (Dans les eaux et sur la
terre),
4" Mammifères (sur la terre notamment sur les
premières
prairies).
5° Singes (Dans les forêts).
6° Anthropoïdes (Dans les forêts et dans les
plaines).
7° Homme
préhistorique (Dans les forêts, les cavernes et
à l'état nomade).
8° Homme actuel (A l'état nomade et
sédentaire).
Tous ces degrés de l'évolution hum aine se manifestent dans
l'évolution embryonnaire qui nous présente tous les
degrés
caractéristiques et successifs cités plus haut. A notre point
de vue et au point de vue de son rôle naturel
l'espèce domi¬
nante de notre planète a parcouru 4
phases différentes :
1° Le régime Carnivore
(dans les eaux).
2°
»
herbivore (sur les steppes),
3°
»
fructivore (dans les forêts).
4°
»
omnivore (depuis le grand cataclysme cos¬
mique Pléistocène).
Les singes anthropoïdes ont dû se
séparer des autres au
commencement de l'époque
kainozoïque. Des époques oli¬
gocènes et miocènes nous connaissons les fossiles d'une
grande série de singes anthropoïdes: Dryopithécus (miocè¬
ne), Sivapithécus, Paléopithécus, (de Siwavili, dans le nord
de l'Inde).
2° Poissons
La vie ancestrale arboricole
en
vie terrienne
se
transforme successivement
(queue forte, bien développée correspond à
la vie arboricole; queue avortée
correspond à la vie terrien¬
ne).,
Les
singes anthropoïdes ne dérivent pas d'un singe arbori¬
espèce intermédiaire, moitié bipède, moitié
cole mais d'une
Société des
Études
Océaniennes
�—
582
—
quadrupède qui avait des pieds plus forts et des bras plus
brefs (à peu près comme le
chimpanzé ou
A l'apparition de la position verticale
le gorille).
(bipède) nous avons
deux transformations très
importantes : Chez l'homme la dis¬
parition progressive de l'os pinéal et chez la femme l'appa¬
rition de la membrane hymen. Et ici nous sommes arrivés à
l'apparition de l'homme au degré paléolithique.
Ici se pose la question : en
quelle partie du monde les an¬
cêtres des peuples néolithiques s'étaient-ils
développés audessus du degré paléolithique?—Cet événement
s'est-passé
dans le centre et le Sud'Ouest de l'Asie,
pendant le temps
que l'homo néanderthalensis a végété dans les climats rudes
de l'Europe.
D'après la conception officielle, le sein de l'origine des es¬
pèces préhistoriques était entre la Méditerranée. l'Inde et
l'Afrique du Sud :
Nous connaissons seulement
"l'homme
"
"
"
"
partie de l'histoire de
parce que nous connaissons et reconstruisons cette histoire par la seule source
européenne.
"
une
paléolithique,
Le matériel
de la
plus grande partie de l'histoire
est encore
inaccessible. Cette histoire préhistorique s'est
passée pendant la période durant laquelle l'Homo-Néanderthalensis a émigré sur la terre
d'Europe. "
refu¬
Nous
catégoriquement cet agnosticisme car nous fixons le sein
.del'histoire paléolithique dans l'Asie Centrale, en nous ba¬
sons
sant
sur nos
documents et
sur
les considérations
que nous
expliquerons plus loin.
Et maintenant
nous
allons reconstruire le
complètement inconnu, de l'Asie Centrale
de l'Asie. Pendant les
époques paléolithiques et néolithi¬
ques ce rôle, comme nous le
importance extraordinaire
ancestrale
rôle, jusqu'ici
et du Sud-Ouest
ci-dessous, aura une
point de vue de la patrie
des migrations des peuples
verrons
au
de l'humanité et
néolithiques.
La
patrie ancestrale de
l'Homo-Sapiens-Syloanus avait les
frontières suivantes: Au nord la Mer Glaciale, à l'occident
les montagnes et la rivière Oural avec la mer
Caspienne, au
Sud. la chaîne de montagnes la
plus puissante du monde, la
chaîne des montagnes centrales de l'Asie-mineure
jusqu'à
l'Océan Pacifique.
Société des
Études
Océaniennes
�—
383
—
L'époque de l'homo-sapiens-sylvanus était l'époque pa¬
léolithique ancienne, durant cette longue période tempérée,
entre la 3me et à la 4,ne époque glacière.
A cette époque là, dans la pairie de
l'IIomo-Sapiens-Sylvanus, fixée ci-dessus, au lieu des steppes immenses d'au¬
jourd'hui, existaient les énormes forêts ancestrales dévelop¬
pées sur la place des mers des époques géologiques précé¬
dentes.
Ici les ancêtres de
l'Homo-Sapiens-Sylvanus, les anthro¬
poïdes, demi arboricoles el demi terriens, qui même après
le commencement de leur vie, exclusivement terrienne,
étaient restés fidèles aux forêts ancestrales et au régime fructivore, sont descendus des arbres sur la terre.
L'apparition de leur Conscience primitive était la continua¬
tion harmonique de la vie ancienne instinctive ; au lieu de
rompre avec leur vie précédente et de changer leur régime
et leur milieu, comme les branches ancestrales
pyrolithiques,
ils ont
simplement perfectionné leur vie précédente, en pro¬
fitant des nouvelles sources de connaissance et d'énergie
issues de leur conscience primitive, naissante, tandis que
chez les branches pyrolithiques contemporaines, (en Euro¬
pe, Afrique et Australie) la conscience primitive développe
une vie opposée aux instincts naturels de la vie forestière
et fructivore, chez la branche principale sylvaine, la cons¬
cience primitive a continué en perfectionnant les instincts
naturels précédents et la vie sylvaine fructivore.
Cette branche principale sylvaine et fructivore, de l'espè¬
ce dominante, s'est développée plus vite et plus
parfaite¬
ment que les autres : 1° Ils ont vécu dans un meilleur climat.
2' Les forêts offrent la meilleure protection contre les dan¬
gers et les tempêtes. 3° Ils avaient un contact constant et har¬
monique avec les radiations cosmiques vitalogènes. 4° Ils
avaient une vie et un régime plus naturel conforme à leur
organisme et aux lois naturelles. 5° Ils avaient une vie so¬
ciale et morale harmonieuses. 6° Ils avaient une très grande
capacité cérébrale et une possibilité toujours croissante d'é¬
volution intellectuelle (les forêts étant les accumulateurs des
énergies et des radiations cosmiques et la source génératrice
des énergies cérébrales).
L'évolution intellectuelle, en harmonie
Société des
Études Océanien»:
avec
les instincts
�naturels
a
élevé
tes les autres
l'homo-sapiens-sylvanus
espèces et
races,
gence est le titre de noblesse de
au dessus de tou¬
de notre planète. L'intelli¬
l'espèce humaine, qualité
possèdent pas les animaux, ils sont incapables d'é¬
voluer vers des degrés supérieurs de
l'existence. Les ancê¬
que ne
tres des animaux actuels étaient
seulement des moyens ex¬
périmentaux de la Nature pour créer l'espèce dominante su¬
périeure, capable d'une évolution permanente et illimitée
;
et depuis l'apparition de cette
espèce dominante, les animaux
n'ont pas un autre rôle
que de se détruire les uns les autres
(comme les sauvages carnivores), ou de servir
l'espèce do¬
minante (comme c'est le cas
pour les herbivores).
Pendant les dernières 2.000
années, la moitié des animaux
sauvages a disparu et successivement disparaîtront tous les
animaux dans la mesure ou ils deviennent
superflus pour
l'espèce dominante. Parce que les sources naturelles
supé¬
rieures d'énergie et d'évolution de
l'espèce dominante vien¬
nent des arbres et non des
animaux, les hommes et les arbres
sont vraiment les fils de notre mère
Nature : Les forêts don¬
nent les meilleurs climats
tempérés, les meilleures régimes
alimentaires, l'oxygène, les remèdes contre toutes les mala¬
dies et le meilleur milieu
pour la longévité. En résumé: tou¬
tes les sources
d'énergie et d'harmonie
pèce-dominante. L'homme
son
acide
pour le bien de l'es-
par contre nourrit les arbres
par
carbonique et peut les multiplier et les perfection¬
limite par ses connaissances nées de
l'observation
des lois naturelles.
Voilà les directives naturelles de
la vie ancestrale de
l'homo-sapiens-sylvanus, dont les connaissances directrices
étaient basées exclusivement sur
l'observation et l'imitation
de ces lois naturelles.
L'homo-sapiens-sylvanus a représenté
le maximum de longévité de
l'espèce dominante. Le meilleur
climat tempéré et
uniforme, donné parleurs forêts ancestrales (des hauteurs
qui s'élevaient approximativement à 150
mètres), le régime optimal fructivore, leur vie naturelle et
ner sans
harmonique (encore moitié instinctive
et moitié
consciente),
la totalité des forces et radiations
naturelles
vitalogènes, leur ont assuré une harmonie parfaite avec les
lois naturelles et
cosmiques,
en
contact
bliées
déjà
avec
complètement perdues et
par
l'homo-sapiens-faber actuel, qui détruit
Société des
Études
Océaniennes
ou-,
les
�—
385
—
forêts
vierges de plus en plus, crée des climats progressi¬
plus rudes et brusquement variables (cause des tem¬
pêtes, des orages, des cyclones... etc...), ce même homme
qui, avec son régime omnivore toxique et antinaturel, dimi¬
vement
successivement et progressivement sa santé et sa lon¬
gévité. Sa vie dans les Métropoles l'éloigné de plus en plus
du régime contenant les radiations vitales en même
nue
temps
cosmiques indispensables, pour l'équili¬
parfait physiologique et pour la longévité,
que les radiations
bre
Grâce
aux
documents des musées de Russie,
nous
pouvons
approximativement reconstruire la flore et la faune tropicale,
contemporaine de l'homo-sapiens-sylvanus ; ainsi nous sa¬
vons que les palmiers et le mammouth existaient dans la Sibé¬
rie actuelle. Leurs traces, plus ou moins
complètes, se sont
conservées dans les glaces.
Ce climat tropical (mais tempéré
parla densité des forêts
vierges gigantesques) fut détruit par les inondations abondan¬
tes qui se traduisent
par la légende du Déluge que l'on re¬
trouve chez tous les peuples. Une grande extension
glacière
en fut la
conséquence. Les glaciers d'alors ont d'ailleurs por¬
té très loin, dans les régions
tempérées, les blocs erratiques
qu'ils charriaient et qui sont aujourd'hui les témoins de leurs
anciennes positions. Nous donnons le nom "Pléistocène" à
toute la première partie de l'ère
quaternaire.
Les légendes du Déluge se retrouvent dans des centaines
d'écritures "anciennes orientales, même dans certaines
vres
très
authentiques,
œu¬
exemple dans les "Avesta" de
Zoroastre, dans le "Canon" de Berosus, prêtre babylonien
(la source de l'Ancien Testament). Dans les œuvres de Ilermippos - de Kallimachos et de Diodoros de Algyron, dans
le Iiidsra de Tabari, historien Arabe, dans le Teu Lan Iioeoe
par
(Chinois).
