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Text
DE L4
SOCIETE
DES FUDES
OCEKNIENNES
N° 209
TOME XVII
—
N° 10 /
DÉCEMBRE
1979
�Société des études océaniennes
Ancien musée de
Papeete, Rue Lagarde, Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B. P. 110
B.I.S.
:
21-120-22 T
Tél. 2 00 64.
-
—
C.C.P. 34-85 PAPEETE
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M.
Trésorier
Raymond PIETRI
assesseurs
Me
Rudolph BAMBRIDGE
Me Jean SOLARI
M. Henri BOUVIER
M. Roland SUE
Mme F. DEVATINE
M. Temarii TEAI
Dr. Gérard LAURENS
M. Maco TEVANE
Me Eric
LEQUERRE
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R.P. O'REILLY
M.
Georges BAILLY
M. Raoul TEISSIER
Pour être Membre de la Société
se
faire présenter
par un
membre titulaire.
��Société des Etudes Océaniennes
�BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES OCÉANIENNES
(Polynésie Orientale)
TOME XVII
—
N° 10/n° 209 Décembre 1979
SOMMAIRE
Articles
Louis
Langomazino (1820-1885)
541
Documents ethnologiques tahitiens
recueillis en 1849 par le Cap. de Vaisseau
Lavaud
J.-M. CHAZINE
547
Archéologie et protection du patrimoine
...
558
Comptes rendus
J.-C. CORNE
Roland W FORCE and
Le
français à Tahiti
The Fuller Collection of Pacific Artifacts
Maryvonne FORCE
Terence BARROW
563
565
The Art of Tahiti
567
Travaux scientifiques de l'antenne du
museum et des hautes études en Polynésie
568
Société des
Études
Océaniennes
�'
■
.
'
�541
Louis
Langomazino (1820-1885)
Né à Saint-Tropez le 11 septembre 1820, dans une très modeste
famille, Louis Joseph Langomazino fut l'une des figures
marquantes du mouvement ouvrier toulonnais sous Louis
Philippe et de la politique démocratique en Provence sous la
Seconde République.
Déporté dans un archipel de l'Océanie pour des faits antérieurs
au coup d'État du 2 décembre 1851, il lia ensuite son nom à la
présence française dans l'île de Tahiti.
Nous connaissons peu son enfance à Saint-Tropez où son père,
navigateur, avait vu le jour comme lui, rue de la Tour Vieille, et
où son grand-père, cordonnier, venu de la côte génoise avec son
épouse, s'était fixé avant la Révolution. Il est certain cependant
que cette enfance ne dut pas grand chose à l'instruction dont fut
tôt sevré un garçon appelé de bonne heure à gagner son pain.
Métallurgiste, il a 15 ans seulement lorsqu'il entre, en qualité
d'apprenti à l'Arsenal de Toulon. A peine vient-il d'obtenir le
rang d'ouvrier qu'il se marie. Il n'a pas encore 19 ans. A 20 ans
déjà, il est chef de famille. Son épouse, Désirée Guiol, lui donnera
de 1839 à 1844, trois enfants. Sa précocité dans le travail et dans
la création d'un foyer s'est accompagnée d'un immense besoin de
lectures et de connaissances intellectuelles. Très jeune, s'étant
ainsi formé lui-même, il émerge du milieu ouvrier dans la crise
sociale qui affectera le grand port varois sous la monarchie de
Juillet. Son action personnelle dans les conflits du travail et son
influence sur ses camarades le désignent plusieurs fois à
l'attention de l'Administration. Tenu comme l'un des meneurs de
la grande grève de 1845, il est, le 8 mai, licencié définitivement de
l'Arsenal.
L'été précédent, il avait été distingué par Flora Tristan, au
cours de son passage à Toulon, où elle était venue prôner l'Union
Ouvrière avec ses maîtres mots : "association et droit au travail".
Extraordinaire personnage que cette Flora Tristan dont le
socialisme procédait de la doctrine des saint-simoniens. Elle était
Société des
Études
Océaniennes
�542
la fille d'un noble
péruvien, don Mariano de Tristan, qui avait
épousé en Espagne une française émigrée. Après la mort de son
père, la laissant toute jeune, une enfance malheureuse et une vie
conjugale plus désastreuse
encore
avaient fait de Flora Tristan
curieuse femme de lettres qui s'était vouée à l'émancipation
de la classe laborieuse. Elle avait entrepris, dans ce but, un
véritable tour de France au cours duquel elle allait être frappée
une
par
la mort à Bordeaux
Dès 1843, Langomazino
Ouvrière l'avait invitée à
novembre 1844.
qui avait lu sa brochure
en
se
sur
l'Union
rendre à Toulon. En lui envoyant un
poème intitulé le Chant de l'Union, il lui écrivait une
montre, à travers son emphase, toute sa ferveur :
lettre qui
parmi nous, Madame, venez dans nos ateliers. Là,
autour de vous, ces malheureux que la misère rive à la
glèbe et faites nous entendre ces vérités touchantes que vous
dîtes si bien.. Il est temps que nous portions avec dignité notre
titre d'homme.." Il terminait par ces mots : "Comptez sur tous
ceux qui se sentent : amour, foi, force, activité et particulièrement
sur votre très respectueux disciple".
Classé par Flora Tristan parmi "les plus intelligents des
hommes si fiers, si énergiques, si indépendants, qu'elle avait
rencontrés à Toulon", ne soyons pas surpris que ce soit lui qui,
lors du banquet d'adieu qui fut offert à la propagandiste, ait
remercié celle-ci de sa venue, au nom de tous ses adeptes. Ne nous
étonnons pas non plus que le soutien de cet apostolat ait amené
le renvoi de Langomarino de l'Arsenal de Toulon.
"...Venez
groupez
Le voilà à Marseille. Il y vit comme
il peut, avec sa jeune et
femme qui exerce le métier de modiste. L'esprit
toujours en éveil, il rest animé des mêmes sentiments généreux.
Il fait partie de l'Athénée Ouvrier. Cette société rassemble
chaque soir, dans un pauvre local de la vieille ville, des jeunes
travailleurs qui se délassent, après leur journée de labeur, dans
des entretiens littéraires ou des lectures communes, en français
et en provençal.
A l'automne de 1847, lorsque cette humble académie reçoit le
romantique Lamartine, c'est Langomazino qui préside la
réunion et qui harangue l'illustre visiteur. C'est encore lui qui, le
9 février 1848, accueille dans ce cénacle le perruquier-poète
gascon, Jasmin, restaurateur avant Mistral de la vieille langue
d'oc. En accueillant Jasmin et en le donnant en exemple,
Langomazino dira : "..Ce que veut prouver l'Athénée Ouvrier,
c'est le degré de perfection où peut atteindre une éducation
primordialement négligée avec le seul concours d'une volonté
courageuse
ferme.."
Quinze jours plus tard, c'est la Révolution à Paris.
Aux élections qui suivent la proclamation de la République,
Langomazino pose à Marseille sa candidature aux fonctions de
Société des
Études
Océaniennes
�543
représentant du peuple. Il est battu.
Après cet échec, il est journaliste, puis tribun. Il met sa plume
et sa parole au service des idées politiques et sociales que défend
Ledru-Rollin. Il collabore à Marseille à "La Voix du Peuple". Il
assure,
dès février 1849, là rédaction spéciale de
Alpes.
ce
journal
pour
les Hautes et Basses
Installé à Digne, il mène, à travers ce dernier département, une
campagne
de grand style
en
faveur de la politique montagnarde.
Il va gagner aux idées qu'il expose des auditoires si nombreux et
si variés que le Procureur Général près la Cour d'Aix écrit dans
rapport d'avril 1849 : "..Langomazino poursuit le cours de son
apostolat et de ses missions. On dit qu'il convertit beaucoup de
monde à la religion socialiste. On s'effraie même de ses succès..."
Il est partout, non seulement en Haute Provence mais encore
accidentellement dans le Var. Le 17 juin 1849, il participe à la
farandole de Cogolin, mais il n'est pas compris dans les
poursuites que le Préfet Haussmann obtient à ce sujet du Parquet
de Draguignan et qui se terminent par un verdict d'acquittement.
Dans les Basses-Alpes, où les sociétés montagnardes naissent
littéralement sous ses pas, les persécutions des autorités
un
s'exercent contre lui
Digne. Il
en
profite
sans
pour
succès devant la Cour d'Assises de
faire l'apologie de l'impôt progressif.
En 1850, une vaste opération de police démantèle les organisa¬
tions républicaines du Sud Est. Le 24 octobre, Alphone Gent,
avocat à Avignon, ancien représentant du Vaucluse à la
constituante de 1848, est arrêté. Le 25, c'est le tour de Lango¬
mazino. Avec eux, 34 autres chefs démocrates du Midi, écroués
également, sont impliqués dans l'affaire dite du "Complot de
Lyon". Ils seront déférés devant le Conseil de Guerre de cette
ville pour avoir voulu renverser le gouvernement et avoir
participé à des sociétés secrètes.
Il y avait, à la barre, le prestigieux Michel de Bourges, et avec
d'autres défenseurs, Émile Ollivier. Celui-ci a dit dans son
Journal, à
propos de ce procès, comment les avocats, en accord
leurs clients, avaient été amenés, devant la partialité
manifeste des juges, à renoncer à la parole et à se retirer de
l'audience.
avec
Le 28 août 1851, la peine de la déportation qui venait de
remplacer en matière politique la peine de mort, était prononcée
par le Conseil de Guerre contre Langomazino, l'avignonnais
Gent et le gardois Ode.
Tous trois furent conduits à Brest pour y être embarqués à
destination des îles Marquises, dont l'amiral Dupetit-Thomas
venait de prendre possession au nom de la France en 1842.
