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Anthropologie
Histoire
-—
des
—
Ethnologie
Institutions
—
Philologie,
et
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Tourisme.,
Sciences naturelles
�Les articles
publiés dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'au¬
réservé ses droits, peuvent être traduits et reproduits
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Société dés Tthdé^;Océaoiétin
�DE
SOCIÉTÉ
LA
D'ÉTUDES
(POLYNÉSIE
OCÉANIENNES
ORIENTALE)
—
iv» 19.
—
JUIN
1927
SOMM AIBE
Pages
Histoire.
I. Fakahina
227
II. Noms
235
(Etudes, par le Rd. P. Hervé Audran
primitifs de certaines îles (Rédaction)..,...
Archéologie.
L'Art Tahitien.
(M. et Mme K. P. Emory)
236
Folk-lore.
Chant
lyrique de Takaroa. ( Cap. Brisson)
240
Géologie.
Nos îles sont-elles le
reliquat d'un ancien continent?
(F. Hervé)
243
Sciences naturelles.
Notice
sur
les
moustiques de Tahiti. (L. E. Cheesmann) 245
Bibliothèque.
Ouvrages
en
double à échanger
248
��FAKAHI1TA
Etudes par
CHAP. I.
—
le Rd. P. Hervé AUDRAN.
GÉOGRAPHIE
ET ETHNOLOGIE DE L'ILE.
I.— Découverte et situation
géographique de l'Ile.
D'après Rienzi, l'île de Predpriatic fut découverte en 1824
Kotzebue. 11 la trouva peuplée d'une race olivâtre et vigou¬
reuse. De jolies huttes en
branchages paraissaient çà et là sous
les arbres. La houle et l'attitude des
indigènes empêchèrent
Kotzebue de débarquer. L'île est basse et boisée avec un
lagon
intérieur. Elle a 4 milles de l'E. N. E. à l'O. S. O. Sa
position géo¬
graphique relevée par ce navigateur est de 150 58' latitude Sud et
1420 32' Ouest.
II.
D'après la géographie physique et politique des Etablis¬
sements français de l'Océanie par M. F. V.
Piqucnot, Fakahina ou
Fakaina ou Predpriatic est distante de
540 milles marins (à vol
d'oiseau) de Motu Uta, situé dans la rade de Papeete. Fakahina
y est signalée comme une île peu productive en coprah. (C'est
une
grosse erreur, caria production peut atteindre au total, jus¬
qu'à 600 tonnes par an). Elle aurait 4x4 milles marins d'éten¬
due et 131 habitants: tous ces chiffres sont erronés.
III.
D'après la carte française. n° 1716 de l'archipel Tuamotu,
i.
—
par
—
—
Fakahina est située à l'E. N. E. de Tahiti, Elle
580 milles
en est
distante de
ligne droite et de 660 milles par le détour de Hao.
Le débarcadère même, placé dans l'Ouest, se trouve
par 16" 01,
latitude Sud et 142e 29, longitude Ouest
près du gros rocher de
Tenanako, qui a donné son nom à toute cette partie de l'île.
en
II.—
Description topographique de l'Ile.
Fakakina est signalée sur les cartes de
l'archipel comme mal
orientée. Elle est non seulement mal orientée,
mais on lui prête
même une forme qu'elle n'a pas, car en réalité elle est à
peu près
circulaire, au lieu d'être ovale-, ainsi qu'on l'a représentée. Elle
ressemble à une couronne allongée,
presque sans découpures.
AL'encontre de la plupart des îles Paumotu, dont le côté S.
E.,
n'offre en général que quelques rares
bouquets d'arbres, que la
�—
228
—
divine Providence
paraît avoir semés de distance en distance pour
points de repère aux navigateurs dans ces lointains
parages, celle-ci est planté de cocotiers et bien boisée sur tout
son pourtour. Kereteki de Fakahina, — pour me servir du nom
spécifique indigène pour désigner cette partie des îles — n'a
qu'un "Hoa" (échancrure),. qui communique avec la haute mer.
En dehors de ce "hoa" et d'un ou deux autres espaces arides,
où le sous-sol rocheux est à nu, tout le reste de l'attoll est en
plantation. De toute l'île, la partie Sud-Est qui constitue l'un des
quatre secteurs d'exploitation du coprah, est de temps en temps
submergée à l'époque des grandes marées d'équinoxe, et pré¬
sente une végétation moins dense, aussi son rapport est moindre
que celui des autres secteurs, dont la production est remarquable.
La Superficie. — L'île mesure en longueur 7 milles de récif à
récif, dans la direction de l'Ouest à l'Est, dont 5 compris sous le
lagon. En largeur, du Nord au Sud, elle compte 5 milles, dont 4
pour le lagon. La largeur de la bande de terre plantée, qui cons¬
titue l'attoll est variable. Du récif Ouest, où l'on débarque habi¬
tuellement, jusqu'au débarcadère en pierre sèche construit au
bord du lagon, la terre ferme mesure 752 mètres. A Tematahoa,
elle a davantage.
servir de
L'ancienne dénomination de Fakahina était NIUHI, " l'île aux
cocotiers",
comme
termine
serait
le dit un ancien chant. Lemof'HI", qui le
qu'un suffixe ajouté comme amplification,
ou comme soutien de chute de voix, à la fin du mot " NIU"
"cocotier" (La véritable étymologie viendrait plutôt du mot poly¬
nésien NIU "cocotier", et du mot marquisien EHI "coco", dont
on a
supprimé la voyelle E, mot composé qui signifierait " fécond
en cocos". NIUHI réalise bien à la lettre sa signification ; c'est ac¬
tuellement une des îles les plus prospères de l'archipel. Ici, plus
qu'ailleurs, nous pouvons admirer la beauté de nos paysages
ne
insulaires:
ces nombreux" motus" que recouvre une végétation
luxuriante, ressemblent à des corbeilles de plantes jetées par la
Providence au milieu de l'Océan Pacifique.
L'île entière n'est qu'une véritable forêt de cocotiers. Elle est
tellement couverte de cet arbre fécond, qu'elle offre au regard
surpris la forme d'une immense couronne d'exubérante verdure
avec son petit lagon intérieur d'où
émergent gracieusement quel¬
ques ilôts, véritables bouquets de mikimiki, d'un vert sombre et
velouté, bordés par une ceinture de sable étincelant sous les
rayons du soleil tropical,
�—
III.
229
—
Signification étymologique de Fakahina.