Mais
analysons
ce cataclysme cosmique des anciens livres
point de vue des sciences naturelles contem¬
poraines : Pour pouvoir reconstruire cet événement, décisif
dans l'histoire de notre espèce. Nous savons
que le flux et le.
reflux causé par l'attraction de la lune, font
quelquefois éle¬
orientaux,
au
le niveau des Océans à 12 et même à 17 mètres.
Imaginons.
maintenant l'influence hydrographique d'une comète
pendant
ver
sa course
parabolique passant très près de la terre
; sa
force.,
�—
attractive extraordinaire
a
386
causé
—
non
seulement la déclinai¬
son
de l'axe de la terre, mais aussi l'inondation
des
océans, qui ont recouvert des continents entiers, même
gigantesque
à la hauteur de 4, 5 et 6.000 mètres.
Ce cataclysme a détruit, en Asie et en Europe, toutes les
branches latérales pyrolithiques de l'homo-sapiens-sylvanus
(le représentant principal desraces pyrolithiques était l'Ho¬
mo Néanderthalensis1, avec l'exception des négroïdes de
cette époque.
Les hommes pyrolithiques dégénérés par leur milieu et
leur régime contraire aux lois naturelles, n'ont pas pressenti
le danger (comme aujourd'hui on ne pressent pas les érup¬
tions volcaniques), donc ils furent anéantis tandis que les
hommes sylvains en pressentant le cataclysme (comme au¬
jourd'hui certains animaux pressentent les catastrophes na¬
turelles) se sauvèrent vers le grand plateau de Pamir qui
seul a pu résister aux inondations, grâce à son altitude (Mustagata atteint 7860 M. de hauteur et a une étendue de 100.000
carrés), d'où ils sont descendus successivement
après la diminution lente du niveau des eaux, vers le SudOuest (nouveau point de dispersion de
EArarat), et vers le
kilomètres
Nord-Est
(nouveau point de dispersion du Stanovoï). Ainsi
l'époque post diluvienne, la branche
la plus petite de l'humanité s'est trouvée autour de la chaî¬
ne
gigantesque des montagnes de l'Asie Centrale (dont la li¬
gne principale de l'Ouest vers l'Est est la suivante: Crête,
Taurus, Ararat, Iran, Pamir, Altaï, Stanovoï, Bering, Alaska).
Soit en trois parties principales:
a) Crête, Taurus, Ararat.
au
commencement de
b) Ararat, Iran, Pamir.
c) Pamir, Altaï, Stanovoï.
Pendant la 4°
époque glacière qui a suivi le Déluge (celle
forêts gigantesques), et la déclinaison de
(qui a détruit le climat optimal), pendant
cette période, les hommes sylvains étaient obligés de vivre
la vie des hommes pyrolithiques (détruits
par le cataclysme),
à cause de la disparition des forêts, des fruits et des
végé¬
taux. A partir de cette époque la longévité humaine diminue
considérablement (pendant les époques antidiluviennes elle
était de plusieurs siècles). C'est alors que les instincts natuqui
a détruit les
l'axe de la terre
ociété des
Études Océaniennes
�—
387
—
disparaître ainsi que son contact intime
cosmiques et naturelles.
Pendant leurs migrations ils étaient obligés de chasser les
animaux (qui s'étaient sauvés en même temps qu'eux pen¬
dant le cataclysme) et utiliser le feu, vivants dans les caver¬
nes, comme les anciens hommes pyrolithiques.
rels commencent à
avec
les forces
Avant de
commencer
à détailler
de décrire la scène immense de
L'Asie est le seul continent
migrations essayons
l'époque où cela se passe.
ces
a un contact immédiat avec
Océans. C'est le continent le
qui
tous les autres et avec tous les
plus grand, le plus ancien et le plus peuplé ; avec les monta¬
gnes les plus élevées, les rivières, les plateaux et les déserts
les plus considérables.
L'Asie Centrale est formée aujourd'hui par des hautes
montagnes et des bassins desséchés et actuellement inhabi¬
tés ; les régions habitées sont maintenant celles de la partie
Sud et de la partie orientale. La chaîne des montagnes de
l'Asie Centrale, entre la mer Méditerranée et l'Océan Pacifi¬
représente la plus étendue, existant sur le globe. Sur
plateaux centraux, il y a des bassins secs d'où partent
toutes les rivières vers tous les points cardinaux (représen¬
tant les directions des migrations indiquées plus haut).
que,
les
Examinons maintenant les plateaux les plus importants au
point de vue des migrations. Le Pamir est le centre des chaî¬
nes de montagnes, qui forment un plateau s'élevantde 4000
à 7860 mètres et sur
100.000kilomètres carrés d'étendue.
par les montagnes, de 2000
jusqu'à 7000 mètres de hauteur, on y trouve la Perse, l'Afganislan et le Béloutchistan ; les vallées, des montagnes envi¬
ronnant ce bassin, sont très fertiles, surtout vers l'Est les
vallées du Tigre et de l'Euphrate. L'Ararat a une hauteur de
5175 m., enlangue assyrienne c'est l'Urartu. L'Altaï est sur la
frontière de la Sibérie et de la Mongolie (Bjeleha a 4540 m.),
ses frontières vers le Nord sont l'Ob et l'Yrtis, vers le Sud
L'Iran est
un
plateau formé
c'est le désert de Gobie.
Les fouilles
archéologiques les plus importantes, réalisées
Asie, sont les suivantes: En Asie mineure Schlieman a
découvert les ruines de Troie, en Mésopotamie, Botta et
en
Layard, Smith, Hilprecht ont découvert les ruines de Baby-
Société des
Études Océaniennes
�—
388
—
lone et de Ninive, en Egypte les découvertes les plus impor¬
tantes étaient réalisées par lord Garnavon et Howard Carter.
Les
régions Monsoun (Asie Centrale et Sud) sont plus plu¬
l'Equateur. Là habite actuellement 90 % de la
population de l'Asie, approximativement la moitié de la po¬
pulation totale du monde. La flore et la faune de l'Asie sont
les plus riches, la plupart de toutes nos plantes et de nos ani¬
maux viennent de là. La population concentrée sur ces ré¬
gions a un régime surtout végétarien et elle-même fait le
travail des animaux. L'agriculture, dans les Indes et surtout
dans la Chine et le Japon est très développée. Ces derniers
pays ont un jardinage intensif basé sur le système d'irriga¬
tion. La branche orientale de la grande famille Indo-germaine,
les Ariens, habitent encore aujourd'ui dans l'Iran et dans les
Indes ; seulement ses quelques branches se sont établies en
Europe, mais leur patrie originelle est l'Asie Centrale d'où
ils se sont dispersés vers les 4 points cardinaux.
vieuses que
Si
nous
considérons l'Asie Centrale
nique, même actuellement
nous
comme un
trouvons les
centre eth¬
races
suivantes
dans les directions suivantes;
1° Vers le Nord les Ouralaltaïens.
2° Vers l'Ouest les Turco-Tatars.
3° Vers le Sud Ouest le Sémites.
4° Vers le Sud les Dravides.
5° Vers le Sud-Est les Malais.
6° Vers l'Est les
et maintenant retournons
sur
cette scène immense
Mongols,
vers
:
les
migrations
se
développant
Dans le tableau ci-dessous
nous
résumons les migrations préhistoriques qui forment le fon¬
dement des époques postérieures historiques.
Société des
Études
Océaniennes
�—
389
—
Migrations Néolithiques de l'homo-sapiens.
Dans
l'histoire néolithique de l'humanité se sont succédées
phases suivantes: d'une part l'expansion et le mélange,
d'autre part la vie sédentaire et la diffèrefiliation.
les
Points de
départ et di¬
rections des séries des
Territoires
géographi¬
ques plusieurs fois
peuplés par
les migrations
répétées
migrations néolithiques
répétées (durée d'une
seule répétition : plu¬
sieurs milliers d'années)
1°
2°
Plateau de
rivière Tarim
—
Pamir,
civilisations
d'origine
néolithiques issues de
ces migrations
permanentes
Civilisations
Mongolie
Thibet-Chine
Civilisations des Thibé-
Hoang-0 — Yang TséYang
3°
Plateau de Pamir
Riv. Indus et Gange
—
tains chinois
-
4°— Plateau de Pamir
riv.
7°
Tigre
—
Civilisations
nomades
Plateau de Taurus-
Crête
Iranien¬
Bassin du
Civilisations Sumérien¬
Svrie-Arabie-bassin du
Civilisations
Tigre et de
l'Euphrate
nes
'Nil
Syrie-riv. Nil
8°
Civilisations
nes
-
Plateau du Taurus
—
Europe Orientale
Iran
Plateau d'Ararat,
—
Civilisations des Indes
Occidentales
d'Europe orientale
Plateau d'Araratd'Iran
riv.
Indes Occidentales
Volga-Dnieper
o°—
0°
mongoles,
nomades
Rivières Tarim-
—
Races survivantes et
dominantes des séries de
ques,
Bassin
méditérranéen
Civilisations
(pas encore inondé)
Sémiti¬
Hami tiques
méditér-
rannéenes
perduesCrétéienne, Pelasgue
etc.
9°
—
Bassin Méditerra¬
Europe Occidentale
Civilisations de l'hom¬
néen-Europe Occiden¬
me
tale
etc.
10°— Bassin Méditerra¬
Nord de
l'Afrique
Plateau d'Altaï-
Cro-Magnon,
Civilisations
néen-Afrique du Nord
110—
de
Sémiti¬
Nord africaines
perdues
ques
Sibérie Occidentale
Civilisations
Riv. Ob-Ieniseï
ouralal-
taiennes
12°— Plateau d'AllaïMts Stanovoï
Sibérie Orientale
13°— Mts Slanovoï-Riv.
Amour
Mandchourie-Corée-
Civilisations nomades
de la Sibérie orien¬
tale [Tongouses etc.)
Nippon
Société des
Études
Civilisations Mandchoues
Corréennes-Japonai ses
Océaniennes
�—
Points do
départ et di¬
rections des séries des
migrations néolithiques
répétées (durée d'une
seule répétition : plu¬
sieurs milliers d'années)
14°
Mts Slanovoï-dé-
—
390
—
Territoires
géographi¬
ques plusieurs fois
peuplés pailes migrations
répétées
Amérique
Races survivantes et
dominantes des séries de
civilisations
d'origine
néolithiquès issues de
ces migrations
permanentes
Civilisations Américai¬
troit de Béring-Alaska
15°
Riv.
—
Gange-Riv.
indiennes, Az¬
tèques, Incas, etc.
nes
Inde Occidentale
Civilisations
Mékong
1G >
—
d'Indo¬
chine, Siam-Annam
Inde Occidentale-
Malaisie
Civilisations Malaises
Malaisie-Micro-
Micronésie
Civilisations microné-
Mélanésie-Poly-
Polynésie
Civilisations
Malaisie
17°—
nésio
18°—
siennes
nésie
Polyné¬
siennes
19° Afrique et 20' Australie étaient déjà peuplées par les
négroïdes et australoïdes venant du Nord pendant l'époque
paléolithique, jusqu'au Sud de l'Afrique et de la Tasmanie,
par terre ; ils sont issus des hommes pyrolithiques dont une
branche l'homo néanderthalensis a peuplé l'Europe pendant
200.000 années de l'époque paléolithique. Tandis que les 18
directions des séries des migrations de l'Homo-sapiens-sylv'anus avaient.3 grands points de dispersion: Pamir, Ararat,
Stanovoï
Les
migrations polynésiennes.