La corvette "La Somme", qui les prit à son bord et appareilla le
21 décembre 1851, ne toucha, après avoir doublé le cap Horn, le
Société des
Études
Océaniennes
�544
port chilien de Valparaiso qu'au mois d'avril 1852. Là,
les trois
d'infortune furent transférés sur un autre bâtiment
de l'État, "La Moselle", qui les débarqua, en juin de la même
année à Nuku-Hiva. La navigation pour atteindre les îles
lointaines du Pacifique n'avait pas duré moins de six mois, six
mois au cours desquels les proscrits avaient pu méditer devant
les espaces infinis de la mer sur la liberté perdue.
compagnons
Sans doute, Langomazino avait-il eu, avant son départ, la
satisfaction de savoir que le département qu'il avait enflammé
de son verbe avait été le seul, dans toute la France, où la
résistance insurrectionnelle avait pu le plus longtemps tenir en
échec le coup de force de Louis Napoléon. Il est permis d'ima¬
giner que, dans la profonde solitude du fort de Taiohaé, où le
gardaient les gendarmes, cette pensée devait lui inspirer plus
d'amertume que l'orgueil.
Langomazino jusqu'à la commu¬
peine qui lui avait été infligée. En
1854, il était autorisé à s'installer à Tahiti avec son épouse qui,
emmenant leurs deux jeunes fils, avait vaillamment accepté de
partager sa captivité.
Ses camarades d'exil gagnèrent le Chili, puis l'Europe.
Quant à lui, il se laissa séduire par le charme des sites de la
Polynésie et l'attrait d'une existence nouvelle dans un pays
presque vierge, où la nature s'offrait à lui de façon incomparable,
avec autant de profusion que l'harmonie.
Fixé à Papeete, il appartient dès lors à l'histoire de Tahiti.
C'est dans ce fort que vécut
tation en bannissement de la
Il va employer toutes les ressources de son énergie et de son
intelligence pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Avec courage, il est tantôt industriel, tantôt marchand, tantôt
cultivateur.
L'ouverture irrégulière d'un débit le fait-elle expulser du
territoire ? Il s'en va à Valparaiso, que 7.950 kms séparent, par
de Tahiti, pour y exercer, sans diplôme, la médecine...
Papeete, il est écrivain au bureau du Commissaire
commandant. Il réorganise l'imprimerie du gouvernement dont
mer,
Revenu à
il devient le directeur en 1862.
Il est maintenant un notable. Il
fréquente l'église. Sa femme
appartient à la conférence de Saint Vincent de Paul. Leurs deux
fils, qui poursuivront chacun une fort honorable carrière (l'un
comme commissaire de marine, l'autre comme défenseur), ont été
envoyés pour leurs études au collège des Jésuites de Santiago du
Chili.
Il n'y a pas alors d'avocat à Papeete. Langomazino, après
avoir étudié le droit et la coutume, se met en mesure d'acquérir
une formation suffisante pour débattre une cause en justice. Il ne
se borne pas à plaider. De la barre, en effet, il passera au siège.
Société des
Études
Océaniennes
�545
Ayant ainsi accédé à la magistrature, il en gravit les divers
échelons. A la fin de l'année 1867, il est juge impérial, Président
de la Haute Cour Tahitienne. La codification des actes du
gouvernement local de 1842 à 1867 est due à
son
initiative
;
elle
lui vaut les félicitations du Ministre de la Marine et des Colonies.
Langomazino n'est cependant
pas au
bout de
ses
déboires.
En 1868,
il se heurte à un gouverneur particulièrement fantasque
impulsif, dont le passage en Polynésie a été marqué par toute
une série de conflits et d'incidents qui motiveront d'ailleurs son
rappel à Paris en 1869 et la nomination d'une commission
d'enquête. Langomazino est expulsé et révoqué par lui.
Le voilà de nouveau, pour un temps, en exil à Valparaiso d'où il
ne tardera pas à revenir pour être réintégré dans ses fonctions
judiciaires.
Il lui est hélas impossible de les conserver par suite d'un fait
imprévu : la réorganisation judiciaire qui survient à ce moment
subordonne la qualité de magistrat à la possession de la licence
en droit. N'ayant pas ce diplôme, Langomazino doit démis¬
sionner. Il va alors revenir à la barre, après avoir ouvert à
Papeete une étude d'avocat défenseur, et c'est cette profession de
juriste qu'il exerça désormais pendant le reste de sa vie.
Il le fit avec talent, connaissant bien son métier et maniant la
parole avec aisance. En même temps, il apporta son expérience à
la gestion des affaires publiques au sein des nombreux orga¬
nismes d'administration dont il faisait partie.
Il mourut à Papeete le 26 janvier 1885.
Les orateurs qui, au nom des autorités et au nom des avocats
défenseurs de Tahiti dont il était le doyen, rendirent sur sa tombe
un solennel hommage à sa mémoire, ne manquèrent pas de
vanter son ouverture d'esprit et son inaltérable volonté. Ils
exaltèrent son goût forcené du travail et sa connaissance
profonde des affaires du pays qui était devenu le sien.
L'un d'eux se pencha sur ses origines varoises. Il rappela
l'adolescent qui, dès l'atelier, voulut aller plus loin que sa
condition ouvrière et qui, de lui-même, avait acquis, avec
acharnement, le savoir qui lui manquait. Il évoqua sa jeunesse
ardente. Il dit les misères de la captivité et de la proscription que
Louis Langomazino vint oublier avec les siens dans cette île de
Tahiti à laquelle il s'attacha au point de ne plus la quitter,
malgré tous les revers qu'il y connut et dont aucun ne put
et
l'abattre.
S'il
me
fallait définir le
pourrais le faire
en une
sens
d'une telle existence, je crois que je
phrase
:
elle
marqua
le triomphe de la
volonté.
Une pure, mais curieuse, coïncidence mérite, pour terminer,
d'être mentionnée.
Société des
Études
Océaniennes
�546
Flora Tristan, dont il fut question au seuil de mon propos, a
indiscutablement a contribué à changer, par sa parole et par ses
écrits, le destin de l'homme qui, à
ses
débuts, battait le fer
sur
l'enclume à l'Arsenal de Toulon. L'enchaînement des événe-
Louis
Langomazino
a conduit Langomazino, par la force, en Océanie, mais
c'est volontairement qu'il choisit ensuite d'y achever sa vie dans
l'enchantement et la sérénité de la Polynésie.
Le propre petit-fils de Flora Tristan, qui fut un grand artiste, vint
ments
plus tard, à son tour, dans ces mêmes îles des mers du Sud,
chercher l'apaisement de son âme tourmentée.
Il y resta et il y mourut, lui aussi, fasciné, commàe le disciple de
sa grand-mère, par la beauté des êtres et des choses, dans un
même sentiment de liberté poursuivie et retrouvée.
Ce grand artiste était un peintre : il s'appelait Paul Gauguin.
Nous remercions M. Paul
de cette
Langomazino qui a bien uoulu nous confier le texte
conférence, faite à l'Académie du Var, à Toulon, par le bâtonnier
G. Coulet.
Société des
Études
Océaniennes
�547
Documents
recueillis
en
ethnologiques tahitiens
1849 par
le Capitaine de Vaisseau Lavaud
Gouverneur LAVAUD, salut à vous par le vrai Dieu !
Voici les paroles que vous m'avez demandées.
CRÉATION DU MONDE
Taaroa Nui Tuhi Maite
a été la cause et
l'origine du monde. Il a
Toiui, c'est-à-dire n'ayant ni père, ni mère.
Taaroa restait dans le néant, n'étant ni terre, ni ciel, ni mer. Il
y avait quelque chose, mais sans fondement, sans forme et rien
n'était fixé. Taaroa commença par étendre les racines sur
lesquelles le monde devait être établi ; alors, il forma le monde de
la coque dans laquelle il était lui-même renfermé. Il créa en même
temps le ciel et la mer et, alors' il forma le monde de la coque dans
laquelle il était lui-même renfermé. Il créa en même temps le ciel
et la mer et, alors, il vit que ce qu'il venait de former de sa
coque
été
était réellement devenu
Alors, il dit, parlant
vous
pat,
monde.
un
fondement : "Fondement, approchezde moi". Mais le fondement répondit : "Nous ne pouvons
au
parce que nous sommes
les fondements de la terre". Il dit à
Papa qui tient le monde dans sa place : "Papa, venez ici". Mais
Papa répondit : "Nous ne pouvons pas parce que nous tenons le
monde dans sa place".
Taaroa parla de la même manière à Aaa (1), racine de la terre.
Aaa fît une réponse semblable. Taaroa essaya alors de remuer le
monde ; mais il ne put y parvenir.
Alors, il demanda : "Qui est là dans l'intérieur ?" L'écho de sa
voix pénétra jusque dans les vallées. Une voix répondit : C'est
moi, le sol, c'est moi les montagnes, c'est moi le sable, c'est moi le
gravier". Taaroa demanda : "Qui est là du côté de la mer ?"
L'écho répoodit : "C'est moi la mer, c'est moi le rocher, moi, les
récifs". Il demanda encore : "Qui est au-dessus ?" et l'écho
répondit : "C'est moi le ciel, c'est moi les nuages, moi le
(1) Aaa. La racine d'un arbre est généralement appelée Aaa
Société des
Études
en
Taïtien.
Océaniennes
�548
: "Qui est dessous ?" L'écho
"C'est
moi
fondements,
répondit :
les
les bases et les racines de la
firmament". Il demanda ensuite
terre".
L'âme de Taaroa qui est appelée Teharurupapa
Taaroa vit qu'il n'y avait pas d'habitants sur
resta Dieu.
la terre : en
Tepaparaharaha (1) qui tourna les
bas, il aperçut
lui et se mit à rire.
regardant
en
yeux vers
Il lui dit
"Voici Te Hua (2) de Taaroa ; regardez Tumu (3),
pour regarder encore, introduisez et
:
regardez, levez-vous
introduisez".
Il dit à Teapoirahi (4) :
"Descendez sur Tepaparaharaha qui est
cuisse même", et cette femme prit le nom de
Tefaimairaro, parce qu'elle était dessous, de même que Taaroa
s'appela Tefaimaiinia parce qu'il était placé au-dessus.
De là naquirent Oneura, puis Onemea (5), qui sont devenues
les différentes couleurs de la terre. Après eux, naquit Oro, qui est
devenu un dieu et qui habite le ciel. Ils eurent encore d'autres
enfants, nés dieux, qui sont appelés Tane, Teiri, Tefatu, Moe,
Ruanuu, Tu, Toahiti, Tauutu, Temeharo, Tunu atefatutiri ; après
eux vint une fille qui s'appela Hinatutupo, et fut destinée à faire
les vêtements (Apaa) de ses frères dieux et de Taaroa.
faite de l'os de
ma
__
Voici le chant de Taaroa, lorsqu'il forma
la terre
:
"Étendez
terres rouges, étendez-vous terres blanches, poussez,
croissez, arbustes, arbres et herbes de toutes espèces, naissez et
marchez, animaux. Portez à la mer ceux qui appartiennent à la
vous
mer".