Fakahina, au dire des Anciens, est relativement ré¬
cent. Mais quel est l'auteur et
quelle est la cause de cette substi¬
tution de nom? Personne de nos jours ne saurait le dire.
Ce mot, à mon avis, est d'origine marquisienne. En nous
rap¬
portant au dictionnaire marquisien de M^r Dordillon, on peut lui
donner la signification suivante: "Faka", en polynésien, veut
dire "faire", et " Hiva", signifie vaincu, conquis, soumis, ren¬
versé, tombé. Le mot" hika", qui se prononce " hinga ", auxTua—
Ce mot de
motu, a absolument le même sens.
IV.
—
Chant
Ko Niuhi te fenuatukau
descriptif de IVinhi (Fakahina).
raatagi iere
te vaka i tua kiriti hia tere te vaka
aro
kiriti hia.
C'est le
de Niuhi, où le vent,
si grande violence
que la pirogue surprise au large, est
emportée à la dérive, et même navi¬
guant à l'intérieur est encore entraînée
souffle
au
Kia
hipa hia tura
Tetika ia
kua taka
te henua
o
e
koe
: o
Niuhi
pipita raufara.
ka to ihoiho
ka to
gahegahe
Fakarua te
matagi
'
kaiga Niuhi te fenuai
te fatatapua Nuku o rarahiva
Hiyâtautua. topiti.
papau
taku
manava
E horo te
tamariki
a
Maoake.
pays
avec
une
loin.
Si tu examines la conformation de
Niuhi, tu verras qu'elle ressemble à
un rouleau de raufara. (1)
à l'heure où le soleil disparaît ;
à l'horizon par un calme plat, inter¬
rompu de temps à autre par une lé¬
gère brise de N. E.
Mais, je n'en puis plus, le souffle
me manque.
Oh! le joli pays que l'île de Niuhi,
doté de la fontaine de " fatatapua ",
dans les tribus de "Rarahiva " et de
"Hivatautu", issues des jumeaux de
Maoake. (2)
Dans cet ancien chant, il est dit en termes expressifs, que Niuhi
un pays de fortes tempêtes, auxquelles rien ne résiste. Elles
élèvent les pirogues à l'intérieur et à l'extérieur. Mais après la
est
tempête, le calme revient vite et alors, lorsque sous un beau so¬
leil tempéré par la brise légère du N. E. on jette un coup d'œil
sur Niuhi, on s'aperçoit que l'île offre en effet au regard, la forme
d'un rouleau de feuilles de pandanus, tant elle parait ronde aux
yeux charmés.
(1) Feuilles de pandanus enroulées.
(2) Hiva tauaro, partie Ouest des Tuamotu. Hiva tautua, partie'Est.
�—
V.
—
230
—
Origine (lu premier homme à Fakahina.
Je n'ai pu recueillir sur le premier homme qui ait habité Niuhi,
des données bien vagues. Les premiers habitants étaient en
nombre, paraît-il, car les quelques vieillards que j'ai interrogés à
ce sujet, m'ont cité les noms suivants :
TANETUPUHOE, MAHINUI, MAU1, MAPUTEAGI, AGI, TEMAPU, TEAGIAGI. (ire émi¬
gration).
que
Sont-ils autochtones? Il est difficile de le croire. Toutes les
peu¬
plades des îles Tuamotu sont, à mon avis, exotiques. Pour celles
de Fakahina, comme pour bien d'autres, la tradition
garde un
silence complet, ou peu «s'en faut sur leur lieu d'origine,
le mo¬
tif de leur départ, le nom de leur « pahi », les
péripéties de leur
traversée, l'époque de leur arrivée. D'où viennent donc les pre¬
miers habitants de Fakahina? Quelle est leur véritable
origine?
Autant de questions, autant de mystères. Partout, il n'y a qu'in¬
certitude.
Deux opinions différentes s'offrent cependant à nous : les uns
prétendent, mais sans aucune preuve à l'appui, que les premiers
Fakahiniens venaient de l'Ouest, c'est-à-dire de Tahiti, ou du
moins, des îles proches de Tahiti.
D'autres, au contraire, avec plus de raison, soutiennent qu'ils
venaient de Mangareva.
TEMAPU TEAGIAGI, un des premiers habitants de Faka¬
hina, était sûrement natif de Mangareva. C'était sans doute un
fils, ou un petit-fils de TEAGIAGI, grand-prêtre de'GATAVAKE,
le plus jeune fils de ANUAMOTUA,
originaire des Sandwich.
La grande émigration qui peupla Reao, Pukaroa, Takoto, Vahitahi, Hao, Fakahina, Fangatau et un peu Hikueru, en y don¬
nant des femmes, eut lieu sous le
règne du célèbre APEITI
XXVe, roi de Rikitea, vainqueur de Taku.
D'APEITI à GREGORIO MAPUTEOA, dernier roi des Gambier,
mort le 20 juin 1857, dix rois se succédèrent sur le trône de Rikitea.
Or, en donnant une moyenne de 22 ans à chaque règne, 220 ans
se seraient écoulés et reporteraient cette
grande émigration à l'an
1637. Dans une guerre qui s'éleva entre les districts de Rikitea
et de Taku. ce dernier fut vaincu. Plutôt
que de se soumettre et
d'accepter les conditions imposées par Ateiti, les naturels préfé¬
rèrent émigrer et conserver la liberté qui leur était chère
plus que
tout. TUPOU était le roi du Taku, en ce
temps-là. Il fut battu par
APEITI et presque toute son armée fut massacrée.
Tupou et les
�—
231
—
quelques partisans qui avaient pu sauver leur vie s'échappèrent
sur 7 radeaux et se
réfugièrent aux Tuamotu. (Voir dictionnaire
Mangarévien-Français au mot "Apeiti", page 22).
Un vieillard de Taravai a affirmé, il y a quelques années,
(1883)
au chef actuel de Fakahina, Bernard
MAHU1, que les premiers
habitants deNIUHI venaient de MANGAREVA. Le motif de leur
émigration était, selon le narrateur,
une guerre sanglante où ils
plus d'autre alternative que de s'en¬
fuir, ou d'être tués, cuits au four et mangés.