(Etude résumée.)
Maintenant que ces explications sont nettement
nous
pouvons
nouvelles :
utiliser les termes adaptés à
ces
exposées,
conceptions
L'appellation d'Océaniens, donnée indistinctement aux
indigènes qui peuplent, et ont peuplé, toutes les îles formant
la 5" Partie du Monde, correspond à 2divisions fondamentales.
1° La dernière branche de la première série des
migrations
terrestres océaniennes paléolithiques qui est représentée de
nos jours par les Australoïdes et les Tasmaniens.
Société des
Études Océaniennes
�—
2° Les
39î
—
dernières migrations de la culture héliolithique, for¬
qui, elle, date de l'époque néolithique,
ment la race actuelle
jusqu'en Polynésie, environ 1000 ans avant notre ère.
L'origine continentale est la même, mais l'ancienneté est
venue
bien différente.
Les Tasmaniens, ce fragment de l'humanité isolé du reste
depuis 8000 ans, a été découvert en 1642, l'ultime survivant
est mort
en
1877, entouré de savants venus pour l'autopsier,
Les autres
peuples mélanésiens, polynésiens, microné-
siens, indonésiens, les Mon-Khmer, lesMunda, datent de la
période plus récente du néolithique ou l'homo-sapiens a con¬
nu son épanouissement jusqu'à nos jours.
Il y a donc en Océanie, ni unité anthropologique, ni unité
ethnographique absolue.
Les crânes découverts à Talgai et à Wadjach (Java) par
E. Dubois et Mlle Colani, sont extrêmement
anciens.
Quatrefage et Ilami ont signalé l'existence d'Australoïdes dans l'Inde, hypothèse entièrement confirmée depuis.
C'est en suivant ces vestiges des migrations préhistoriques
les plus anciennes que l'on peut affirmer que : venus d'Asie
ces hommes ont peuplé le continent jusqu'en Australie (les
De
morcelées en îles). Vers 200 000 ans
(homo-Heidebergiensis) l'homme s'estrépancontinents, sauf l'Amérique peuplée il y a 6000 ans.
terres n'étant pas encore
avant no tre ère
du
sur
les
Plusieurs auteurs,
comme
nion de A. Trouibetti et du
que
P. Rivet, contrairement à l'opi¬
Professeur Ed. Székely, estiment
dans la partie méridionale et l'extrême Sud de ce conti¬
type physique australoïde, d'origine
nent domine encore un
océanienne.
Quoi qu'il en soit, il parait démontré que venus de l'Inde,
de l'Indochine et de la Mélanésie, les Australiens se sont
d'invasions successives, à travers le
(formé par les îles actuelles qui furent séparées
plus tard), jusqu'à l'Australie etàlaTasmanie. C'est par terre
que ces peuples ont progressé etnonpar les voies maritimes.
En Asie leur conscience primitive développée dans la vie
ancienne instinctive a pu, sans rompre avec ses habitudes et
sans changer de régime, ni de milieu, perfectionner leur état
physique et mental en profitant des nouvelles sources de
connaissances et d'énergie de leur conscience primitive
acheminés par vagues
continent
Société des
Études Océaniennes
�—
392
—
naissante, tandis que les branches pyrolithiques contempo¬
raines, telles qu'elles se trouvent chez les Australiens
sépa¬
rés de leur milieu
trale
tout
ne,
les
marquent
en
primitif, depuis leur départ de l'Asie Cen¬
le dernier échelon de l'espèce humai¬
encore
étant
une
plus évoluées.
des branches ancestrales des
espèces
En réalité les Australoïdes et leurs
contemporains d'origi¬
les négroïdes de l'Afrique, ont survécu au
grand cata¬
clysme cosmique que l'on nomme le Déluge.
En Asie et en
Europe, toutes les branches latérales pyro¬
lithiques de l'homo-sapiens-sylvanus (le représentant prin-^
cipal de ces branches latérales était l'homme du Néanderthal,
occupant l'Europe) furent anéantis, mais le Déluge fit
excep¬
tion pour les Australoïdes et les
Négroïdes (habitant l'Afri¬
ne,
que).
Ils ne furent jamais plus évolués
que maintenant et les hy¬
pothèses comme celle de Mendès Corréa,
suggérant l'idée
que les migrations de ces peuples se sont effectuées à des¬
tination de l'Amérique du Sud
par la voie de l'Antarctique,
nous semblent parfaitement
inadmissibles, même en admet¬
tant que des conditions
climatériques meilleures aient pu
exister depuis 6000 ans, date de
l'apparition de l'homme sur
le continent américain.
Abandonnons donc ces
peuples Australoïdes et Négroïdes
reprendre l'évolution des espè¬
formation des races telles
qu'elles se sont dévelop¬
d'origine paléolithique
ces et.
la
pour
pées à l'Ouest de l'Océanie.
Quand l'homme néolithique (dont
l'homo-sapiens-CroMagnoniensis est le type le plus parfait) avait
déjà peuplé
l'Asie, le bassin actuel de la Méditerranée
(garni alors d'im¬
menses
forêts) et le nord de l'Afrique, le grand
cataclysme
cosmique le fit en partie disparaître du
globe.
Ces hommes habitués à un
régime alimentaire purement
fructivore et doués d'une
longévité supérieure à la nôtre, fu¬
rent obligés de lutter contre le froid
et les espèces animales
qui avaient survécu.
Pendant la période glacière
qui a suivi lç
dont les instincts naturels
bouleversés
mes
mités,
intime
déluge, les hom¬
par tant de cala¬
commencent à
avec
les
disparaître, perdent aussi leur contact
énergies solaires et cosmiques. Ils chassent
Société des
Études
Océaniennes
�—
393
les animaux, n'ayant plus les
fruits savoureux des forêts
disparues ils cuisent leurs aliments et vivent
les cavernes, comme les anciens hommes des régions
maintenant
dans
froides.
Suivant les vallées et les voies naturelles
géographiques
accessibles, les migrations tendirent à se porter de préfé¬
rence vers les régions les plus tropicales. C'est ainsi que le
plateau de l'Iran, la Mésopotamie, l'Egypte et l'Inde, ont
connu les Cultures primitives les plus développées et les plds
puissantes.
Ces migrations, après être descendues des plateaux for¬
mant la chaîne centrale des montagnes de l'Asie avaient re¬
joint la partie du continent qui se continuait jusqu'en Aus¬
tralie. Une fois morcelé en îles, les peuples qui l'occupèrent
devinrent marins et c'est par mer qu'ils continuèrent leur
progression vers l'Est. Au point de vue anthropologique, ces
peuples ont formé peu à peu, un ensemble assez hétérogène.
Au point de vue linguistique, le vocabulaire sumérien, qui
appartient sans doute au même groupe d'où sont originaires
les Polynésiens, a exercé une influence considérable sur les
langues océaniennes.
D'autre part Autruan a signalé des analogies remarqua¬
bles entre les Sumériens et les Indo-Européens et enfin Drexel a réuni une quantité importante de correspondantes lexicologiques entre les Sumériens elles languesBornu, des nè¬
gres africains. Ainsi la langue sumérienne représente le lien
entre l'Océanie, l'Europe et l'Afrique. D'après les travaux de
Drexel, nous savons que les langues africaines constituent
une unité linguistique (avec la prépondérance des langues
Bornu), d'après les recherches de Hombur.ger c'est évident
que le groupe linguistique africain dérive de l'Egyptien, ainsi
l'aflinité linguistique entre l'Océanie, le bassin Méditerranéen
et l'Afrique est définitivement et complètement établie par
le Sud-Ouest de l'Asie. Le point de dispersion des anciennes
migrations tropicales et sous tropicales n'est ni en Egypte
(d'après Ilelliot Smith), ni dans l'Est de l'Asie méridionale
ou en Insulinde d'après P. Rivet, il se trouve sur les plateaux
de Pamir, de l'Iran et les vallées du Tigre et de l'Euphrate.
(Voir le tableau des migrations néolithiques de l'Homo-Sapiens).
�Les Polynésiens sont donc venus de l'Ouest et sont,
grosso
modo, d'origine Malaise, ils ont rencontré sur leurs routes les
australoïdes, et, les considérant comme des êtres intérieurs,
ils ont agi à leur égard, sans plus de
ménagement que le fit
l'homo-sapiens Cro-Magnoniensis
avec la race dite duNéanderthal, c'est-à-dire en les pourchassant et en les détruisant
partout oùils les trouvaient jusqu'à leur disparition presque
totale.
C'est ainsi que depuis 3000 ans environ les îles de l'Est
océanien ont été habitées, tandis
que
Madagascar, avec une
origine mélanésienne commune, l'était 1000 ans plus tard.
Ces peuples marins ont continué leurs
périgrinations à tra¬
vers le
Pacifique et il est probable, sinon certain, que des
accidents de navigation,
plutôt que des migrations, ont ame¬
né des Polynésiens sur la côte du continent
américain, sans
y provoquer une souche importante. C'est il y a 6000 ans que
les peuples migrateurs,
passant par l'isthme de Bering (le
détroit s'étant formé plus
tard), ont commencé à poursuivre
les caribous du Nord et les immenses
troupeaux de bisons,
pour arriver peu à peu jusqu'à l'extrême Sud.
Deux grandes cultures
primitives en sont nées: La Cul¬
ture "Maya" des
Toltèques, puis des Aztèques (dans la pres¬
qu'île du Yucatan) et celle de l'Amérique méridionale.
Ces deux cultures très avancées, surtout dans les connais¬
sances
comme
astronomiques, météorologiques et climatologiques,
le prouvent leurs monuments
anciens, n'ont jamais
eu de relations et si les Incas
avaient comme base d'ali¬
mentation la pomme de terre inconnue des
Aztèques, ces
derniers utilisaient le maïs
qui, lui, fut ignoré des Incas.
Les écritures
compliquées laissées par les Aztèques ont
corrélation certaine avec celle des Sumers de l'Asie-mineure, ancêtre elle-même des
une
hiéroglyphes, des planchettes
plateaux d'argile de l'écriture bousthrophédone de la val¬
lée de l'Indus et de Pile de
Pâques. Quant aux Incas, leurs
caractéristiques morphologiques se rapprochent entièrement
et
de celles des
Aztèques.
Certains auteurs, comme Alain
Gerbault, attribuent
habitants de la Terre-de-Feu,
taille,
ichtyophages et de grande
origine mangarévienne (Iles Gambier) (assez ré¬
sans aucun
rapport avec les Australoïdes), ce qui
une
cente et
aux
Société des
Études
Océaniennes
�n'est pas
impossible, tandis que tout peuplement, aussi bien
Amérique qu'ailleurs, venant des races paléolithiques,
en
océaniennes
ou
australoïdes, est contraire à tous les docu¬
paléontologiques, géologiques ou ethnographiques.
En plaçant les origines des premières migrations paléoli¬
thiques en Asie, on arrive sans peine aux Australoïdes et aux
Négroïdes, mais en faisant revenir ces mêmes peuples pa¬
léolithiques et antédiluviens de leur point terminus réel vers
leurs points de départ, pour peupler le monde, on commet
une erreur certaine. C'est ainsi qu'entre les faits les pins con¬
nus et ceux
qui sont le moins connus, nous avons pu recons¬
truire le rôle jusqu'ici en partie ignoré de l'Asie Centrale et
du Sud-Ouest de l'Asie, au point de vue des Océaniens et du
peuplement de l'Océanie orientale.