"Tane Nui Mana Ore (6), placez bien toutes ces
choses en ordre,
le sable pour ma petite pirogue, étendez le également
pour ma grande pirogue. Que tout s'étende, croisse et couvre".
Taaroa se mit alors à boire de l'Ava (7) ; il s'enivra et,
entendant un grand bruit, il appela son ami Pani, auquel il
demanda la cause de ce tapage. Pani lui répondit : "Les feux de
Maurai (8) sont éteints, les coqs, les chiens, les grands animaux
se sont tus ; et tout ce qui faisait bruit garde le silence. Le bruit
d'Arahoa a été aussi étouffé par moi, mais il restait encore le
Tutua de Mauoro (9) où Hinatutupo fait les vêtements de Taaroa
arrangez
(1)
Tepaparaharaha est le
(2) Hua,
(3) Tumu
(4)
taïtien
en
:
:
: nom
nom
de la première femme.
le dessous des
dessous des
Teapoirahi
(5) Oneura
:
organes
de la génération.
organes
de la génération.
des parties sexuelles du dieu Taaroa.
signifie terre
rouge ;
Onemea
:
sable blanc.
(6) Son fils aîné.
(7) Ava est
(8) Mauraï
une
:
liqueur spiritueuse faite
avec
la racine d'une plante qui porte
l'arbre qui sert à fabriquer
indigène. Mauoro était l'endroit sacré où se faisaient les étoffes ou vêtements des
(9) Tutua est la planche sur laquelle on frappe l'écorce de
l'étoffe
ce nom.
les cieux, pluriel de Raï, le ciel.
Dieux.
Société des
Études Océaniennes
�549
et des
dieux, ses frères". Taaroa se mit à gronder, et dit à Pani :
"J'entends le bruit du Tutua". Pani répondit : "C'est Hina qui
prépare la tapa (étoffe)". Taaroa lui ordonna d'aller faire cesser
ce bruit qui ferait mal à la tête de Tupuaiti (autre nom de
Taaroa). Pani fut trouver Hina et lui dit de cesser parce que le
bruit ferait mal à Tupuaitu. Hina lui répondit : "Je ne cesserai
pas, parce que je fais les vêtements pour les dieux : Taaroa, Oro,
Tane, Teiri, Tefatu, Moe, Ruanuu, Tu, Toahiti, Tauutu, Temeharo, Tunuatefatutiri"(l).
Pani revint et dit à Tupuaitu que Hina ne voulait pas cesser ; il
ordonna encore jusqu'à trois fois à Pani d'aller faire cesser Hina,
mais celle-ci ne voulut jamais. Pani, en colère contre elle, parce
qu'elle ne voulait pas lui obéir, prit le le (bâton avec lequel on
frappe l'écorce pour en faire la tapa) de Hina s'envola au ciel où
elle a pris le nom de Hina Nui Aia lté Marama (2), et depuis elle a
toujours habité la lune.
CONCERNANT ORO, DIEU NATIONAL DE TAHITI
Oro prit pour femme Hotupapa, de laquelle il eut Hoatapuiterai
Teriitapotu Ura, garçons, puis trois filles, Tetoimataatuanuio
Vaeaiteuruoro et Muriheatepairu.
Le Marae d'Oro ou temple (3) appelé Tapuitapuatea est situé
dans l'île de Raiatea, sur la terre nommée Pupua. Les grands
vents du sud viennent de cet endroit et sont appelés "les tempêtes
de Pupua".
Oro était le dieu de la guerre. Les lieux où il résidait se
nommaient Tairoiro Iti et Manaha. Sone maro uva (4) ou
ceinture rouge s'appelait Terai pua Tata, c'est-à-dire la fleur du
ciel qui frappe. Des sacrifices humains étaient toujours offerts à
ce dieu. Il entrait dans l'esprit des
prêtres et leur soufflait les
inspirations de la guerre. Voici la parole de cette inspiration :
"Brûlez le poisson, pour protéger le roi, brûlez "le poisson pour
couvrir la maison Tairoiroiti, brûlez le poisson (1) pour couvrir la
maison Manaha, brûlez le poisson pour l'écorce qui a été
arrachée pour faire la ceinture d'Oro, brûlez le poisson pour le
et
oro,
(1) Oro est le Dieu de la Guerre, le Grand Dieu national de Tahiti. Tane, Reiri, Tefatu,
Temeharo sont des noms généraux de Dieux. Moe est le dieu du sommeil. Ruanuu, le dieu des
champs. Tohaiti, dieu des vallées. Tauutu, le dieu des armées. Tunuatefatutiri, le dieu des
rochers, des précipices.
(2) Hina nui aia ite
(3) Marae
:
marama :
lieu consacré
mot à mot
pour
:
la grande Hina prenant possession de la lune.
les prières et les sacrifices
aux
dieux.
(4) Maro : ceinture. Elle était faite de l'écorce de l'arbre appelé Mati, et servait à entourer et
cacher les parties sexuelles en venant se rattacher autour des reins.
(1) Le prêtre désignait la victime par ce mot général "le poisson", afin de ne pas effrayer
sur lesquels le choix devait tomber et qui auraient pu se dérober en fuyant.
ceux
Société des
Études
Océaniennes
�550
Mauifaatere (2), brûlez le poisson pour le Moemoe (3), brûlez le
poisson pour le plaisir d'Oro, brûlez le poisson pour le Pivai Arii
(4). Telle était la manière de demander les sacrifices humains
offerts au dieu Oro".
Toutes ces mauvaises coutumes, les sacrifices et la guerre
furent établies par le dieu Oro.
Le nom de sa pirogue de guerre était Te Vaaroaitemat ai, c'està-dire la grande pirogue qui défie les vents. Des hommes étaient
sacrifiés et placés sous elle, lorsqu'on la roulait pour la mettre en
mer. Le tambour de son temple (Marae) s'appelait la mer
profonde. Son grand prêtre était nommé Tumataaroa (5) et ceux
qui l'assistaient : Tiri, Rahni et Aitoa. Ces trois hommes étaient
Tauitu, c'est-à-dire qu'ils n'avaient jamais la barbe ni les
cheveux coupés et qu'ils n'employaient jamais le Monoi (6) ; leurs
vêtements étaient toujours en désordre et conservaient une
mauvaise odeur. Ils habitaient constamment la maison de
Tumataaroa.
GÉNÉALOGIE DES ROIS DE RAIATEA
Les deux premiers furent Uru et Hinaturoro, sa femme : ils
un fils nommé Iriteapurai. Celui-ci épousa Tefefe Vahine
et en eut Tavae Arii. Tavae Arii épousa Tetapu Vahine et en eut
Inutoa. Inutoa épousa Teperanua Vahine et en eut Marama lté
Tua. Marama lté Tua épousa Nohoae et engendra Tutui Tane.
Tutui épousa Rorofaï Vahine et engendra Raitetumu. Raitetumu
eurent
épousa Hinateumu Vahine et engendra Raitepapa. Raitepapa
épousa Hinatea Vahine et engendra Raitemeremere. Raitemeremere épousa Hinatuata Vahine et engendra Raitehotahota.
Raitehotahota épousa Hinatuatai Vahine et engendra Raiemateiteniu Haamea Tane. Raimateiteniu Haamea épousa Mautu
Vahine et engendra Moeitiiti. Moeitiiti épousa Faafaro Vahine et
engendra Moeterearea. Moeterearea épousa Tiaraauva Vahine
et engendra Moeterauri. Moeterauri épousa Faîmano Vahine et
engendra Hiro Tane.
dernier dont il est question dans la tradition nommée
un homme et il reste plusieurs symboles de lui, tels
le chien de Hiro et l'hameçon de Hiro)(l).
(C'est
ce
Hiro. C'était
que
(2) Mauifaatere était le sacrifice que l'on faisait avant un départ.
(3) Moemoe
:
manière de préparer et d'arranger tous les objets dans la pirogue.
(4) Pivai Arii était le couronnement ou l'investiture du roi.
(5) Tu et Taaroa : noms de deux
dieux.
(6) Huile parfumée.
en effet, dans les îles Huahine et Raiatea des rochers et pierres symboliques
rattachent à la légende ou histoire de Hiro. Sur une des montagnes de Huahine, il
existe une marque ayant à peu près la forme de pieds imprimée sur le rocher. La légende dit
que c'est la marque du pied de Hiro, où il s'était placé pour lancer une de ses flèches sur l'île
Moorea et à Moorea au haut d'une des montagnes voisines de Papetoai, il y a un trou que l'on
dit être celui fait par cette même flèche (tradition taïtienne).
(1) On voit,
qui
se
Société des
Études
Océaniennes
�551
C'est également Hiro qui poursuivit le dieu Tane jusqu'au
premier ciel, de là au second, puis au troisième, au quatrième, au
cinquième, au sixième, au septième, au huitième, au neuvième et
enfin au dixième ciel, l'espace immense de Tane, où il ne put
trouver aucun lieu de refuge. Ce fut là que Hiro proposa le combat
à ce dieu, en lui disant : "Je suis Hiro. Vous ne vous sauverez
pas". Tane le pria de lui conserver la vie. Hiro lui répondit :
"Non, je veux vous tuer pour venger mes frères Meahiu, Hiutoto,
Hiutetaiu, Variiaupuru et mon autre frère chéri Tuparairaï, qui a
été assassiné par vous pour avoir tué Tanemanu, c'est-à-dire
l'oiseau de Tane". Tane lui dit : "Épargnez-moi comme un dieu
pour vous conduire et vous servir. Vous ferez construire la
pirogue et moi j'y entrerai. Lorsque vous voudrez que j'entre,
vous direz : Vous êtes Tane, mettez-vous sur le Too
(2), mettezvous sur le Aha (3), mettez-vous sur le Ura
(4), vous êtes Tane,
mettez-vous, allez, et Tane fera".
Hiro consentit à la fin à lui laisser la vie.
Hiro était un homme sage, il écoutait les prières du prêtre Ana
dans la maison de Tapuateaiterai.