Il est un autre fait certain, plus récent
peut-être, c'est que les
anciens de Fakahina comprenaient et parlaient parfaitement le
dialecte mangarévien. En voici une preuve : C'était au
temps du
paganisme, à une date incertaine, mais bien des années avant
l'arrivée du missionnaire catholique, un "pahi"
mangarévien ac¬
costa. L'équipage se dirigea vers la terre. Dans
l'île, tous sur le
qui-vive et sur le pied de guerre étaient anxieux de savoir si les
furent vaincus. Ils n'avaient
nouveaux venus
étaient des amis
ou
des ennemis. La méfiance'
régnait de part et d'autre, les dispositifs de combats étaient déjà
pris, une rixe sanglante même était sur le point d'éclater, quand
tout à coup, les guerriers s'interpellèrent de camp
à camp en très
bon mangarévien. Cette manifestation apaisa aussitôt les
esprits
surexcités.
Il faut dire qu'en ces temps-là, aboider sans sauvegarde sur
les récifs d'une de ces îles, où régnait encore
l'antropophagie,
était
risquer sa vie et donner un aliment au four canaque. La pi¬
l'ennemi vaincu était inconnue. Aussi, avant de débar¬
quer, l'équipage avait soin d'interpeller de loin, les gens debout
tié pour
en
armes
sur
le récif. Les visiteurs établissaient d'abord leur
'"Parau
Tupuna" généalogie ancestrale, qui permettait de trou¬
préalable dans l'île, le vieux parent, l'ancê¬
tre commun, ou protecteur ou sauvegarde des nouveaux venus.
Dès que la parenté avait pu être établie par les habitants de l'île,
les navigateurs débarquaient sans danger. Ils étaient des "fetii",
et reçus comme tels. La voix du sang était
toujours respectée.
ver une
connaissance
VI.
—
Ancienneté de la population de l'Ile.
J'ai fouillé à cet effet à travers les listes généalogiques de plu¬
qui ont bien voulu les mettre à ma disposition
et me permettre d'y faire des recherches, bien
que nos indi¬
gènes les conservent soigneusement secrètes.
J'ai compulsé sept listes généalogiques, je les ai étudiées avec
sieurs familles
�—
232
—
soin et tout à loisir. La
plus longue de toutes, celle qui part de
Panapaku et de Kaiharuma sa femme, ne compte que 23 géné¬
rations ; or, en prenant comme moyenne
pour chaque généra¬
tion, comme en Europe, 30 ans, elle embrasserait 690 années,
ce qui nous mettrait en l'an 1227. Celle de GAT1
MAHINUI, qui
a
pour souche l'ancêtre KUHI, femme, et PANOKO, le mari,
compte 13 générations, correspondant à 450 années et nous ren¬
verrait à l'année 1467.
Celle qui part de MARERE, ancêtre, et de TOPOGI. sa femme,
compte 12 à 15 générations. 1467-1557, selon la bifurcation que
l'on suit.
Celle de MARERE, mari, et de MANU1A, la femme,
19 géné¬
a donc
570 ans de durée et nous reporte à l'année
rations. Elle
1347Celle qui réclame MANAVARERE TUTEUNU
pour Tupuna
ne compte que 10
générations. C'est sans doute ce MANAVA¬
RERE qui aborda cette île jadis et dont tout l'équipage fut traqué,
pris et tué, mais il n'est pas dit que Manavarere fût massacré.
Lui seul fut sans doute épargné. 11 eut des enfants et fît souche.
Le"Parau Tupuna" de TANEMATAVAI (mari) et KAPURORO
(femme) jusqu'aux enfants de J. TAGAROA et R. HURA, 12
générations, 360 ans de durée, nous rapporte à 1557.
Le "Parau Tupuna" de RATA, c'est-à-dire, à
partir de KUHI et
PANOKO, jusqu'aux descendants PAKORA etHAROAGI, 5 gé¬
nérations, 240 ans et débute à l'année 1677.
De ROTUA (mari)et TEFAKARURU
(femme) 10 générations.
CHAP. II. —HISTOIRE DE L'ILE.
I.— Divisions
politiques
au
temps jadis.
Anciennement, l'île formait trois districts distincts peuplés par
trois familles
i°—
20—
connues sous le nom de :
GATI TANE à Gake.
GATI MAHINUI à Raro et à Kereteki.
3°— GATI TEKOPU (celle-ci
Ces trois
émigra probablement à Hao).
traitaient presque toujours en ennemies
en"guerre entre elles. Si par malheur, un Ga-*
peuplades
et étaient souvent
se
ti Tane habitant Tematahoa se hasardait à venir sur le terrain
d'un district voisin, il était certain d'être saisi, rôti et
mangé. Il
prisonnier de guerre. Les Gati Tane
agissaient d'ailleurs de même à l'égard des 2 autres districts.
était considéré
comme
un
�—
233
—
Par
principe, les proies de guerre n'étaient jamais épargnées
polynésiens étaient inexorables sur le sort de ces victimes.
La population de nos îles était alors nombreuse, les premiers
marins l'ont signalé et nos indigènes le répètent encore. La race
était plus forte, plus industrieuse, moins égarée dans ses erreurs
et plus morale. Cette constatation va à l'encontre de la loi du
progrès continu inventée par ces savants qui se donnent l'hon¬
neur de descendre d'ungrand singe. Notre assertion est fâcheuse,
mais elle est exacte : la race qui peuple nos îles a plus ou moins
dégénéré sous l'influence de l'isolement et des erreurs de l'infi¬
délité. Tout le prouve, la beauté et la richesse de la langue qu'elle
parle, etc... Ce qui le prouve surtout, ce sont les mille légendes
que nous découvrons peu à peu et qui nous montrent les an¬
ciennes traditions. On est surpris et tout heureux d'y retrouver,
et les
au
milieu d'histoires incohérentes, l'idée de l'immortalité de l'âme
d'un
jugement après la mort, de l'enfer, d'une récompense ou
châtiment, la notion et la pratique du sacrifice et de la prière,
souvenir d'un Etre supérieur et bon, qui a formé les hommes,
qui au premier homme donne une femme, et une femme seu¬
d'un
le
et
lement.
II.
—
Généalogie royale de Niulii.
L'histoire ancienne de
îles Paumotu
trouve dans la
plus
complète confusion. L'annaliste le plus expérimenté s'y déroute
et s'y égare. Les anciens ont disparu emportant dans leurs tom¬
bes la tradition et la plupart des anciens chants, source unique
de l'histoire de ces régions lointaines où l'écriture était inconnu.
Vouloir donc ramener l'histoire de ces temps reculés, à la régu¬
larité chronologique systématique des temps présents est chose
impossible. Inutile de penser établir une généalogie de rois de
ces divers pays se succédant de mâle en mâle et régnant sur une
île entière. Cet aspect d'unité monarchique serait éloigné de la
réalité. Prouver cette hérédité serait encore plus difficile.