Avant de terminer ce résumé, dont le moindre développe¬
ment correspond à une bibliographie considérable, il faut
éclairer la légende obscure de la Lémurie.
D'après Edmond Székely, et beaucoup d'autres auteurs,
ments
la submersion d'une très haute
civilisation, dite de la Lé¬
l'Atlantis perdue ; Cette civi¬
lisation supérieure, et la plus ancienne, aurait été placée sur
l'Océan Indien actuel, par certains auteurs utopiques, incli¬
nés vers le mystique et le fantastique. C'est vrai que dans
plusieurs légendes anciennes Malaises et Maories, nous
trouvons les traces d'un continent ancestral jadis submergé,
mais toutes ces traditions peuvent être déduites à la sub¬
mersion de cette grande terre, qui a lié les Indes avec l'Aus¬
murie, est analogue à celle de
tralie et dont les traces sont les îles actuelles, situées entre
les deux continents. Nous savons très bien que sur
cette terre
civilisation supérieure perdue n'a pu exister ; sur
les bases des documents géologiques, paléolithiques et néo¬
aucune
lithiques, nous savons très bien que les espèces et les civi¬
lisations de cette région, avant la culture héliolithique, n'ont
pas pu dépasser le niveau de l'homo Cro-Magnoniensis (1).
Les documents de la paléontologie, de la géologie, de l'ar¬
chéologie, de l'anthropologie et de l'histoire, détruisent tou¬
tes les fantaisies mystiques et poétiques en rapport avec
(i) De la même façon : l'Atlantis des Théosophes n'était réellement
que
le Bassin Méditerranéen avant qu'il soit submergé,
Société des Études Océaniennes
�—
396
—
deux soi-disant civilisations submergées (Atlantis et Lémurie), mais ils appuient notre conception tout à fait nouvelle
et originale sur la patrie ancestrale et sur
l'origine de l'homosapiens, ainsi que sur cette communauté préhistorique que
nous pouvons nommer la
première société humaine. Cetteces
étude,
pour
être complète, sortirait des limites de cet arti¬
cle essentiellement résumatif.
H. BODÏN.
Société des
Études
Océaniennes
�—
397
—
voumske
Le
Yachting dans les Etablissements français
de l'Oeéanic.
Il
peut sembler un peu téméraire d'employer le mot de
pour parler de la navigation de plaisance dans nos
îles lointaines du Pacifique. Ce mot évoque plutôt la Méditer¬
ranée ou les côtes de l'Océan et on pourrait croire qu'une
yachting
croisière
une
au
Iles-Sous-le-Vent et dans les Tuamotu doit être
délicate. En réalité, la principale dif¬
Papeete en paquebot, c'est-à-dire de dis¬
du temps et de l'argent nécessaire pour la traversée
expédition
assez
ficulté est d'aller à
poser
aller et retour.
Quant à la navigation
Océanie, elle est plus simple et
celle pratiquée sur nos côtes.
Ajoutez à cela la beauté des sites visités, le charme et la
douceur de ce paradis terrestre, et vous conviendrez qu'un
yachtman disposant de six mois et d'un crédit relativement
faible serait impardonnable de ne pas réaliser ce rêve de
naviguer dans ces archipels si souvent décrits, mais si peu
fréquentés par des français.
Car si les yachtmen français sont très rares dans nos eaux
du Pacifique, de nombreux yachts américains venant de
Californie promènent dans nos îles le pavillon étoilé.
Alain Gerbault a chanté dans son "Evangile du Soleil" le
charme prenant de ces pays où il se trouve actuellement.
Mais laissant de côté Cette navigation de "grande croisière"
nous n'envisagerons qu'une navigation d'île en île et de lagon
en lagon. Nous étudierons ce que permettent les ressources
locales et ce qu'il est possible de faire pour augmenter les'
moyens propres à attirer les "touristes marins" débarquant
à Papeete.
en
bien moins onéreuse que
Par
position géographique au centre des Archipels, par
de tout genre qui s'y trouvent, Papeete offre
au
une
base idéale.
yachtman
Au "Tahiti Yacht Club", dans une atmosphère cordiale et
les
sa
ressources
Société des
Études
Océaniennes
�—
sympathique,
398
—
reçoit le charmant accueil que le prési¬
jamais de faire aux
nouveaux arrivants. On peut y recueillir également tous les
renseignements voulus pour le choix d'un itinéraire de croi¬
on y
dent Monsieur L Walker, ne manque
sière.
Plusieurs chantiers de construction, de nombreux maga¬
sins fort bien achalandés, font que
bâtiment est facile et rapide.
la mise
en
état d'un petit
Deux solutions s'offrent actuellement pour
disposer d'un
de faire une navigation de plaisance: On
trouve toujours à Papeete quelques petits voiliers, à moteur
ou non, que leurs propriétaires cherchent à vendre pour un
prix relativement peu élevé. En général, ces bâtiments vien¬
nent de Californie, sont en bon état de marche, et immédia¬
bateau permettant
tement utilisables.
On peut également louer un côtre du pays, d'une vingtaine
de tonneaux. Cette deuxième solution, plus économique que
la première, est plus commode au touriste ne disposant que
d'un
temps très limité. Les ressources actuelles de la flotte
locale, permettent de choisir parmi une dizaine de cotres.
Quant à l'équipage, il peut être constitué aisément d'indi¬
gènes bons marins, sous la conduite d'un "patronau bornage
tahitien" faisant fonction de capitaine et de pilote. Le recru¬
tement en est facile par suite de la crise, la navigation des
goélettes locales s'est en effet considérablement ralentie et
de nombreux "Capitaines Marins", actuellement sans em¬
ploi, seraient trop heureux d'avoir une place.
Le ravitaillement n'est pas non
plus
un
problème compli¬
qué.
Les magasins de Papeete ont des conserves de tout genre.
Quant aux vivres frais, un petit bâtiment trouvera toujours
partout et en quantité suffisante et sans difficulté de la viande
(poulets, petits cochons..) des légumes du pays (patates dou¬
ces, taros.,) et des fruits suivant la saisqn. Pour les ama¬
teurs de poisson, Tahiti offre des ressources incomparables
en péchant tant en mer, avec une
ligne de traine, que sur
le récif ou dans le lagon, au harpon.
# * *
Tahiti est incontestablement très loin de France. D'autre
part, les cartes d'atlas que l'on consulte couramment don-
Société des
Études
Océaniennes
�—
nent
une
399
—
idée fausse des distances relatives des îles.
Ajou¬
la légende et bon nombre de romans ont fait croire
à des conditions de navigation difficiles et périlleuses.
En réalité il n'en est rien. Les îles ne sont pas si espacées
les unes des autres. En prenant Papeete pour point de dé¬
part, les lies Sous-le-Vent sont à 120 milles, les Tubuaï à
400 milles, les Marquises à 800 milles en traversant les Tuamotu les Gambier à 900 milles avec 5 îles sur le trajet.
tons que
Le
temps est généralement beau et, sauf de
Février, les vents y sont
sont très rares.
novembre à
réguliers. Quant aux cyclones, ils
Ces conditions géographiques étant fixées, il ne manque
plus au touriste marin que la certitude de trouver à son arri¬
vée à Papeete, bateau et équipage. C'est ce qu'il est en droit
de demander à un organisme local à créer.
Si véritablement on veut exploiter Tahiti comme centre de
Tourisme nautique, voici une solution de proche avenir que
je souhaite voir se réaliser :
Sous le patronage d'un grand club de tourisme et de yach¬
ting français, et de la Compagnie des Messageries Maritimes
qui verrait le nombre de ses passages pour Tahiti augmen¬
ter parle fait même, il faudrait contituer à Papeete un ''Club
de Tourisme Nautique des Etablissements Français de
l'Océanie" possédant un ou plusieurs bâtiments construits
d'après les principes suivants :
cotre d'environ vingt tonneaux avec moteur auxiliaire de
15 C. V.
aménagements intérieurs comprendraient:
un poste avec couchettes pour le capitaine et
l'équipage (un homme d'équipage suffit largement si le yacht¬
man a quelque idée de la manoeuvre et veut bien y concourir
à l'occasion, avec place pour une petite cuisine.
Au milieu un poste pour passagers comprenant 4 couchet¬
Les
Sur l'avant
tes et
un
lavabo-douches.
Le moteur serait situé sous l'extrême arrière et
ment
complète¬
séparé du poste des passagers.
Un peu de publicité tant en France qu'à l'étranger
rait certainement une clientèle de choix qui n'hésite
amène¬
actuel-
�—
lement à
se
déplacer
400
que parce
—
qu'elle
ne
sait
pas ce
qu'on
peut lui offrir.
La
possibilité de pouvoir louer, tout armé, un petit bâti¬
confortable, en gardant la liberté
du choix des itinéraires et une indépendance totale, me
pa¬
rait pleinement satisfaisante.
Délivrés des ennuis matériels qu'une connaissance impar¬
faite des hommes et des choses tahitiennes pourrait lui occa¬
sionner au début de son séjour, le yachtman, de cette façon,
jouira pleinement de sa croisière dans ces archipels de rêve
ment solide et relativement
des "Mers du Sud".
Enseigne de Vaisseau Pierre JOURDAIN.
13 août 1934.
Société des
Études
Océaniennes
�—
-401
—
ARCHEOLOGIE
Deuxième excursion
la Vaiole,
(District (le Tautira)
au
Pari
Par le
par
Capitaine de Frégate en retraite Lidin accompagné
le Lieutenant de Vaisseau Mourrai. Commandant la Zélée.
Le Bulletin
43 de la Société relate
n°
une
excursion que
j'ai déjà faite dans cette vallée. A la fin de cette relation je
formulais l'espoir de pouvoir renouveler cette excursion.
La note de M. le Docteur Kenneth
gnait
relation
Emory qui accompa¬
faisait désirer retourner
à la Vaiote pour
déterminer exactement si les ruines que j'avais
supposé être
un tombeau étaient bien celles d'un marae ahu.
La lec¬
ma
me
ture que
je fis par la suite du n° 41 du Bulletin de la Société,
lequel le même savant transcrit la description par
le Capitaine Cook d'un aliu de marae, me détermina à
repren¬
n°
dans
dre le chemin de la Vaiote.
Et c'est en l'aimable compagnie du Lieutenant de Vaisseau
Mourrai, Commandant la Zélée que je repris cette excursion.
Le Commandant Mourrai prit quelques
photographies qui ne
peuvent malheureusement pas être insérées dans cette com¬
munication et qui figureront dans l'album de photographie du
musée de la Société des Etudes Océaniennes. Je lui exprime
ici toute ma reconnaissance pour avoir ainsi fait connaitre
de ces ruines ce que le fouillis de végétation inextricable
qui les entoure permet de photographier. Mais quelle désil¬
lusion ne fut pas la mienne (et aussi certainement celle du
Commandant Mourrai) en me retrouvant devant ces ruines
qui, lors de ma lre visite (septembre 1931) étaient en grande
partie en bon état et très nettement apparentes.