Hiro était aussi un voleur (5). C'est lui qui vola les dieux
Ourutu, Ourouanoho, Ourouamaneenee, Vairaihaua, Tepohauneatu, Teaohaunemaï.
Voici le chant ou la prière de Hiro, quand il voulait voler :
"Que le chemin soit libre dans la nuit pour Hiro ; qu'il soit libre
aussi dans le jour pour Hiro. Hiro va voler ! Que les petits dieux
Ourouatu, Ourouanoho, Ourouahau, Ourouamaneenee, Varaihaua, Tepohauneatu, Teaohaunemaï traînent la corde de Zoa et
la corde de Purau (6), qu'ils trompent et ferment les yeux de ceux
qui sont dans les maisons, qu'ils dorment et que ceux qui sont
dehors soient éveillés".
CONTINUATION DE LA
GÉNÉALOGIE
DES ROIS DE RAIATEA
Hiro épousa Vaitumaria, de laquelle il eut Marama et
une
fille
nommée Pihoitemaretairoa. Marama épousa Maapu Vahine et
en eut Faaniti. Faaniti épousa Vairaumati Vahine et en eut
Hoatatama. Hoatatama épousa Haamahea Vahine et en eut
Fata. Fata épousa Utiutiraï Vahine et engendra Roo. Roo épousa
Vaipuai Vahine et engendra Hoa. Hoa épousa Vaitea Vahine et
en eut Taahue. Taahue épousa Motuma Vahiné et en eut Ruutia.
Ruutia épousa Vaitura Vahine et en eut Huui. Huui épousa
Tupeeheiva Vahine et engendra Raauri. Raauri épousa Arétemoe Vahine et engendra Tu. Tu épousa Bupauraivaiahu Vahine
(2) Too
perche
:
(3) Aha
: nom
(4) Ura
: nom
(5) Hiro
:
avec
laquelle
des cordes
avec
on pousse
la pirogue, lorsqu'elle est à l'eau.
lesquelles certaines parties des pirogues sont liées ensemble.
de divers objets servant à la pirogue et à
est aussi le Dieu des voleurs, comme
(6) Nom des arbres
avec
lesquels
on
Société des
on
le
son
verra
ornement.
plus tard.
fait la corde indigène.
Études
Océaniennes
�552
et engendra Tautu. Tautu épousa Teumuhaaehaa Vahine et
engendra Tamatoa. Tamatoa épousa Teaoinaia Vahine et
engendra Ariimao, Tane avec deux jumeaux nommés Arrirua et
Rofai. Ariimao, épousa Teeva Vahine de Papara et engendra
Maua. Maua épousa Tetuanuimarama Vahine, sœur de Tereroa,
et engendra : 1° Rohianuu, garçon ; 2° Turaiarii, fille ; 3° Moetu,
garçon ; 4° Varivari, fille ; 5° Vaaveroa, garçon ; 6° Mato,
également garçon ; 7° et Faaraurau, fille.
Rohiaunuu épousa Teroatua Vahine et engendra : 1° Teriitaria, fille ; 2° Rohinauu, né mort, et 3° Teivatua, fille, qui épousa
Mato, frère de Rochianuu (son oncle), de laquelle naquit
Turaiarii, aïeul de Pomaré, du côté de Huahine, c'est-à-dire de la
branche de Huahine. Mato épousa une autre femme nommée
Tetuaveroa, de laquelle il eut Tenania et Teheiura (1), garçon. Ce
dernier est le grand-père paternel d'Ariipeu Vahine, aujourd'hui
belle-sœur de la reine Pomaré.
Tenania épousa Toemai et en eut Turaiarii Vahine ; il se
remaria ensuite avec une autre femme, nommée Vairatoa, de
laquelle il eut Teriiaetua (2).
Teheiura, frère de Tenania, épousa Taaoa Vahine et en eut
Taaroarii. Taaroarii épousa Tematafaïnuu Vahine, mère
d'Ariipeu Vahine, dont il est question plus haut.
Ariipeu Vahine s'est mariée avec Paraupapaa (frère d'Ariifaaite, mari de la reine et, par conséquent, son beau-frère) : il en a
eu la jeune Aimata, qui doit épouser Ariiaue, fils aîné et héritier
présomptif de la couronne de Taïti.
NOTA.
—
Cette branche de la famille royale de Raiatea s'arrête,
ici, à Aimata.
CONTINUATION DE LA
GÉNÉALOGIE DES ROIS DE RAIATEA
(à partir de Tamatoa jusques jusques et y compris la reine actuelle de Taïti)
Tamatoa épousa Teaoinaia Vahine et en eut Ariimao et deux
jumeaux Ariirua et Rofai (ainsi qu'il a été dit).
Rofaï épousa Marama et en eut : 1° Tamatoa, garçon ; 2°
Tetutaata, fille ; 3° Varivari, fille ; 4° Hupairaï, garçon ; 5°
Papaura, fille ; 6° Titiarii, garçon ; 7° Fanofano, fille : sept
enfants en tout. Tamatoa épousa Maihea et en eut : 1° Tetupaia,
fille ; 2° Teriinavahoroa, garçon ; 3° Teruria, fille ; 4° Hapaitahaa, également fille.
Tetupaia Vahine épousa Teu de Pare (Pomare 1er), de laquelle il
eut : 1° Teriinavahoroa, fille ; 2° Vairatoa, garçon ; 3° Ariipaea,
fille ; 4° Teriifaatau, garçon ; 5° Vano, fille ; 6° Tepau, garçon.
Vairatoa épousa Tetuanuiraiaiterai Atea de laquelle il eut : 1°
Teriinavahoroa, fille ; 2° Pomare II ; 3° et un garçon nommé
également Teriinavahoroa.
(1) Ce Teheiura est le même personnage dont parle Cook dans
nom
son
dernier
voyage, sous
le
de Mahine.
(2) Encore vivant aujourd'hui à Huahine et
Société des
connu sous
Études
le
nom
de Itia
Océaniennes
ou
Teraimano.
�553
Teriinavahoroa, frère de Tetupaia Vahine (cité plus haut),
épousa Puni, fille de Teheatoa, de laquelle il eut : 1° Teriinuiouroumaana, garçon ; 2° Teruria, aussi garçon ; 3° Tetupaia, fille ;
4° Teriinavahoroa, garçon. A la mort de sa première femme,
Teriinavahoroa
se remaria avec Rereao, fille de Uruatu, sœur de
Maevarua, de laquelle il eut : 1° Hihipo, roi de Borabora ; 2°
Tamatoa (père du roi actuel de Raiatéa) ; 3° Tahitoe, garçon, et
Maihea, fille. Teriinavahoroa eut une troisième femme nommée
Teroro, de laquelle il eut un fils nommé Tepoanuu.
Tamatoa (du deuxième mariage de Teriinavahoroa) épousa
Turaiarii, de laquelle il eut : 1° Teriitaria, reine actuelle de
Huahine ; 2° Teriitooterai, mère de la reine actuelle de Taïti, et
appelée Teremoemoe ; 3° Temariivahine, dernière reine de
Vahine et mère adoptive d'Anipao Vahine, morte en 1832 ; 4°
Teriitinorua, aujourd'hui roi des Raiatea, sous le nom de
Tamatoa ; 5° Teihotua Vahine, mère d'Ariifaaite, mari de la reine
Pomare, et de Ariipeu Tane, son beau-frère et père de la jeune
Aimata, future de Ariiane. Teihotua Vahine est décédée en 1826.
Teriitooterai, ou Teremoemoe, épousa Pomare II, roi de Taïti.
De ce mariage sont nés : 1° Aimata Vahine, aujourd'hui reine
sous le nom de Pomare Vahine ; 2° Teina, mort enfant, 3° Pomare
III, décédé en 1827 ou 1828.
Teihotua V a épousé Hiro et en a eu (comme il est dit plus haut)
Ariifaaite et Ariipeu.
Tenania ou Ariifaaite a épousé la reine Pomare et en a eu
plusieurs enfants, dont l'aîné Ariiane doit lui succéder ; 2°
Teriitatia, adopté par la reine de Huahine ; 3° Tamatoa, adopté
par le roi de Raiatea ; 4° Teriimae Varua, adopté par le roi de
Borabora ; 5° Teriitapunui ; 6° Teriitua, Joinville.
NOTICE SUR RUAHATU
(Dieu de la Mer, qui réside
au
fond des eaux)
Deux
hommes, nommés Roo et Tahoroa étaient allés en mer
pêcher. Ayant jeté leurs hameçons dans l'eau, ils prirent
Ruahatu par les cheveux et, croyant avoir pris un poisson, ils
tirèrent la ligne à eux ; mais ils furent bien étonnés en voyant
qu'ils avaient, au contraire, pris un homme par les cheveux. Leur
frayeur fut tellement grande, qu'elle les empêcha de parler.
Alors, le dieu Ruahatu leur demanda : "Qu'est-ce que c'est que
cela, que venez-vous de faire ?" Les deux pêcheurs répondirent :
"Nous n'avons pas eu l'intention d'agir ainsi, nous sommes
venus pour pêcher et nous ne savions pas que notre hameçon
pour
vous
saisirait".
Le dieu leur dit alors
: "Dégagez mes cheveux", et ils les
dégagèrent. Leur ayant demandé leur nom, ils lui répondirent
qu'ils se nommaient Roo et Tahoroa. Ruahatu leur dit : "Retournez
à terre et annoncez aux habitants que la terre va être couverte
Société des
Études
Océaniennes
�554
la mer et que tout le monde périra. Demain matin, vous vous
rendrez sur ce petit îlot nommé Toamarama (1), ce sera là un lieu
de refuge et de conservation pour vous et vos enfants".
Ruahatu ordonna à la mer de couvrir la terre et tous les
habitants périrent, excepté ces deux hommes (Roo et Tahoroa) et
leur petite famille.
par
PAROLES OU CHANT DES ARIOI (2)
lorsqu'ils allaient demander des Tapa (étoffes) aux enfants
puissants des Huiraatira, c'est-à-dire aux Grands
Voici comment ils commencent : "Couchez-vous la nuit,
couchez-vous le jour ! Taiheritiriti est un dieu ! Taiherarata est un
dieu ! habitants de l'Est et de l'Ouest, levez-vous, vous êtes
réveillés par la compagnie des dieux ! Levez-vous ! Voilà l'étoile
Feinui qui se montre, voici les grillons qui chantent. Les chèvres
(1) ont froid, très froid !" Alors, ils commencent à jouer du
viro et
du paora (anciens instruments indigènes).