A Fakahina, il y avait autrefois, comme nous l'avons dit, trois
tribus indépendantes l'une de l'-autre, avec leurs rois respectifs :
les Gati Tane à Tematahoa ou Gake, les Gati Mahinui et les Gati
Tekopu, à l'Ouest, "i raro", et au sud, "keretiki". Mais ces deux
dernières se mêlaient souvent. Nominalement, il y avait trois
tribus, effectivement il n'y en avait que deux, car les Gati Ma¬
hinui et les Gati Tekopu réunis, devaient être regardés en réalité
comme tribu unique, bien que cependant les Gati Tekopu aient
nos
se
�234
—
—
fourni aussi
quelques rois assez remarquables, entre autres Maitupoa, Tagihia, Tugarue et Maruake. C'est ce dernier qui était
chef ou roi quand survint l'affaire Paiore.
III.— Rois
La tradition
a
qui ont régné à Fakahina.
conservé les
noms
de
quelques rois, dont
nous
donnons la liste par tribu.
Dans la tribu des Gati Tane.
—
Dans la tribu des Gati Mabinui.
TANETUPUHOE
—
—
—
—
—
MAHINU1TE TAUIRA.
i
TETOHU.
—
2
TOARERE.
TEMAPU.
RUAKAIATUA.
TEATA.
TANE.
3
4
5
6
7
—
—
—
—
—
—
MARERE NUI.
TEFAKAHIRA.
ROGOTEKAPU.
TAITEARIKI.
TEHU.
MAHINUI.
Etc...
Etc...
En leur donnant à chacun
kahina
ne
connaît
ses
IV.
une
rois que
—
Du
moyenne
pendant
de 22 ans de vie, Fa¬
période de 154 ans.
une
Paganisme.
Au temps
du paganisme, Fakahina comptait beaucoup de mavoici les noms des six principaux :
i°— AEHAU
; 2°— OROMEA ; 30— RAGITE TAU NOA ;
4° — PEKAI ; 50 — VAITOMOANA ; 6° — TUGATA.
Aux Tuamotu, le ministre principal du marae était désigné
sous l'appellation de "KAUNUKU". C'était un
grand person¬
nage, tout à fait "tabu". Il jouissait d'importants privilèges. Il
était exempt des travaux communs et des corvées toujours en¬
nuyeuses, auxquelles le menu peuple était assujetti, par exem¬
ple, faire la cuisine, cuire la tortue. La fumée de la cuisson ne
devait pas l'atteindre, le toucher. Dans l'île entière, il n'y
avait
qu'une autorité au-dessus de la sienne, celle du roi. Il pouvait
parfois même contrebalancer l'influence toute puissante du roi.
Pour tout ce qui concerne la célébration des fêtes annuelles,
ou l'accomplissement des cérémonies au
marae, la direction et
rae
;
l'ordonnance lui incombaient d'une manière exclusive. C'était au
"kaunuku" de les régler, en observant l'usage
antique. A lui
encore
la
revenait de droit le
privilège de retirer du "Faretiniatua"
la porter sur la tortue quelques minutes
de lui couper la gorge. Dans les cérémonies, à quelques pas
"pierre sacrée",
avant
pour
�—
235
—
derrière le "Kaunuku", se tenaient deux autre initiés,
appelés
aides, et par conséquent personnages
secondaires. Ils n'étaient que simples prêtres, mais devaient des¬
cendre de sang royal. Dans le partage de la tortue, la tête, "pepenu", la partie grasse qui entoure le cou, "genegene", et le cœur,
"mafatu", étaient toujours mis à part et réservés au "Kaunuku".
Les enfants, les jeunes gens, les vieillards et les femmes surtout
étaient rigoureusement exclus du "maràe". Ce n'était qu'à l'âge
mûr, c'est-à-dire, vers 30 ans que l'on pouvait franchir l'enceinte
sacrée et prendre part aux cérémonies du culte et avoir le droit
de manger de la tortue.
"Huhuki". C'étaient
ses
(A suivre.)
NOMS PRIMITIFS DE CERTAINES ILES.
Elsdon Best, ex-Président de " Polynasian Society N,Z."
écrit pour demander les noms primitifs de certaines îles.
Nous les dormons ci-dessous avec la source du renseignement.
Ceux de nos Membres qui s'intéressent à cette question, nous
feraient plaisir de nous donner les noms primitifs d'autres îles.
Noms
RAIATEA.
—
primitifs de :
Cette île s'appelait HAVAI, nom qui rappelle
Samoa, et aussi JAVA.
HAWA1 des Sandwichs et SAVAI des
TAHAA.—
S'appelait UPORU. C'est l'UPOLU des Samoa.
BORABORA.— Portait le
aux
îles
nom
de VAVAU
comme
l'île Vavau
Tonga. Vavau était le noni'du fondateur de la famille
chef de PORAPORA dont Borabora est
une
mauvaise pronon¬
ciation.
Cette
grande famille des PORAPORA donna ensuite
son nom
l'île, mais VAVAU le fondateur n'était-il pas un émigré des
îles Tonga?
HUAHINE.— Avait nomTOERAUROA jusqu'au jour où le
dieu HIRO, d'un choc formidable dé sa pirogue, coupa en deux
cette île, qui jusque là n'en faisait qu'une.
à
�236
—
—
Pour commémorer cet
exploit' l'île fut alors appelée HUA(corail brisé) et ce n'est que récemment qu'on a
donné le nom de HUAH1NE RAH1 à la plus grande des deux
îles et de HUAHINE ITI à la plus petite.
Ces renseignements ont été obtenus par M. Ch.
Pugeault
Agent Spécial à Huahine et surtout de MmeMarautaaroa ex-Reine
HUATEARU
de Tahiti dont l'érudition tahitienne fait autorité.
*
*
QUESTION : Existe-t-il une
ayant porté le nom de AHU
*
ou
ou
plusieurs îles aux Tuamotu
AHUAHU, MAUI ou TUHUA ?
Rédaction.
3R dH 12 ® 2L O fô I S*
L'Art Tahitien.
Nous devons les observations suivantes à M. et Mme Kenneth
P.
Emory, du Bishop Muséum Honolulu, après leur mission d'é¬
d'Europe.
tudes dans les divers Musées
Rédaction.