Les grandes pluies de cette année 1934, qui avaient créé un
affluent de la Vaiote, avaient abimé complètement ces ruines
qui ne présentaient plus que l'aspect d'un manteau de
mousse jeté sur elles, manteau sur lequel avaient
poussé
les herbes et les arbustes. Des arbres étaient aussi tombés
l'un
petit
sur
le ahu,
un
autre
sur
marae.
Ei
:
l'emplacement de l'autel du
�—
402
—
Je pus cependant, après nouvel examen des
lieux, me ren¬
dre 1res nettement compte que l'ensemble des ruines formait
marae particulier correspondant en
grande partie à la
description par le Capitaine Cook et citée par le Docteur
Emory (dernier alinéa, page 196, du n° 41 du Bulletin de la
Société des Etudes Océaniennes) mais cependant
avec des
dimensions plus petites et aussi avec une disposition
quel¬
que peu différente de celle décrite par Cook.
Le croquis joint à cette note donne, figure 1, une vue d'en¬
semble de ce marae composé de 3 parties:
un
1° L'ahu.
2° Une
grande enceinte de murs formant 2 compartiments
(un grand et un petit) avec plate forme adjacente non em¬
pierrée.
3° Un petit marae, de construction
classique, avec pierre
debout à l'intérieur.
Je pus cette fois relever l'enceinte B. C. D. E., formant
plate forme entourée par des murs très bas, plate forme non
empierrée et attenant au groupe de murs A.B.E.F.G.J. par
le mur B.E. Cette enceinte avait
échappé à mon attention en
septembre 1931.
Le ahu M N 0 P Q R est bien formé
par une plate forme
MNQR qui n'est, pas empierrée dans sa partie 0 P Q R. Le
ahu, proprement dit, M N 0 P, est moins élévé et moins
étendu que celui décrit par le
exactement
ce
comme
Capitaine Cook.'mais répond
construction, à la description donnée par
dernier:
"Tronc de
unes
sur
pyramide formé de pierres posées librement les
les autres".
Le
petit marae A B C D, porte bien sur sa plate forme une
pierre debout comme l'indique également le Capitaine Cook.
Cette excursion me permet donc de déclarer, ainsi
que le
supposait justement le Docteur Emory dans sa note, que ce
tronc de pyramide n'est pas un tombeau comme
je l'avais
pensé et indiqué lors de ma première excursion.
L'ensemble de cette partie des ruines de la Vaiote, ainsi
que le présente le croquis, forme donc bien un marae spécial
comme celui que décrit le
Capitaine Cook et sur lequel il vit
offrir
un
sacrifice humain.
Par ailleurs
ce
que
j'avais pris lors de
Société des
Études
ma
Océaniennes
lre excursion
�—
.403
—
de sentier dallé conduisant à la pyramide
qu'un des murs de la plate forme du ahu, mur 0 F G Q
n'existant plus que dans sa partie 0 F G et qui a été cons¬
truit plus épais que celui du côté opposé P R parceque
tout
l'ensemble du monument est établi, ainsi que le montre la
figure 2, sur un terrain en pente..
Par ailleurs, Maximo Rodriguez cite dans son journal un
voyage qu'il fit en novembre 1774 à la Vaiote et signale 2
maisons abri tant-sur la plage les grandes pirogues à cabine,
puis les pahi (pirogues de haute mer). Et j'ai trouvé en effet
sur cette plage, à l'entrée du sentier qui conduit au
pahu
(trou creusé dans la colline pour produire des sons très forts
servant à faire des signaux aux habitants de la vallée) j'ai
trouvé, dis-je, 2 pavages situés l'un à côté de l'autre; l'un
est fort bien conservé. Ces pavages doivent certainement
avoir appartenu aux maisons dont parle Maximo Rodriguez
et devaient servir à supporter les pirogues. C'est sur la plage
où aboutit la rive droite de Vaiote que se trouvent ces pava¬
ges et cette plage recevait ainsi la flotte de Vaihiatua, Arii
qui reçut à Tautira les Espagnols en 1774.
En terminant je dois signaler aux personnes qui s'intéres¬
sent à la conservation des vestiges de l'ancien Tahiti qu'il
suffirait de peu de travail et d'argent pour remettre ces rui¬
pour une sorte
n'est
nes
de la Vaiote
en
état satisfaisant
.
Ce
marae avec
ahu est
probablement le seul de son espèce existant encore à Tahiti.
11 a échappé à la destruction, et des hommes et du
temps,
va-t-on le laisser disparaître comme disparaît la race Talritienne? C'est un monument religieux de l'époque où les 1ers
Européens (2 prêtres Espagnols, avec un matelot et un in¬
terprète, soldat de l'infanterie de marine Espagnole, sont
venus s'établir à Tahiti (1774-1775), et c'est probablement,
ai-je dit, le seul de cette espèce existant encore à Tahiti.
Les différents séjours de Maximo Rodriguez à la Vaiote
n'ont pas été assez longs (il n'y a fait que des passages ra¬
pides) pour lui permettre de pénétrer dans la vallée. C'est
pourquoi il n'est pas fait mention dans son journal de ce
marae, alors qu'il a eu l'occasion de parler de plusieurs au¬
tres.
On
a
Tahiti
souvent, il
aux
me semble, attribué la dépopulation de
épidémies apportées par l'établissement des Eu-
Société des
Études
Océaniennes
�—
40 4
—
ropéens dans l'île. La lecture du Journal de Maximo Rodriguez (Voir journée du 17 décembre 1774 de ce journal), mon¬
tre que des épidémies meurtrières existaient à Tahiti à l'é¬
poque où il-est arrivé avec les Pères. Sa lecture prouve aussi
que l'homme de la Nature, vivant au milieu de la Nature,
n'est pas aussi bon que le
proclamait à cette époque le fan¬
tasque et rêveur J.J. Rousseau.
27-28
Septembre 1934.
L. LIDIN.
ENSEMBLE DE L'AHU DE LA VAIOTE
Figure 1
:
1: Abu
M N Q R
M N 0 P
0 P Q R
Plate forme
Abu
Partie
non
R; Cbambre
RI: Chambre
IV: Plate forme
non
empierrée.
empierrée
A B E F G J I H.. .Murs de 1 mètre de hauteur
BCDE
V:
Enceinte
ABCD
non
Petit
marae à plate forme
pierrée
Emplacement de l'autel,
C....
Pierre debout
Figure 2:
Echelle
Note
:
empierrée
Déclivité du terrain
sur
en
em¬
X.
lequel est construit
l'ensemble.
12 millimètres 12 par 5 mètres.
complémentaire
au
sujet de l'ahu de la Vaiote.
Les propriétaires du Yacht français
"Korrigane ' ont fait
l'excursion de la Vaiote et ont été enchantés.
Ayant diné et couché à l'hôtel Machecourt, à Tautira, la
veille au soir, ils sont partis le lendemain matin à 7
heures
pour la Vaiote par un canot à moteur.
Un guide les attendait à la Vaiote et
après visite de tout
qui existe encore d'intéressant, ils retournaient à Tautira
le canota moteur, après un excellent déjeuner
préparé
par la famille du guide près de l'embouchure de la Vaiote.
Le même soir à 19 heures, ils étaient
de retour à Papeete
ce
par
Société des
Études Océaniennes
�—
Société des
408
Études
—
Océaniennes
�—
La
406
—
légende de Monoihei»e
Desccnle de Tafa'i*
et de Tafa'i
aux
Enfers
(fin).
(1).
Tafa'i
accomplit encore un autre exploit: il résolut d'explo¬
l'intérieur de la terre et de ramener son
père de ce royau¬
me des ombres et de la Nuit
que l'on appelle Pô.
Sa mère consentit à lui montrer le chemin et son frère Ari¬
rer
hinuiapua voulut l'accompagner malgré les dangers et les
difficultés de cette
entreprise, car il éprouvait de cuisants re¬
pensée qu'il avait été cause de la mort de son père.
Hinatahutaliu obligea la terre à s'entr'ouvrir pour
livrer
passage aux audacieux voyageurs et ceux-ci descendirent
par un étroit passage souterrain. Après avoir longtemps che¬
miné, le couloir s'élargit en une vaste place et ils arrivèrent
à une maison qui était habitée
par une vieille femme aveugle
mords à là
nommée Uhi
(Igname).
Arihinuiapua n'étant qu'un faible mortel souffrait de la fa¬
tigue et de la faim ; ils entrèrent sans bruit dans cette maison
où ils trouvèrent Uhi qui préparait son
repas en marmottant.
Elle plaça devant elle deux morceaux de uru
(fruit de l'arbre
à pain), deux
portions de taro (racine cle l'cirunf, deux pa¬
quets de pot a (feuille? de l'arum), deux bols remplis de lait
de coco et deux
récipients contenant de l'eau, puis elle se
mit à manger.
Mais Arihinuiapua
qui avait très faim prenait
une
portion
de chacun des mets qui se trouvait devant elle et la
mangeait
aussitôt. Aussi, lorsque Uhi voulutse servir une seconde fois,
elle
ne trouva plus rien
et elle s'écria:
Ooai leis airoiro iti e liaere mai i le Pô nei ?
vermisseau qui est venu ici, dans le
royaume
0
"
(Quel est
ce
de Pô) ?
eau o
Tafa'i (C'est moi Tafa'i).
A, ano'io maitai " (Ali, asseyez-vous d'une manière con
for-
(i) Comme les héros
de
l'antiquité Hercule, Thésée, Tafa'i des¬
cendit aux Enfers. 11 est intéressant de
comparer
lynésiens se faisaient
hellénique.
du
séjour des
Société -des
l'idée
que
les Po¬
morts avec les traditions latine
Études
Océaniennes
ou
�—
407
—
table) dit la vieille et en même temps elle leur offrait un siège
plumes rouges. Mais Tafa'i fit signe à son frère
de ne point le toucher, car c'était un hameçon magique atta¬
ché par une corde enchantée. Ulii prit alors le hameçon et le
lança ; Tafa'i l'évita, mais Arilii fasciné par la beauté de cette
femme le ramena et quand elle tira la corde il fut accroché
sous le bras. Il résista de toutes ses forces courant en cercle
autour de la vieille qui le tirait à elle.
Emu de pitié en voyant son frère dans cette triste situation,
Tafa'i cria : " /s1 Uhi e, a pas to l'a roohia ete maohuai'ape ! Te
vai attira i te tai to'na taeas! {Oh, Uhi, lâche ton poisson, de
peur du grand requin ! Il est là, son frère, dans la mer ! Car il
y avait des requins et des baleines dans la mer souterraine
et une pieuvre gigantesque qui se tenait dans une grotte or¬
née de conques marines.
Mais Uhi répondit d'un ton triomphant: " Eita iae hauti!
Te matau ra ia e, Puruitemaumau ; anavs va e Mao ia i te rai,
e'ere a ici a IUnahinatotoio. [Il ne bougera pas. Le nom de mon
hameçon est Puruitemaumau, quant à ma ligne c'est le Requin
clu firmament (/). Ce n'est pas celle de Iîina (2).
Tafa'i saisit alors la ligne et délivra le prisonnier.
La vieille sentant que son hameçon était détaché s'écria:
"A! E taata teie io'u nei, e ora anei ia oe (ou mata ? (Ah! il
y a ici un homme de valeur, peut-il me rendre la vue ?"