Voici leur premier chant : "Asseyez-vous derrière ou au bout de
la maison, vos petits Maïmoa (1) ont bien froid !"
C'est étonnant combien ces hommes, par ces moyens obte¬
naient des cadeaux là où ils passaient (observations du chroni¬
queur).
NOTICE CONCERNANT LE ROI
TERIITINORUA DE HAVAI
(Dans Raiatea)
pourquoi il fut nommé Teriitinorua (2), parce qu'il était
dieu et homme. C'est de lui dont il est question
dans l'histoire (ou la légende) de Turi.
Temano de Havaï (endroit situé dans Raïatea) épousa Hinararoiti et il en eut Tane Tupunai Havai et Hinateatea, ensuite.
Tane Tupunai Havai épousa Hinateuuti et en eut Tanenuiarai.
Tanenuiarai épousa Marei et en eut Turi (3).
Ce Turi était fils de Taaroa, de Peperu, de Pepehau, de Panturi,
de Puuvana, de Tanenuihaapaiarai, de Tepumataiva, de
Orofaata et de Tumuivanuihua Ere Ere, dieux : c'est pourquoi il
Voici
en
même temps
est nommé Teriirinorua.
(1) Roche de Lumière.
(2) Les Arioi étaient une société de musiciens ou d'acteurs qui
districts des îles et avaient des coutumes particulières à eux.
parcouraient les différents
(1) Ici, les Arioi font allusion à eux-mêmes en se désignant sous le nom
bien que plus bas en se nommant Matmoa, jouets, joujoux, colifichets. Il
c'étaient des histrions qui amusaient le peuple.
de chèvres, aussi
est probable que
(2) Teriitinorua signifie mot à mot : le Roi de deux corps ou à deux corps.
Terii : le roi ; tino,
deux. Il possédait la puissance d'un Dieu et d'un homme.
(3) Une autre tradition dit que Mareivahine, qui était fort belle, reçut les faveurs du Dieu
Taaroa et que Turi fut son fils et non celui de Tanenuiarai. Turi étant le fils du Dieu Taaroa
prit le nom de Tinorua, comme il a été dit.
corps ; rua,
Société des
Études
Océaniennes
�555
L'arrière faix de la mère de Tinorua est
appelé Moehau et le
(cordon ombilical) Hau.
: Tepiuiarii et Monaïmataï. Teriitimorua
Hinaraurea,
(Turi épousa
de Toanui, autre endroit de Raiatea).
Elle cohabitait souvent avec Mao, ami de Turi (elle épousa
ensuite Henuimatavaa). Tinorua ayant appris que Mao cohabi¬
tait avec sa femme, ordonna au vent de souffler d'une telle force
qu'il enleva la tapa (étoffe sous laquelle ils étaient couchés) et les
Turi eut deux sœurs
mit à découvert.
Hinaraurea dit alors à
Tepiuiarii et à Nonaïmataï, ses belles"Sauvons-nous, fuyons !" Elles s'enfuirent et Hinaraurea
devint alors la femme de Tuteheura Iraveatau, fils de Veromatautoru, ou Henuimatavaa, qui signifie la résidence de Hé (Hé est
sœurs :
une
grosse
espèce de chenille).
La maison de Turi ou Teriitinorua s'appelle Manunuhono, ses
deux pirogues : Mautaramea et Tutuihorohorotetua o Havaï.
On dit aussi que Tinorua eut la tête coupée, mais sans en
mourir. Ce fut Taneua qui la lui coupa avec un morceau de
bambou ; mais elle fut rattachée à son corps par deux habiles
chirurgiens, nommés Motu et Faraotia.
Voici une autre tradition sur Tinorua. Il allait en mer à une très
grande distance, et se servait, pour cela, non d'une pirogue, mais
d'un poisson nommé Papahitaaro (poisson excessivement rare
qu'on dit ressembler à une sole) et d'un sac nommé Hiihiiteare.
Voici encore une autre tradition : Teriitinorua, ou Turi,
habitait à Papaura. Un soir, ayant bu de l'ava (liqueur spiritueuse), il fut à Maiote pour visiter (1) une femme qu'il aimait,
nommé Tutaiafiu. En allant, son pied fut pris dans une trappe
que lui avait tendue Ume (le mari de cette femme). Il tomba et,
furieux contre lui, il se mit à sa poursuite et le prit. Mais Ume
pria Turi de lui sauver la vie et elle lui fut accordée.
PAROLE SUR.: MAUINUITIITII ATARAA, POIRIPOARAA I FAREANA,
TOMAROPUUPU MAUI, A FAATAATAA MAUI TE TUPUA I FAREAN A.
: Tradition concernant le Grand Maui qui ébranle les nuages,
grande obscurité de la Caverne, la ceinture irrégulière de Maui, Maui qui
ébranle le Génie de la caverne.
C'est-à-dire
la
Son père était Ataraa, sa mère Huahea,
de la terre. Ils eurent Maui qui fixa sa
qui venaient du fond
résidence à Fareana
(caverne). Maui épousa Hina Hina Totoio (2). Le soleil venait de
s'élever de dessous la terre et il allait se coucher très vite.
Voyant cela, Maui se mit en colère contre lui, parce que sa mère
(1) Dans le texte, il y a Taoto : coucher.
(2) Hinahinatotoia, c'est-à-dire Hinahina. chevelure blanche. Toto, sang ou menstruation
Io, clytoris (on l'a déjà dit, la langue Taïtienne n'a pas de périphrase pour exprimer les
choses).
Société des
Études Océaniennes
�556
fut obligée de manger le ape et le taro (3) crus et, comme il
l'aimait beaucoup, il compatissait à ses souffrances car ses
lèvres devinrent enflées de ce qu'elle avait mangé cette nourri¬
ture
sans
lui ayant
préparation, la précipitation du soleil à faire
enlevé le temps de la faire cuire.
sa course,
Maui chercha alors un moyen pour arrêter le soleil dans sa
Il fit pour cela des pièges de Taura, de Mati, de Roa (1), de
course.
Nape (2), de Ieie, et du Huruhuru raho (3), de Hina-Hina-Toto-Io,
sa
femme.
Au chant du coq, Maui fut
dessus du trou (par où, d'après
passait
sa
tête
pour
placer et arranger ses pièges aula croyance des Taïtiens), le soleil
s'élever de dessous la terre.
Le matin, ses rayons s'y trouvèrent engagés et, au jour, son cou
fut pris. Les pièges furent déchirés, depuis le premier jusqu'à
celui fait avec le Huruhuru raho de Hina-Hina-Totoio qui, seul,
y
retint et arrêta le soleil.
Celui-ci fit tous ses efforts pour se dégager, montant en haut,
descendant en bas, jusqu'à ce qu'il se rompit le cou. Maui lui dit
alors : "C'est moi, Maui-Nuitiitii Ataraa". Le soleil aussitôt lui
adressa cette prière : "Maui, sauvez-moi". Maui lui répondit : "Je
ne veux
pas vous sauver,
je
me venge pour
le mal
que vous avez
fait à ma mère, en l'obligeant à manger son ape cru. Si vous
n'aviez pas fait votre course aussi vite, je vous accorderais votre
demande".
Le soleil lui dit
: "Si je meurs, le monde ne sera
pas bien : il ne
plus éclairé, tout restera dans l'obscurité et la nourriture de
votre mère ne sera pas cuite". Maui lui dit : "Ne me tromperezvous pas ?". Le soleil lui répondit : "Non, je ne vous
tromperai
pas". "Le four de ma mère aura-t-il le temps d'être chauffé ?" Le
soleil répondit : "Oui, et même trois fois par jour". Maui lui dit
alors : "Eh bien, je vous accorde la vie sauve". Et le soleil s'en
alla, comme roi, à Toareva (en Taïtien : fonds de la terre). Il
s'éleva, monta au zénith, descendit un peu plus bas, puis un peu
plus, puis enfin tout à fait en bas, à l'horizon.
sera
(3) Ape et Taro, deux légumineux de Taïti, qui ne sont pas sains
excellente nourriture
(1) Mati et Roa
(2) Napé
:
:
arbre
avec
l'écorce desquels
corde faite de filament de
(3) Huru, raho
:
crus,
mais forment
lorsqu'ils sont cuits.
on
fait des cordes.
coco.
huruhuru veut dire cheveux, barbe et poils. Raho est le pubis.
Société des
Études
Océaniennes
une
�557
Voici
une
autre tradition concernant Maui
:
C'est lui qui a étendu et élevé le ciel, qui était auparavant
fait bas. C'est ainsi qu'on rapporte le fait : "Maui a étendu
pour son
roi Anaia Itérai. Il
a
tout à
le ciel
placé les différents soutiens qui le
maintiennent et qui sont composés de Pia (4).
informateurs étaient Maré, l'un des conseillers de Pomare IV, et Apo,
originaire de Moorea.
Les
(4) Le Pia est la plante dont la racine se mange sous
tige,
ou
plutôt l'écorce, sert à faire des
Société des
couronnes
Études
le
nom
d'Arrowroot. La paille de la
et des chapeaux.
Océaniennes
�558
Archéologie et protection du patrimoine
L'archéologie, est une des disciplines des Sciences Humaines, issue
elles, des derniers cabinets de curiosités et des premières
missions d'explorations scientifiques du 18ème siècle. Elle a pour but
comme
l'étude et la connaissance du passé et fait appel ou rejoint, selon les
situations, l'ethnologie, la paléontologie, la géologie, ou la physicochimie
contemporaine la plus sophistiquée. A l'opposé de l'ethnologie qui
pratique l'observation de sociétés et de cultures matérielles vivantes, in
situ et in vivo, il ne reste pour l'archéologie que les traces et les vestiges...
Pourtant, par la rigueur des méthodes d'investigations et de
décryptage, par la recombinaison d'un nombre élevé de données, elle
peut prétendre au statut de Science. Science éminament humaine, il est
vrai, avec son cortège de courants de recherche, d'influences de pensées
et de tâtonnements empiriques ou
idéologiques, mais, cependant,
faisceau d'observations mises en évidence par des techniques suffisam¬
ment précises et rigoureuses pour être souvent le seul
moyen de
connaissance du passé.