Aux lies Sous-le-Vent. Archipel de la Société, il existe un
grand nombre de pétroglyphes. On les trouve sur de grandes
roches et
quelquefois
sur des dalles de marae. Généralement
ordinaires ou concentriques, desjpirogues,
des tortues et des formes humaines.
ce
sont des cercles
L'un
deux attire
particulièrement l'attention par sa forme
Tevaitoa, Raiatea, sur une roche
de paepae. Le paepae est la plateforme de la maison d'un chef.
extraordinaire. 11
se
trouve à
�237
—
—
La
figure 1, le repré¬
sente; c'est la copie d'une
photographie prise par le
Docteur E. S. C.
Handy,
Bishop Muséum de
du
Honolulu.
En visitant la
superbe
d'objets d'art
l'Archipel de la So¬
collection
de
ciété,
Figure 1.
Petroglyphe à Tevaitoa, Raiatea. (Hau-
de
British Muséum
au
Londres,
nous
la bonne fortune
ver
un
C'est
eûmes
d'y trou¬
spécimen très curieux.
un
carquois en bambou,
entièrement recouvert de py¬
rogravures.
figure 2, montre
humaines qui
sur
ce
une
des
se trou-
carquois. Nous
tromper
qu'à voulu
exprimer le graveur. En effet,
petit personnage tient en
pensons ne pas nous
en
donnant ici
ce
paeho, ou casse-têtec'était l'apanage du
principal acteur des cérémo¬
r
scie,
un
or
nies funèbres
Au dessus de
le
appelées heva.
sa
tête
parde, coiffure
ou
voit
et masque
du costume heva. Cette inter¬
Jà
§2»
Figure 2.
Pyrogravure sur un carquois tahitien (Hauteur : 85 cm.)
prétation est confirmée par la
comparaison que nous avons
pu faire de ce dessin avec le
costume heva
,
Société des
tish Muséum,
déposé au Bri¬
(figure 3). Le
croquis est d'EdgePartington.
Études Océaniennes
�(Album of the Weapons,
etc., of the
Pacific
Islands, Man¬
chester, 1890), il
ajouté
a
dessin du
au
costume des détails
empruntés à Web¬
ber dans les illustra¬
tions desvoyages
Cook. De
nous
térer
de
de
notrecôté,
dû
avons
al¬
quelques traits
modèle,
notre
afin de rester
cord
avec
en ac¬
notre étu¬
de du costume heva
du British Muséum
et- de celui du Pitt-
Rivers Muséum,
H'v-r/W "
ya,
Oxford.
Le costume heva
et son
Figure 3.
HEVA.
—
Ancien costume tahitién de céré-
monie funèbre. (British Muséum).
mais les
emploi, ont
.
,
e decn s e façon
tés par plusieurs,
descriptions les plus complètes sont celles de Ellis
(Ellis, Wm., Polynesian Researches, Vol. 1, p. 533, London,
1829), et de Moerenhout (Moerenhout, J. A., Voyages aux îles
du Grand Océan, Vol. 1, p. 348).
Du costume heva nous ne décrirons que 1 eparae, ou masque,
et ses fioritures. Ce masque proprement dit est formé de deux
nacres bien polies. Elles sont attachées ensemble, base contre
base. L'une d'elle est percée d'un trou à la hauteur d'un œil.
Un fronton de nacre poli surmonte le masque. 11 est décoré de
longues plumes rouges de phaeton, (Phaeton Rubricauda) dis¬
posées en éventail.
Sousl eparae est suspendu 1 epautu , ou espèce de hausse-col.
�—
C'est
23Ô
—
planche mince et cintrée, coupée dans du bois de l'ar¬
pain. Sur le pautu sont fixées cinq nacres. Celles des extré¬
mités sont bordées de touffes sombres de plumes de frégates,
(Prégata Aquila). En dessous, pendent des glands appelés orooro.
Ces glands si gracieux s'évasent au bas comme des tulipes ren¬
versées. Ils sont composés de plumes de coq au lustre métallique.
Au bord inférieur du pautu se rattache le ahu aua. C'est une
sorte de cotte de mailles, très brillante, formée de huit rangées
de petites plaquettes de nacre d'environ 33 m/m. de longueur
sur 4
m/m. de largeur et un milimètre d'épaisseur. Ces pla¬
quettes disposées verticalement sont attachées les unes aux
une
bre à
autres avec du fil.
Le masque, la coiffure, et le
décrire forment un ensemble
hausse-col, que nous venons de
qui était appelé hupe, selon Moerenhout. Il constitue la partie caractéristique et la plus frappante
du costume heva. Nous avons vu le hupe utilisé comme sujet
de décoration sur le carquois du British Muséum!
Parmi les autres sujets ornant le carquois, se trouvaient aussi
gravées des tortues. Elles sont exactement de la forme des tor¬
tues si souvent vues gravées sur des roches aux Iles Sous-leVent. Cela indique qu'aux Iles de la Société, comme à l'Ile de
Pâques, à Hawaii, aux Marquises et en Nouvelle-Zélande, un
motif décoratif peut être gravé sur une pierre. C'est pourquoi
nous ne devons pas être trop surpris de découvrir le motif du
hupe gravé sur une pierre à Raiatea, peut-être simplément avec
une même intention de décoration, ou peut-être comme sym¬
bole, pour éveiller quelque idée ayant trait à la cérémonie du
heva.
Lorsqu'on compare le pétroglyphe, figure 1, avec le motif,
figure 2, et le costume heva, figure 3, on ne peut plus douter
que le pétroglyphe représente un hupe.
Ce rayonnement de lignes, ne semble-t-il pas imiter les longs
brins de plumes de l'oiseau des tropiques ? La partie verticale,
ne représente-t-elle pas le fronton de nacre, et la courte ligne
horizontale, une fente dans le masque pour l'œil ? La base
courbe, ne figure-t-elle pas le hausse-col? et les bouclettes hé¬
rissées d'épines, les nacres entourées de plumes? Même les deux
lignes obliques ne rappellent-elles pas les cordes rattachant la
planche cintrée au masque? Le corps du pétroglyphe vu dans
son ensemble, ne suggère-t-il pas le capuchon qui était porté
sous le hupe, et qui enveloppait les épaules?
�—
Torearia
240
de
—
Takaroa.
(Chant lyrique).
Le
Capitaine Brisson nous apporte de sa tournée dans les
archipels le très ancien chant suivant.
Nous en donnons le texte original afin que nos Membres Cor¬
respondants polynésiens puissent y faire des comparaisons.
Le poème est précédé des notes explicatives qu'on va lire.
Kaukaarei, Utuga, Ahega, sont des endroits particuliers du
village de Takaroa. Teavaroa est le nom de la grande passe.