E ora lioi ïa ia'u {jepuis te la rendre)" répondit Tafa'i et
prenant un coco il en jeta le contenu dans les yeux de Uhi
qui recouvra instantanément la vue. Elle put voir alors les
jeunes gens et leur témoigna sa joie et sa reconnaissance,
leur demandant quel service elle pourrait leur rendre, en
échange de sa guérison.
Tafa'i lui demanda ce qu'elle savait de leur père et en quel
couvert de
"
endroit il était détenu.
Ilema était plus loin, dans une forêt où
jetaient leurs immondices. Ils lui avaient arraché
les yeux et les avaient donnés comme jouets aux jeunes filles
Uhi leur dit que
les dieux
(1) Le Requin dans la voie lactée.
(2) Cette Hina était la jeune Mi, qui
Maui pour amarrer
donna ses cheveux à son frère
le soleil.
Société des
Études
Océaniennes
�—
408
—
qui tressaient des nattes pour les orateurs. Puis ils avaient
rempli ses orbites d'excréments d'oiseaux.
Elle chargea deux de ses
petits serviteurs d'accompagner
les jeunes gens pour aller à la
recherche du pauvre homme.
Tafa'i et
enfin à
une
frère
son
marchèrent longtemps et arrivèrent
région boisée où après quelques recherches ils
trouvèrent le malheureux Hema.
Sans perdre de
temps, Tafa'i le saisit dans
ses bras vigou¬
rapidité dont il était capable.
Et, avant que les dieux n'aient
pu s'apercevoir de cet enlève¬
ment, les trois fugitifs quittèrent les
régions souterraines et
reux
et
l'emporta
avec toute la
revinrent sains et saufs à la lumière
du monde supérieur,.
Tafa'i lava le pauvre Hema,
le vêtit et le nourrit et, bien
que toujours aveugle, celui-ci vécut
longtemps encore, heu¬
reux avec sa femme et ses
enfants.
Tafa'i accomplit encore
plusieurs travaux merveilleux:
Gomme Hercule
vainquit le sanglier d'Erymauthe, il alla
à Havài pour combattre le
redoutable cochon Moiri. Puis il
revint à Tahiti, s'établit à
Uporu (Maliina) et y épousa Hina
célèbre par sa
magnifique chevelure noire. Sa femme étant
morte subitement, Tafa'i se
mit à la poursuite de son âme,
la suivit sur la colline de
Tcitcia à Punaauia où se rassem¬
blent les
esprits, puis sur le mont Rotui à Moorea. Il l'attei¬
gnit enfin sur le Temehani à Pmiatea d'où les âmes
s'envo¬
lent pour le Roliutunôanoa ou
descendent dans le royaume de
Pô.
Il saisit
l'esprit de Ilina
par ses longs cheveux, le ramena
à nouveau dans le
corps toujours intact et
ils vécurent encore de
longues années et eurent un fils
à
Tahiti, l'incarna
qui
s'appela Valiieroa.
Après la mort de Tafa'i, ses mains donnèrent
naissance à
la belle
fougère que lesTahitiens nomment:
Rimarimatcifci
i
(les doigts de Tafa'i) et les botanistes
iJycopodium
Cernuum,
ce qui est
beaucoup moins poétique. Les spores de cette
plante sont le Maiuutafai qui figure
dans toutes les fêtes ta-
hitiennes.
Traduction E. AIINNE.
Société des
Études
Océaniennes
�—
Arrestation des
409
—
Sauvages de Fakahina.
Bord du "Cassini " le 2
janvier 186r.
Capitaine de frégate, Commandant
le CASSINI et Commandant la Station
A Monsieur LE JEUNE,
La Corvette à vapeur
Locale de Taïti.
ANALYSE:
Arrestation des sauvages
L'Ile Fakahina.
de
Commandant,
l'expédition entreprise par les guerriers Tuamotus,
; J'ai eu l'honneur
d'être chargé parvous de représenter le Gouvernement Fran¬
Dans
à l'île
Fakahina, le 31 décembre dernier
çais.
expédition était d'arrêter les sauvages de
de l'Archipel de Tuamotu, d'avoir lâchement assassiné les cinq chefs d'île et le
Huiraatira qui l'accompagnaient dans son voyage d'explora¬
tion, en septembre dernier.
Mon devoir, ainsi que vous l'aviez tracé, était de veiller à
ce que l'arrestation de ces sauvages, fut faite, autant que
possible, sans effusion de sang. Je devais aussi empêcher
les parents des victimes de se venger eux-mêmes sur les
coupables.
Les guerriers Indiens ont dépassé mon attente, leur con¬
duite a été admirable, comme vous allez le'voir.
Pour bien vous exposer les faits : je dois vous décrire l'as¬
pect de l'île Fakahina, la position du Cassini par rapport à
cette île, etc.... ce qui se passait à terre au moment où j'ai
quitté le bord avec le dernier convoi de guerriers. L'île de
Fakahina, comme toutes les autres îles de l'Archipel Tuamotu, est formée d'une ceinture de terre basse entourant un
lac intérieur. Ce lac d'au moins 12 milles de circuit, contient
quelques îlots boisés, et ne correspond avec la mer que par
une large coupée, presque à fleur d'eau, située dans le sud
de l'île. La partie ouest et la partie nord de Fakahina sont
Le but de cette
cette
île, accusés par Paiore, Régent
Société des
Études
Océaniennes
�—
410
—
couvertes de Pandanus et d'une
fourrés
bois de
espèce de buis formant des
épais, dans la partie Est de cette île s'élevent de jolis
cocotiers et 5 villages composés de huttes situées au
bord du lac, la position que le Cassini
vers de la coupée, a donné
guerriers
: car
du bord,
on
dans le lac.
Des
a
conservé par le tra¬
beaucoup de confiance à nos
pouvait voir tout ce qui se passait
320
guerriers indiens que nous avions à bord, 220
déjà à terre, les 100 du premier convoi avaient pris
les uns à droite, les autres à
gauche ; ainsi qu'il en avait été
décidé à bord. Ces guerriers s'étaient de suite
répandus dans
les brousses pour se cacher et
surprendre un grand bateau
à deux mâts qui s'avançait à toutes voiles
vers la
coupée;
étaient
mais à la
vue du 2e convoi de 120
guerriers l'équipage de ce
bateau avait viré de bord, et s'était
réfugié près d'un ilot du
lac, à environ 1 mille de la coupée,
chaque
en arri¬
vant à terre
rejoignit les
gens
de
son
guerrier
district, dont il
recon¬
naissait les costumes de guerre.
Le
tions
débarquement s'était promptement l'ait : les embarca¬
ne pouvant accoster le
récif, sur lequel la mer brisait,
parfois
avec
force,
nos
indiens
se
jetaient à la
mer
40 mètres de terre, et franchissaient
cette distance
geant d'une main et
en
portant de l'autre leurs
armes
à 30
en
ou
na¬
et leurs
effets.
J'arrivai à terre
avec le reste des
guerriers et je trouvai
qui nous attendait pour arrêter définitivement son
plan d'attaque.
Le Régent divisa son monde en trois bandes :
deux de 100
Paiore
hommes et la troisième de 120.
Les deux premières bandes
reçurent l'ordre d'avancer
l'une à droite, l'autre à gauche
pour chercher des pirogues
et pour fermer la retraite au bateau de
l'îlot.
La troisième bande formait la
réserve, elle devait se tenir
dans un village que Paiore avait choisi
pour en faire son
camp et son point de ralliement.
Ce village, placé dans un bois de
cocotiers près de la cou¬
pée du sud, lui assurait des vivres et une communication
facile
avec
le Cassini.
Pendant que les deux
premières bandes poursuivaient
Société des
Études
Océaniennes
�—
411
—
leurs recherches; les hommes de la réserve disposaient des
troncs d'arbres pour
faire
un
radeau.
Tamuta, Chef du District de Tekahora, à l'île Anaa, décou¬
vrit
petite pirogue et fit force de pagaie vers l'îlot ;
un autre indien l'accompagnaient.
Bientôt une seconde pirogue montée par Fehavini et Pahua
déborda de la partie gauche de la coupée et prit aussi la
une
Punohitara et
direction de l'îlot. Alors tous
nos
indiens sortirent des brous¬
vinrent border la plage du lac pour suivre le drame
qui allait avoir lieu.
ses, et
Cette
ligne d'hommes s'étendant au moins jusqu'à deux
chaque bord de la coupée, ils n'étaient reconnaissaplus éloignés, qu'à leurs jaquettes et à leurs coiffures
milles de
bles les
dont les couleurs tranchées et les formes bizarres faisaient
ressortir la
armes
poitrine bronzée, tous
à la main
:
ces Indiens tenaient leurs
rouillé, on voyait une lame
une lame de sabre ou d'épée ;
à coté d'un fusil
ou un harpon, un pistolet ou
beaucoup même n'avaient pour arme qu'un bâton.
Tamuta, arrivé à peu de distance de l'îlot engagea les sau¬
vages à se rendre au Gouvernement du protectorat, les sauva¬
ges refusèrent et entamèrent un pourparler.
Sur un signe du brave et intelligent Paiore, 40 guerriers
de la réserve suivis bientôt d'une partie des Indiens de la
bande de gauche s'élancèrent à la nage pour soutenir nos
deux pirogues. Ces braves Indiens à la tète desquels était
Tematiti, Chef de Tuuhora à Anaa, n'avaient pas hésité un
seul instant, cependant ils ignoraient le nombre de sauvages
que contenait l'îlot qu'ils allaient attaquer. Lorsque les sau¬
vages aperçurent près de leur bateau la 2me pirogue montée
par Tehauini et derrière cette pirogue, un grand nombre de
guerriers s'avançant rapidement à la nage, ils voulurent
s'embarquer et prendre leurs lances qu'ils avaient laissées
à bord, mais Tamuta, comprenant leur pensée se précipite
hardiment dans leur bateau, jette leurs lances à la mer et
avec l'aide de quelques guerriers qui venaient d'arriver il
se rend maître de ceux des sauvages qui s'étaient déjà em¬
barqués.
Les habitants de Fakahina essaient alors de
nage
se sauver
à la
parle nord de l'îlot. Tamuta donne de suite l'ordre aux
guerriers qui accouraient tout essouflés, de s'em-
nombreux
Société des Études Oeéaniei
�parer des sauvages qui étaient encore sur l'îlot; se
jetant
avec deux indiens dans sa
pirogue, il s'élance àlapoursuite
des fuyards.
Un seul sauvage de l'îlot
parvint à s'échapper.
grand bateau fut défoncé par la quantité d'indiens qui
s'y précipitèrent. Dans la mêlée neuf de nos guerriers furent
blessés, l'un d'eux, le nommé Huriao du District de Tuuhora
Le
à Anaa eut la tête fendue d'un bout à l'autre.
Les sauvages
eurent dix morts et six blessés.
Monsieur
Chaussonet, chirurgien major du Cassini, visita
et pansa avec soin tous les
blessés.
18
hommes, 30 femmes et
50 enfants furent faits
l'îlot et dans le bateau.
Les hommes furent amenés
prisonniers
sur
au camp amarrés ; mais là on
relaclia leur liens qui
paraissaient les faire souffrir.
Les femmes et les enfants furent
amenés ensuite; nos
Indiens portaient les enfants et conduisaient les
femmes par
la main.