Que les premiers peuplements soient anciens, comme pour les
ou asiatiques, ou seulement
récents,
comme pour les archipels océaniens les
plus dispersés ou les plus
éloignés, l'archéologie est le seul moyen de faire resurgir les modes de vie
et les techniques d'antan. Seules diffèrent pour le passé très
éloigné, les
méthodes d'approche, car la distinction basée sur l'écriture entre ce
qui
est pré-historique et historique que les occidentaux ont
longtemps
pratiquée, est bien arbitraire. En fait en dehors de la simple valorisation
de l'écriture par rapport à l'oralité, elle a sous-entendu du même
coup
que des groupes humains en étaient restés à un même niveau culturel
"archaïque" puisque pratiquant une technologie "archaïque". De plus, on
a longtemps considéré
que ces groupes humains ne pouvaient avoir
d'Histoire puisque seule l'écriture permettait d'établir une
chronologie du
changement des systèmes de relations sociales ou de la vie matérielle.
immenses continents africains
Société des
Études
Océaniennes
�559
Ce n'est donc pas un
hasard si, chez ceux que l'on qualifiait
quête et étude
récemment encore de "primitifs", c'était la Paléontologie,
des premiers hommes, qui se pratiquait, et non une
archéologie permettant de reconstituer
logiques et leurs implications sociales.
simple ethno-
les cheminements techno¬
la rigueur des fouilles s'étant affinées nettement
depuis quelques années, c'est plutôt selon le rapport que l'on peut établir
entre les vestiges observés et la population qui occupe encore le terrain,
que la filiation pourra apparaître. C'est aussi, et même surtout, selon que
les gens eux-mêmes établiront une relation forte avec leur passé et sa
matérialisation par des vestiges, qu'il pourra y avoir échange. Et là, que
l'écriture ou l'oralité soit le mode privilégié de transmission de
connaissances, qu'elle se pratique et fonctionne, c'est seulement l'intérêt
pour cet ensemble de données issues du passé qui importe. C'est ce
Patrimoine, propriété indivise, commune à tout un groupe humain, qui
Les techniques et
référer en permanence. Ce stock, il
seulement d'empêcher qu'il s'amenuise, mais surtout,
il faut faire en sorte qu'il se développe et que ses spécificités ressortent.
L'archéologie, en intervenant comme médiateur entre un ensemble de
connaissances orales et leur inscription sur ou dans le sol a un rôle
spécifique à jouer.
est le
est
stock de base auquel on doit se
important,
non
Polynésie, qu'en est-il et quel rôle peut et doit jouer l'archéologie vis
ce patrimoine ? La situation et l'histoire des deux derniers demissiècles sont assez connus ici, de même que la rupture quasi-totale qui a
été provoquée avec son passé. L'image la plus évidente de cette rupture,
c'est celle de l'état des monuments ou des sites d'occupation anciens :
abandonnés, envahis et dégradés par la brousse et les prédateurs de
toutes sortes des cochons aux hommes... Les seuls vestiges bien visibles
sont ceux qui ont été reconstruits et remis en état et sont destinés au
seul tourisme. Encore ce tourisme est-il principalement tourné vers les
étrangers. Quant aux sites qui survivent dans la brousse, c'est
presqu'uniquement à leur mana maléfique qu'ils le doivent...
En
à vis de
C'est donc à partir de ces constatations que
du patrimoine peuvent aller de pair.
L'archéologie,
informations
sur
archéologie et protection
méthodes et sa pratique peut apporter des
les modes de vie matérielle et sociale des anciens
par ses
occupants des matériaux et des formes, des techniques utilisées, des
répartitions sur des espaces étendus, elle permet de préciser des
activités, des usages, des choix, dont on peut avoir, encore maintenant,
quelques survivances. Et quand bien même, n'en resterait-il pas, ces
connaissances, même reconstituées, même synthétisées par l'archéo¬
logie sont nécessaires à toute survie sociale. Elles doivent s'adjoindre et
s'intégrer au patrimoine. Mais une défense de celui-ci ne peut s'envisager
valablement que si il y a réelle participation, voire même, au mieux, prise
en charge par la population et ses représentants. Sinon, elle n'apparaît
que comme une préoccupation introduite puis entretenue artificielle-
�560
ment, soient réellement intéressés. Pour qu'il y ait intérêt, il faut qu'il y ait
cependant au préalable un minimum de connaissances qui le suscite. Il
s'agira alors aussi, de réunir les conditions propices à la sensibilisation.
C'est à dire que l'on doit déceler et localiser
géographiquement et
culturellement les points sensibles à partir desquels on pourra intervenir.
Ce sont donc
ces
archéologique qui
trois volets d'une
politique de gestion du patrimoine
spécifiques.
vont définir les orientations
1° Mise à jour de l'état des
vestiges inventoriés et établissement de
plans de sauvegarde coordonnés avec les différents Services concernés.
2° Information et sensibilisation intensives de la
population, par la
diffusion de la littérature scientifique existante, tant
historique qu'ethnoarchéologique.
3° Recherche d'une meilleure connaissance du
passé, par la
réalisation de fouilles d'urgence ou
programmées, avec initiation de
fouilleurs locaux.
C'est dans ce but, qu'avaient oeuvré depuis des
années, tous les
archéologues qui séjournèrent sur le Territoire. Des activités de fouilles,
d'inventaires, de restaurations, annuellement répétées depuis quelque
dix ans, ont assez mis l'accent sur l'urgence et
la nécessité impérieuse de
voir se créer sur le Territoire, un
organisme chargé d'étudier et de
protéger ce patrimoine en péril.
En 1978, un premier budget territorial fut
alloué, auquel le Ministère
des Affaires Culturelles participa, sous forme d'une Convention avec le
Territoire et d'une subvention. Cette année, fin mars
1979, vit la création
d'un Département Archéologie, rattaché au Musée de Tahiti et des
Iles,
en attendant la création effective du
Centre de Sciences Humaines "te
Anavaharau".
Composé actuellement d'un directeur et de deux collaborateurs, ce
département est chargé de l'étude, la mise en valeur et la protection du
patrimoine archéologique polynésien, en liaison avec tous les
organismes
déjà existants concernés. Il est provisoirement domicilié dans les locaux
de l'ancien Musée de Papeete, au
siège de la Société des Études
Océanniennes. Ses activités ont été sélectionhées pour
ces premiers
temps selon les trois axes cités plus haut. Pour ce faire, des actions sont
menées conjointement avec le Service de
l'Aménagement et de
l'Urbanisme, les Communes et les Services concernés pour que la mise
en valeur et
par suite la protection des sites, vestiges et bâtiments soient
assurées, lors des réalisations des Plans Généraux d'Aménagement.
La mise à jour continue sur fichier documenté des sites
et lieux de
fouilles a été entreprise, à partir des inventaires
préexistants et des
bibliographies disponibles.
En
ce qui concerne les
prospections et les fouilles archéologiques, une
campagne s'est déroulée en Novembre 1978 et en mars 1979 à Raiatea.
Placée sous la direction de F. Semah,
pu
être réalisée conjointement
par
Société des
archéologue à l'ORSTOM, elle a
la Direction des Fouilles et Antiquités
Études
Océaniennes
�561
du Ministère des Affaires Culturelles. Les prospections et fouilles
réalisées tant sur terre (Vaihi, Avéra) que sur les motu ont permis de
recueillir un grand nombre de vestiges lithiques et coquilliers. Une
mission à Rurutu a permis de faire l'inventaire de ce qui subsiste dans le
District de Una'a après le défrichage intensif de nouvelles terres
agricoles. L'ensemble des objets collectés est déjà, ou sera confiée à
Commune, après formation suffisante d'un
la
responsable local.
Une courte mission aux Marquises a permis d'initier un groupe de
jeunes du Mvt Eucharistique de Jeunesse et de repérer deux ensembles
de sites en stratigraphie profonde. 1979, aura également vu des
campagnes de fouilles aux Australes, avec l'installation d'un corres¬
pondant officiel à Tubuaï et à Rurutu, ainsi qu'une campagne aux
Marquises qui outre les actions à caractère purement archéologique,
combinerait une information, une sensibilisation et une initiation des
responsables locaux et de la population intéressée aux problèmes de
protection et de sauvegarde du Patrimoine archéologique.
de prospection a été réalisée dans la
les congés scolaires. Elle a fait appel,
comme pour toutes les années précédentes aux organismes de jeunesse
locaux ainsi qu'aux personnes déjà bien motivées. Cette campagne fait
suite aux quatre précédentes qui, en dehors de l'urgence créée par le
projet de barrage, ont permis d'éclairer une grande portion du passé
polynésien : celui de l'intérieur des vallées, qui remonte au 17ème siècle
pour la partie étudiée. Des fouilles effectuées dans un abri couvert, sous
la direction de M. Orliac, du CNRS (LA 275 et RCP 259), en livrant des
vestiges organiques et coquilliers "inédits", à Tahiti même, permettent de
faire apparaître une chronologie précise dans les occupations du site.
Cette connaissance sur les vallées s'ajoute à celle que l'on a par ailleurs
Une campagne de fouilles et
Vallée de la Papeno'o, pendant
les sites côtiers. Des fouilles de sauvetage importantes se sont
continuées à Huahine, sous la Direction du Professeur Y. Sinoto (B.P.
sur
Bishop Museum), tant
au
Bali-Hai
que
dans le District de Maeva. Elles
enrichissant le
fertiles campagnes précédentes en
Territoire de nombreux et remarquables objets.
ont fait suite aux très
Sans vouloir faire revivre à tout prix un
passé révolu,
ces
connais¬
acquises par l'archéologie doivent s'intégrer au présent. Ainsi,
reprennant des propositions depuis longtemps déjà défendues par le
Professeur J. Garanger, peut-on attester que le passé, bien froid dans ses
vestiges, est encore chaud dans les esprits et le cœur de beaucoup de
Polynésiens. Sans son passé, une société est amnésique et donc,
sances
malade...