Matira est la pointe Sud du récif de la passe. Eripo et Teaumehameha désignent les deux courants principaux de la grande
passe.
Le Maro
le
Hakapu rora Ariki était la ceinture royale conférant
pouvoir. Le Maro Hiri était la ceinture brune de moindre im¬
portance.
Tehio Kura, grand Kaito Pomotu dont nous aimerions à
con¬
naître les hauts faits. Tehei et Hiti étaient
probablement deux
Tahuna ; Kaumoana, la fille de l'Océan,
Le clan des Vahitu, et celui des Manihini
(nouveaux arrivés),
appartiennent à l'histoire locale de Takarqa.
Torearaia
no
te Takaroa-
Torea ia no Teavaroae ruperupe, e mea oho mai koe
ia vai, e mea oho mai paha, koe ia Tagiariki, e
noho mai rai iai tona ravahi e Torea e!..E Torea e!..
Aha teie
e
Torea haka matuatua
e
kahu
Maro Hakapu rora Ariki, ani tuna
Hiti e Tehei o... o... Eiei e torea!
E
rua
e horohoro ana i ruga i
i nia i tona tahora i Kamaarei.
torea
aha
E
hapu
1 hatua
ana
na
i
ana
ra
ia
taku tahua, oi
i tagavai. Teie te igoa : O tei vai
i tona Marohiri. Nohea
i tana
na matua
mea.
ia torea matua¬
tua, no Teavaroa, i torea matuatua....
Tei te
igoa te motu parahi
raa o te torea.
Teavaroa.
I te ruru gatini ma te manono
haehae Tehio Kura tane.
tupahi ia
rua
i
na mae
�—
E te
Utuga
e te
Ahega
e
241
—
akiriti, i te gahei no ku no
te vahine Kaumoana.
Turia i
o
teapehu takerehenua ote Vahi tu : O vau teie
te vahine Kaumoana.
Fariuriu
ona
i ruga
i toku koutura i te Utuga ei te
Ahega.
E katana i te fakataka
o
te Vahitu te
ragi.
Te takamara i te moana ra i Mapuna e taka i tua, e
taka i aro i roto e te takamaira i hopu ruki akera,
e
tiri,
e
tiri kotohe tohe.
Ekotohetohe na, na rua vahine i te moana i i Mapu¬
na e te reirei e, e te reirei, tei tua, e tireirei, e tireirei e !....
i ahau u Marei te vahine i horo kia te tumu
teieie e tuetu epehu epehu e hau u Marei, e he
hau u Marei !...
Tei
aro
o
Tei te
igoa
o te ava :
O Teauonae.
Tuoro te miti au haruru te miti i tua Matira, tera mai
na Manihini i te .ruki Mahina rokohia mai Teauo¬
nae,
e te
te ti ragaraga noara
Mehameha.
au
Eripo
ia i roto i Teauonae na taparepare
ruahine i ta tatai i aua, au tepapai ava,
Teauonae huakia mai ai na kareu e.
E tatahe
mai.
o
i te Auonae e ote
au-
ra
noara
i
na
E tera mai ai
e
tukami ! E tukami !....
O
na
mea, o na
ruahine !
O
na
mea, o na
ruahine!
Chant du Torea de
Le Torea de Avaroa est
Tagaroa.
superbe
Pourquoi t'envoles-tu?
Peut-être t'envoles-tu vers le roi
Le roi reste assis sur son trône.
O Torea !.... O Torea !....
Tagi Ariki.
�—
Deux Torea
Sur la place
Ils
se
242
—
promenaient
de Kamaarei
se
baignaient dans l'eau.
Voici le nom de cette
Te vai mea.
eau :
Ils ceignent le Marohiri
D'où viennent ces fiers Torea?
Ils viennent de Te Avaroa
Ces fiers Torea.
Voici le
Te Ava
nom
du Motu où
siégeaient ces fiers oiseaux
roa.
Une immense foule assistait au grand festin,
Sur les places Utuga et Ahega.
Teiho Kura commença le combat.
C'est là que fut ravie la couronne de
Kaumoana,
La fille de l'Océan.
Le reflet de sa couronne éclairait la terre des Vahitu.
C'est moi, Kaumoana, la Reine des eaux,
J'étais là, je regardais
Je riais
en
vers
Utuga et Ahega,
voyant le fort courant de Vahitu.
La
mer de
Mapuna va et vient,
Tourbillonne et descend aux abîmes de la nuit,
En se balançant sans cesse.
Deux filles de la mer issues de
Dansaient sur les flots.
Mapuna,
Elles montent sur la place Marei.
Celle qui dansait le teieie
Est attirée à terre par la foule.
La foule veut capturer les filles de la mer.
Voilà le
La
Ce
mer
nom
brise
de la passe:
Teauonae
la
pointe de Matira.
présage veut dire que les Manihini arrivent
sur
Ils arrivent de nuit avec le clair de lune,
Et trouvent la passe de Teauonae ouverte..
Au milieu de la passe filent les
courants,
Les courant Eripo et te Au mehameha.
�—
243
—
Les filles de la mer font signent de la main,
Des deux côtés de la passe Teauonae,
La brise soulève leurs voiles.
La foule,
joyeuse s'écrie : E Tukami !
O ! les deux filles de la
Nos ilcs sont-elles le
mer
!
reliquat d'un continent effondré ?
Monsieur le Président de la Société d'Etudes
Océaniennes,
Monsieur le Président,
Au
de conversations
déjà anciennes où nous avions à
parlé des buts de la Société, je vous avais exposé
quelques vues sur la question de savoir si les îles de la Colonie
sont le reliquat d'un ancien continent effondré, ou le résultat de
soulèvements volcaniques relativement récents. Vous me de¬
mandez aujourd'hui de rédiger un article sur ce sujet, Je le fais
volontiers, mais j'insiste sur ce point que je n'ai aucune préten¬
tion à établir une preuve cruciale et que le problème reste tout
cours
bâtons rompus,
entier.
Lors de
voyage dans les mers du Sud à bord de l'Albatros
professeur Agassiz ayant fait des sondages loin des côtes, a
trouvé entre certaines îles de la Colonie, par des profondeurs
d'environ 4000 mètres, des coraux identiques à ceux qui vivent
aujourd'hui en surface.