A
mesure
que ces prisonniers arrivaient au camp, c'était
dépouillait pour les couvrir, chacun s'empressait
d'adopter les femmes et les enfants et de leur apporter des
à qui se
vivres.
Les hommes seuls
à la loi.
'
ne
furent pas
adoptés : ils appartenaient
Quand l'animation causée
mée
;
par la prise de l'îlot se fut cal¬
les parents des victimes demandèrent au Chef
sauvage,
nommé
Maruake, pourquoi il avait lâchement fait assassiner:
Tepaiaha
Mahiri
Taumata
Tuata
Tehei
Tahoro
Clief de Fakarava.
Chef de Makerno.
Chef de Nihiru.
Chef de Taenga.
Chef de
Tepoto.
Huiraatira de Reao.
Le Chef sauvage répondit
que Tepaiaha et les siens avaient
été d'abord bien reçus, mais
que lorsqu'ils avaient voulu
demander de la part du Gouvernement du
Protectorat la des¬
truction de leurs idoles, et leur
enseigner la bible, lui Maruake
s'était emporté et avait cru, en les faisant
massacrer, venger
l'outrage fait aux dieux de Fakahina. Le Chef Maruake indi-
Société des
Études
Océaniennes
�—
413
—
ensuite l'endroit ou étaient déposés les corps de ces
martyrs du Christianisme : les cinq chefs chrétiens étaient
placé au fond d'une grande fosse, creusée dans le corail,
sur le récif à droite (à l'est) et
près de la coupée.
qua
Lorsque les pierres qui comblaient cette fosse furent reti¬
rées, on reconnut facilement les corps des victimes : l'air vif
du récif en les desséchant, les avait, depuis trois mois
1/2
préservés de la putréfaction, ces nobles martyrs avaient
encore au cou la corde
qui avait servi à les étrangler. Tepaiaha
avait la tête tranchée et placée à ses pieds.
Le corps de Tahoro de lleao fut trouvé dans un endroit
séparé.
Que de force d'âme
ne
fallait-il pas à nos Indiens pour ne
pas se venger: ils avaient entre les mains
assassins de leurs chefs et de leurs parents.
une partie des
Mais nos guer¬
ils ont fait preuve
riers ont montré
plus que de la bravoure ;
grandeur d'âme qui ferait honneur au peuple le plus
civilisé de l'Europe.
Cependant la bande de gauche commandée par Parua,
président des toohitu, continuait à battre l'île, respectait les
villages; mais brûlait les pirogues, détruisait les faux dieux
et mettait le feu aux brousses pour forcer les sauvages qu'on
supposait cachés, à se découvrir; Paiore, après avoir confié
les prisonniers à ceux qui s'étaient emparés de l'îlot, prit
avec lui 30 guerriers, et commença ses recherches
par la
droite (Est).
La bande qui était partie par la gauche (Ouest), revint vers
les 4 heures du 'soir, après avoir achevé le tour du lac, elle
d'une
ramenait deux vieillards et deux femmes.
A la nuit Parua fit allumer des feux tout autour du camp,
les gardes et donna la consigne aux factionnaires
nomma
d'interroger les arrivants. En cas d'alerte, tout le monde
devait se grouper au centre de la coupée dans un endroit
découvert.
A 7 heures du soir Paiore n'était pas encore rentré, et com¬
mençait à donner de l'inquiétude au camp.
Cependant de grands feux, dont le reflet traversait le lac,
éclairait la marche de nuit.
Vers 9 heures
1/2 Paiore arriva, enfin,
Société des
Études
avec sa
Océaniennes
bande, il
�—
ramenait
414
—
sauvage qui avait été pris au moment où il
s'échapper au large à la nage.
Les prisonniers interrogés avaient soutenu
qu'il n'y avait
plus personne dans l'Ile ; mais les deux bandes avaient ra¬
mené depuis: trois hommes et deux femmes; d'un autre
côté ; le nombre des villages de l'île, le nombre des femmes
arrêtées, la grande quantité de fdets pris et de pirogues brû¬
lées firent croire à nos guerriers que les
sauvages avaient
un
cherchait à
intérêt à leur cacher la vérité ; aussi d'un commun accord,
décidèrent-ils que dès le lendemain matin, deux colonnes
parcourraient une seconde fois l'île en
que Paiore visiterait les Ilots du lac.
sens
inverse pendant
Dès le
point du jour le tambour réveilla nos Indiens, les
chacune, se formèrent et par¬
tirent, sur les 30 hommes qui devaient rester au camp, Paiore
en prit 6 avec lui.
deux colonnes de 130 hommes
La colonne de l'Ouest eut
elle
beaucoup à souffrir de la soif;
atteignit le 1er bois de cocotiers que vers midi.
La colonne de l'Est fut rencontrée
par
tance de
ce
la lrc à
peu
de dis¬
bois.
Tous les hommes étaient fatigués et demandaient à rentrer;
n'avait trouvé que deux femmes.
on
Les deux
colonnes, après une heure de repos, revinrent au
Camp avec une grande provision de cocos.
Paiore dans ses recherches avait trouvé une.femme
qui se
sauvait d'un
îlot, à la nage,
Nos Indiens avaient donc fait
A trois heures du soir
en
tout 107
l'embarquement
trict de Tuuhora de l'île
nier pour
prisonniers.
Le dis¬
d'Anaa, Chef Tamatiti, resta le der¬
protéger l'embarquement
commença.
en cas
d'attaque.
L'arrestation des traîtres habitants de Fa'kabina, aura du
retentissement dans les Etats du Protectorat ; et il sera d'un
effet salutaire pour les sauvages des autres îles
souvent
qui visitent
(dit-on) Fakahina.
Il serait du reste d'une bonne
politique de disperser dans
les îles des cercles, les sauvages des îles de l'Est,
et de les
remplacer dans leurs îles par nos Indiens des cercles.
Les sauvages se civiliseraient, les
naufragés sur les îles de
l'Est n'auraient plus rien à craindre des habitants.
Société des
Études
Océaniennes
�—
Nos Indiens y
415
—
gagneraient des îles plus riches en terre
vé¬
gétale que la plus grande partie des îles de l'Ouest.
En terminant mon rapport, je vous prie, Commandant, de
me permettre de remercier ici M. Ghaussonet, pour les soins
empressés qu'il a donné aux blessés.
Tous nos Indiens Tuamotus et Taïtiens méritent des éloges
pour
leur conduite à
Paiore
a
Fakahina.
montré l'habileté et le sang-froid
qui le rendent si
remarquable parmi les siens. La bravoure de Tamuta s'est
brillamment montrée à l'attaque de l'îlot.
L'indien Huirao, blessé grièvement dans la mêlée, s'est
fait remarquer.
Le Chef Tematiti du
District de Tuuhora, s'est
toujours
bravement conduit.
Enfin Paiore
demande à citer aussi les
indiens Tehavini et
Pahua.
Je suis avec
respect, Commandant
Votre très obéissant serviteur,
L'Enseigne de vaisseau ffons. d'officier adjoint au
Commandant delà Station locale de Taïti.
Société des
Études
Océaniennes
�NOTE
sur
l'Amiral cle Kruscnstern
(suite et fin).
Krusenstern donne une description très exacte des habi¬
tants, de leurs mœurs, guerres, cérémonies,
croyances, etc..
nous ne pouvons résister au
plaisir de citer trois fragments
caractéristiques de cette étude.
Les habitants
de Nukahiva ont une manière de
pécher que
je leur crois entièrement propre : ils écrasent une certaine
racine qui pousse entre les rochers : le
pécheur plonge et
étend sur le fond cette espèce de
racine qui a le pouvoir
d'étourdir le poisson à tel point,
qu'au bout de peu de temps
il vient à la surface de l'eau à moitié mort et
dre sans difficulté. Ils pèchent aussi avec des
se
laisse pren¬
filets, mais peu,
qu'il paraît, car nous n'avons pas vu plus de huit canots
de pêche dans la vallée de
Tayo-IIae. Ils ont aussi des hame¬
à
ce
de
çons
leurs
d'assez bonne apparence : leurs
lignes et tous
cordages sont fait d'écorce de viorne: ils confection¬
nacre
nent encore
une sorte de filin avec des tresses
plates et
résistantes de fibres de coco.
Un des membres les plus
distingués de la famille royale
est celui qui à lacharge
d' "Allumeur de feux". Son devoir
consiste, en partie, à rester à proximité du roi et prêt à exé¬
cuter chacun de ses commandements
; mais il a une
assez
qui caractérise les
charge
mœurs de la cour
de Nukahiva. Quand le
roi s'absente de sa maison etne
doitpasrentrer lejourmême,
l'allumeur de feux ne l'accompagne
pas, car dans ce cas il
remplace en tout et pour tout la personne Royale auprès de
la Reine. Peut-être le roi de Nukahiva
préfère-t-il partager
seul plutôt qu'avec plusieurs;
peut être aussi n'estqu'un simple trait du luxe royal. De cette charge impor¬
avec un
ce-là
tante était honoré l'herculéen
Mahu-Ahu
peu digne de la confiance du roi pour cet
dait
assez
qui semblait bien
office, car il gar¬
mal la
pudeur de son épouse.
perpétuelles divisent les habitants des vallées
voisines de Tayo-IIae, Home
Seegra et Hotty Seeva.
Les guerriers de Home
qui sont plus de mille, se nommant
Des luttes
Société des
Études
Océaniennes
�—
417
—
Taipihs (1) ce qui veut dire troupe de la grande Mer. Avec
ces Taipihs les habitants de Tayo-Hae font bien la guerre sur
terre, mais
ne
être donnée
;
la font plus sur mer, et la raison mérite d'en
elle montre en effet que si ces indigènes n'obéis¬
sent pas à leur roi, du moins respectent-ils sa personne : le
fils de Kettonoweg (2) a épousé la fille du roi de ces Taipihs,
et celle-ci étant venue par mer,
"Tabou"
:
elle
ne
la mer de ce fait est devenue
doit désormais être profanée par aucune
effusion de sang. Si par malheur le prince rendait la jeune
femme à ses parents, alors la guerre qui se fait seulement
sur
terre, recommencerait aussi sur mer. Si au contraire elle
ses jours à Tayo-IIae il en résulterait une paix,
perpétuelle: ainsi ne serait plus troublée la tranquilité de
cette âme royale, volant parmi les nuages au-dessus de ces
vallées et qui qui serait honorée comme Tetua, c'est-à-dire
p crsonne divine.
terminait
Le 16 mai Krusenstern termine son ravitaillement en bois
eau. Il fait route le 17 pour les Sandwich, visite les
établissements de Kamtchatka, ne peut déposer son ambas¬
et eh
Japon, et rentre en Europe par le Gap de Bonne Es¬
pérance, après un voyage de trois ans.
sade
au
#
A
son
#
#
retour Krusenstern entame
la rédaction de la relation
voyage : 3 tomes in 4°, paraissent entre 1810 et 1814,
accompagnés d'un magnifique Atlas de 104 planches, le tout
édité aux frais de l'Empereur. Il publie en 1813 un Mémoire
sur une carte du Détroit de la Sonde et de la Rade de Batavia
de
son
(1). En 1919 parait à Leipzig son "Betràge sur hydrographie
der Grosse Ozéane ", petit in 4° de 244 pages.