Archéologie et Protection du Patrimoine vont de pair et se complètent,
Elles permettent aux
données scientifiques d'être intégrées et même digérées par la
communauté. Car le Patrimoine des Polynésiens, il n'est pas seulement
dans quelques monuments qui, restaurés, ou reconstitués, servent
d'illustration figée à des touristes en quête de mythe. Le Patrimoine, en
confrontant et cumulant leurs informations.
Société des Études Océaniennes
�562
dehors de la langue, et de la
culture, est aussi et surtout dans tous les
vestiges, toutes les traces enfouies ou non du passé ; il est dans tout ce
qui fait d'un décor de théâtre vide, une scène animée et vivante...
Jean-Michel CHAZINE
Septembre 1979
Société des
Études
Océaniennes
�563
Comptes rendus
CORNE, J.C., Le français à Tahiti. Dans Le français hors de France
661, sous la direction de A. Valdman. Champion, Paris, 1979.
pp
630-
L'auteur est professeur à l'Université d'Auckland (Nouvelle-Zélande) où il
enseigne le français. Ses travaux portent sur les créoles de l'Océan Indien et
aussi sur les français régionaux du Pacifique, ce qui nous vaut cette contribution
à l'ouvrage "Le français hors de France". Son intérêt pour notre région n'est pas
nouveau puisque nous lui sommes redevable d'une thèse de Ph. D. remarqua¬
blement détaillée sur "La prononciation du français tahitien". Le français qu'on
entend parler à Tahiti diffère par certains aspects de la langue officielle
communément employée, par exemple, à la radio. On peut caractériser cette
situation linguistique en disant qu'il existe une variété régionale de français parlée
à Tahiti. L'auteur nous en donne une description ne se limitant pas comme dans
sa thèse, à la prononciation, mais traitant aussi de la syntaxe et du lexique. La
première observation concernant les conditions dans lesquelles s'est développé
l'usage du français à Tahiti se rapporte à la composition ethnique de la popula¬
tion : polynésiens (le tahitien est une langue de relation dans l'ensemble de la
Polynésie Française), européens (principalement français et anglais, il n'est pas
inintéressant de remarquer à ce propos que jusque vers les années 1920 la langue
anglaise occupait une position dominante non seulement dans le Pacifique dans
son ensemble, mais aussi à Papeete), chinois, chinois-polynésiens et enfin les
"demis", groupe social dont on sait que la définition ne doit pas se limiter à des
caractères ethniques. Quatre groupes socio-linguistiques sont constitués : popa'à
(parlant le français), "demi" (parlant le français et le tahitien), chinois (hakka,
cantonnais, tahitien et/ou français), polynésien (tahitien et/ou autre langue
polynésienne). L'auteur note qu'"à Tahiti, il n'y a pas d'élite locale dont l'usage
linguistique s'imposerait comme norme régionale acceptée et largement utilisée".
Il y a "une norme écrite qui s'identifie au français métropolitain standard".
Dressant un tableau des travaux antérieurs sur le français parlé à Tahiti, l'auteur
cite O'REILLY, HAUDRICOURT, WHITE, HOLLYMAN, LAVONDES, mais
les renseignements qu'il donne relativement aux travaux en cours sont périmés,
aucune suite n'ayant été donnée à ma connaissance au projet cité.
Société des
Études
Océaniennes
�564
Les
systèmes consonantiques et vocaliques du français tahitien sont décrits,
langues. Notons le statut particulier
d'une consonne : l'occlusive glottale /'/. Dans les emprunts au tahitien, elle a
(comme en tahitien) la valeur distinctive d'un phonème, alors que dans les autres
cas elle n'a pas valeur de phonème. Sa
présence est caractéristique du français
résultant d'interférences entre les deux
tahitien
:
(pre'oc) prononciation du début du
mot
"préoccupé".
"Alors
qu'il est possible de proposer une norme pour la prononciation", cette
norme ne s'étend pas jusqu'à la
grammaire. Une liste de tournures ayant cours à
Tahiti nous donne un aperçu de l'originalité syntaxique du
français tahitien par
rapport au français standard.
En
qui concerne le lexique, le français tahitien a emprunté massivement au
(fare, féti'i...), à l'anglais (truck, plaster...) et relativement peu au biche-lamar, aux autres langues polynésiennes, au chinois et aux français coloniaux. Le
lexique du français tahitien est formé fondamentalement de termes d'origine
française. Ces termes ont souvent subi des changements sémantiques ou
présentent des différences d'emploi ou de niveau de langue, comme "sucré"
comprend le sens de "délectable". Les lecteurs, pour lesquels les parlers
métropolitain et tahitien sont une partie de l'univers quotidien, découvriront que
les termes cités appartiennent à leur vocabulaire passif, sinon actif. Ils
pourront
prendre plaisir à compléter la liste.
ce
tahitien
Cet article constitue, comme on le voit, une mise au point de la question
dans
l'état actuel des recherches. A Tahiti, il sera lu sans nul doute avec un intérêt
particulier
une
par ceux
demande
qui ont la charge d'enseigner le français
souvent
formulée. Ils pourront constater
il correspond à
parallèlement au
car
que
français promu par l'école, le français régional constitue un autre modèle
linguistique actif. Si la norme de l'écrit est celle du français métropolitain standard
(dénomination consacrée qui ne devrait pas effrayer les puristes), la norme du
parler est de fait celle du français tahitien pour la prononciation, et ceci aussi bien
dans la vie quotidienne qu'à l'école. Corne note d'ailleurs "un effet
impression¬
l'enseignement en matière de français, entre 1967 et 1974,
sauf en ce qui concerne la prononciation. S'il en est ainsi à notre
avis, c'est que la
prononciation du français tahitien se conforme à une norme suffisamment bien
établie, pour qu'elle puisse remplir une fonction sociologique importante. On sait,
en effet, qu'un des rôles de la variation
linguistique est de marquer l'appartenance
nant" des efforts de
à
communauté par
des caractéristiques de langage qui lui appartiennent en
En conservant les caractéristiques du français tahitien plutôt que
d'adopter le modèle de prononciation métropolitain qui leur est proposé, les
élèves ne font que confirmer ou affirmer leur identité de
polynésien. On s'accorde
à reconnaître que les pays francophones
dispersés à travers le monde
concourent par leurs innovations à l'enrichissement de la
langue française. A
partir de la situation actuelle où une prononciation est acceptée par la force des
choses, pourquoi ne pas imaginer qu'une évolution est possible vers une situation
où la variété régionale de français décrite par CORNE serait reconnue et même
encouragée.
une
propre.
Yves LEMAITRE
Société des
Étirdes
Océaniennes
�565
FORCE, Roland W. and FORCE Maryvonne. The Fuller Collection of Pacific Artifacts.
New-York, Praeger Publishers, 1971. XVI-360
sur les plats, 31 cm.
p.,
bibliogr., port, col., ill., carte
Le capitaine Fuller, après la seconde guerre mondiale, vivait dans une
modeste
demeure à jardin de la banlieue de Londres qui avait échappée aux bombar¬
dements germaniques. C'est une bonne chance pour moi d'avoir eu l'idée,
poussé par la curiosité, d'aller lui rendre visite lors d'un séjour en Angleterre.
Bien accueilli, nous eûmes sans tarder des atomes crochus et je passais plusieurs
jours à faire, en sa compagnie, le tour de sa collection. A parcourir avec lui les
pièces de sa demeure où il avait rassemblé les objets de ses collections, on se
trouvait soudain comme hors du temps. L'objet qu'il tenait entre ses doigts et
qu'il vous présentait, devenait un tapis volant qui vous entraînait dans quelque île
du Pacifique. On était loin de tout ce qui pouvait intéresser le londonien d'alors, le
ravitaillement ou les tickets de tabac, pour se concentrer sur la boîte à plume de
Nouvelle-Zélande ou la statuette de l'île de Pâques qu'il vous présentait avec un
amour discret, une science vaste et pénétrante, ainsi qu'une bienveillance sans
pareille. Il m'avait été donné, avant de le rencontrer, d'étudier professionnelle¬
ment et de décrire des multitudes d'objets ethnographiques mesurés au pied à
coulisse, photographiés, regardés à la loupe sous toutes les coutures ; avec le
capitaine Fuller, tous les articles qu'il touchait prenaient une autre dimension.
L'objet qu'il venait de sortir, mort, d'un fond de tiroir, retrouvait soudain son
âme, pour devenir vivant. Il le tournait et le retournait pour vous. Vous en
donnait le nom, l'origine, vous en indiquait l'usage, parfois la date approximative
de fabrication. C'était
sorte de vibration
un
enchantement. Et il
vous
racontait tout cela
avec une
dans le ton de la voix... Assez souvent,
il était
à remonter la lignée des propriétaires de l'objet. Cette plaque de bois
sculptée sans doute une divinité d'Aitutaki avait été rapportée de Rarotonga par
John William... "probablement en 1823", ajoutait-il dans un souffle ; elle était
ensuite passée par le Musée Missionnaire londonien de la L.M.S. Cet appui-tête
des îles de la Société, tout d'abord parmi les trésors du Musée de la Société
Royale de Régent Park, a également été rapporté par John Williams, à Oldman
des mains duquel il passa au Capitaine Fuller. Sans doute provient-il de
amoureuse
parvenu
Huahine ?
Et ainsi de tout. Il sondait
l'objet. Rapidement, il nous faisait toucher à l'œil et
doigt, les signes incontestables de sa fabrication antérieurement à
l'arrivée du métal. "Regardez, disait-il en nous présentant une loupe ou un
compte-fils, l'aspect irrégulier de cette entaille, le bois a été comme écrasé et
l'outil a laissé une marque inégale. Cela a été certainement fabriqué avec des
instruments en pierre, des obsidiennes peut-être.
même du
Sa science s'était enrichie à la
océaniens de
son
temps
:
fréquentation des plus illustres collectionneurs
Edge Partington, Beasly, Oldman... qui avaient été ses
amis.
De
collection passa au Field Museum de Chicago qui envoya un
recueillir sur chacune des pièces ce qu'en savait le
capitaine Fuller. Ainsi R.W. Force travailla-t-il six mois à Londres sur cette
de
son
ses
vivant,
sa
techniciens pour
Société des
Études
Océaniennes
�566
collection assez unique, recueillie au cours de longues années de
recherches,
d'achats, d'échanges ou de dons : Fuller connaissait toutes les salles de ventes du
Royaume Uni.