Comme on sait que les coraux ne poussent guère à plus de
60 mètres de profondeur on en peut déduire qu'il y a eu abais¬
sement de 4000 mètres environ du fond de la mer. D'autre part,
je me souviens qu'au cours d'une excursion faite vers 1905, dans
la vallée de la Reine à Sts Amélie, en compagnie de MM. Bonnemaison et Darisson, ce dernier m'a Dit remarquer deux ou trois
moraines. Nous avions en mains un baromètre altimètre qui
indiquait 50c» mètres d'altitude, chacun sait que les moraines
sont des pierres erratiques déposées à la baisse des glaciers.
J'ai eu depuis occasion de mesurer au sextant dans une baie
le
son
�_
244
—
deMoorea la hauteur d'une
longue ligne horizontale de cre¬
percées dans la paroi d'une montagne à pic. Cette hau¬
teur se rapprochait de
500'mètres. Ces trous semblent avoir
comme origine des actions de
gel et de dégel ayant rendu en
vasses
certains endroits la roche friablè.
Si on ajoute ces 500 mètres d'altitude
fondeur des
tuelle des
coraux
aux
4000 mètres de pro¬
trouvés par
neiges éternelles
Y Albatros, on a l'altitude
la latitude de Tahiti.
ac¬
par
Ceci tendrait à confirmer la thèse de l'affaisement.
L'espace occupé
par nos possessions françaises de l'Océanie
été occupé autrefois par un continent assez
vaste, dont l'Archipel actuel des Tuamotu et des îles du Sud se¬
raient des chaînes de montagnes parallèles.
aurait dans
ce cas
La même hypothèse a été lancée dans un autre Océan
pour
l'Atlantide, dont les Açores et les Canaries seraient les sommets.
A quelle époque géologique aurait
pu se produire un pareil
cataclysme ?
line semble pas impossible de le déterminer. Il m'a été
rap¬
porté que dans un ouvrage que je n'ai pu me procurer jusqu'ici,
le Lieutenant Mery, vers
1870, dit avoir découvert à Tipaerui,
sous une couche de lave de
5 mètres environ, des débris de vé¬
gétaux en voie de transformation en charbon imparfait, et que
dans la vallée de Papenoo, il aurait trouvé le point de soudure
des deux formations : secondaire et volcanique.
Dans cette vallée, on rencontre des pierres vertes qui
pourraient
être des shistes chloriteux, ceux-ci je crois appartiennent
à la pé¬
riode secondaire.
Le fait de préciser l'endroit d'où sortent ces pierres vertes
pour¬
rait aider à des découvertes intéressantes pour la Société d'E¬
tudes, et amener, par déduction, à établir l'âge de l'affaissement.
Les excursions
montagne que nécessiteraient ces recher¬
doute à des jeunes gens sportifs, l'occa¬
sion d'autres découvertes intéressant
l'éthnologie tahitienne,
puisque, dit-on, ces vallées et leurs plateaux étaient autrefois
habités et que probablement des
vestiges doivent persister sous
la forme d'anciennes sépultures, de traces de
maisons, d'outils
anciens etc...
ches donneraient
Veuillez croire
en
sans
mon
Cher Président à
mes
sentiments cordia¬
lement dévoués.
Papeete, Mai 1927.
F.
Société
des Étud
HERVÉ.
�—
SCIENCES
Notice
les
sur
248
—
SKTATOIiaSM.Î3S
Moustiques de Tahiti.
Observations faites de février à août 1925
L. Evelyn CHEESMAN. F. E. S.
par
F. Z. S.
On trouve trois
espèces de moustiques, dans les lies de la So¬
Marquises, savoir :
i°) Culex fatigans. Wied.
20) Aèdes argenteus. Poir ou Aèdes calopus ou Stegomyia fas-
ciété et
aux
ciata.
3) Stegomyia albopicta.
Ces trois espèces se distinguent facilement l'une de l'autre.
i°
Culex
fatigans.
Moustique brun foncé, pattes d'un brun uniforme: la seule
couleur marquante consiste en 5 bandes blanches et transver¬
sales
sur
l'abdomen.
Biologie.
Les œufs sont déposés sous forme de radeaux
à 300 œufs sur les pièces d'eau découvertes :
étangs, fossés etc., spécialement dans le voisinage des habita¬
tions, on les trouve aussi dans les bractées desséchées du coco¬
tier qui jonchent le sol.
contenant
—
200
L'insecte adulte vit
en
l'entrée des vallees où
bandes nombreuses
le trouve
sur
le littoral et à
dans le feuillage
pendant la journée ; il pique alors quelquefois quand il est dé¬
rangé, mais autrement cette espèce ne pique qu'au crépuscule
on
au
repos
et durant la nuit.
Je n'ai
pas
trouvé
ce
moustique loin dans l'intérieur.
20
Aèdes
argenteus.
Moustique noir et blanc, taches blanches latérales sur l'abdo¬
et bandes transversales blanches ; un point blanc à chaque
articulation des pattes et une marque blanche en forme de lyre
men
sur
le thorax.
Biologie.— Les œufs sont déposés séparément au nombre de
20 à 80 par ponte dans tous les récipients où l'eau s'amasse en
petite quantité: coquilles de noix de coco, boîtes de conserves,
bractées de cocotiers, creux des arbres et tout particulièrement
�—
246
—
dans les replis formés par les troncs du
''mape" ( Inocarpus
edulis), bractées de bananiers etc.
La période d'incubation et d'état larvaire
dépend entièrement
de la température et de la nourriture. Normalement
les œufs
éclosent au bout de 2 à 4
jours; l'état larvaire dure de 4 à 10
jours et la période entière depuis la ponte jusqu'au développe¬
ment complet de l'inSecte est de 10 à 20
jours.
La femelle pique pendant le jour et
quelquefois la nuit.
Les adultes sont extrêmement nombreux
jusqu'à
sur
le bord de la
6 milles dans les vallées de l'intérieur et jus¬
qu'à une altitude de 2000 pieds. Plus haut, on ne rencontre que
de rares specimens et ils
disparaissent complètement dans les ra¬
vins les plus élevés de l'intérieur.
Ces deux espèces de moustiques sont les
propagateurs de la
filaire de l'éléphantiasis filaria bancrofti.
(Cobbold).
mer,
'
5 ou
3° Stegomyia albopicta (Skuse),
Moustique noir et blanc ressemblant à l'espèce précédente
mais plus petit et chez lequel la
marque en forme de lyre sur le
thorax est remplacé par des
marques blanches longitudinales.