L'Empereur en 1815 l'a "dispensé pour un temps illimité
du service à la mer en considération de la faiblesse de sa
vue". Dès cette époque il se voue à son œuvre capitale : la
rédaction du grand Atlas de l'Océan Pacifique, accompagné
Cl) Hermann-Melvilie a écrit deux livres sur ces guerriers marquisiens, "Typea" el " Omoo".
(2) Keatanui.
(1) Grand in 40.
Société des
Études Océaniennes
�—
418
—
de Recueils de Mémoires hydrographiques
lyse et d'explication à cet Atlas.
pour
servir d'ana¬
Ce travail considérable
qui s'échelonne de 1824 à 1835, fait
point, pour ainsi dire, des connaissances acquises à cette
époque sur le grand Océan. Edités luxueusement, tant en
russe qu'en français, par ordre de
l'Empereur, aux frais de
l'Amirauté de Saint-Petersbourg, tous ces ouvrages sont
respectueusement dédiés à S.M. Alexandre 1er, Empereur et
le
Autocrate de toutes les Russies
Nous connaissons deux éditions de cet
important ensem¬
hydrographique (Atlas et Mémoire), l'une de 1824 par le
Commodore de Krusenstern de la Marine Impériale de Rmssie,
ble
l'autre de 1827 par le Contre-Amiral de Krusenstern, Direc¬
teur du Corps des Cadets de la Marine : chaque édition
repré¬
sente deux tomes,
in 4° de 350 et 450 pages, et un grand Atlas
in folio de 34 cartes et deux
plans.
En outre 1835 voit
paraître un supplément au Recueil de
hydrographiques publiés en 1926-27, petit in 4° de
122 pages, dû au Vice-Amiral de Krusenstern, et nécessité
par les nouvelles découvertes de Beecby, Kotzebue, Lutke.
Aucun de ces recueils n'est un ouvrage de compilation
mais une étude raisonnée des travaux
hydrographiques four¬
nis par les divers navigateurs aussi bien hollandais,
anglais,
espagnols, américains, français que russes qui sillonnent
Mémoires
ces mers
entre 1722 et 1830
: la
part des Pousses y est cepen¬
outre ceux de Krusenstern lui-même,
dant
importante
nous
devons citer les documents fournis par
: car
Bellinghausen,
Kotzebue, Lutke, Lisiansky, Lazareff, Ponafidin, Ilagemeister, et tout particulièrement les trois premiers, dont les dé¬
couvertes dans les mers polaires, le Pacifique Septentrional,
les archipels de EOcéanie Centrale sont considérables.
Dès leur
parution ces ouvrages font autorité
: pour ne
parler
que des navigateurs français, Dumont d'Urville les utilise et
les commente, Laplace s'en sert dans son périple de " l'Arte-
mise ",
Dupetit-Thouars lui-même, a dû les consulter dans
bibliothèque de la "Reine Blanche" lorsqu'il débarque
aux Marquises, mais Radiguét, son fidèle
secrétaire, ne nous
la
en a
rien dit.
Ajoutons que le voyage autour du monde de Krusenstern,
iO'
)eëaniennes
�419
—
d'aborcl édité
et en
en
allemand,
a
—
été traduit
en
anglais,
en
italien,
français.
L'édition italienne est tout à fait
plaisante en raison des
naïves qu'elle contient, mixture savoureuse d'ima¬
ges d'Epinal et de lithographies romantiques.
gravures
L'une
représente la fameuse baie Tchitchagoff, cercle par¬
: au bord de l'eau sur laquelle
vogue indolemment une pirogue, un chasseur tire sur un
oiseau marin. Une autre figure, la visite des officiers russes
dans une habitation marquisienne : au milieu d'un décor de
montagnes, une rangée d'idoles grossières limite l'aire de
la maison : des indigènes nus, tatoués fainéantent à l'ombre
des arbres à pain et des cocotiers. Sons la toiture en pandanus se courbent, et transpirent doucement, sans doute, les
galants officiers russes, dans leurs beaux uniformes de drap
vert, aux larges torsades d'or. Une troisième enfin, montre
un habitant de Nukahiva en costume de cérémonie, vêtu de
ses tatouages bleus, du "Tsciabou" (1) d'une collerette plissée, trois fois cerclée de rouge, coiffé d'un étrange chapeau à
mâchicoulis ; portant sur l'épaule un aviron sculpté, à la main
une belle calebasse, il se promène "au long frémissement
des palmes", parmi le sable et les rochers d'une anse
fait entouré de hautes terres
marine.
Et
j'aimerais pouvoir reproduire la page de garde du même
donner une idée de la physionomie de Krusenstern énergique et fine, avec ses grands yeux noirs méditatifs,
petit visage hirsute sortant d'un très haut col, cravaté de
ouvrage, pour
lourdes décorations.
Au demeurant les découvertes
personnelles de Krusenstern
pouvait mettre à son crédit que
la révélation au monde civilisé de la Baie Tchitchagoff et du
cannibalisme des Marquisiens, la vie de cet Amiral Russe
ne mériterait guère d'être exposée dans ces feuilles: mais
bien plus qu'un explorateur, il a été comme nous l'avons dé¬
jà dit, un animateur : par ses vues originales sur le commerce
des fourrures, il a créé dans le Pacifique un trafic important
entre la Russie et l'Amérique du Nord et a contribué au relè¬
vement de la Compagnie Russe d'Amérique : grâce à lui cellesont
assez
minces
:
(1) Etroite ceinture.
si
on ne
�ci
a
obtenu des
privilèges importants, construit des établis¬
sements
permanents, constitué une (lotte de navires bien
équipés armée d'officiers et de marins éprouvés, détachés
de la Marine Impériale. De plus, il a méthodiquement lancé
à la recherche
des Archipels et des écueils océaniens une
phalange de hardis navigateurs, au premier rang desquels
figurent ses anciens compagnons Bellinghausen et Kotzebue.
Il est vraisemblable d'attribuer
recte, du moins à
son
influence
enfin, sinon à
une
tentative
son
action di¬
assez
peu con¬
laites par
les Russes pour essayer de prendre pied aux
lies Sandwich et d'y créer un établissement. En tous cas les
travaux scientifiques de Krusenstern, son œuvre hydrogra¬
phique considérable, tout en plaçant la Russie sur le même
plan que les plus grandes puissances européennes de l'épo¬
que - Angleterre et France - a fortement facilité l'expansion
russe sur les côtes Nord-Est d'Asie, Nord-Ouest
d'Amérique
et vers le Pacifique.
Un demi siècle auparavant Bougainville,
bien que n'ayant
pas découvert Tahiti, avait pratiquement révélé aux Français
nue
cette ile et
ses habitants, au retour de sa fameuse circumna¬
Krusenstern a joué un rôle de même ordre auprès
du monde Slave, auquel il a fait goûter, par la relation de son
voyage, le charme des îles Océaniennes et l'enchantement
vigation
:
des mers du Sud. S'il ne possède ni le style brillant de Bou¬
gainville ni ses talents équestres (1), peut être le navigateur
russe a-t-il plus de méthode et de valeur
scientifique.
Enfin, premier de tous les marins russes, "bravant les tem¬
pêtes duCap Ilorn et la chaleur abrutissante de l'équateur",
il a honorablement promené autour du monde le
pavillon
blanc à croix de Saint André. Et ce périple le situe encore,
(i) Bougainville.— Après avoir débuté comme Avocat au Parle¬
de Paris, Bougainville publie en 1752 une Traite sur le Calcul
intégral, devient Secrétaire d'Ambassade à Londres en 1754, puis
sert sous Montcalm au Canada en
qualité de Capitaine de Dragons et
d'aide de Camp. En 1761 il se distingue sur
le Rhin — passe dans la
Marine avec le grade de Capitaine de
Frégate, est promu Capitaine
de Vaisseau en 1764, effectue sa
glorieuse circumnavigation, à la sui¬
te de laquelle il est nommé chef
d'Escadre, repasse dans l'Armée de
Terre avec le grade de Maréchal de
Camp et termine sa carrière mi¬
ment
litaire
comme
Vice-Amiral
et
Sénateur.
Société des
Études
Océaniennes
�—
421
—
à côté de celui, dont le souvenir est toujours présent à Tahiti,
Bougainville, l'immortel Capitaine de "l'Etoile" et de la
"Boudeuse",
Capitaine de la Corvette COTTEZ,
Membre correspondant cle la S. E, 0.
Membre cle la Société cle Géographie.
Bibliographie
Krusenstern—
Voyage, autour du monde fait dans les an¬
ordre de S. M. I. Alexandre 1er
Empereur de Russie, sur les vaisseaux "La Nadièjeda" et
la "Néva" commandés par M. de Krusenstern, Capitaine de
nées 1803-1804-1805-1806 par
Vaisseau de la Marine
Paris
-
impériale.
Librairie Gide Fils
A. G. cle Krusenstern—
-
1821.
Viaggo intorno al mondo fatto négli
anni 1803-1804-1805 el 1806 etc... tradotto dal tedesco dal
St
Angiolini
-
Milan 1818.
Bulletin de la Société de
Géographie (1852) Tome II.
Bulletin de la Société de Géographie de St Pétersbourg (1849)
Krusenstern— Atlas du Grand Océan - St. Pétersbourg 1824.
St.
Pétersbourg 1827.
hydrographiques pour
servir d'explication à l'Atlas du Grand Océan St. Pétersbourg 1824.
St. Pétersbourg 1827'
Krusenstern—Supplément aux Mémoires, etc.. St. Péters¬
bourg 1835.
Grande Encyclopédie.
Instructions Nautiques - (S.H. n° 939).
P. Mathias G
Lettre sur les Iles Marquises, Gaunie
Krusenstern— Mémoires et Recueils
frères Paris 1843.
Jora— Essai de
Bibliographie du Pacifique.
Société des
Études
Océaniennes
�.
.
.
.
Société des
Études
Océaniennes
■
�BUREAU DE LA
SOCIÉTÉ
Président
Vice-Président
»...
Trésorier
Secrétaire-Archiviste
»..»..
M. E. Al-lnne.
M. G. Lagarde.
M. A. Cabouret,
M. Y. Malardé
Bibliothécaire et Conservateur du Musée M. H.
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Bibliothèque est ouverte aux membres de la
invités tous les jours de is à 17 heures.
Dimanche de 14 à 17 heures.
Société
et à leurs
Le
MIJSÉÉ.
Jeudi et le Dimanche de 14 a 18 heures
jours d'arrivée et de départ des courriers. Mêmes heures.
Le Musée est ouvert le
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LE BULLETIN
articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Le Bureau de la
Aux lecteurs
Société accepte l'impression de tous les
de former leur appréciation.
La Rédaction.
Société des
Études Océanifïjiines
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�
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2605-8375
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Title
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 52
Description
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Ethnographie - Les Migrations polynésiennes, par Bodin 377
Tourisme - Le Yachting dans les E. F. O., par P. Jourdain 397
Archéologie - 2ème Excursion à la Vaiote, par le Commandant Lidin 401
Folklore - La légende de Tafai (fin) traduction de E. Ahnne 406
Histoire
- Arrestation des sauvages de Fakahina 409
- Krusenstern en Océanie, par Cottez 416
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1934
Date de numérisation : 2017
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