Je dois ici
c'est à Fuller
un aveu :
concernant des faux
:
je suis redevable de bien des données
d'objets sur lesquels son oeil impitoyable
que
11 m'a tant montré
discernait le petit détail qui révélait le faussaire !
J'ai, là dessus, jadis écrit tout un article. Un certain Little qui avait vécu en
Angleterre, à cheval sur le siècle, était pour lui l'illustre et maudit témoin de ces
malversations. Il avait lancé, avec une habile perversité, sur
le marché, des
centaines d'objets qui sortaient de ses ateliers. Dix fois
condamné, onze fois
récidiviste, Little était le type même du faussaire. Mais Fuller ne se laissait pas
tromper. Il avait, au plus haut degré, le sens de l'objet : un rien une
patine
insuffisante ou trop exagérée, un détail de
sculpture mal équilibré, une
décoration aberrante
un rien, pour nous
imperceptible, suffisait à lui faire
-
-
dresser les oreilles et ouvrir l'oeil !
Tous les objets recueillis par le Capitaine Fuller sont donc
exposés à Chicago
depuis 1961. Les amis de Tahiti qui n'auraient pas la possibilité d'aller visiter sur
place la collection du Capitaine Fuller, pourront la "regarder" à domicile dans le
magnifique album de 350 pages qui lui a été consacré. Des centaines
d'illustrations de la meilleure qualité leur rendront
présent cet unique
rares objets d'art ou d'instruments du
Pacifique Sud.
rassemblement de
Patrick O'REILLY
Société des
Études
Océaniennes
�567
BARROW, Terence, The Art of Tahiti and the Neighbouring Society, Austral
and Cook Islands. Londres, Thames and Hudson, 1979, 96 p., ill. noir et coul.
cartes, bibliogr., 25
On
cm.
gré à Terence Barrow d'avoir pris la peine de rassembler dans cet
exposées au British Museum, dispersées à travers des
collections des Musées de Glasgow, Cambridge, Oxford, Greenwich, New-York,
Canterbury et Dunedin en Nouvelle-Zélande ou dans les collections privées de
James Hooper et de George Ortiz. Tous les tahitiens amis des arts seront
heureux de pouvoir rêver devant les meilleures reliques de ce qui fut l'art des îles
de la Société, car hormis le tiki du Musée Gauguin et une statuette post
européenne découverte ces derniers temps dans une grotte de Moorea, Tahiti ne
possède plus rien de son art traditionnel. On gémit toujours sur les razzias, les
pillages exécutés par les premiers voyageurs et les missionnaires, mais que
saurions-nous aujourd'hui de l'art à Tahiti puisque les aborigènes n'ont, de leur
côté, rien conservé de leur matériel liturgique, images des dieux, qui étaient pour
les chefs les marques de leur autorité, et de leurs plus belles pièces de leur
mobilier domestique... L'ouvrage est magnifiquement illustré d'excellentes
photographies, souvent en couleur. On trouvera le costume de deuilleur
conservé à Londres, de fulgurantes images de dieux, des manches d'éventails
d'un style éblouissant, un magnifique tambour cérémoniel de Raivavae aux fines
scûlptures décoratives, ainsi que des pagaies de la même veine ; un petit cochon
en ivoire marin, bien que représenté hors d'échelle, est particulièrement curieux.
saura
album des
œuvres
Mais puisqu'on compte rendu se veut critique, on s'étonnera que l'auteur, un
néo zélandais qui travaille à Honolulu et est un spécialiste de l'art de son pays, ne
semble pas avoir eu connaissance du curieux tiki de pierre signalé par Bengt
Danielsson (J.S.O., t. 20, 1964, p.
88-89), tiki considéré
comme
"un spécimen
unique de l'art tahitien". Et aussi qu'il ait l'air d'ignorer l'existence des objets
tahitiens recueillis, au temps de Cook, par John Webber et qui sont actuellement
conservés
au
Ceci dit, on
Musée de Berne.
souhaiterait voir
une
édition française de
ce
beau travail.
Philippe VlEL
Société des
Études
Océaniennes
�568
TRAVAUX SCIENTIFIQUES DE L'ANTENNE DU MUSEUM
ET DES HAUTES ÉTUDES EN POLYNÉSIE
FRANÇAISE
Dans
un
fascicule publié
en
1977 (Revue Algologique, fasc. hors série n° 1, 15
avril 1977, 44 pages)1, les publications scientifiques des chercheurs de l'Antenne
du Muséum National d'Histoire Naturelle et de l'École
Pratique des Hautes
Études
été
par
en Polynésie
française (B.P. 562, PAPEETE, et B.P. 12, MOOREA) ont
répertoriées. Les 123 publications mentionnées y sont également analysées
un bref résumé.
En
complément,
trouvera ci-après la liste des travaux qui n'étaient pas
plaquette et ceux qui, depuis, ont été publiés. On notera que
ne comporte pas de rapports internes ou ronéotés
qui sont à diffusion
; il ne s'agit ici que de travaux publiés dans des revues
scientifiques
on
recensés dans cette
cette liste
restreinte
générales
ou
spécialisées.
Par
ailleurs, les thèses de spécialité ou d'État qui sont soutenues auprès des
ne sont pas toujours
publiées in extenso, c'est pourquoi nous
croyons bon de compléter la liste ci-jointe par celles
qui ont été soutenues
récemment, et celles qui sont en cours.
Universités
(1) Disponible
en
écrivant
au
Directeur de l'Antenne, B.P. 562, Papeete,
ou
55
Paris.
rue
de Buffon, 75005
TRAVAUX NON RECENSÉS DANS LA PLAQUETTE DE 1977
boudouresque, C.F., Denizot, M. (1973) : Recherches sur le Genre Peyssonnelia (Rhodophysées). 1. Peyssonnelia rosa-marina
sp. nov. et Peyssonnelia
bornetii sp. nov. Giorn. Bot. Ital. 107 (1) : 17-27.
denizot, M. (1971)
: La végétation des aires sableuses et des dunes en
Polynésie
française. Colloques phytosociologique. 1 Dunes. 25-30.
denizot, M. (1971)
:
La végétation terrestre
et sous-marine des atolls.
Conférence de M. le Professeur Denizot, Directeur de l'Institut de
Botanique Séance du 13 novembre 1971. Ann. Soc. Hort. Hist. Nat. Hérault.
Ill (4) : 133-136.
denizot, M., Bagnis, R. (1974) : Le problème de la répartition des récifs à algues
en Polynésie française.
Essai d'explications écologiques. Soc. Phycol. de
France. Bull. 19 : 168-170.
Holyoak, D.T. et thibault, J.C. (1978) : Notes on the biology and systematics of
Polynesian swiftlets, Aerodramus. Bull. B.O.C. 98 (2) : 59-66.
mougin, J.L. et Stockmann, R. (1969) : Remarques sur un Scorpion'Hormorus
australasiae dans le régime alimentaire d'un Courlis d'Alaska Numenius
tahitiensis en Polynésie. Cah. Pacif., 13 : 187-189.
raynal, J. (1976) : Une Lobeliacée polynésienne nouvelle.
Adansonia,
(3) : 379-382.
Sachet, M.H., Schafer, P.A. et Thibault, J.C. (1975) : Mohotani
protégée aux Marquises. Bull. Soc. Études Océaniennes, 16 (6)
Société des
Études
Océaniennes
ser.
:
:
2, 16
Une île
557-568.
�569
TRAVAUX
RÉCENTS
Étude géomorphologique
BROUSSE R„ CHEVALIER J.P., DENIZOT, et B.
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SALVAT (1978)
9-74.
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Soc. Êtud. Océan. 17 (205) : 353-366.
corallienne de la Polynésie française. Bull.
:
(1979) : La faune corallienne (Sclératiniaires et Hydrocoralliaires) de la
Polynésie française. Cah. Indo-Pac. I (2) : 129-151.
CHEVALIER J.P.,
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Scilly. Bull. Mus. Hist. Nat. et E.P.H.E.
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Moorea (Société, Polynésie française). Rev. Trav. Inst. Pech. Marit. 40 (3/4) : 575-578.
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récifs frangeants. (Moorea, Polynésie
dominante des
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ichtyologique de Scilly. Bull. Mus. Hist. Nat. et E.P.H.E. 1: 52-
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Étude descriptive et cytotaxonomique d'une planaire
polynésienne Dugesia tahitensis N. SP. (Turbellarie, Triclade) Annls Limnol. 13 (2) :
GOURBAULT N, (1977) :
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: Une nouvelle planaire primitive d'origine marine, Turbellardé
Polynésie. Cah. Biol. Mar., XIX : 23-36.
GOURBAULT N., (1978)
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HOLYOAK D.T. et THIBAULT
alauda, (4)
:
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La variation géographique de Gygisa/ba
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THIBAULT
THÈSES
DE VAUGELAS J
:
EN COURS
Évaluation qualitative et quantitative, biologique et chimique, de la
détritique des sédiments coralliens. Thèse de spécialité.
matière organique, vivante et
: Étude comparative de la production primaire et de la consommation (bilans
d'énergie) dans divers biotopes et types de récifs coralliens. Thèse d'État.
NAIM O. : Étude de la petite faune mobile associée aux algues de lagon de Moorea
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JAUBERT J.
RICHARD G.
: Du bilan quantitatif à la production des Mollusques lagunaires et récifaux de
Polynésie française. Thèse d'État.
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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2605-8375
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Établissement
Université de la Polynésie Française
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 209
Description
An account of the resource
Articles
- G. Coulet, Louis Langomazino (1820-1885) 541
- Documents ethnologiques tahitiens recueillis en 1849 par le Cap. de Vaisseau Lavaud 547
- J.-M. Chazine - Archéologie et protection du patrimoine 558
Comptes rendus
- J.-C. Corne, Le français à Tahiti 563
- Roland W. Force and Maryvonne Force, The Fuller Collection of Pacific Artifacts 565
- Terence Barrow, The Art of Tahiti 567
- Travaux scientifiques de l'antenne du museum et des hautes études en Polynésie 568
Source
A related resource from which the described resource is derived
Société des Études Océaniennes (SEO)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1979
Date de numérisation : 2017
Relation
A related resource
http://www.sudoc.fr/039537501
Format
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1 volume au format PDF (40 vues)
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Language
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fre
Type
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Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)