Biologie.— Les œufs sont déposés aux creux des arbres, plus
spécialement dans les fentes étroites des branches horizontales
du " ati " ( callophylium
inophyllum ) et du " purau " (paritium
tiliaceum), à la base des feuilles etc.
Cette espèce habite de préférence les localités humides et om¬
bragées, on la trouve en grand nombre dans les ravins et les
vallées de l'intérieur. Sur le
rivage elle est plus fréquente dans
les districts frais de Tahiti et de
Taiarapu que dans ceux de
l'ouest où on le trouve rarement sur le bord de la mer.
Cepen¬
dant, aux Marquises, elle habite comme les deux autres
espèces
la partie cultivée de la côte.
Ce moustique est le seul
qui me visita durant la nuit que je
passai, au mois de juin, à Hitiaa, à 8 milles dans L'intérieur et à
une altitude d'environ 1000
pieds.
La femelle de cette
espèce pique même par un soleil ardent.
Je n'ai observé aucune de ces trois espèces pendant les 4 jours
et les 4 nuits que
j'ai passés en juillet, sur les bords du lac de
Vaihiria.
Il a été prouvé que les œufs de
Stegomyia et Aèdes argènteus
après avoir été immergés peuvent supporter la sécheresse. Des
œufs ont éclos après une période
de 9 mois. Cette résistance à
�—
247
—
la sécheresse est considérée
comme une adaption de cette es¬
pèce due à l'habitude qu'elle a de se reproduire dans de petits
amas d'eau renfermés. Fréquemment l'eau s'évapore et laisse
les œufs qui ont été déposés à la surface, à sec sur les bords du
récipient; non seulement les œufs qui se trouvent dans cette
condition se conservent, mais encore — ainsi que l'a fait obser¬
ver Macfie
ces œufs estivaux ayant déjà commencé leur incu¬
bation ont une avance marquée sur les œufs fraîchement pon¬
dus quand le récipient se remplit d'eau, car ils éclosent aussi¬
tôt immergés et les larves ont ainsi plus de chances d'atteindre
leur développement complet avant que l'eau ne tarisse de nou¬
—
veau.
Mesures de
protection.
Dans les îles très boisées et de l'étendue de Tahiti la destruc¬
tion
complète des moustiques est pratiquement impossible.
on peut faire beaucoup pour diminuer le nombre des mous¬
tiques et dans tous les cas pour mitiger l'irritante incommodité
qu'ils causent.
Le Citlex fatigans est plus facile à combattre à sa première
période de développement, que le Aèdes argenteus, étant don¬
nés les endroits qu'il choisit pour se reproduire.
En ce qui concerne cette espèce je ne serais pas d'avis d'em¬
ployer l'huile minérale à la surface des mares qui sont d'un ac¬
cès facile, car cette mesure aurait pour résultat de chasser les
moustiques vers les pièces d'eau inaccessibles de l'intérieur ;
mais je préconiserais l'établissement de fossés ou d'étangs, reliés
à un cours d'eau et endigués; ils seraient placés sous la surveil¬
lance d'un agent chargé de les vider chaque semaine et de les
remplir à nouveau.
En ce qui concerne le Stegomyia et Aèdes, j'emploierais la
même tactique ; on ferait autant que possible disparaître les
creux des arbres, et comme les coquilles de cocos sont les en¬
droits de prédilection que 1 e" Aèdes argenteus choisit pour sa
ponte, ces coquilles devraient être détruites dès que la noix est
ouverte ; cependant, on en conserverait un certain nombre qui
placées en bonne position, seraient remplies d'eau et vidées pé¬
riodiquement.
En ce qui concerne YAnopbeles, j'ai entendu dire qu'il existe¬
rait à Moorea ; je n'ai pas eu le temps de faire des recherches à
à ce sujet, mais cela me paraît très peu probable.
Mais
Traduit par
E. Ahnne.
�—
248
—
BIBLIOTHÈQUE DE
LA
SOCIÉTÉ
ÉCHANGES.
.
La Bibliothécaire désirerait échanger contre des
ouvrages ayant
trait à la Polynésie ( Anthropologie,
Ethnologie, Philologie, His¬
toire, Littérature et Folklore) les publications
qui sont en double:
ou
livres suivants
Voyage de l'Astrolabe. (Dumont d'Urville).
Raiatea la Sacrée 1902.
Quest 6r Occupation of Tahiti. Vol. II (
blis à
A
ou
les Espagnols éta¬
Tautira).
Fornander3 Vol. The Polynasian Race.
1843-47.
Arrêtés du Gouverneur. Tahiti. Années
Annuaires de Tahiti. 1885-87-97-99.
1
Vol.
Un certain nombre de
Messagers de Tahiti.
Exposition Universelle 1900 (Tahiti).
Fijian Society 1919-20-21.
Nombreux Occasional
Papers, Bulletins et mémoires du P. B.
Bishop Muséum Honolulu parmi lesquels:
Music in the Marquesas Islands. (Handy & Latrop).
Native Culture in the Marquesas (L. Linton ).
Index of Islands in the Pacific
Marquesas Samothology, (L. S. Sulivan).
d'échanges à la Bibliothécaire de la Société
d'Études Océaniennes, Boîte 110. Papeete.
Adresser les offres
PAPEETE.
—
IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT.
�BUREAU DE LA
SOCIÉTÉ
Président
Abbé Rougier
iv,
M.
Conservatrice du Musée
M":,;
M'" F. BRAULT
Bib'io'hécatre
Trésorierp.
M. C MACHECOURT
i
Secrétaire-Archiviste
Secrétaire de réda't
Depl|selle
GOUPIL
'■*•••
on
M. E. AHUNE
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r
il
Société des Étu d es. Oeéimi enric s.
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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Title
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 19
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Histoire
I. Fakahina (Etudes, par le Rd. P. Hervé Audran 227
II. Noms primitifs de certaines îles (Rédaction) 235
Archéologie - L’Art Tahitien. (M. et Mme K. P. Emory) 236
Folk-lore - Chant lyrique de Takaroa. ( Cap. Brisson) 240
Géologie - Nos îles sont-elles le reliquat d'un ancien continent ? (F. Hervé) 243
Sciences naturelles - Notice sur les moustiques de Tahiti. (L. E. Cheesmann) 245
Bibliothèque - Ouvrages en double à échanger 248
Source
A related resource from which the described resource is derived
Société des Études Océaniennes (SEO)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927
Date de numérisation : 2017
Relation
A related resource
http://www.sudoc.fr/039537501
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
1 volume au format PDF (28 vues)
Rights
Information about rights held in and over the resource
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Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)